Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

«La licorne captive»: Daniel Lavoie apprivoise la musique ancienne

Daniel Lavoie apprivoise la «Licorne»
Open Image Modal
Jean-François Cyr

Daniel Lavoie lui-même n’aurait pas cru se retrouver au cœur d’une aventure musicale aussi «hors norme» que celle entourant la production de l’album La licorne captive. Frileux à s’investir au départ dans ce singulier projet de l’auteur-compositeur-producteur et multi-instrumentiste Laurent Guardo, le chanteur s’est finalement découvert une passion pour la musique ancienne. Rencontre avec les deux hommes devenus partenaires passionnés d’histoires musicales lointaines.

«Je n’avais jamais entendu parler à Montréal de Laurent Guardo quand il m’a fait parvenir sa musique instrumentale par la poste. On est quelque part en 2010. Je n’avais même pas ouvert le colis. Puis un jour, j’ai écouté. C’était un peu weird, mais intéressant. Je dois dire que des violes de gambe toutes seules, c'est assez mou, souligne Lavoie. Mais j’étais en même temps séduit. Cette musique, c’était comme un nouveau défi. J’avais le goût d’essayer pour une chanson.»

Qu’à cela ne tienne, les deux hommes commençaient à enregistrer la première chanson en avril 2011.

«C’était un projet sans deadline, affirme Lavoie. Je crois qu’au début, Laurent était beaucoup plus ambitieux que moi. Il avait d’ailleurs investi pas mal (une trentaine de musiciens impliqués en tout) de son propre argent. En plus, c’est un sacré perfectionniste. Il a probablement payé beaucoup de surtemps aux musiciens!»

Pourquoi avoir pris quatre années à sortir La licorne captive?

«À vrai dire, j’ai commencé à travailler sur le projet en 1999, indique Laurent Guardo, qui a fait ses classes en musique classique et en jazz, avant de se lancer dans la télé, le cinéma et la pub. Ça m’a pris énormément de temps à écrire les textes. J’ai retravaillé certains d’entres eux pendant un an. Ensuite venait la musique. Ce sont quelques-unes des raisons qui expliquent pourquoi ça a été si long. En plus, des musiciens de violes de gambe, il n’y en a pas des millions à Montréal. Je devais attendre qu’ils soient libres. »

Daniel Lavoie, lui, n’a pas ajouté sa plume à l’exercice. Il a changé quelques mots, tout au plus : «Ça marche très bien. C’est superbe. Ça va à merveille avec ce genre de musique.»

La chimie

Ainsi, ces étranges morceaux du début ont pris forme avec la participation et les recommandations de Lavoie. Un peu de guitare ici, puis de la basse là. De l’avis de Guardo, il est né quelque chose «de magique, de chimique» dans le mélange des violes de gambe et du timbre de voix de Daniel : «Plein de gens ont dit qu’il devrait chanter davantage de musique ancienne parce qu’il a une voix très riche. Elle a su passer à travers les arrangements comme une tonne de briques. Il n’y a pas beaucoup de monde qui pourrait livrer ça comme lui.»

«Au final, je me suis retrouvé à faire tout un album, s’exclame Lavoie [...] Ça, c’est la joke que j’aime beaucoup partager. Quand on a eu fini de faire toutes les tounes de l’album, j'ai dit à Laurent que c’était devenu un album de Daniel Lavoie, que tu le veuilles ou pas! Quand tu engages quelqu’un qui a 40 ans de métier comme frontman, ça prend de la place. Et il a accepté ça avec bonne grâce.»

Raconter

Mythologie grecque, ambiances médiévales, folklore québécois, La licorne captive puise dans de nombreuses époques et de nombreux courants artistiques.

«J’avais envie de pouvoir défendre un projet dans lequel je croyais, confie Lavoie. J’ai été interpelé par ce projet qui demande beaucoup au niveau de la voix. C’est difficile de chanter sur cette musique. J’ai eu beaucoup de plaisir à travailler là-dessus, justement parce que c’était exigeant et que je dois incarner le récit. C’est très demandant, car il faut raconter le texte. C’est comme livrer un conte sur une belle musique.»

