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« Écrire le mal » de Claude Champagne: le journal intime de la douleur (ENTREVUE)

« Écrire le mal » de Claude Champagne: le journal intime de la douleur (ENTREVUE)
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Courtoisie

Via l’agence de détectives privés dont il a hérité à la mort de son père, Jean Royer, un écrivain, est initié aux crimes parfois cruels que devait résoudre son aïeul, en mettant les pieds dans un « camp de vacances pour futurs tueurs en série ». La prémisse du polar psychologique contraste complètement avec les œuvres théâtrales et les livres jeunesse qui ont fait la marque de Claude Champagne.

Cofondateur de la maison d’édition Dramaturges Éditeurs, auteur de romans jeunesse, chargé de cours en littérature et en écriture romanesque, Champagne est un touche-à-tout. De par ses goûts variés et parce que le destin en a voulu ainsi.

« J’ai étudié à l’École Nationale de théâtre pour apprendre les bases de l’écriture dramatique, afin d’écrire des romans. Mais une fois dans le milieu, les projets théâtraux se sont enchaînés, j’ai fondé ma maison d’édition et j’y ai consacré une douzaine d’années. Quand j’ai débuté mon premier roman, destiné aux adultes, mais avec des personnages d’enfants, ma blonde m’a suggéré d’écrire directement pour les jeunes. J’ai décidé de transformer mon projet et ça a donné ma première série jeunesse, Les Héritiers d’Ambrosius. »

Le journal intime d'une enquête

Dans Écrire le mal, l’écrivain a imaginé le journal intime d’une enquête débutant par la découverte d’animaux mutilés, menant à la mort d’êtres humains et dévoilant les extraits d’un texte écrit il y a des lunes par Jean, l’écrivain du roman. Une tranche d’histoire qui se trouvait dans un ordinateur, dont le dernier utilisateur est nul autre que l’adolescente du personnage principal, disparue des années plus tôt. Les fils reliant les différentes situations ravivent une souffrance enfouie profondément. Celle de la perte d’un enfant. « Je voulais transmettre cette hyper conscience de la douleur d’un père. »

Un mal connu de Claude Champagne, qui a perdu sa fille autrement. « Sa mère et moi avons eu une relation rock and roll pendant environ quatre ans et nous avons eu notre fille assez jeune : j’avais 23 ans, elle en avait 20. À sa naissance, sa mère ne voulait plus qu’on soit en couple, alors j’ai été séparé de ma fille une semaine sur deux, dès le début. »

« Plus tard, il est arrivé plusieurs choses dans nos vies… Une semaine avant qu'elle ne parte vivre ailleurs, elle me courrait après dans la maison pour avoir des câlins, et ensuite elle est disparue de ma vie. Elle ne voulait plus me voir... Je ne l'ai revue qu'une fois en 10 ans. Pour moi, ça a été un deuil épouvantable, une grande peine d’amour. Ma fille n’a pas fait de fugue et n’a pas été enlevée, mais comme les parents d’enfants qui vivent ça, j’ai toujours eu l’espoir de la revoir. Jusqu’au jour où j’ai appris à lâcher prise. »

L’auteur s’est également inspiré de certains aspects de sa relation avec son père, qui a été propriétaire d’une agence de détectives privés, d’agents de sécurité et de laveurs de vitres. « Je me suis inspiré de deux de ses employés de longue date, mais mon père n’a jamais été détective lui-même, comme le père du roman. Par contre, à l’image de Jean, je me suis senti comme le mouton noir de la famille. »

« Mes parents avaient arrêté les études après le primaire et la culture n’était pas présente à la maison. Quand j’ai dit à mon père que je voulais étudier en littérature et que je ne voulais pas reprendre son entreprise, j’ai senti une déception chez lui. Comme si son dernier espoir de transmission reposait sur moi, même si j’avais une sœur et un frère. J’ai établi une dynamique semblable entre les deux hommes dans le roman. »

La douleur d’un enfant disparu. La douleur d’un héritage dont on ne veut pas. La douleur qu’on fait aux autres, qu’on subit, qu’on observe autour de nous. Les nuances du mal sont étudiées tout au long de l’enquête, qui est illustrée à travers de multiples journaux intimes.

« J’avais plusieurs histoires embryonnaires dans ma tête, mais quand j’ai trouvé la boîte dans laquelle les imbriquer, un peu comme la contrainte du théâtre dans mon écriture dramaturgique, j’ai senti que j’avais trouvé la forme pour exprimer mon histoire. Le genre du polar s’est imposé en cours de route, mais ce n’était pas un objectif de départ. »

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