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L'angoisse italienne, le choc européen

L'angoisse collective, comme celle que ressent l'individu, résulte d'un sentiment de malaise général, le pressentiment d'évènements à venir dont la méconnaissance nourrit l'angoisse. Mais celle-ci ne concerne-t-elle que l'Italie?
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AP
Ballots are counted at a polling station in Rome, Monday, Feb. 25, 2013. Italy's crucial elections appear to be heading toward gridlock, initial results show, with the center-left forces of Pier Luigi Bersani headed toward victory in the lower house of Parliament and the camp of former premier Silvio Berlusconi gaining the upper hand in the equally powerful Senate. The upstart protest campaign of comic-turned-politician Beppe Grillo was also showing a stunningly strong result in both houses of the legislature, confirming its surprise role as a force in Italian politics. (AP Photo/Gregorio Borgia)

L'angoisse collective, comme celle que ressent l'individu, résulte d'un sentiment de malaise général, mal défini, profond, mais également insaisissable, le pressentiment d'évènements à venir dont la méconnaissance nourrit l'angoisse, et ceci à juste titre, car ces évènements situés dans le futur sont par définition incertains.

Les résultats des élections italiennes illustrent cette angoisse collective. Mais cette angoisse ne concerne-t-elle que l'Italie?

Que Michel Sapin ministre courageux, reprenne, par humour dit il, la formule de François Fillon: "la France est en faillite", qu'un économiste de la qualité de Christian Saint-Étienne publie: "France: état d'urgence", que de nombreux rapports mettent en lumière l'inquiétude des Français, voilà un ensemble d' éléments qui traduit un malaise profond dont les conséquences sont imprévisibles, mais que l'on a déjà connu dans l'histoire.

Ces périodes historiques voient très souvent émerger des crispations politiques et une tentation des extrêmes. C'est la fonction des politiques d'expliquer et d'offrir des perspectives pour aider à la compréhension des évolutions profondes de nos sociétés, il est évident que les politiques doivent être accompagnés des médiateurs: journalistes, intellectuels, corps intermédiaires. Ce "mal-être" politique ne touche pas que l'Italie et la France, mais semble assez largement partagé au niveau de l'Europe. Tentons d'expliquer cette situation par un rapide récit explicatif inscrit dans la longue durée, tant la mutation que nous vivons est profonde et irréversible.

La guerre de 1914/1918 a accouché de la chute ou du déclin des empires: austro-hongrois, ottoman, britannique, français...Deux superpuissances ont émergé dans les conséquences de ce conflit pour s'imposer à l'issue de la Seconde Guerre mondiale les États-Unis d'Amérique et l'Union des républiques socialistes soviétiques. À compter de cette période elles ont organisé les relations internationales. Ce partage géopolitique a également structuré des prises de position idéologique en mode binaire: soit on était pour l'économie de marché, soit on était pour l'économie planifiée, pour le progressisme ou pour le conservatisme.

Ces deux guerres mondiales ont provoqué des massacres de masse gigantesque, c'est au regard de ces tragédies que la mise en place des institutions européennes fut rendue possible. Cette séquence historique dramatique a vu la puissance américaine se substituer, en termes d'influence, aux nations européennes. Des années 50 aux années 1990, le monde dit bipolaire s'est imposé. Prévisible et annoncée, la fin de cette vision simplifiée du monde est apparue de plus en plus clairement aux opinions publiques à la "chute du mur de Berlin".

L'émergence visible des "nouvelles" puissances: l'Inde, la Chine, le Brésil, l'Afrique du Sud et la Turquie, pour ne citer que les plus importants, vient souligner la fin de cette période où les deux super puissances ainsi que leurs alliés dominaient le monde .

Ces nouvelles puissances par leur développement ont accumulé des réserves financières gigantesques. Dans l'impossibilité à moyen terme de les investir dans leurs propres économies, ces réserves sont prêtées aux économies dominantes pour financer les déficits accumulés depuis plus de trente ans. L'intérêt légitime des pays émergents reste que les marchés absorbent leurs productions, condition de leur développement et du maintien de notre "pouvoir d'achat" et de nos protections sociales collectives, ces politiques se faisant à crédit. Cette réalité certes très simplifiée, chacun l'admet et très peu la conteste. La difficulté, comme toujours, reste dans les décisions qu'il faut prendre pour y apporter des solutions, et donc c'est sur ce plan que les divisions et oppositions apparaissent.

