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La rémunération des professeurs de cégep ou le libéralisme d'imagination

Certains professeurs au cégep estiment que la rémunération des enseignants devrait tenir compte de leur «valeur marchande». En consacrant une partie de sa carrière à l'enseignement, un comptable agréé devrait ainsi recevoir un salaire qui le dédommage de ce qu'il «perd» en ne consacrant pas ce temps à travailler dans le privé.
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Certains professeurs au cégep estiment que la rémunération des enseignants, pour être plus juste, devrait tenir compte de leur « valeur marchande ». Selon eux, un comptable professionnel agréé, par exemple, en consacrant une partie de sa carrière à l'enseignement, devrait recevoir un salaire qui le dédommage, en quelque sorte, de ce qu'il « perd » en ne consacrant pas ce temps à travailler dans le privé. En revanche, un professeur de littérature ne pouvant guère vendre son cours sur Molière dans le privé devrait, quant à lui, se contenter d'un salaire moins élevé. À tout le moins faudrait-il, lorsque le gouvernement décide de geler le salaire des enseignants, faire exception pour ceux qui, du fait de cette valeur marchande ignorée, sont déjà défavorisés par rapport à leurs collègues enseignants dans un « secteur » où les emplois externes sont inexistants.

Je préfère ne pas discuter la question de savoir s'il est élégant, pour un professeur qui enseigne dans un secteur où il existe des emplois « externes », de réclamer publiquement qu'on épargne son salaire lorsqu'on gèle celui de ses collègues de littérature, d'histoire ou de philosophie. Après tout, l'élégance ne tient généralement pas la première place lorsqu'il est question d'argent et sans doute est-il prudent, dans ce domaine, de ne pas trop en demander. Je m'en tiendrai donc à la prudence en me contentant de discuter l'argument sur le plan strictement intellectuel, même s'il ne paraît pas illégitime de considérer que c'est précisément dans les domaines où l'élégance est la plus rare qu'elle est la plus digne d'admiration.

Il me semble toujours opportun, lorsqu'on se propose d'examiner une mesure que beaucoup qualifieraient de « libérale », de se tourner vers Hayek, dont la pensée, si ferme, correspond rarement aux idées reçues sur le libéralisme. Qu'est-ce qu'un salaire juste ? Dans l'espace limité d'un article de journal, nous nous contenterons de cette réponse : « la rémunération que les individus et groupes reçoivent dans le marché » est moins déterminée par leur mérite (dont l'évaluation est toujours délicate) que par « ce que ces services valent pour ceux qui les reçoivent » (Hayek, Droit, législation et liberté, 2, p. 92). C'est pourquoi un boxeur ou un chanteur de charme, qui rendent service à des millions de spectateurs, ont un salaire beaucoup plus élevé qu'un grand violoniste ou une danseuse étoile qui ne rendent service qu'à des groupes beaucoup plus restreints (voir Hayek, ibid., p. 91). Qu'un grand violoniste gagne 10 ou même 100 fois moins qu'un chanteur vedette, cela ne me réjouit pas spécialement à titre personnel, mais je ne m'en formalise pas : c'est un fait qu'un plus grand nombre de gens se tournent vers les chanteurs et chanteuses à la mode plutôt que vers la musique classique. Dans la mesure où une société dans laquelle l'ensemble des salaires serait décidé par l'État nous conduirait tout droit à un cauchemar totalitaire, on perd son temps à se scandaliser des fortunes soudaines et spectaculaires de Rihanna ou de Justin Bieber. Souhaitons-leur plutôt de surmonter les difficultés existentielles liées à des succès de ce genre !

Qu'en est-il maintenant de notre comptable agréé ? Imaginons plaisamment que le petit frère de Justin Bieber décide, pour sa part, enthousiasmé par la musique classique, de chanter dans une chorale financée, pour des raisons éducatives, par l'État, et qu'il tienne aux autres choristes à peu près ce langage :

« Il y en a parmi nous dont la voix pourrait faire sensation dans la musique pop et d'autres dont la voix ne peut guère faire espérer une autre carrière que celle de la musique classique. En gelant nos salaires, l'État augmente l'iniquité externe dans notre chorale dans la mesure où ceux dont la voix pourrait faire sensation dans la musique pop laissent une part importante de leurs revenus lorsqu'ils interprètent le Miserere d'Allegri. Je propose donc que le salaire de ceux dont la voix pourrait faire sensation dans la musique pop - dont je fais bien sûr partie - ne soit pas gelé, contrairement à celui de ceux qui ne peuvent « que » chanter du classique. »

