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Gilles Vaillancourt a offert son aide à la candidate Claire Le Bel à Laval

Gilles Vaillancourt a offert son aide à la candidate Claire Le Bel
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L'ex-maire de Laval Gilles Vaillancourt a tenté de s'immiscer dans la présente campagne électorale. Selon un enregistrement dont Radio-Canada a obtenu copie, l'homme sur lequel pèsent notamment des accusations de gangstérisme aurait offert son aide à au moins un candidat.

« Si vous avez besoin de moi, je serai capable de vous aider très discrètement, sans surtout le faire savoir à personne. »

— Gilles Vaillancourt

« Le téléphone sonne, je ne reconnais pas la voix, pis hein : "salut comment ça va?" Pis là, je fais vraiment un saut », explique Claire Le Bel, candidate à la mairie et chef du parti Option Laval.

L'ex-membre du parti PRO des Lavallois de M. Vaillancourt tombe des nues lorsque le maire déchu la contacte en insistant pour la rencontrer à son bureau, sous prétexte qu'il détient des informations capitales à lui transmettre.

Méfiante, elle accepte, mais décide d'enregistrer les propos de son ancien patron, qui lui offrira son aide à trois reprises. Gilles Vaillancourt lui demande entre autres de quelle manière elle s'organise avec son financement, ce à quoi elle répond qu'elle a « de la misère ».

« [Lorsque tu sortiras] tes candidats, j'essaierai de faire trois ou quatre appels pour que les gars t'aident un peu. »

— Gilles Vaillancourt

Claire Le Bel ignore à qui Gilles Vaillancourt fait référence lorsqu'il parle « des gars », mais à son avis, le sens du message est clair : il lui offre de l'argent.

« Moi, c'est comme ça que je l'entends, c'est le sentiment que j'ai. Faisant ça, il attache les futurs élus, ça m'écœure un peu, je trouve ça dégueulasse », affirme-t-elle.

Gilles Vaillancourt a été arrêté par l'Unité permanente anticorruption (UPAC) le 9 mai 2013 dans le cadre d'une opération qui s'est soldée par l'arrestation de 36 autres personnes, dont l'homme d'affaires Tony Accurso. Il est accusé de corruption, complot, fraude, abus de confiance et gangstérisme.

Avant d'annoncer sa démission le 9 novembre 2012, M. Vaillancourt siégeait au conseil municipal de Laval depuis 39 ans, dont 23 ans comme maire. De 1989 à 2009, il a été réélu sans interruption à la tête de la troisième plus grande ville au Québec.

L'enregistrement permet par ailleurs d'avoir accès à une version non censurée de l'ex-maire de Laval, qui s'exprime abondamment sur l'intégrité, la commission Charbonneau et l'honnêteté des politiciens.

« Tu sais, même si y a une nouvelle loi, même si tout le monde dit : "regardez je me suis peinturé les mains en blanc", [...] écoute bien là, la réalité c'est qu'il y a déjà un autre système », dit-il.

Gilles Vaillancourt s'exprime aussi au sujet de la mise en tutelle de Laval décrétée en juin dernier.

« Je vais te dire là, quand [le maire intérimaire] Alexandre Duplessis a demandé la tutelle, ce soir-là, j'ai dû pleurer comme un enfant à peu près trois quarts d'heure dans mon lit avant d'être capable de m'endormir. Puis, si ça avait été moi là, même avec toutes les accusations que j'avais, j'aurais dit au ministre : ''sais-tu quoi? Regarde, si tu veux la décréter, décrète-la. Je t'avise tout de suite que je m'en vais en révision judiciaire contre toi'' », lance-t-il.

Celui qui a régné sans partage sur Laval explique également sa recette quant à la meilleure façon de gagner le cœur des électeurs, de contourner des opposants politiques et de s'entourer. Il conseille d'ailleurs à Claire Le Bel de ne pas choisir des conseillers trop brillants.

« Tu ne peux pas avoir 21 prix Nobel au conseil [municipal]. Tu vas passer le temps à mesurer les idées, pis tu n'avanceras jamais. »

L'ex-maire défend aussi des projets controversés menés par son administration, dont la construction éventuelle des tours à condominiums Le Commodore. Un projet d'ailleurs bloqué par la mairesse suppléante.

« Crisse pourquoi tu les bloquerais, ça va rapporter un million de taxes par année », dit-il.

Claire Le Bel tenait à ce que cette conversation soit rendue publique. Et malgré la peur que lui inspire toujours l'ancien maire de Laval, elle a remis une copie de l'enregistrement à l'escouade Marteau.

« Le procès [de M. Vaillancourt] n'est pas encore commencé, mais je pense qu'il faut dénoncer. On a une campagne où tout le monde se dit intègre, je pense que les Lavallois doivent savoir ce qui se trame. [...] Il faut que personne n'embarque là-dedans parce qu'une fois élu, on peut recommencer la roue », explique-t-elle.

Par ailleurs, Claire Le Bel doute fort qu'elle soit la seule candidate à la mairie à avoir reçu la visite de Gilles Vaillancourt. « Il n'est pas venu me voir parce que j'étais cute, pis qu'il voulait me voir. Il y en a d'autres partis qui se présentent », rappelle-t-elle.

Radio-Canada a joint tous les autres candidats à la mairie de Laval, à l'exception d'Hélène Goupil Nantel. Et ils ont tous dit ne pas avoir été contactés par Gilles Vaillancourt dans le cadre de la campagne électorale.

Quant à Gilles Vaillancourt, il a refusé de s'expliquer.

D'après un reportage d'Émilie Dubreuil

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