Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Les compagnies de beauté paieraient les influenceurs jusqu’à 85 000$ pour dénigrer la compétition

Quand les marques deviennent agressives!
|
Open Image Modal
Cecilie_Arcurs via Getty Images

Le maquilleur professionnel Kevin James Bennett a accusé l'industrie des cosmétiques - les influenceurs inclus – d'avoir un «comportement de gangster».

Dans une publication Instagram montrant une capture d'écran d'une vidéo de la fondatrice de Makeup Geek, Marlena Stell sur la «vérité laide» de l'industrie de la beauté, M. Bennett a donné un aperçu des montants d'argent que chargent les influenceurs pour leur contenu, incluant ceux qu'ils reçoivent pour démolir les compétiteurs directs des marques.

M. Bennett raconte notamment qu'une marque anonyme l'ayant consulté lui avait demandé de s'informer de sa collaboration avec un influenceur de premier plan. L'agence responsable de la campagne d'influenceur lui aurait proposé les options suivantes:

1) 25 000$ - mention du produit dans une revue de produits de plusieurs marques.

2) 50 000$ à 60 000$ - revue dédiée entièrement au produit (prix déterminé par la longueur de la vidéo).

3) 75 000$ à 85 000$ - examen négatif dédié au produit d'un concurrent (prix déterminé par la longueur de la vidéo).

4) Un minimum de 10% des ventes affiliées au lien ou code utilisé sur Instagram et Youtube.

Il a mis l'accent sur la troisième option, affirmant qu'il s'agit d'une pratique courant et «légitime». Il est allé plus loin en disant que cette façon de faire mettait en péril l'industrie de la beauté.

«Les demandes et les menaces des influenceurs et de ceux qui les dirigent DOIVENT ARRÊTER, a-t-il écrit. Le manque de transparence des influenceurs de haut niveau devient de la FRAUDE et il est temps que la Federal Trade Commission [NDLR : l'équivalent du Bureau de la concurrence du Canada] intervienne, commence à imposer des amendes et fasse arrêter cette merde.»

Dans une déclaration qui a suivi la publication envoyée au HuffPost américain, M. Bennet affirme qu'il «ne détestait personne. Nous travaillons tous dur et méritons une compensation.»

Il a ajouté :

  • «Ce qui me dérange, c'est le manque de transparence et d'éthique. Légalement (selon la FTC), vous devez le dire si vous êtes parrainé ou rémunéré pour une critique publiée (imprimée ou en ligne). Les gens dépensent leur argent durement gagné sur des produits glorifiés par les influenceurs beauté et mode. Il est malhonnête de ne pas avertir vos abonnés que la marque paie pour votre avis. Peu importe que vous receviez un produit gratuit, un pourcentage sur les ventes associé à votre publication, des cadeaux, des voyages ou de l'argent, vous devez être transparent et le faire savoir aux autres. Malheureusement, de nombreux influenceurs ne le font pas, car ils savent que les gens ne seraient pas si enclins à faire confiance à leurs recommandations s'ils étaient conscients que la critique élogieuse était en réalité une publicité commanditée.»

Marlena Stell, qui prend part à l'industrie de la beauté à la fois en tant qu'influenceuse et propriétaire d'entreprise, a déclaré dans sa vidéo sur YouTube que «le dénigrement» était commun auprès de ceux qui essaient de se démarquer dans le monde de la beauté. Elle a ajouté que si certains influenceurs essaient simplement de se faire un nom et de partager leur amour des cosmétiques en ligne, d'autres «le font parce qu'ils veulent juste être célèbres».

Mme. Stell a admis qu'en tant qu'influenceuse, elle souhaitait tout de même soutenir ses collègues influenceurs parce qu'«[elle sait] à quoi le boulot ressemble et sait ce que c'est d'être critiquée et jugée tout le temps».

«Il est difficile d'être un influenceur et de se dévoiler publiquement, dit-elle. Cependant, il y a une différence entre bien gagner sa vie et charger tellement cher que vous vous sentez redevable. Et je pense que c'est là que réside le problème en ce moment.»

D'autres membres du monde de la beauté ont également participé à la conversation.

La blogueuse beauté et bien-être Hey Aprill a tweeté une capture d'écran de la légende de la publication de Kevin James Bennett, disant à ses fans: «Votre influenceur préféré est payé 75 000 $ pour une évaluation négative d'une marque concurrente.»

Le gourou de la beauté, James Charles, premier ambassadeur masculin de CoverGirl, a répondu à Hey Aprill sur Twitter pour dire qu'il n'avait JAMAIS entendu parler d'influenceurs facturant 75 000 $.

