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La fin du clivage gauche-droite?

Les spécialistes de la politique répètentque le clivage gauche versus droite est révolu, voire qu'il constitue une conception politique archaïque. Sur le plan théorique peut-être, mais en pratique est-ce réellement le cas?
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Wikimedia Commons / Christophe Finot

Les spécialistes de la politique répètent ad nauseam que le clivage gauche versus droite est révolu, voire qu'il constitue une conception politique archaïque. Sur le plan théorique peut-être, mais en pratique est-ce réellement le cas? Plusieurs éléments nous portent à croire que cette opposition, loin de s'être estompée, a subi une mutation, constituant plus que jamais un repère pour une majorité de citoyens.

L'idée de ce texte n'est pas de présenter l'arène politique de manière dichotomique, dans la mesure où nous sommes conscients qu'il existe des tendances, des mouvements et des idées qui sortent de cette bipolarisation sociopolitique. Les tendances sont aussi diverses que diversifiées, autant à l'intérieur qu'à l'extérieur. Il serait ainsi réducteur d'affirmer que les deux blocs idéologiques sont monolithiques ou même homogènes. Ils sont effectivement marqués par des tensions, des conflits et des rapports de pouvoir. Cela dit, il serait encore plus faux d'associer bêtement les deux grandes conceptions à des stéréotypes de type: les gauchistes sont des socialistes/communistes, tandis que les droitistes appuient Bush, Harper ou encore Romney.

De telles conceptualisations sont pourtant répandues dans les discussions et les débats, autant dans la sphère privée que publique. Or, il est vrai, en général, que la gauche a une propension à favoriser un interventionnisme étatique, tandis que la droite a une tendance à privilégier l'exercice du libre marché. Mais ces propriétés théoriques peuvent être (et sont souvent) articulées à des nuances. Après tout, rien n'est totalement blanc ou entièrement noir. Il convient donc de ne pas verser dans des raccourcis intellectuels.

Nous l'avons mentionné, l'arène politique est hétérogène et muable. Malgré cela, qu'on le veuille ou non, le recours conceptuel à la gauche ou à la droite s'est renforci au cours des dernières années, agissant, malgré leurs dissensions internes, de plus en plus comme facteurs d'intégration, ainsi que comme repères argumentatifs. De même, nous remarquons que les individus ont une disposition à se définir comme étant de gauche ou de droite lors de leurs débats ou discussions. Dans cet ordre d'idées, un regard rapide de l'actualité ou une simple navigation sur Internet suffisent à constater cette bipolarité des points de vue. Par exemple, lors du printemps érable, nous avons constaté, malgré la présence d'autres mouvements marginaux, une polarisation entre, d'un côté, les carrés rouges - associés machinalement à la gauche et parfois même aux idées communistes - et, de l'autre, aux carrés verts - reliés instinctivement à la droite et au capitalisme sauvage. Le même phénomène de différenciation - souvent couplé d'une série de moqueries et de clichés - est perceptible sur les blogues, les forums et les réseaux sociaux, tout comme dans les discussions de salon ou de taverne. En fait, même les partis politiques font constamment allusion à ce clivage, se revendiquant de la gauche, de la droite ou du centre, ce qui conséquemment participe à la légitimisation de ce clivage.

Par ailleurs, le regain d'intérêt pour l'extrémisme politique - un peu partout sur la planète, mais principalement en Europe - constitue un autre indicateur de l'importance et de l'actualité de l'opposition gauche versus droite. Même au niveau des politiques publiques, la partisanerie pour un thème, un sujet ou autre renvoie nécessairement à cette opposition, qui, rappelons, est rattachée à des systèmes de valeurs, d'idées, d'opinions et d'attitudes. Pensons simplement au mariage homosexuel, à l'avortement, la santé, l'éducation, etc. Les exemples sont multiples et forts de sens... D'ailleurs, il n'est pas rare d'entendre des phrases creuses comme: «La droite répartit la richesse de façon inéquitable, pendant que la gauche répartit la pauvreté de façon équitable».

En dernière analyse, je vous demande sincèrement: avons-nous dépassé le clivage gauche/droite comme le prétendent les experts politiques? Les éléments présentés précédemment nous invitent à la nuance. D'un point de vue empirique, nous estimons que le clivage sociopolitique entre la gauche et la droite agit comme un mécanisme de structuration des pensées, des comportements et des attitudes électorales et discursives. En outre, nous constatons la tendance qu'ont les individus à se réfugier à l'intérieur de l'un ou l'autre des deux grands blocs idéologiques pour, d'une part, schématiser et structurer leurs arguments et, d'autre part, pour discréditer leurs adversaires politiques. À la lumière de ces révélations, nous observons qu'il existe une prédominance de l'opposition gauche versus droite dans les relations sociales. En somme, le clivage gauche/droite représente donc à la fois une méthode de distinction, ainsi qu'un dispositif de mobilisation et de coalition, ce qui assurément le rend bien réel et actuel.

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