Il est clair que de nouveaux ensembles géographiques vont se constituer et d'ailleurs se constituent. Le renforcement de l'Europe n'est plus un enjeu, c'est une nécessité, une "ardente obligation" si l'on osait un tel détournement de formule. Là encore rares sont ceux qui contestent cette nécessité, mais les affrontements portent, comme toujours, sur les méthodes et les moyens. Prenons donc acte de l'adhésion d'une très large majorité à cet engagement pour parvenir à faire émerger un consensus sur sa mise en œuvre.

Au plan intérieur l'enjeu est manifeste, à défaut d'être facile à traduire en actions. L'impératif de réduire la dette n'est plus contestable. C'est la condition pour retrouver notre indépendance financière, et par là même se donner les moyens de maintenir un niveau de protection sociale rendu d'autant plus indispensable au regard des mutations économiques internationales.

Mais ne pas engager, en parallèle, une politique ambitieuse pour la croissance ne serait qu'une démarche malthusienne et très probablement suicidaire. Pour y parvenir, il faudra redéfinir des orientations, réformer notre appareil d'État, demander des efforts à tous, mais principalement aux plus aisés et nous sommes nombreux à être concernés. C'est d'ailleurs la conciliation de ces deux impératifs dans des délais relativement courts qui fait l'extraordinaire difficulté de la démarche.

Bien évidemment cet énoncé est simpliste, tout en étant bien réel. Les conditions pour réussir collectivement: que le diagnostic soit très largement partagé, et qu'un rassemblement puisse se mettre en place afin de créer les conditions de la mobilisation. Notre pire adversaire: l'angoisse, mais le paradoxe est que pour lutter contre l'angoisse il faille énoncer clairement la réalité difficile qui s'annonce et les moyens ambitieux, mais douloureux, pour réussir, rien n'est plus anxiogène que l'incertitude.

