Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Juste des bonnes nouvelles #4 : Des clowns, des chèvres et des canards

Au moment d'écrire ces lignes, c'est pour moi la fin d'une incroyable aventure de plusieurs semaines. Aujourd'hui, l'adrénaline tombe. Je suis présentement dans un p'tit café, à Thessalonique, en Grèce.
This post was published on the now-closed HuffPost Contributor platform. Contributors control their own work and posted freely to our site. If you need to flag this entry as abusive, send us an email.

Bonjour chers amis du Québec! Au moment d'écrire ces lignes, c'est pour moi la fin d'une incroyable aventure de plusieurs semaines. Aujourd'hui, l'adrénaline tombe. Je suis présentement dans un p'tit café, à Thessalonique, en Grèce. Dire qu'il n'y a pas si longtemps, mon avion atterrissait à Londres, où je rejoignais une troupe d'étranges créatures, aux grands cœurs et aux grands talents : The Flying Seagull Project. Eux, qui m'ont instantanément et affectueusement surnommé "Quack-Quack". Parce que selon eux, les Québécois qui parlent anglais, ça sonne comme des canards... comparativement aux Français, qui sonnent comme des grenouilles.

Notre plan était simple, mais ambitieux : à bord de deux camions, tirant chacun une remorque remplie de magie, de cirque, de musique, de jeux et de plein d'autres trucs amusants... on allait parcourir les 3000 km qui séparent Londres de Katsikas, en Grèce. L'objectif était d'y installer un chapiteau dans un camp de réfugiés, en permanence et pour plusieurs mois. Afin que tous les jours, les enfants puissent avoir un endroit où jouer et s'amuser en toute sécurité et simplicité. OK, je retire ce que je viens de dire... notre plan n'était pas simple du tout! Ça fait qu'on est parti de Londres à 5 heures du matin et on a roulé environ 10 heures par jour, pendant une semaine. On est passé par la France, la Belgique, les Pays-Bas, l'Allemagne, l'Autriche, la Hongrie, la Roumanie et la Bulgarie. En chemin, on s'est s'arrêté pour offrir des spectacles dans le camp de réfugiés de Calais (France), dans un orphelinat en Roumanie et dans une communauté de gitans, vivant dans la pauvreté extrême.

Open Image Modal

Visite d'une communauté de gitans, Roumanie.

Vous pouvez imaginer, chers amis, que cet intense road trip était bien rempli en émotions et qu'il a passé très vite! J'ai eu l'impression d'être littéralement téléporté au nord de la Grèce, d'un coup sec... BOOM! Une fois sur place, je fus immédiatement submergé d'un puissant sentiment de nostalgie. Car, il y a plusieurs mois, j'habitais ici, au nord de la Grèce. J'y donnais entre 4 et 7 spectacles par jour, dans des camps de réfugiés aux besoins particulièrement criants. Pendant plusieurs semaines, je voyais les mêmes enfants, chaque jour.

Ça fait qu'à notre arrivée, on s'est empressé d'aller visiter l'un des plus gros camps du coin. Les enfants étaient tellement contents de nous revoir, qu'ils ont chargé vers nous pour nous sauter dans les bras et nous couvrir de câlins. Ils se souvenaient de chaque détail, de chacun de nos jeux et de chacune de nos chansons. C'était tout simplement merveilleux. Mais ces retrouvailles touchantes furent de courte durée. Notre destination finale était dans une région plus au sud. Parce qu'on nous avait informés de la présence de plusieurs camps par là, avec des besoins encore plus importants et très peu d'organismes d'aide humanitaire.

On a donc continué notre chemin au sud, jusqu'à Vassiliki, un charmant petit village de 400 personnes et environ 10 fois plus de chèvres. Ces dernières, d'ailleurs, ont la fâcheuse habitude de toujours se ramasser en plein milieu de la rue au mauvais moment. Imaginez le spectacle... une fourgonnette de cirque toute colorée, pleine de clowns qui commencent à perdre sérieusement patience, parce que le véhicule est enseveli sous une centaine de chèvres. Mémorable! On était à Vassiliki parce que la mère de l'ami de l'ami du cousin du frère d'un ami, y possédait une maison. Elle avait la gentillesse de nous la louer pour plusieurs mois, à très bon prix. Vous auriez dû voir la face des habitants de ce coin perdu en montagnes, des fermiers ultras traditionnels et qui ne parlent que le grec, lorsqu'une gang de clowns débarque dans le coin. « Salut, on est vos nouveaux voisins! ». N'empêche, ils sont tous venus nous souhaiter la bienvenue, un à un. On ne comprenait pas ce qu'ils disaient, mais ils avaient l'air bien contents de nous voir, même s'ils ne comprenaient pas trop ce qu'on pouvait bien faire ici.