Le monde du marketing d'influence reste obscur, et bien sûr, ce n'est pas tous les influenceurs qui facturent des dizaines de milliers de dollars pour une critique de produit. Mais la morale de l'histoire est la suivante: ne croyez pas tout ce qu'on vous dit sur les réseaux sociaux.

VOIR AUSSI :

Comment les réseaux sociaux influencent notre comportement
On est conscient de perdre notre temps mais on recommence(01 of05)
Open Image Modal
Une réalisée par des chercheurs de l'université d'Innsbruck (Autriche), montre qu'on a tendance à se méprendre sur l'effet de Facebook sur notre humeur, et qu'on y retourne, même si la dernière fois, on a eu le sentiment de perdre notre temps.Pour leur étude, les chercheurs ont fait appel à 123 participants qui ont utilisé Facebook pendant 20 minutes, puis qui devaient a posteriori évaluer leur humeur. La plupart a indiqué être d'une moins bonne humeur que les participants des autres groupes (un sur Internet, et un groupe témoin qui ne faisait rien), et ont eu le sentiment de ne rien faire de significatif de leur temps.Il s'agirait d'un exemple typique de mauvaise "prévision émotionnelle", soit la capacité à prévoir un futur état émotionnel. (credit:Getty)
On a toujours peur de rater quelque chose(02 of05)
Open Image Modal
Vous perdez votre téléphone et vous êtes désemparés. Soudainement, vous avez l'impression de ne plus vraiment exister: plus personne ne peut vous joindre, et vous paniquez à l'idée que quelque chose puisse arriver sans pouvoir être au courant. FOMO, Fear of Missing Out, c'est le syndrome des temps modernes, une anxiété relative au fait de rater un événement, une interaction, etc.Une étude publiée en 2013 dans la revue Computers in Human Behavior s'intéresse à cette question.Résultats, moins les participants se sentaient autonomes, connectés, plus ils étaient touchés par la FOMO. De même, plus ils étaient atteints, plus ils utilisaient les réseaux sociaux. (credit:Getty)
On a plus d'intimité avec des "inconnus"(03 of05)
Open Image Modal
Les réseaux sociaux permettent de rester en contact avec des personnes qu'on ne peut pas voir en vrai. Faire des rencontres, et rester en contact, sont donc tous deux facilités par les réseaux sociaux.Lisa Richelt, une consultante en expérience utilisateur, parle d' "intimité ambiante", soit "la manière avec laquelle les réseaux sociaux permettent de rester en contact avec des gens avec un niveau de régularité et d'intimité auxquelles on n'aurait normalement pas accès parce que le temps et l'espace le rendent impossible". (credit:Getty)
On peut être une personne différente(04 of05)
Open Image Modal
Twitter et Tumblr, pour ne citer qu'eux, permettent une forme d'anonymat qui nous laisse la possibilité de devenir quelqu'un d'autre. Tout ce qu'on ne peut revendiquer dans la vraie vie, on peut le faire sur ces réseaux sociaux. Sur des sujets de société un peu délicats (discriminations par exemple), les discussions sont souvent aussi vives que les personnes sont anonymes. Ces réseaux offrent la possibilité d'affirmer tout haut ce qu'on pense tout bas en famille ou au bureau. La politique aussi est réinventée. On a pu le constater avec, en premier lieu, le printemps arabe.Avec Facebook c'est différent, on a une autre façon de vivre une deuxième vie. Puisqu'on est sur ce réseau pour être en contact avec ses amis, on n'est pas anonyme. En revanche, on peut jouer avec notre identité, la créer, contrôler ce qu'on veut révéler ou ce qu'on veut garder pour nous. On devient la personne qu'on voudrait être. (credit:Getty)
Les autres déteignent sur nous et vice versa(05 of05)
Open Image Modal
Vous avez vu la dernière vidéo qui buzze? Certainement. Tous vos amis l'ont publiée, likée, tweetée. Les informations sont diffusées à une vitesse folle, et les tendances prennent aux quatre coins du monde.Mais ce n'est pas tout: les émotions aussi sont contagieuses. John Cacioppo, un chercheur de l'université de Chicago, parlait il y a quelques années d'un "effet de contagion émotionnelle". Si l'un de vos contacts se sent seul, il y a plus d'une chance sur deux que ce soit aussi votre cas.Il explique que quels que soient les mauvais sentiments d'un internaute, ils peuvent déteindre sur votre humeur, et ce, même si vous n'avez jamais rencontré ou même interagi avec cette personne. (credit:Getty)

Ce texte initialement publié sur le HuffPost américain a été adapté de l'anglais.

-- Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.