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L'État islamique à la CSDM?

le SPVM a rédigé une circulaire concernant les mesures d'écoute et de prévention vis-à-vis la mouvance du groupe terroriste «État islamique» à l'attention des directions d'écoles de la Commission scolaire de l'île de Montréal. Ce qui choque dans cette approche, c'est le traitement que certains directeurs d'école en ont fait.
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Mieux vaut prévenir que guérir - telle est l'approche préconisée par le Service de police de la Ville de Montréal, qui répond à des inquiétudes exprimées par des gens du milieu scolaire montréalais. Ainsi, le SPVM a rédigé une circulaire concernant les mesures d'écoute et de prévention vis-à-vis la mouvance du groupe terroriste «État islamique» à l'attention des directions d'écoles de la Commission scolaire de l'île de Montréal.

La directive incite les témoins scolaires à contacter Info-Crime au (514) 393-1133 dans l'une ou l'autre des situations suivantes :

«- Un élève adopte un discours violent inspiré de l'idéologie de l'État Islamique (ÉI) véhiculé à travers les médias sociaux ou autres;

- un élève signifie son intention de se joindre à un groupe terroriste;

- un élève est en possession de symboles ou de matériels de la mouvance de l'ÉI;»

Après conversation avec le SPVM et le porte-parole de la CSDM, on nous mentionne d'entrée de jeu qu'il n'est pas question d'ostraciser une communauté en particulier. Il s'agirait d'une approche préventive demandant aux «acteurs du milieu» et aux «partenaires communautaires» d'être «à l'écoute». Une approche similaire aurait aussi été mise de l'avent avec les imams des mosquées via le «partenriat communautaire» sur le terrain.

Ce qui choque dans cette approche, c'est le traitement que certains directeurs d'école en ont fait. On ne peut pas être contre la prévention et la délation dans de pareilles circonstances où la violence et un comportement erratique viendraient semer le doute et pourraient mettre en péril la population scolaire. Pas besoin de l'État Islamique pour nous dicter le gros bon sens. Les trop nombreuses tueries dans les écoles de l'Amérique viennent nous rappeler régulièrement notre devoir de vigilance à cet égard.

Non, ce qui choque le plus c'est d'avoir balancé cette directive là à la face des profe sseurs sans aucune préparation tout en augmentant ainsi un sentiment malsain d'insécurité. Les professeurs et le personnel scolaire seront-ils devenus des agents de surveillance de la «mouvance terroriste» au sein des écoles montréalaises? Cela se traduit comment dans une institution d'enseignement primaire ou secondaire? Quel sera le lien avec l'Islam pratiqué par de nombreux élèves qui suivent les pas de leurs parents? A-t-on prévu une approche particulière pour en discuter dans les cours d'éthique et de culture religieuse?

Maintenant que le chat est sorti du sac, la direction de la CSDM devra bien pouvoir expliquer maintenant à ses parents - envers qui elle est en tout premier lieu redevable - l'ampleur de la situation et les mesures qui seront prises. Oui, il est vrai qu'en France on a vu l'anecdote de certains adolescents quitter pour s'enrôler dans les rangs de l'ÉI. Est-ce le cas au Canada ? Non. Du moins, nous sommes en mesure de croire qu'un contrôle serré des passeports puisse décourager tout mineur qui pourrait fantasmer à l'idée de joindre un groupe terroriste quelconque. Quand on questionne le SPVM à ce sujet précis, on ne rapporte aucun cas de «djihadiste élève» du territoire de Montréal en route vers la Syrie ou l'Irak.

Certaines voix auront beau dire que l'islamophobie n'est pas un phénomène réel au Québec, les événements récents n'ont fait qu'augmenter la tension et justifier - dans la bouche de plusieurs Québécois - cette haine publique de l'Arabe et du Musulman. Chaque mesure de sécurité additionnelle - bien que justifiée - viendra stigmatiser davantage une communauté pleinement intégrée à notre société. Voilà les dommages collatéraux qu'il faut à tout prix corriger. Et en semblable matière, la CSDM comme toutes les administrations doivent faire preuve de jugement et de retenue.

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Peu après le début de la guerre en Irak menée par les Etats-Unis, un nouveau groupe jihadiste voit le jour en Irak. C'est l'origine de l'Etat islamique. Ce groupe se présentait comme le défenseur de la minorité sunnite face aux chiites qui ont pris le pouvoir avec l'invasion conduite par les Etats-unis en 2003. Il se fait connaître par des tueries de chiites et les attaques-suicides contre les forces américaines.Sa brutalité et son islam intransigeant pousseront finalement les tribus sunnites à le chasser de leur territoire. Traqués en Irak, ses membres dès juillet 2011, soit trois mois après le début de la révolte contre Bachar al-Assad, sont appelés à aller combattre en Syrie contre le régime. Une implication dans le conflit syrien qui lui permet un véritable essor. En Syrie, rapidement apparaissent les dissensions entre jihadistes irakiens et syriens. Les premiers proposent la création en avril 2013 de l'Etat islamique d'Irak et du Levant (EIIL) mais le chef syrien refuse et maintient le Front al-Nosra qui devient la branche officielle d'al-Qaïda en Syrie.Fort de ses victoires en Irak et en Syrie, le chef de l'EIIL Abou Bakr al-Baghdadi proclame en juin 2014 un "califat" à cheval sur les deux pays. A cette occasion, le groupe jihadiste est renommé Etat islamique (EI). Il est appelé ISIS en anglais et Daesh en arabe.Photo: le drapeau de l'Etat islamique (credit:DR)
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Il n'y a pas de chiffres précis. L'observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) évalue en Syrie à plus de 50.000 le nombre de ses combattants, dont 20.000 non syriens, venus du Golfe, de Tchétchénie, d'Europe et même de Chine.En Irak, selon Ahmad al-Sharifi, professeur de Sciences politiques à l'université de Bagdad, l'EI compte entre 8000 et 10.000 combattants dont 60% d'Irakiens. L'EI recrute beaucoup à travers les réseaux sociaux, mais nombreux sont les rebelles qui le rejoignent par peur ou allécher par les salaires offerts. (credit:Associated Press)
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Les experts estiment qu'il y a plusieurs sources de financement. D'abord, il y aurait des contributions de pays du Golfe. Le ministre allemand de l'aide au développement Gerd Müller a par exemple accusé directement le Qatar.Pour Romain Caillet, expert des mouvements islamistes, c'est essentiellement un auto-financement. Selon lui, le financement extérieur, dont de certaines familles du Golfe représente seulement 5% de ses ressources.Ensuite, l'Etat islamique soutire de l'argent par la force en pratiquant l'extorsion ou en imposant des impôts aux populations locales.A cela s'ajoutent la contrebande de pétrole et de pièces d'antiquité, les rançons pour la libération d'otages occidentaux et les réserves en liquide des banques de Mossoul dont s'est emparé l'EI au début de son offensive fulgurante lancé début juin en Irak.Selon Bashar Kiki, le chef du conseil provincial de Ninive, dont Mossoul est la capitale, les réserves en liquide des banques de la ville atteignaient avant cette offensive environ 400 millions de dollars, auxquels il faut ajouter quelque 250.000 dollars qui se trouvaient dans les coffres du conseil provincial. (credit:Associated Press)
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