Une fois, avoir fait connaissance avec les voisins et les chèvres... il fallait maintenant se mettre au boulot! En commençant par l'ennuyante bureaucratie et les procédures interminables pour avoir l'autorisation d'installer notre chapiteau dans un camp de réfugiés. On enchaînait réunion après réunion, avec le gouvernement, l'armée, les Nations Unies et tout un tas d'autres organismes... de quoi devenir fou! On passait notre temps à faire du "blabla", à serrer des mains et à dire "bonjour bonjour on est gentils et on veut juste faire rire les enfants". Mais rien n'avançait et on n'avait toujours pas la permission de poser notre chapiteau! Mais bon, il n'était pas question qu'on attende d'avoir un chapiteau pour commencer notre travail. Ça fait qu'on s'est mis à visiter environ 3 camps par jour, où on a rapidement développé une relation magnifique avec les jeunes et les familles du coin.

Open Image Modal

Visite au camp de réfugiés de Sepolovo, Grèce.

Quelques jours plus tard, on a reçu un coup de fil des Nations Unies, pour nous annoncer que le ministère de l'Éducation de la Grèce venait tout juste d'accepter que des enfants réfugiés fréquentent leurs écoles. FANTASTIQUE! Mais vous savez... la première journée d'école, c'est stressant pour tout le monde. Alors, imaginez lorsque vous êtes d'une autre culture, que vous ne parlez pas la langue locale et que vous êtes différents des autres, parce que vous habitez dans une tente, dans un camp de réfugiés. On s'est donc présenté sur place, à la rentrée scolaire. Grâce à des jeux et des spectacles interactifs, on s'est assuré que tous les enfants se mélangent et s'amusent ensemble. Le stress s'est rapidement transformé en une grosse fête, où personne ne faisait la différence entre Syriens et Grecques.

Le stress s'est rapidement transformé en une grosse fête, où personne ne faisait la différence entre Syriens et Grecques.

Malgré tout, la majorité des enfants n'avaient toujours pas la chance d'aller à l'école. C'est pourquoi un groupe de bénévoles fantastiques a ouvert une école, en plein milieu du camp de Katisikas. Les enfants pouvaient y apprendre l'anglais, l'arabe et les mathématiques. Afin de les inciter à s'y présenter, ma gang de clowns et moi, on se levait très tôt, chaque matin. On allait parader à travers les tentes, avec de la musique, des acrobaties et de la jonglerie. Rapidement, tous les enfants se rassemblaient derrière nous. Puis, on terminait la parade devant l'école, où l'on jouait avec eux pendant une bonne demi-heure. Le taux de présence n'avait jamais été aussi élevé et les enfants commençaient toujours leur journée d'école avec le grand sourire!

On a continué sur ce rythme, pendant plusieurs semaines. Les journées commençaient toujours par la parade à Katsikas, puis continuaient avec des prestations dans 3 camps de réfugiés différents. Le tout, entremêlé d'un tas de réunions inefficaces et de paperasses ennuyantes. Parce qu'on avait toujours l'espoir d'obtenir l'autorisation de monter notre chapiteau, afin d'offrir aux enfants une zone permanente de fun! Nos efforts ont fini par payer... le chapiteau a finalement été monté au milieu du camp de réfugiés, le 25 octobre 2016! YEAAAH! Pour l'occasion, il y a eu une grande fête avec tous les enfants, plein de spectacles et une tonne de rires!

Open Image Modal

L'équipe du Flying Seagull Project, devant le fameux chapiteau... enfin monté!

Mais, c'est avec tristesse que je dois maintenant quitter le pays, les camps de réfugiés et les enfants avec qui je développe une relation depuis plusieurs semaines. Je dois dire au revoir à mon extraordinaire famille de clowns du Flying Seagull Project. Ce n'est pas par choix. Si je pouvais, je resterais à l'année. Mais, en tant que Canadien, j'ai droit à seulement 90 jours sur le territoire européen. J'avais les yeux pleins d'eau, quand le petit Samir, 8 ou 9 ans, me tirait par le bras, me suppliant de rester et en répétant : « Ne partez pas monsieur! Je vais parler à la police! Je vais leur dire que vous pouvez rester! »

La bonne nouvelle? Avant que je parte, mes amis ont acheté des canards. Il y en a un qui s'appelle Guillaume, en l'honneur du "Quack Quack" de clown québécois. Ça fait que mon souhait s'est réalisé : je suis avec eux, dans les camps de réfugiés... à l'année! Du moins, sous la forme d'un canard! Quack quack!!!

Open Image Modal

Guillaume fait la connaissance de Guillaume. Entre Quack-Quack, on se comprend!

