Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

La nymphomanie, ça existe vraiment?

La nymphomanie, ça existe vraiment?
Open Image Modal
Image Source via Getty Images

Elle aime ça. C'est une fille facile, une obsédée, une allumeuse, une aguicheuse, une tentatrice, en un mot, une nympho. Dans le dernier film de Tonie Marshall, Judith, le personnage joué par Sophie Marceau, aime le sexe et ne s'en cache pas. Cette nymphomane tente de séduire un addict au sexe repenti joué par Patrick Bruel.

Nymphomane vraiment? Hors des plateaux de cinéma, ce n'est pas aussi simple. Ce terme, aux connotations grivoises, embarrasse les spécialistes. A partir de quand, les besoins d'une femme en sexe sont anormaux?

Une femme qui aime le sexe est une hystérique

Le terme de "nymphomane" entre dans le dictionnaire en 1819. La femme qui manifeste son désir sexuel est alors comparée à une hystérique. Sept thèses de médecine s'intéressent à cette "folie érotique" entre 1800 et 1836. Les nymphomanes sont décrites comme possédées par le diable. À l'époque, les spécialistes imaginent la femme comme complètement soumise à ses organes reproducteurs. Toutes les perturbations émotionnelles qu'elles peuvent ressentir sont forcément liées à leurs cycles, leur cerveau est directement régi par leur sexe.

Comme le rappelle la journaliste spécialisée Agnès Girard, pour "guérir" de cette folie, les chirurgiens de la fin du XIXe siècle n'hésitent pas à pratiquer "l'ablation des ovaires" et à "mutiler des milliers de femmes parce qu'elles ont des pulsions sexuelles". En 2014, ces mutilations existent encore, comme dans certains pays d'Afrique où l'excision est encore pratiquée, dans le monde occidental, si les mentalités ont changé, peu de travaux scientifiques s'intéressent finalement au sujet, affirme Vincent Estellon dans son "Que sais-je" sur "Les Sex-addicts". Aux États-Unis, le mot "nymphomanie" a tout bonnement disparu. La bible des psychiatres, le DSM, un manuel publié par la Société américaine de psychiatrie répertoriant et catégorisant les troubles mentaux connus, ne fait plus mention de la nymphomanie depuis sa quatrième réédition au début 2000.

Dans sa cinquième et dernière réédition publiée en mai 2013, on parle de "troubles de l’hyper-sexualité". Selon les critères du DSM, une personne peut être être considérée comme ayant des "troubles de l’hyper-sexualité", lorsque la majeure partie du temps est utilisée à des accomplissements sexuels, lorsque le sexe est vécu comme une compensation d'état dépressif ou anxieux ou du stress, lorsque les efforts pour contrôler ces pulsions sont vains. Pour compléter le diagnostic, il faut subir ces pulsions depuis au moins six mois et ne pas suivre un traitement médicamenteux qui pourrait l'expliquer.

Si les besoins en sexe sont incontrôlables, c'est peut-être plus grave

Aujourd'hui, le mot est surtout passé dans le langage courant. S'il est souvent utilisé de manière légère voire humoristique, il a conservé la connotation péjorative qui lui avait été accolée au XIXe siècle. La femme qui aime "ça" est pareille à une nymphe qui hante la ville peu vêtue et prête à céder à des appétits sexuels exagérés.

Ce que l'on sait moins, c'est qu'un désir sexuel qui devient incontrôlable pour une personne malgré tous ses efforts peut être aussi le symptôme de maladies graves : "une tumeur cérébrale, un problème endocrinien, une intoxication alcoolique, une prise excessive de médicament ou un accès de trouble psy. Quand une femme a – du jour au lendemain – des accès de désir proches de la frénésie, c’est peut-être qu’elle a un cancer ou quelque chose de grave...", rappelle le docteur Yves Ferroul, chargé de cours d’Histoire de la Sexologie à Lille.