«Je donnerais comme exemple la pièce Bal des pendus, qui change toujours de sortes de mesure, intervient Guardo. Les mélodies sont difficiles et le rythme est ardu. J’ai rarement vu quelqu’un qui a de la concentration comme Daniel. Il a aussi beaucoup d’instinct, parce que c’est vraiment hors de sa zone de confort. C’est ce qui fait qu’il a été capable de plonger. »

«Je me suis lancé dans cette musique inclassable, justement parce qu’elle est particulière, de renchérir le chanteur. Ce n’est pas des pièces conventionnelles, ce n’est pas de la pop ou de la pure musique ancienne, ce n’est pas totalement du contemporain, les harmonies sont jazz à l’os…»

On aura compris, il faut écouter pour saisir le résultat de cette rencontre entre Lavoie et Guardo, qui espèrent pouvoir incarner sur scène La Licorne captive.

Paru sous l’étiquette Le Chant du monde, La licorne captive est disponible depuis le 25 mars.

INOLTRE SU HUFFPOST

Top 10 des jeunes artistes québécois à surveiller en 2014
(01 of11)
Open Image Modal
Alexandre Désilets a déjà charmé bien des Québécois avec sa superbe voix. Outre le chant, cet artiste sait créer des arrangements et des ambiances fort originales. En plus, il bouge bien et incarne bien, comme en fait foi sa brillante performance dans le spectacle hommage Danse Lhasa Danse. Son troisième album intitulé Fancy Ghetto sera disponible dès le 11 février 2014. (Crédit photo: Caroline Désilets)
(02 of11)
Open Image Modal
Audrey Emery est toute nouvelle dans le paysage des carrières solo. Pourtant, cette voix à la fois mature, cool et suave est connue de bien des artistes. Elle a notamment accompagné celle de Martin Léon sur scène et tout au long de l'album Les Atomes. On a également pu l'entendre aux côtés de nombreux autres musiciens tels Éloi Painchaud, Jean-Phi Goncalvès et Clément Jacques. En 2013, Emery a laissé paraître un single intitulé La couleur des jours, titre de son EP à sortir le 28 janvier. Un délicat groove qui dévoile un esprit soul à la Erykah Badu. (Photo: Courtoisie / Mauvaise Influence)
(03 of11)
Open Image Modal
David Marin s’était révélé avec l’album À côté d’la track, il y a environ six ans. Le chanteur folk était de retour en octobre avec un second disque, Le choix de l’embarras, réalisé par Louis-Jean Cormier. Bien reçu au Québec, cet album sera enrichi par les nombreux spectacles prévus dans plusieurs villes de la Belle Province. Il fera sa rentrée montréalaise le 27 février dans le cadre du festival Montréal en lumière. « Le vent vire » comme chante David Marin.(Photo: Courtoisie / Simone Records)
(04 of11)
Open Image Modal
Kandle est un autre talent qui émerge de la vague folk-indie-rock montréalaise. Cette jeune auteure-compositeure-interprète anglophone ayant grandi en Colombie-Britannique (fille de Neil Osborne, icône canadienne de la musique et chanteur du groupe 54-40) s'est établie dans la métropole à l’été 2011. Depuis, elle a gagné la reconnaissance des gens grâce à sa sensible voix et la maturité de son travail. En 2012, elle faisait paraître un EP de six excellentes chansons. Kandle a récemment collaboré avec le très talentueux Jimmy Hunt. Elle dévoilera son savoir-faire sur In Flames un album complet qui sortira en mars.(Photo: Courtoisie / Dare to Care)
(05 of11)
Open Image Modal
Loud Lary Ajust est un trio de rap qui propose des sons à la fois sales, urbains, brutes, clinquants et accrocheurs. Ce collectif est dans la vague de tous ces autres rappeurs qui émergent au Québec ces dernières années comme Alaclair Ensemble et Dead Obies. Loud, Lary et Ajust sortaient en mai 2012 l’album Gullywood, qui a reçu un très bon accueil de la critique et du reste du milieu de la musique. Ensuite, venait Gully Plus, un EP de remix réunissant des collaborations avec plusieurs artistes comme Koriass, Maybe Watson et Ruffsound. Un autre EP intitulé Ô Mon Dieu viendra par la suite. Sous étiquette Audiogram (une boîte étonnante pour un tel groupe, mais tant mieux) que Loud Lary Ajust lancera un album complet en bonne et due forme dans la seconde moitié de 2014. À voir sur scène.(Crédit photo: John Londono)
(06 of11)
Open Image Modal