Les têtes d'affiche des élections législatives en Italie
Pier Luigi Bersani, l'ex-communiste (01 of06)
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Il a l\'air sérieux même quand il sourit. Donné favori par les sondages pour devenir le prochain chef du gouvernement italien, cet amateur de rock et de cigares pourrait réussir, à 61 ans, à battre son principal concurrent, Silvio Berlusconi, un exploit que seul Romano Prodi dans la gauche italienne avait réussi à réaliser jusqu\'à présent.\n\nPeu charismatique avec son visage rond et son crâne dégarni, ce natif d\'Emilie-Romagne, une région du nord-est fief de la gauche, est fier de ses origines modestes. Diplômé de philosophie, après une brève expérience d\'enseignant, il se consacre complètement à l\'activité politique au sein du très puissant Parti communiste, qui disparaîtra en 1991 avec l\'effondrement de l\'URSS. Comme la plupart des ex-membres du PCI, il rejoint alors le Parti démocrate de la gauche (PDS), devenu depuis 2007 le Parti Démocrate (PD), dont il devient le patron en 2009. Il sera plusieurs fois ministres de Romano Prodi entre 1996 et 2008. \n\nApprécié de ses interlocuteurs dans les milieux économiques et industriels, il promeut une vague de privatisations dans des secteurs aussi différents que l\'électricité ou la vente de médicaments en supermarché. Selon un sondage réalisé par l\'institut Cise/Luiss, Bersani représente \"l\'âme identitaire de la gauche\". Lui-même se définit comme un élément politique \"d\'occasion mais sûr\".\n\nAu niveau international il est loin de la notoriété de Silvio Berlusconi ou de Mario Monti, mais il a récemment reçu le soutien du président français, le socialiste François Hollande, ainsi que de plusieurs autres dirigeants européens, notamment le Premier ministre belge Elio di Rupo ou le président du Parlement européen Martin Schulz.\n\nDans ses récents discours, il a affirmé qu\'il comptait maintenir le cap de la \"rigueur et la crédibilité\" mis en avant par le chef de gouvernement sortant Mario Monti, tout en mettant l\'accent sur \"l\'emploi, l\'équité, le travail et la moralité\". \n\nHabile tacticien, il est ressorti vainqueur de plusieurs primaires au sein de son parti, en particulier contre son jeune challenger, le maire de Florence Matteo Renzi. Mais inspiré par ce dernier, il cherche à compenser son image d\'homme d\'appareil. Il tente aussi de courtiser les catholiques en citant parmi ses héros le pape Jean XXIII (1958-1963), dont la figure est encore très populaire en Italie. (credit:REUTERS)
Silvio Berlusconi, l'immortel(02 of06)
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Donné maintes fois pour mort politiquement, le multi-millionaire est le spécialiste des come-backs retentissants, en dépit de déboires judiciaires et scandales sexuels qui auraient mis un terme définitif à sa carrière dans tout pays occidental autre que l\'Italie. \n\nLe 12 novembre 2011, le Cavaliere discrédité par des procès à répétitions partait sous les huées. En Février 2013, parti en campagne quelques mois plus tôt avec autour de 18% des intentions de vote, il effectue une remontée spectaculaire à 28,5%, ramenant l\'écart avec la gauche à quatre ou cinq petits points. \"Berlusconi, c\'est comme James Bond : il ne faut jamais dire jamais\", commente le professeur de philosophie Giacomo Marramao. \n\nSon secret? Un culot invraisemblable qui lui permet d\'affirmer un jour que son successeur et désormais rival Mario Monti a \"plongé l\'Italie dans la récession\" et le lendemain qu\'il pourrait voter pour lui. De promettre aux Italiens que non seulement il baissera les impôts, mais remboursera ceux versés l\'an dernier! Le tout en sur-occupant l\'espace médiatique avec une verve qui n\'a pas faibli malgré son âge, 76 ans. \n\nCe fils d\'un employé de banque milanais, né le 29 septembre 1936, commence sa carrière comme animateur sur des bateaux de croisière, où, déjà, il chante et raconte des histoires drôles. Vendeur d\'aspirateurs à la fin des années 50, il décroche en 1961 une licence en droit, puis emprunte de l\'argent à la banque de son père pour fonder une société immobilière. Commence alors une irrésistible ascension qui soulève des interrogations quant à l\'origine de sa fortune, sur laquelle il est toujours resté flou.\n\nMais c\'est surtout dans la télévision que s\'exprime son génie: il n\'hésite pas à saupoudrer ses programmes de femmes dénudées, dès les années 80. La holding de la famille Berlusconi, Fininvest, comprend trois chaînes de télévision, des journaux, les éditions Mondadori, mais aussi, cerise sur le gâteau pour ce fan de football, le prestigieux Milan AC. Pendant dix ans, il détient la plus grosse fortune d\'Italie, avant que les aléas boursiers ne le rétrogradent à la troisième ou quatrième place. \n\nEn 1994, il se lance dans la politique. En quelques semaines, il monte Forza Italia (Allez l\'Italie!), formé essentiellement de cadres de la Fininvest. Il remporte les élections mais, lâché par ses alliés, son gouvernement s\'écroule au bout de sept mois. En 2001, il reconquiert le pouvoir qu\'il conserve jusqu\'en avril 2006, un record depuis l\'après-guerre. Usé par ces cinq années, il est battu d\'extrême justesse aux élections, mais prend une revanche éclatante deux ans plus tard, s\'installant aux commandes pour la troisième fois, avant de démissionner en novembre 2011. \n\nPendant ses années au pouvoir, ses problèmes personnels, notamment judiciaires, occupent le devant de la scène. Silvio Berlusconi a été condamné à plusieurs reprises en première instance, mais jamais définitivement, grâce -selon ses détracteurs- à des lois adoptées spécialement. \n\nTrès soucieux de son apparence, cet homme de petite taille a recours sans complexe au fond de teint, à la teinture des cheveux et à la chirurgie esthétique. Son goût assumé pour les jeunes et jolies femmes, dont des call-girls, finit par lui valoir au printemps 2009 une fracassante demande de divorce. Et un procès pour prostitution de mineure et abus de pouvoir, avec pour héroïnes la jeune Marocaine \"Ruby\" et les fêtes torrides \"bunga-bunga\".