En revanche, Yves Ferroul s'inscrit en faux contre la volonté de guérir la nymphomanie lorsqu'elle n'est qu'un désir sexuel important. "C'est le changement rapide qui doit faire penser à une maladie", affirme-t-il encore. Selon les dernières études sur le sujet, le phénomène d'addiction au sexe est même remis en question. Des chercheurs de l'Université de Los Angeles ont voulu étudier la façon dont le cerveau réagit à des stimuli (en l'occurrence des images et scènes sexuelles) pour des personnes dites "addicts au sexe". Or, le cerveau n'a pas les mêmes réactions que dans les autres cas d'addiction, il réagit en fonction des désirs de la personne.

Comme le rappelle Vincent Estellon dans son "Que sais-je" sur "Les Sex-addicts", si l'addiction au sexe était reconnue en tant que telle par le DSM, cela entraînerait des "dérives abusives". A l'image de ces avocats qui invoquent la pathologie de leur client pour ne pas payer les sommes astronomiques que leur demande leur conjoint en cas de divorce. Le problème que pose "l'addiction au sexe" c'est qu'il n'existe pas à proprement parler de sexualité "normale", en terme de pratiques ni de fréquence.

Open Image Modal
Open Image Modal

INOLTRE SU HUFFPOST

Les bénéfices du sexe sur la santé
Les bénéfices du sexe sur la santé(01 of06)
Open Image Modal
Hormis le fait d'être le fun et d'apporter du plaisir, le sexe offre aussi de nombreux bénéfices sur la santé. Découvrez les avantages d'avoir des rapports sexuels de façon régulière... (credit:Alamy)
Le sexe... éloigne la maladie(02 of06)
Open Image Modal
Selon l'université de Wilkes, faire l'amour deux fois par semaine libère un anticorps appelé immunoglobuline A or IgA, qui aide à protéger contre le corps contre les infections et les maladies. D'autres recherches suggèrent également que de fréquentes éjaculations (au moins cinq fois par semaine) chez l'homme réduisent le risque de développer, plus tard, un cancer de la prostate. Lisez le British Journal of Urology International à ce sujet (en anglais). (credit:Alamy)
Le sexe... fait brûler des calories(03 of06)
Open Image Modal
Cela ne prend pas un expert pour deviner que de faire l'amour de façon énergique revient à faire de l'exercice. Ainsi, une session de trente minutes d'actions sous (ou sur) les draps brûle environ 85 calories.Si vous faites le calcul, après des sessions comptabilisant un total de 42 heures, vous pourriez brûler 3,570 calories, ce qui équivaut à une livre. En ayant un rapport sexuel trois fois par semaine pendant un an, vous pourriez brûler l'equivalent de cinq livres par année. Oubliée, la diète! (credit:Alamy)
Le sexe... soulage la douleur(04 of06)
Open Image Modal
Pendant le rapport sexuel, une hormone appelée oxytocine est libérée lors de l'orgasme; elle accroît le niveau d'endorphines qui agissent comme un antidouleur naturel. Et le corps peut se relâcher. De nombreuses personnes constatent ainsi que leurs maux et douleurs (maux de tête, crampes, etc.) disparaissent ou s'améliorent après un rapport sexuel. (credit:Alamy)
Le sexe... aide à combattre la dépression(05 of06)
Open Image Modal
Les femmes qui ont des orgasmes régulièrement sont généralement plus relaxes, moins déprimées, et physiquement et émotionnellement plus satisfaites. Le sexe aide aussi à mieux s'endormir et relâche la tension nerveuse en produisant, dans le cerveau, de la sérotonine - qui contrôle l'humeur et que l'on trouve également dans les antidépresseurs. (credit:Alamy)
Le sexe... vous garde jeune(06 of06)
Open Image Modal
Faire l'amour régulièrement libère donc une pléthore d'hormones dans le corps, appelées «Les hormones du bonheur». Et elles contiennent de la testostérone. Avec l'âge, le niveau de testostérone diminue. Ainsi, de nombreux rapports sexuels assurent un bon niveau de testostérone dans le corps. Cette hormone joue un rôle important: elle garde les os et les muscles en santé, sans oublier l'aspect jeune de la peau. Chez les femmes, les rapports sexuels réguliers favorisent la bonne santé du plancher pelvien et réduit ainsi les risques d'incontinence lié à l'âge. (credit:Alamy)

-- Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.