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«Dernier meurtre avant la fin du monde» de Ben H. Winters: polar apocalyptique

Lorsque l'avenir de la planète Terre est compromis par un astéroïde, tous les humains abandonnent leurs activités pour se livrer sans remords à leurs plus vils instincts.
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Lorsque l'avenir de la planète Terre est compromis par un astéroïde qui va la frapper de plein fouet, tous les humains abandonnent leurs activités pour se livrer sans remords à leurs plus vils instincts. Tous? Non! Car un policier résiste à toutes les tentations pour résoudre son premier et possiblement Dernier meurtre avant la fin du monde.

Dès que la nouvelle est connue, l'ensemble de ce qui formait les sociétés s'effrite. Il y a un crash des marchés financiers; les télécommunications fonctionnent au ralenti; un rationnement majeur sur le pétrole est mis en place pour bloquer le déplacement des populations. Les gens abandonnent leur travail, certains pour se suicider, d'autres pour fuir. La consommation d'alcool et de drogue explose. Des lois sont votées et l'armée a tous les pouvoirs.

C'est dans ce contexte pré-apocalyptique que le policier Hank Palace se démène. Il vient enfin d'être promu inspecteur et n'a aucune intention d'abandonner son travail. À Concord, reconnue maintenant pour la ville des pendus, il découvre dans les toilettes d'un restaurant le cadavre d'un homme. Selon toutes apparences, il s'est pendu avec sa ceinture, mais Palace décide de pousser plus loin ses investigations. Son instinct le pousse à croire qu'il s'agit d'un crime violent maquillé en suicide.

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Le roman de Ben H. Winters, sans être une œuvre philosophique, met en scène une sorte de Sisyphe contemporain qui, devant l'imminence de la catastrophe, abandonnerait sa pierre pour se mettre à vivre les derniers mois qu'il lui reste. Chacun trouve en lui la ressource nécessaire pour supporter la vie. À chacun sa béquille et les malheureux qui ne la trouvent pas, les sans espoirs ni passions, disparaissent alors plus vite que quiconque. L'astéroïde qui va tout anéantir sert de prétexte pour examiner l'activité humaine. Le polar est entièrement voué à cet examen. Dans un contexte de fin du monde, qu'est-ce qui devient le moteur des hommes?

Le roman ne sombre pas dans le désespoir et la dépression, pour autant. Il y a une forme d'humour absurde, principalement dans la narration, qui rend attachants le récit et le policier.

L'enquêteur Hank Palace est un témoin indifférent à la déchéance collective. Il n'en a que pour la victime. Opiniâtre à découvrir la vérité, il va forcer tout le monde autour de lui à jouer leur rôle. À son contact, légiste, médecin, collègues abandonnent leur apathie. La frénétique autodestruction qui se déroule autour d'eux est alors secondaire, comme une fatalité latente. Trouver le coupable devient, dans ce contexte, le point final pouvant résumer le passage de l'homme sur Terre.

Pour le premier épisode de ce qui s'annonce comme une trilogie, Ben H. Winters présente somme toute une enquête plutôt classique. L'originalité est dans le contexte dans lequel se déroule le polar. Le personnage du flic n'est, ni plus ni moins, qu'une métaphore de cet astéroïde sur la trajectoire de la Terre. Il navigue entre stoïcisme et déni, filant droit sur son coupable.

Comme bien d'autres, la fin du monde exerce sur moi une forme de fascination morbide. Les catastrophes m'amusent et la survie me subjugue. De 1984 d'Orwell au Meilleur des mondes de Huxley, du Malevil de Merle à La Route de McCarthy, je ne reste pas indifférent. Dernier meurtre avant la fin du monde s'annonce comme une trilogie remarquable parce que la courte période juste avant l'apocalypse a rarement été exploitée. Ben H. Winters le fait, et même très bien!

Ben H. Winters, Dernier meurtre avant la fin du monde, Éditions Super 8. Traduit de l'anglais par Valérie Le Plouhinec (The Last Policeman, 2012). Mars 2015. 345 pages.

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