\n\nPère de cinq enfants issus de deux mariages et plusieurs fois grand-père, ce personnage hors du commun déchaîne chez ses compatriotes l\'adulation ou la haine viscérale : en décembre 2009, un déséquilibré lui jette une reproduction de la cathédrale de Milan en plein visage, lui fracturant le nez et deux dents.\n\nUne énième épreuve pour cet hyperactif dormant peu qui a été victime d\'un malaise en novembre 2006 et s\'est fait poser un stimulateur cardiaque aux Etats-Unis. (credit:REUTERS)
Mario Monti, le technocrate pince-sans-rires(03 of06)
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À 69 ans, celui qui a dirigé l\'Italie pendant un peu plus d\'un an jusqu\'à sa \"montée en politique\" fin décembre, a subi à cette occasion un changement radical d\'image. Dans la péninsule, c\'est comme si tout le monde avait oublié dans quel état se trouvait le pays le 16 novembre 2011 quand Mario Monti, un ex-commissaire européen peu connu, a succédé à un Silvio Berlusconi empêtré dans des scandales et la crise de l\'euro. \n\nA l\'époque, ce discret professeur d\'économie, surnommé le \"cardinal\" pour son calme et son côté impénétrable, faisait figure de héros et recours ultime alors que les marchés spéculaient sur un effondrement du pays sous son énorme dette de plus de 2.000 milliards d\'euros. En un an, il a restauré la crédibilité de l\'Italie, faisant redescendre le spread (écart entre taux italiens et allemands) sous les 300 points, la moitié de son niveau à la fin du mandat Berlusconi. Mais au prix d\'une cure d\'austérité draconienne ponctuée par une dure réforme des retraites et un alourdissement de la fiscalité.\n\nSa métamorphose en animal politique a commencé peu après avec l\'annonce-surprise de son entrée dans l\'arène, le 23 décembre dernier. Mario Monti est devenu aussi présent dans les médias Silvio Berlusconi, qui, à 76 ans, en est à sa sixième campagne électorale en 18 ans et a tout misé sur les télévisions et radios. Et les deux hommes passent leur temps à se quereller par médias interposés, Silvio Berlusconi accusant le gouvernement Monti d\'être à l\'origine de tous les maux de l\'Italie (récession, chômage et impôts en hausse).\n\nPrudent au début, Mario Monti se montre de plus en plus sévère à l\'encontre de son prédécesseur, qui l\'avait proposé comme commissaire européen en 1994 et pour qui il avait voté à l\'époque. Il dit désormais craindre un retour sur les réformes qu\'il a promues et estime qu\'à cause de lui, l\'Italie a été \"tournée en ridicule\" sur le plan international.\n\nAux yeux de son électorat, évalué à entre 10% et 15%, le \"Professeur\" jouit de l\'aura d\'une carrière remarquable d\'économiste. Courtoisie et sobriété sont la marque de fabrique de ce catholique pratiquant éduqué chez les Jésuites, marié depuis 42 ans et père de deux enfants. Au risque de paraître parfois ennuyeux voire robotique. \n\nSon appartenance au club très fermé du Groupe Bilderberg, qui rassemble une centaine d\'hommes politiques, financiers, banquiers de toute la planète, a contribué aussi à une image de technocrate éloigné des préoccupations du peuple. Mais après ses premiers pas en politique, il a changé de registre et est passé des piques malicieuses et critiques allusives pimentées d\'humour britannique, aux attaques directes: \"pendant notre année de gouvernement, nous avons résolu les problèmes que les gouvernements de centre gauche et centre droit avaient laissé pourrir\", a-t-il lancé. \n\nRécemment, Mario Monti s\'est adouci lorsqu\'il a reçu lors d\'une émission télévisée, un chien en cadeau. \"Regardez comme il est doux\", a-t-il lancé, confiant garder souvent les chiens de ses petits-enfants. Dans la même émission, il s\'est laissé aller à avaler en souriant une grande rasade de bière, dissertant sur twitter et l\'argot des jeunes d\'aujourd\'hui. (credit:REUTERS)
Beppe Grillo, le comique populiste(04 of06)
