Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

La langue française au Québec: un tabou?

Vous le savez autant que moi: le français, seule langue officielle du Québec, est devenu un sujet tabou dans la Belle Province.
|
This post was published on the now-closed HuffPost Contributor platform. Contributors control their own work and posted freely to our site. If you need to flag this entry as abusive, send us an email.

Plusieurs de mes amis se sont inquiétés de mon silence depuis quelque temps. Je leur ai répondu là-dessus que j'avais beaucoup à faire car, comme tous les étés, ma maison des Trois-Pistoles est pareille à un moulin à vent: les visiteurs s'y font nombreux, les amis et les connaissances de passage dans le Bas-Saint-Laurent aussi... le jeu complexe des portes tournantes.

J'ai aussi dit à mes amis que la lutte que nous avons entreprise aux Éditions Trois-Pistoles afin de mettre en échec la directive politique de Patrimoine Canada qui voudrait nous obliger, en tant qu'éditeur, à reconnaître la participation financière du gouvernement fédéral en français et... en anglais pour tout ouvrage que nous faisons paraître, et cela pas seulement dans les livres que nous publions, mais aussi sur tous les documents que nous diffusons, y compris nos communiqués de presse.

Vous le savez autant que moi: le français, seule langue officielle du Québec, est devenu un sujet tabou dans la Belle Province. J'ai écrit une lettre ouverte à la ministre de Patrimoine Canada pour lui dire que nous n'entendions pas faire entorse à la Loi 101. Cette lettre a paru dans presque tous les médias traditionnels et j'ai accordé sur le sujet un bon nombre d'entrevues télévisées et téléphoniques.

J'espérais qu'éditeurs et écrivains feraient montre de leur appui et dénonceraient comme je l'ai fait cette manœuvre du fédéral qui ne vise qu'un objectif: imposer par la force l'usage de l'anglais par-devers toutes les institutions québécoises dans lesquelles il met son long nez.

J'espérais que nos partis politiques, le PQ, Québec solidaire et la CAQ notamment, dénonceraient aussi la politique idéologique du gouvernement fédéral. J'espérais aussi que les organismes québécois qui luttent pour la défense du français manifesteraient à cor et à cri leur opposition à cette "bilinguisation" forcée de nos institutions.

Eh ben, non! L'Association des éditeurs québécois a simplement dit que "le sujet la préoccupait" et ça s'est terminé d'en par là. L'Union des écrivaines et des écrivains, ce club de voyages que finance allègrement le gouvernement fédéral, est restée muette comme la carpe qu'elle est. Aucun parti politique et aucune association pour la défense du français chez nous n'ont dit quoi que ce soit sur le sujet. Ne parlons pas de la ministre dite de la Culture du Québec, la langue ne semblant compter pour rien dans son ministère, ce qui représente parfaitement la politique idéologique du gouvernement qui nous dirige.

Je continue tout de même cette lutte contre la politique de Patrimoine Canada, mais j'avoue me sentir bien seul là-dedans. Sans la solidarité des éditeurs, des écrivains, des mouvements pour la défense du français chez nous, de nos partis politiques soi-disant indépendantistes, je crains bien que je mène là une bataille déjà perdue. Et si je persiste jusqu'au bout, les Éditions Trois-Pistoles ne seront plus admissibles à l'aide de Patrimoine Canada, ce qui représente une part importante de notre financement, et cela d'autant plus que nous avons été pénalisés à tort par le Conseil des arts du Canada à cause de prétendus droits d'auteur impayés mais qui l'étaient. La fonctionnaire en charge de notre dossier m'en a fait la confirmation quand nous avons fait la preuve de ce que nous avions déclaré. Évidemment, tous les crédits dont disposait le Conseil des Arts étant épuisés, c'est rien de moins que 20 000 $ que nous avons ainsi perdus.

Ajoutez à cela le fait que le gouvernement québécois a baissé de 20% les crédits d'impôt dont bénéficiaient les éditeurs, et vous comprendrez que l'avenir m'apparaît fort sombre.

Aussi, je vous pose une question ce matin: que feriez-vous si vous étiez à ma place? Accepteriez-vous de ne pas respecter ce qu'il reste de plus important encore dans la Loi 101 en permettant au gouvernement fédéral d'établir que la Charte canadienne des droits et libertés a préséance sur toute loi votée par le gouvernement québécois? Car c'est de cela qu'il s'agit finalement. Un détail? me direz-vous. Pourtant, nous savons tous que c'est grâce aux "petits détails" que le Diable finit toujours par triompher.

J'ai bien hâte de vous lire là-dessus.

