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La souveraineté écossaisse divise les intellectuels canadiens

La souveraineté écossaisse divise les intellectuels canadiens
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Jeff J Mitchell via Getty Images
EDINBURGH, SCOTLAND - SEPTEMBER 13: Members of the public watch Orangemen and women march during a pro union parade, less than a week before voters go to the polls in a yes or no referendum on whether Scotland should become and independent country on September 13, 2014 in Edinburgh, Scotland. An estimated 10,000 people have taken part in a Grand Orange Lodge of Scotland procession in support of the Union this morning. (Photo by Jeff J Mitchell/Getty Images)

De l'Université Simon-Fraser, en Colombie-Britannique, jusqu'à l'Île du Cap-Breton, en Nouvelle-Écosse, trois mots sont sur toutes les lèvres depuis quelques semaines: "souveraineté du Québec", trois mots qui font de l'ombre aux débats entourant le référendum sur l'indépendance de l'Écosse.

Alors que la date historique du référendum écossais approche à grand pas, les Canado-Écossais ne sont pas seulement divisés sur l'avenir de leur région d'origine. Ils le sont aussi sur les parallèles que plusieurs tracent entre les référendums tenus au Québec en 1980 et en 1995, et celui qui se déroulera en Écosse le 18 septembre prochain.

"Nous sommes Canadiens, alors nous le considérons à partir de nos propres enjeux et préoccupations, ce qui est normal (...) Mais je crois que nous devons porter attention aux différences", estime Leith Davis, professeure de langue anglaise à l'Université Simon Fraser et directrice du Centre des études écossaises.

Cet intérêt accru pour la question écossaise est naturel, étant donné les liens profonds entre les deux nations.

Après "l'expulsion des Gaëls" au XVIIIe et au XIXe siècle, plusieurs Écossais sont venus s'établir à l'Île du Cap-Breton. Par la suite, plusieurs d'entre eux sont devenus maires et gouverneurs et d'autres ont occupé des postes importants dans l'armée. D'ailleurs, John A. McDonald, le premier à occuper le poste de premier ministre du Canada, était né à Glasgow.

Ashley MacIsaac, violoniste celtique originaire de la Nouvelle-Écosse, qui compte plusieurs ancêtres écossais, s'élève contre les référendums. Le Canada en a tenu quelques-uns et ils tendent à rouvrir des blessures plutôt que de les guérir, selon lui.

"Je suis en faveur du Royaume-Uni", a-t-il affirmé.

À Toronto, Rory "Gus" Sinclair, le premier vice-président de la Société St. Andrews de la ville voterait Non s'il le pouvait.

"Je crois que le Québec est en meilleure position dans le Canada, et que le Canada est en meilleure position avec le Québec en son sein. Ce serait donc hypocrite de ma part de dire "Faisons l'indépendance en Écosse, mais pas ici"", a-t-il souligné.

La culture écossaise survivra, peu importe le résultat du référendum, croit M. Sinclair.

Peter McAuslan, membre de la communauté écossaise de Montréal, ancien président de la Société St. Andrews et porte-parole pour les Jeux Écossais de Montréal, n'a pas voulu révéler pour quel camp il voterait.

"Je trouvais ça vraiment insultant lorsque des gens de l'extérieur du Canada donnaient leur opinion sur des enjeux de politique intérieure, alors c'est aux Écossais de choisir (...) Je ne suis pas Écossais. Je suis Canadien et j'ai beaucoup de respect pour le processus auquel ils font face", a-t-il indiqué.

Selon lui, le gouvernement québécois a beaucoup plus de pouvoirs que le gouvernement écossais. Il estime aussi que les enjeux diffèrent entre les indépendantistes québécois et écossais. Au Québec, la langue est la pierre angulaire du mouvement, alors qu'en Écosse, c'est beaucoup plus l'économie qui motive les troupes, a-t-il relaté.

