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Eve Landry change de registre et joue la fille qui encaisse dans «J'accuse» (ENTREVUE)

Eve Landry joue la fille qui encaisse dans «J'accuse»
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Ulysse del Drago

Le 26 avril, Eve Landry vivra son premier Gala Artis en tant que nommée dans la catégorie « Rôle féminin – Téléromans québécois » pour son interprétation de Jeanne, la prisonnière laissée (presque) morte dans le dernier épisode de la saison d’Unité 9. Avant de fouler le tapis rouge, elle entamera une série de représentations de J’accuse, une pièce coup de gueule où la fougueuse actrice a été retenue pour jouer une fille docile qui encaisse.

Présentée au Théâtre d’Aujourd’hui et mise en scène par Sylvain Bélanger, la pièce permettra aux amateurs de théâtre de découvrir une nouvelle facette d’Ève Landry. Celle-ci prendra les traits d’une vendeuse dans une boutique de bas collants, qui se fait constamment rabrouer par les clientes et juger par les passants.

«Dans le métro, elle sent que les gens la regardent comme si elle faisait exprès de s’habiller chic, alors qu’elle n’a pas une crisse de cenne, mais elle dont porter quelques accessoires de valeur pour être crédibles aux yeux de clientes, souligne la comédienne. À son travail, il y a toujours une madame qui la regarde comme si elle était une merde.»

Bien qu’elle soit profondément mal à l’aise avec la situation, l’employée retourne à son boulot tous les jours et elle tente de rebâtir son estime personnelle. «Elle encaisse pour ne pas sombrer. Elle ne veut pas se suicider ou sortir publiquement pour s’exprimer, parce que ça attirerait l’attention sur elle.»

Une retenue qui n’a rien à voir avec son personnage dans Unité 9. «Pendant 20 minutes, je me tiens derrière mon comptoir et je ne bouge presque pas. C’est un défi physique qu’on s’est donné, pour démontrer qu’elle est toujours coincée: dans la boutique, derrière son comptoir et dans le métro. Étant donné que je suis très grande et pas très grosse, Sylvain Bélanger voyait une longue ligne qui reste dans l’espace comme un piquet.»

Monologues au féminin

Eve Landry livre l’un des cinq monologues de J’accuse. À ses côtés, on retrouve Catherine Trudeau, la fille qui agresse. « Elle s’est parti une PME en pleine période d’austérité et elle en veut aux BS et à ceux qui se pognent le cul. C’est le personnage le plus à droite du show politiquement parlant. Elle est en tabarnak contre tout le monde et elle s’en veut beaucoup à elle aussi.»

Alice Pascual joue la fille qui intègre. «C’est une fille qui a immigré au Québec il y a plusieurs années et qui a envie de partager sa fierté du Québec, mais elle ne le fait, car sa peau est une petite coche trop foncée pour qu’on la croie. Au fond, c’est comme si elle nous connaissait mieux que nous-mêmes et qu’elle voyait ce que les Québécois n’osent pas s’avouer.»

Sa partenaire de jeu dans Unité 9, Debbie Lynch-White, est la fille qui engueule. «Elle vient régler ses comptes avec l’auteure de la pièce, Annick Lefebvre, qui a écrit plusieurs passages où on rit d’Isabelle Boulay, alors que le personnage de Debbie en est fan. Elle gueule pour expliquer que ça ne se fait pas de rire d’Isabelle et qu’elle a le droit d’aduler quelqu’un.»

La pièce se conclut avec la partie de Léane Labrèche-Dor, la fille qui aime. «Elle vit une immense peine d’amour et vient nous raconter à quel point elle ne fait plus rien, enfermée chez elle. Tout le long, elle est debout sur la pointe des pieds, comme si elle allait tomber ou qu’elle essayait de se relever de quelque chose. Ça finit sur une belle note d’espoir et d’amitié. En répétitions, je pleure chaque fois que je l’entends.»

Cinq histoires sans dialogue ni interaction, mais pas sans rapport. «Avec le recul, on réalise qu’il y a une histoire sous-jacente aux cinq parties et que rien n’a été ordonné par hasard. C’est aussi toutes les facettes d’Annick, qui partage des parts d’elle-même plus ou moins avouées. Je la trouve très courageuse de se livrer ainsi.»

Engagé, le théâtre québécois?

La pièce trouve sa place dans un théâtre québécois encore très engagé, selon Ève Landry. Quoiqu’en dise certains observateurs qui jugent que la dramaturgie n’a plus la ferveur d’autrefois. «Avant, tout était à faire et il y avait tant à dire qu’on avait l’impression que tout était engagé, réplique-t-elle. Aujourd’hui, il y en a tellement que si on en faisait plus, ce serait juste ça. Moi, si j’ai l’impression de me faire faire la morale à chaque spectacle, je vais pogner les nerfs.»

Par contre, elle ne se gêne pas pour remettre en question l’importance donnée aux opinions des artistes, qui sont souvent appelés à s’exprimer sur tout et sur rien. «On met trop l’emphase sur les acteurs en pensant que parce qu’ils ont une voix et des gens qui les aiment, ils vont atteindre plus de personnes. Tout est une excuse pour faire venir un artiste. Mais je ne vois pas pourquoi ce serait plus notre mandat de nous engager que les autres citoyens.»

La faveur des téléspectateurs

La comédienne fait justement partie des artistes que le grand public a adoptés. Si bien qu’elle se retrouve en nomination aux côtés de Guylaine Tremblay, Sophie Lorain, Macha Grenon et Marie-Thérèse Fortin au Gala Artis, qui aura lieu à la fin avril. « Je me sens si privilégiée! Au début d’Unité 9, mon seul désir était que les gens aiment Jeanne autant que je l’aimais. La nomination me confirme que j’ai bien travaillé et que les gens apprécient ce que j’ai fait. En plus, je suis nommée avec des femmes que j’admirais quand j’étais ado. C’est vraiment touchant. »

J’accuse sera présentée au Théâtre d’Aujourd’hui du 14 avril au 9 mai 2015. Cliquez ici pour plus de détails.

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