Ce texte a également été publié dans le Journal La Galère (Vol.14 #6)

VOIR AUSSI SUR LE HUFFPOST

Les billets de blogue les plus lus sur le HuffPost
Avril 2017(02 of55)
Open Image Modal
1.Sortez vos enfants de la garderie! – Bianca Longpré 2.Des PPP pour faire bouger nos enfants – Violaine Cousineau3.Mes dernières années fourrables – Christine Foley 4.Devenir fou avec le sport des kids – Bianca Longpré 5.Je crois rêver – Claude Aubin 6.Je mérite tellement mieux – Jackie B. Hamilton (credit:LITE PRODUCTIONS VIA GETTY )
Mars 2017(03 of55)
Open Image Modal
Février 2017(04 of55)
Open Image Modal
1. «Mon examen de conscience avec Djemila Benhabib» - Houria Hamzaoui2. «Donald Trump sera destitué, mais quand?» - Robert Kuttner 3. «Parents, RELÂCHEZ !!!» - Bianca Longpré4. «8 choses que les gens intelligents ne dévoilent jamais à leurs collègues» - Dr. Travis Bradberry5. «Islamisation de la démocratie: réponse à Djemila Benhabib» - Saoud Maherzi6. «Chute de prix à la SAQ: 15 bons vins de moins de 10$» - Yves Mailloux (credit:1001NIGHTS VIA GETTY IMAGES)
Novembre 2016(07 of55)
Open Image Modal
Octobre 2016(08 of55)
Open Image Modal
1. La chose que font toutes les femmes et que vous ignorez - Gretchen Kelly 2. http://huff.to/2eaEEAE - Abby Langer 3. Le DEP, diplôme d'études poche? - Gabriel Gaudreault 4. J'ai adopté un bébé naissant, au Québec - Bianca Longpré 5. Célibataires à deux – Isabelle Tessier 6. Comment marche le clitoris, l'organe du plaisir - Charlotte Tourmente (credit:Gettystock)
Septembre 2016(09 of55)
Open Image Modal
Juin 2016(12 of55)
Open Image Modal
Mai 2016(13 of55)
Open Image Modal
1. Les Cubes énergie, pu chez nous! - Bianca Longpré2. Quand naissance rime avec violence - Lorraine Fontaine3. Montréal, capitale de la traite de femmes - Neda Topaloski4. Non, l'université n'est pas accessible au Québec - Virginie Chaloux Gendron 5. Vers un peuple sans histoire - Étienne Boudou-Laforce6. Le gym japonais – Alain Montambault
Février 2016(16 of55)
Open Image Modal
- «T'as pas d'enfant, tu m'en dois une!» - Bianca Longpré- 11 ans, enceinte: quand les parents font entrer le loup dans la bergerie - Jessie Mc Nicoll- Non ma belle, je ne te dois rien - Marilyse Hamelin- Lettre ouverte à Richard Martineau - Charlotte van Ginhoven- René, un prince arabe - Nader Allouche (credit:Capture d'écran)
Janvier 2016(17 of55)
Open Image Modal
Décembre 2015(18 of55)
Open Image Modal
Novembre 2015(19 of55)
Open Image Modal
Octobre 2015(20 of55)
Open Image Modal
1. Cher Justin - Bianca Longpré2. Poème sans titre - Anonymous Young Woman 3. Ma crise d’Octobre 1970 - Jocelyne Robert 4. Ma femme, l'enseignante humiliée – Yanick Barrette 5. L'Halloween au temps des petits bourgeois – Lorenzo Benavente 6. Mission accomplie: Harper est battu – Claude Trudel (credit:La Presse canadienne)
Septembre 2015(21 of55)
Open Image Modal
1. Petit Jérémy, j'ai honte - Bianca Lonpré2. Chers enfants - Martin Dubé3. Aller à l'urgence - Bianca Longpré4. «Faut-il battre ou non sa femme?» - Salimata Sall5. Six médecins envoient leur avis de démission au CLSC de St-André-Avellin - Steve E. Fortin (credit:MusiquePlus)
Août 2015(22 of55)
Open Image Modal
Juillet 2015(23 of55)
Open Image Modal
1. Célibataires à deux – Isabelle Tessier 2. Le bonheur est ailleurs – Bianca Longpré 3. Points de vue féministes sur le cas Jean-François Mercier – Olivier Kaestlé 4. Je vote pour... Micheline Lanctôt – Charles-Etienne Filion 5. Vacances d'été: lettre ouverte à mes enfants – M. Blazoned 6. Dur d'être policier - Claude Aubin (credit:SCION_CHO/FLICKR)
Juin 2015(24 of55)
Open Image Modal