À LIRE AUSSI SUR LE HUFFPOST:

La souveraineté du Québec en dix citations
«Vive le Québec libre!»(01 of10)
Open Image Modal
«Je vais vous confier un secret que vous ne répéterez pas. Ce soir ici, et tout le long de ma route, je me trouvais dans une atmosphère du même genre que celle de la Libération. [...] Vive Montréal ! Vive le Québec! Vive le Québec libre! Vive le Canada français! Et vive la France!» — Le président français Charles de Gaulle sur le balcon de l’hôtel de ville de Montréal, le 24 juillet 1967 (credit:Archives de la Ville de Montréal)
«On n’est pas un petit peuple»(02 of10)
Open Image Modal
«Je n’ai jamais pensé que je pourrais être aussi fier d’être québécois que ce soir. On n’est pas un petit peuple, on est peut-être aussi quelque chose comme un grand peuple.» — René Lévesque, le 15 novembre 1976. Pour la première fois dans l'histoire du Québec, un parti souverainiste prend le pouvoir. (credit:ASSOCIATED PRESS)
«À la prochaine fois»(03 of10)
Open Image Modal
«Si j’ai bien compris, mes chers amis, vous êtes en train de me dire: à la prochaine fois. Acceptons le résultat puisqu’il le faut mais ne lâchons pas et ne perdons jamais de vue un objectif aussi légitime, aussi universellement reconnu entre les peuples et les nations que l’égalité politique, ça viendra.» — Le chef du Parti québécois, René Lévesque, après la victoire référendaire du Non le 20 mai 1980 (credit:ASSOCIATED PRESS)
«L’argent et le vote ethnique»(04 of10)
Open Image Modal
«C'est vrai qu'on a été battus, au fond, par quoi? Par l'argent, puis des votes ethniques, essentiellement.» — Jacques Parizeau, le 30 octobre 1995, à la suite de la défaite du Oui au référendum (credit:La Presse Canadienne)
«La souveraineté du Québec, la seule [avenue] possible»(05 of10)
Open Image Modal
«Je suis devenu souverainiste parce que j'ai vu que la souveraineté du Québec constituait [...] la seule [avenue] possible pour assurer la croissance de l'emploi et de l'économie, l'égalité des chances des citoyens, un bon filet de sécurité sociale [...], sans que ces protections fassent toutefois l'objet d'une surenchère ruineuse entre deux gouvernements qui courtisent le même électorat.»— Jacques Parizeau, Pour un Québec souverain (1997) (credit:Graham Hughes)
«Ils n’ont pas déraciné le projet souverainiste»(06 of10)
Open Image Modal
«Disons-leur, mes amis, qu’ils n’ont pas, comme ils espéraient, déraciné le projet souverainiste. L’idée habite encore trop de Québécoises et de Québécois pour s’éteindre maintenant. Bien au contraire, elle est plus vivante que jamais […] Gardons l’espoir, car la prochaine fois sera la bonne. Et elle pourrait venir cette prochaine fois plus rapidement qu ’on le pense.» — Lucien Bouchard, le 30 octobre 1995, à la suite de la défaite référendaire. (credit:Pierre Roussel via Getty Images)
«Mesdames, j’essaierai de nous faire honneur!»(07 of10)
Open Image Modal
«Une autre page s’ouvre donc sur l’histoire de notre peuple : pour la première fois, le gouvernement du Québec sera dirigé par une femme. Je rends hommage à ma mère et à toutes ces femmes d’aujourd’hui et d’hier qui portent la moitié du monde sur leurs épaules. Mesdames, j’essaierai de nous faire honneur!» — Pauline Marois, le soir du 4 septembre 2012, alors que le PQ retrouve le pouvoir dix ans après l'avoir perdu. Le discours de Pauline Marois est interrompu lorsque Richard Henry Bain ouvre le feu à l'extérieur du Métropolis et fait un mort. (credit:La Presse Canadienne)
«Faire du Québec un pays!»(08 of10)
Open Image Modal
«Mon adhésion au Parti québécois est une adhésion à mes valeurs les plus profondes et les plus intimes, c'est-à-dire faire du Québec un pays.» — L'homme d'affaires Pierre Karl Péladeau, le 9 mars 2014, lorsqu'il annonce qu'il sera candidat pour le Parti québécois dans la circonscription de Saint-Jérôme. De nombreux commentateurs attribueront son arrivée dans la formation à la défaite du PQ. (credit:La Presse Canadienne)
«J'assume pleinement ce que je suis»(09 of10)
Open Image Modal
«Moi, j'assume pleinement ce que je suis. Je suis souverainiste. Nous autres, nous en parlons du pays.» — Françoise David, en 2014, lors d'un débat des chefs télédiffusé sur la chaîne TVA. (credit:La Presse Canadienne)
«Je vous aime, Monsieur Parizeau»(10 of10)
Open Image Modal
«S'il est une chose que son départ devrait amener, c'est la fin des exils... de tous les exils. Qu'ils soient géographiques ou intellectuels, il faut que nous fassions tous notre part, chacun à notre façon, à la construction de cette société pour laquelle il a tant travaillé.» — L'ex-chef d'Option nationale Jean-Martin Aussant rendant hommage à Jacques Parizeau lors de de ses funérailles le 9 juin 2015 (credit:Radio-canada.ca)

Open Image Modal

Open Image Modal
-- Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.