Lettre ouverte à Philippe Couillard
Cher Philippe,
Tu ne connais pas encore mon prénom, mais aujourd'hui, j'ai réellement besoin de ton aide. J'aimerais que tu retires ton chapeau de premier ministre un instant, ce matin j'ai besoin de jaser à mon père.
Papa, il y aura bientôt 10 ans que j'ai gradué de l'université. En tout, j'ai passé plus de 16 ans sur les bancs d'école.
Rétrospectivement, je me rends compte, en regardant mon compte de banque, mes factures et mes dettes, que l'école ne m'a jamais rien enseigné à propos de l'argent. Ah oui, je me souviens qu'en troisième année du primaire j'ai appris à épargner mon argent grâce à de petites enveloppes de papier de la Caisse populaire. Tu te souviens? J'étais si fier de déposer mes sous chaque semaine. Une décennie plus tard, notre professeur nous a montré à faire un petit budget et c'est tout. Ensuite, c'est le silence, la grande noirceur.
L'argent n'est pourtant pas un sujet banal? Dans une vie d'adulte, en 2016, c'est tout de même un enjeu crucial, voire capital ... Et si on n'en parle peu entre nous à la maison, c'est peut-être que je trouve difficile de parler d'un sujet que je ne connais pas...
À 33 ans, je m'aperçois candidement qu'aucun intervenant scolaire ne m'a jamais enseigné le langage des riches. Tu sais: les intérêts composés, l'effet de levier, l'investissement boursier, l'immobilier, l'entrepreneuriat... Tous les mécanismes qu'utilisent les femmes et les hommes pour devenir libres financièrement.
L'école est conçue pour former de bons citoyens, mais pourquoi ne pas tenter de former de bons citoyens riches? Tu sais, P'pa, les temps ont changé, on ne travaille plus à l'usine toute notre vie, les fonds de pension ne sont plus accordés à tous et le pouvoir d'achat de la classe moyenne s'amenuise chaque année. Bref, aujourd'hui pour réussir dans la vie, le français et l'anglais ne suffisent plus, il faut également savoir parler le langage de l'argent.
Comment peut-on créer de la richesse si on ignore tout des véhicules financiers qui aident les hommes à s'enrichir?
Hier, en fin d'après-midi, un ami m'a parlé des rendements du S&P 500 et le diagnostic est tombé: papa je souffre d'analphabétisme financier. En gros cela veut dire que je sais comment contracter des dettes, mais j'ignore tout des mécanismes financiers pour créer de la richesse.
Je sais P'pa que tu es énormément occupé ces temps-ci avec toutes ces histoires sur le burkini, les pipelines et les séparatistes... Mais l'argent ne comporte-t-il pas un vocabulaire aussi important à apprendre que le français et l'anglais?
Aujourd'hui, nous arrivons à un tournant dans l'histoire où tu as le privilège d'influencer le destin d'une nation tout entière. En introduisant dans le système scolaire des cours d'éducation financière obligatoires, à tous les niveaux du primaire, du secondaire, de la formation professionnelle et du cégep, tu as le pouvoir de créer la première génération qui ne souffrira pas, comme moi, d'analphabétisme financier. C'est énorme papa, t'en rends-tu compte? Il faut donner une véritable égalité des chances à tous et à toutes de s'enrichir tôt dans la vie, et ce de génération en génération pour des siècles et des siècles...
Quelles femmes et quels hommes, ayant le bien commun pour fin, seront assez fous pour se lever et s'opposer à cette réforme?
Dans quelques années, les Québécois et Québécoises seront, grâce à toi, les plus calés en finance au Canada. Peux-tu l'imaginer? Ton nom restera à jamais inscrit dans l'histoire du pays comme étant l'homme qui a permis à tout un peuple de sortir la tête de l'eau. Nous ne serons plus les plus pauvres au pays, fini d'être la risée économique du Canada, fini d'être les porteurs d'eau! De zéro à héros...
Toi et M. Proulx avez le pouvoir de nous offrir cette Révolution financière.
Comme père de la nation, tu as la responsabilité de changer le destin de notre patrie. Je ne connais personne d'autre que toi P'pa qui peut faire ça. Nous ne sommes pas nés pour un petit pain. Pourquoi ne pas porter haut et fort l'ambition de faire du Québec la province la plus riche du monde? L'éducation financière n'est pas la voie la plus rapide, ni la plus facile, j'en conviens, mais c'est l'avenue la plus sûre.
Introduire des cours d'éducation financière obligatoires, à tous les niveaux du primaire, du secondaire, de la formation professionnelle et du cégep, aura invariablement pour conséquences d'enrichir nos enfants et d'honorer nos aïeux qui jadis ont lutté pour nos droits au Bas-Canada.
Papa, fais-le pour que ton nom reste gravé dans les livres d'histoire, fais-le pour ton fils, fais-le pour nous sortir du noir, mais fais-le d'abord par amour inconditionnel pour nous tous.
Ton fils qui t'aime,
Dominic
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