Patrice Michaud s’est d’abord fait connaître comme gagnant du Festival international de la chanson de Granby 2009. Il a ensuite plu à grand nombre de Québécois avec son premier disque Le triangle des Bermudes qui a servi d’inspiration à plus de 125 spectacles. Il sortira un autre disque, Le feu de chaque jour, le 4 février. Déjà, l’extrait Mécaniques Générales tourne dans les radios du Québec, dont NRJ et CKOI. Entré au studio Piccolo en octobre, Patrice s'est entouré d'Andre Papanicolaou à la réalisation et aux guitares, Simon Blouin à la batterie, Mark Hébert à la basse, François Lafontaine (Karkwa, Marie-Pierre Arthur…) au piano et Audrey-Michèle Simard aux chœurs.(Crédit photo: Amélie Gagné)
(07 of11)
Open Image Modal
Philippe B a frappé un grand coup avec son troisième album folk pop Variations fantômes, qui a servi d’inspiration au chanteur-guitariste pour un brillant spectacle (avec de nombreux musiciens dont le quatuor Molinari) qui consistait en une relecture d'œuvres classiques servant de cadre à ses propres compositions. En avril 2014, le réalisateur, auteur, compositeur et interprète nous reviendra avec Ornithologie, la nuit. (Crédit photo: Anouk Lessard)
(08 of11)
Open Image Modal
PyPy est un nouveau groupe de punk psychédélique montréalais créé récemment par des membres de CPC Gangbangs, Les Sexareenos, Red Mass et Duchess Says (la chanteuse Annie-Claude Deschênes). Son premier disque Pagan Day est ultra énergique, truffé de distorsion et d’airs discos très pesants. Musique parfaite pour s'éclater. Signé chez le label américain Slovenly Recordings, PyPy va certainement créer un buzz important. Sortie d’album le 11 février. (Photo: Courtoisie / Bonsound Promo)
(09 of11)
Open Image Modal
Philémon Cimon possède une voix sensible, à la limite de la fragilité, et un esprit assez créatif. C’est très pop, mais bien fait. Après un EP en 2008 et un premier disque complet en 2011, Les sessions cubaines, le chanteur risque d’attirer grandement l’attention avec son second opus L’été, qui sera sur les rayons le 28 janvier 2014. (Photo: Courtoisie / Audiogram)
(10 of11)
Open Image Modal
The Vasts est une formation active depuis déjà quelques années sur la scène montréalaise. Il met présentement la dernière touche à l'enregistrement de son premier album, réalisé par Serge Nakauchi Pelletier (Beast, Pawa Up First) et mixé par Mathieu Parisien (Karkwa, Patrick Watson). Le groupe a notamment attiré l’attention lors de sa participation au Festival de Musique émergente en Abitibi-Témiscamingue (FME) 2013. Folk, indie-rock, trip hop et suppléments de cuivres donnent un son unique à cette formation menée par l'auteur-compositeur-interprète et arrangeur Nicolas Carette. (Photo: Courtoisie / Mauvaise Influence)
(11 of11)
Open Image Modal
The Posterz est notre choix surprise. Husser (voix et réalisation), Kris the Spirit (voix) et sir Share It (réalisation) sont trois jeunes rappeurs dont le talent indéniable est encore méconnu de tous au Québec hormis certains fins connaisseurs de la niche hip hop. Une tournée (The Mobbing Mini Tour) de quelques concerts a notamment permis de les voir au Belmont, Divan Orange (sur la rue Saint-Laurent) ou encore à La Petite Boîte Noire, à Sherbrooke (17 janvier). Pour ce que nous avons pu entendre jusqu’à maintenant, leurs beats sont intelligents, soignés et franchement accrocheurs. Les paroles sont parfois crues, un style classique pour le genre. L’approche minimaliste (la pièce Those Days, par exemple) fait parfois penser au travail de l’Américain Kanye West. Pour se faire une idée, The Bass Song et All I Know sont disponibles sur Internet, des chansons tirées du EP Starships & Dark Tints, sorti à l’automne. Selon le gérant du groupe, un autre EP (Starships & Dark Tints remasterisé et bonifié de trois nouveaux morceaux) et d’autres projets sont à venir : « Nous organiserons durant l’année un lancement digne de ce nom pour présenter le groupe au public montréalais. Nous sortirons aussi un autre vidéoclip dans la même ligné que The Bass Song. » Par ailleurs, The Posterz participera à des festivals au cours de l’année. Des négociations sont en cours avec des maisons de disque… À suivre.(Photo: Courtoisie / The Posterz)

-- Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.