1. Être préposé aux bénéficiaires - Virginie Chaloux Gendron 2. Si vous me placez en CHSLD... – Bianca Longpré 3. Ce qui s'est passé après la manif Femen au Grand Prix de Montréal – Neda Topaloski 4. La Plus Haute Autorité: Monsieur Jacques Parizeau (2/8) - Victor-Lévy Beaulieu5. La pratique aberrante du pourboire – Dominic Leblanc et Felipe Antaya 6. 11 astuces qui vont changer votre expérience de Facebook - Emily Turrettini (credit:JEAN-SEBASTIEN EVRARD/AFP/Getty Images)
Mai 2015(25 of55)
Open Image Modal
1. La pratique aberrante du pourboire – Dominic Leblanc et Felipe Antaya 2. Le problème, c'est nous – Bianca Longpré 3. Uber et contre tous! - Bertrand Malsch 4. Une journée dans la vie d'une vieille Québécoise en CHSLD (1/3) - Bianca Longpré 5. «Toi, mon tabarnak, je vais t'acheter. Combien tu coûtes?» - Joanne Marcotte 6. Le dangereux mirage «Royalmount» - Amir Khadir (credit: THRILLIST)
Avril 2015(26 of55)
Open Image Modal
Janvier 2015(29 of55)
Open Image Modal
Les billets de blogue les plus lus sur le HuffPost Québec en 2014(30 of55)
Open Image Modal
Novembre 2014(32 of55)
Open Image Modal
Septembre 2014(34 of55)
Open Image Modal
1. Lettre à Guy Turcotte - Francine Laplante 2. La non-relation de couple: un phénomène très actuel - Mathieu Gladu 3. 10 choses que les touristes disent sur Montréal... - Pascal Henrard 4. Écosse: le Oui a déjà gagné! - Amir Khadir 5. Stephen Harper et votre carte d'assurance-maladie - Claude Laferrière 6. Le club des inutiles - Claude Aubin
Août 2014(35 of55)
Open Image Modal
Juin 2014(37 of55)
Open Image Modal
1. Prends la porte, la vieille! - Yanick Barrette2. Pourquoi faisons-nous le Ramadan? - Batoul Farhat3. Le postérieur royal - Jérôme Blanchet-Gravel4. L'histoire de Max qui avait des rêves de grandeur pour son pénis - Jocelyne Robert5. Coupler vs copuler - Anne-Marie Dupras6. Vous n'avez plus les moyens d'ignorer ce message - Eric Beaudry (credit:Gettystock)
Avril 2014(39 of55)
Open Image Modal
1. Mes prédictions comté par comté pour le 7 avril - Jean-Nicolas Gagné 2. Cinq fonctions cachées à découvrir sur Facebook - Julien A. Gagnon 3. Québec solidaire et la fausse gentillesse - Étienne Grenier 4. Tu étais belle - Caroline Dubois 5. Le gouvernement Couillard annonce des temps durs - Donald Charette 6. Très chère Pauline - Jean-François Lisée (credit:Presse Canadienne)
Les billets de blogue les plus lus sur le HuffPost Québec en 2013(43 of55)
Open Image Modal
Décembre 2013(44 of55)
Open Image Modal
Novembre 2013(45 of55)
Open Image Modal
1. La demi-heure durant laquelle j'ai été une femme voilée - Anna Maria Morissette 2. L'affaire Gab Roy, miroir de la culture du viol - Jocelyne Robert 3. Les faux humanistes et les idiots utiles de l'islamisme - Karim Akouche 4. Message aux usagers du pont Champlain: achetez-vous un char! - Karel Mayrand 5. Choisir l'intégration, pas l'intégrisme - 29 professeurs et chercheurs spécialistes des relations interculturelles et de l'immigration donnent leur avis sur la Charte
Octobre 2013(46 of55)
Open Image Modal
Juin 2013(50 of55)
Open Image Modal
Avril 2013(52 of55)
Open Image Modal
Mars 2013(53 of55)
Open Image Modal
Février 2013(54 of55)
Open Image Modal
1. Les «parasites» de J-Jacques Samson - Pierre-Luc Brisson 2. Montréal est une honte nationale - Yoni Goldstein 3. Comment la technologie a piraté nos cerveaux - Dr Andrew Weil 4. Le bikini des conservateurs - Pascal Henrard 5. Le courage des vandales - Jean-Fraçois Lisée (credit:PC)
Janvier 2013(55 of55)
Open Image Modal
1. Science: la réalité tordue des conservateurs - Anne Minh Thu Quach 2. En France soviétique, les gens veulent s'exiler en Russie - Arielle Grenier 3. Pourquoi Idle No More? - Sébastien Brodeur 4. «Notre home», our honte? - Maxime Duchesne 5. La France en pente douce - Savignac (credit:Shutterstock)

Open Image Modal
Open Image Modal
-- Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.