Harry McGrath, qui a passé la moitié de sa vie en Écosse et l'autre au Canada, est l'une des rares personnes qui peut comparer les deux nations en connaissance de cause. Celui qui a été coordonnateur du Centre d'études écossaises à l'Université Simon Fraser considère que la réinvention du Canada par le premier ministre Pierre Eliott Trudeau se compare davantage à la situation en Écosse.

Durant les années 1970, le Canada est devenu multiculturel, s'est démilitarisé, et ses politiciens se sont concentré sur la santé et le bien-être des citoyens, des changements qui ressemblent beaucoup à ce qui se passe en Écosse, a-t-il relevé.

"Je vais voter Oui, et la raison pour laquelle je vais voter Oui, je suppose, est plutôt inhabituelle parce que je suis tellement amoureux du Canada, et ce que je vois ici est le genre de réinvention qui est survenue au Canada à compter des années 1970."

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Les désirs d'indépendance dans le monde
Catalogne(01 of06)
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Rattachée à l\'Espagne depuis 1714 et peuplée de 7,2 millions d\'habitants, c\'est l\'une des 17 régions autonomes d\'Espagne. Elle est en proie à une forte poussée indépendantiste depuis plus d\'un an, sous l\'effet notamment de la crise économique. Le président de région, Artur Mas, a annoncé jeudi un référendum sur l\'indépendance pour le 9 novembre 2014, suscitant la colère de Madrid. Selon un récent sondage, 48,5% des personnes interrogées se disent en faveur de l\'indépendance. (credit:Getty)
Pays Basque(02 of06)
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La tension indépendantiste s\'y est récemment apaisée depuis que le mouvement Herri Batasuna, branche politique de l\'ETA, a annoncé sa dissolution en janvier 2013. Ce groupe séparatiste, classé organisation terroriste par les Etats-Unis et l\'UE, considéré comme responsable de la mort de 829 personnes en 40 ans de violences, avait lui même annoncé en octobre 2011 l\'arrêt de son action armée. Il refuse cependant de déposer les armes et dénonce le refus de l\'Espagne et de la France de négocier le sort des quelque 600 de ses membres détenus dans les prisons des deux pays. (credit:Getty)
Corse(03 of06)
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La seule collectivité en France à disposer d\'un statut particulier qui lui confère davantage de pouvoirs. Les indépendantistes ont revendiqué des dizaines d\'attentats en 2012 dans l\'île, et le ministre de l\'Intérieur Manuel Valls a réaffirmé récemment la \"détermination du gouvernement lutter contre cette dérive mafieuse\". Une des principales revendications des indépendantistes est que le corse devienne une langue officielle au même titre que le français. (credit:AFP)
Flandre(04 of06)
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Les indépendantistes flamands, avec la Nouvelle alliance flamande (N-VA), ont gagné les élections municipales en octobre 2012. La victoire à Anvers de leur chef, Bart De Wever, reflète le mécontentement traditionnel des Flamands qui estiment que leur riche région subventionne la Belgique francophone (4,5 millions d\'habitants). Ils demandent le remplacement de l\'État fédéral belge (Flandre, Wallonie francophone et la capitale, Bruxelles, bilingue), par une confédération, comme un premier pas vers une éventuelle indépendance de l\'État flamand. (credit:AFP)
Tibet(05 of06)
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Le gouvernement tibétain en exil considère la présence chinoise comme une occupation étrangère ayant débuté lors de ce qu\'il appelle l\'invasion de 1950-1951. Depuis 1979, le 14e Dalaï Lama ne demande plus l\'indépendance, mais une autonomie réelle pour l\'ensemble des régions de population tibétaine. Mais pour la Chine, le niveau d\'autonomie réclamé par le Dalaï Lama signifie l\'indépendance du Tibet. (credit:Alamy)
Québec(06 of06)
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L\'histoire du Québec a été marquée par différents mouvements nationalistes. La création de partis souverainistes dans les années 60, dont celle du Parti québécois en 1968, a remis la question de l\'indépendance sur le devant de la scène politique. Question qui a été soumise à la population à deux reprises lors des référendums de 1980 et 1995. (credit:Getty)
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