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Il est devenu la grande préoccupation des principaux leaders italiens, son Mouvement 5 Etoiles, porté par un rejet massif des partis traditionnels, enregistre entre 13 et 16%, voire 18% des intentions de vote. \n\nSorte de Coluche à l\'italienne, cet électron libre espère capitaliser sur son bon score aux municipales du printemps dernier (à Parme, une ville traditionnellement à droite) et surtout son excellent résultat en octobre en Sicile (18% de voix) pour faire rentrer un grand nombre de ses partisans au parlement.\n\nCe blogueur de 64 ans, qui rejette les médias traditionnels, préfère s\'exprimer à travers les réseaux sociaux et son blog, le plus lu d\'Italie. Il refuse souvent de parler aux principales chaînes de télévision italiennes, exigeant de ses élus la même attitude. Fervent partisan de la démocratie directe, il rêve de \"citoyens qui s\'élisent entre eux\" grâce à son mouvement, \"un instrument au service des citoyens pour qu\'ils puissent s\'administrer eux-mêmes\".\n\nLe programme de ce petit homme barbu et grassouillet, à la tignasse bouclée poivre et sel, a de forts relents de populisme selon ses adversaires. Mise en place d\'un revenu minimum, coupes dans les dépenses militaires, retrait de la zone euro, réductions des salaires des hommes politiques et des financements aux partis et à la presse, internet gratuit pour tous ou réduction de la semaine de travail à vingt heures...\n\nMalgré ses excès, voire ses gaffes, ses jugements tranchés trouvent un écho particulier chez les Italiens, exaspérés par la multiplication de scandales de financement des partis et d\'abus de fonds publics, aussi bien à droite qu\'à gauche.\n\nGrillo a débuté sa carrière dans des cabarets avant d\'être révélé au grand public par la Rai, la télévision publique italienne, dans les années 70. Le succès de ses spectacles en a fait un millionnaire, ce qui lui permet aujourd\'hui de financer en grande partie son mouvement. Ses débuts hors du monde du spectacle datent de 2007 avec l\'organisation de manifestations massives contre la classe politique intitulées \"Vaffanculo Day\" (Journée du \"va te faire foutre\"). \n\nAucun des responsables politiques actuels ne trouve grâce à ses yeux. Et surtout pas l\'austère Mario Monti, un ex-commissaire européen qu\'il surnomme \"Rigor Montis\" (allusion à \"rigor mortis\", rigidité cadavérique). Sans parler de son prédécesseur Berlusconi qu\'il traite de \"cadavre\" ambulant. Il désacralise tout, même le président de la République Giorgio Napolitano, populaire et respecté: \"Comment peux-tu demander des sacrifices aux Italiens alors que ta présidence leur coûte 240 millions d\'euros par an, quatre fois Buckingham Palace?\"\n (credit:REUTERS)
Antonio Ingroia, le juge anti-mafia mal rasé(05 of06)
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Il a fondé le parti \"Révolution civile\". Ses slogans de lutte anti-corruption lui gagnent les faveurs des électeurs déçus du Parti démocrate (PD, gauche). \"Nous sommes les seuls à être vraiment de gauche\", affirme Antonio Ingroia, 53 ans. Selon lui, une éventuelle alliance entre le PD et le Président du Conseil sortant Mario Monti est une alliance contre-nature. \n\nLes sondages donnent \"Révolution civile\" autour de 4,2 %, score national tout juste suffisant pour entrer à la chambre basse du Parlement. Mais il pourrait jouer un rôle critique, en enlevant des voix au PD dans la course à la majorité au Sénat.\n\nLe programme de Antonio Ingroia prévoit l\'annulation de la réforme Monti des retraites et la création d\'un salaire minimum pour les jeunes, mesures financées grâce à la lutte contre l\'évasion fiscale et la confiscation de 170 milliards d\'euros d\'avoirs criminels. Pour l\'ancien juge, les \"questions morales\" comme celles de \"la transparence, la légalité, la lutte contre la mafia et la corruption\", devraient être au centre de la campagne électorale. (credit:AFP)
Oscar Giannino, le journaliste excentrique et utralibéral(06 of06)
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Dandy chauve et barbu, Oscar Giannino empiète sur les plates-bandes de Silvio Berlusconi et pourrait notamment empêcher le Cavaliere, chef du Peuple de la liberté (PDL), de l\'emporter en Lombardie (Nord), une région stratégique pour obtenir la majorité au Sénat. Le parti de cet espiègle journaliste économique, \"Faire: arrêtons le déclin\", appelé plus communément \"Faire\", a un rôle majeur à jouer dans ces élections. \n\nCrédité de seulement 1% dans les sondages, \"Faire\" n\'emportera sûrement aucun siège, mais le flamboyant Oscar Giannino est sûr de lui. Il a récemment cité Gandhi lors d\'un meeting: \"D\'abord ils vous ignorent, ensuite, ils se moquent de vous, ensuite ils vous combattent et enfin, vous gagnez.\" Silvio Berlusconi, qui est conscient de ce danger, a qualifié Oscar Giannino de \"Narcisse fasciné par la télévision\" et l\'a prié \"du fond du coeur\" de retirer sa candidature.\n\nLe principal journal économique italien \"Il Sole 24 ore\" a au contraire salué le programme économique de Oscar Giannino (privatisations massives, refonte radicale du système fiscal et révision du contrôle des instituts bancaires), qui commence à marquer des points parmi les entrepreneurs. \n\nHabillé comme un magnifique chef de gare du dix-neuvième siècle, en veste rouge à pochette mauve, Oscar Giannino, qui dessine lui-même ses habits, a aussi écrit une pièce de théâtre qui fait partie intégrante de son dispositif de campagne. \"Un dîner italien\" met en scène une famille conflictuelle dont chaque membre veut voter pour un candidat différent jusqu\'à ce Oscar Giannino fasse son apparition et l\'unanimité au sein de la famille. \n\nOmbre au tableau pour l\'excentrique journaliste: un des membres fondateurs de son parti vient de faire défection, dévoilant que, contrairement à ce qu\'il claironnait, Giannino n\'était pas titulaire d\'un master de l\'Université de Chicago. (credit:AFP)
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