Le petit frère de Justin Bieber ressemble fort à Perrette, la laitière surnommée « Pot au lait », dans la fable de La Fontaine. « Et qui m'empêchera de devenir riche avec l'argent que j'imagine gagner tandis que je transporte mon pot au lait jusqu'à la ville ? ». Le temps de fantasmer sur sa richesse virtuelle, Perrette laisse tomber son lait et, « quittant d'un œil marri / Sa fortune ainsi répandue, / Va s'excuser à son mari / En grand danger d'être battue ». Quelle est donc la morale ? S'il est possible que la voix du petit frère de Justin Bieber fasse sensation dans la musique pop, il faudrait pourtant attendre qu'il quitte sa chorale et qu'il s'efforce de faire comme son grand frère pour voir s'il parvient à passer du possible au réel. Et certes, rien ne garantit son succès ni d'ailleurs celui des autres choristes, dont la voix est censée faire sensation « dans le privé ». Sans compter qu'en réalité, le petit Bieber n'a peut-être pas du tout envie de quitter sa chorale, dans laquelle il jouit de nombreux avantages auxquels il n'est sans doute pas facile de renoncer.

Aussi, lorsque certains professeurs de comptabilité viennent nous raconter qu'en enseignant, ils laissent une part importante de leur salaire (imaginaire), ils nous font penser à Perrette déguisée en petit Bieber (ou l'inverse !). « Et qui m'empêcherait, pourrait dire également le professeur de littérature, de devenir un romancier à succès si je n'enseignais pas ? En enseignant, je laisse donc une part importante de mon salaire dont je veux être dédommagé par rapport à mes collègues qui n'ont pas le fantasme d'être des auteurs à succès ».

Les salaires sont déterminés par ce que valent réellement les services pour ceux qui les reçoivent, non par ce qu'ils valent dans l'imagination de ceux qui pourraient les offrir (ils valent en général dans ce cas-là beaucoup plus). On peut certes estimer la valeur moyenne d'un diplôme sur le marché du travail actuel, mais ce n'est certainement pas cette moyenne qui détermine ou même influence la valeur de ce diplôme dans le domaine de l'enseignement, qui a sa logique propre. Cette valeur moyenne qui subit, en outre, de considérables variations au cours du temps, ne donne évidemment aucune certitude sur la performance réelle qu'accomplirait tel ou tel professeur de comptabilité dans le privé et elle ne tient pas compte non plus de tous les avantages qui ont décidé certains détenteurs de ce diplôme à opter pour l'enseignement.

Car la seule chose qui soit réelle, en définitive, c'est que les professeurs de comptabilité agréés qui enseignent au cégep trouvent dans cette situation un ou plusieurs avantages réels qui permettent de comprendre pourquoi ils ont postulé et pourquoi ils conservent soigneusement leur poste (car ils sont toujours libres de partir s'ils ne sont pas contents). Peut-être est-ce la sécurité que procure un salaire versé par l'État qui les motive, ou le temps « libre » considérable qu'il est permis de dégager dans une situation de ce genre ou tout simplement - allez savoir ! - l'amour de l'enseignement. À vrai dire, peu importe ! Les motivations des professeurs de comptabilité sont probablement fort diverses. Ce qui compte, ce sont les faits : tant que les professeurs de comptabilité s'accrochent à leurs postes, il n'y a aucune raison de les payer davantage que les professeurs de littérature ou d'anthropologie.

Quand bien même, d'ailleurs, il y aurait pénurie de postulants dans une ou plusieurs disciplines, la résolution d'un tel problème dans le domaine de l'éducation mérite mieux qu'une solution du genre « baissez le salaire de mes collègues si vous voulez, mais pas le mien ! ». Après tout, les professeurs peuvent, dans leur ensemble, recevoir un salaire supérieur à celui qu'ils ont au Québec ou en France, comme le montrent les exemples de la Suisse ou de l'Allemagne. L'estimation supérieure des services que rendent les professeurs par les sociétés suisse ou allemande n'est visiblement pas incompatible avec une économie efficace, bien au contraire. Quoi qu'il en soit, des professeurs solidaires entre eux ont plus de poids pour faire reconnaître la valeur des services qu'ils rendent - dont la détermination relève en partie de décisions politiques. Au contraire, des professeurs divisés - en raison du souhait affiché par certains d'obtenir des salaires plus élevés que d'autres par exemple - sont une aubaine pour le pouvoir, quel qu'il soit.

Les sociétés évaluent diversement les services rendus par les professeurs, mais elles s'accordent malgré tout pour rétribuer de façon égale les professeurs d'un même niveau quelle que soit la discipline. C'est le bon sens même ! La valeur des services que rendent les professeurs pour ceux qui les reçoivent doit être considérée comme égale par principe si l'on ne veut pas entrer dans toutes sortes de discussions ridicules et, à vrai dire, indignes. Cette valeur éducative égale, c'est elle qui est mesurée de façon diverse par les sociétés pour rétribuer les professeurs. La valeur qu'auraient les diplômes dans un autre domaine que celui de l'enseignement selon ce qu'imaginent leurs détenteurs est entièrement hors sujet. Une chimère, une sorte de libéralisme d'imagination...

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