Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Le bras droit de Stephen Harper démissionne dans l'affaire Mike Duffy (TWITTER)

Le bras droit de Stephen Harper démissionne (TWITTER)
|
Open Image Modal
CP

OTTAWA - La controverse entourant le sénateur conservateur Mike Duffy aura finalement eu raison du chef de cabinet du premier ministre Stephen Harper.

Nigel Wright a annoncé, dimanche matin, qu'il démissionnait de son poste.

Il avait admis plus tôt cette semaine avoir remis 90 000 $ de sa poche au sénateur Duffy pour lui permettre de rembourser des allocations qu'il avait perçues, injustement, pour sa résidence secondaire.

Par voie de communiqué, M. Wright, qui a fait fortune dans le monde des affaires, a souligné que ses seules intentions étaient «de faire en sorte que les fonds soient remboursés» et qu'il avait estimé agir «dans l'intérêt public».

Le bras droit de M. Harper a ajouté ne pas avoir mis ce dernier au courant de la transaction. «Je n'avais pas informé le premier ministre de la manière dont les dépenses du sénateur Duffy ont été remboursées, que ce soit avant ou après les faits.»

Dans une déclaration écrite, Stephen Harper a dit avoir reçu la démission de M. Wright avec «beaucoup de regret». «J'accepte que Nigel ait cru qu'il agissait dans l'intérêt public, mais je comprends la décision qu'il a prise de démissionner», a-t-il déclaré.

Ce départ survient après une semaine difficile pour le caucus conservateur. Jeudi, le sénateur Duffy quittait le navire pour siéger comme indépendant. Vendredi, c'était au tour de sa collègue Pamela Wallin de sortir des rangs conservateurs pour une histoire semblable de demandes de remboursement douteuses.

Plutôt que d'apaiser l'Opposition officielle, cette vague de démissions a donné des munitions au Nouveau Parti démocratique, qui continue de réclamer la tenue d'une enquête indépendante.

«Qu'est-ce qui s'est réellement passé? On ne le sait pas. À un moment donné, M. Duffy a dit que c'était sa banque qui lui avait avancé l'argent. Puis, M. Wright a dit qu'il avait fait un chèque personnel à M. Duffy pour payer les remboursements d'allocations pour sa résidence qui n'étaient peut-être pas justifiées. Il y a M. Brazeau et Mme Pamela Wallin aussi qui se sont désistés du caucus conservateur pour des histoires semblables», a noté le député néo-démocrate Alexandre Boulerice.

Selon le député de Rosemont—La Petite Patrie, le départ de Nigel Wright était un peu inévitable, compte tenu que le scandale s'approchait de plus en plus du premier ministre Harper, a-t-il souligné. Or, selon M. Boulerice, on tente de sauver le jugement de M. Harper en sacrifiant M. Wright.

«On n'est pas naïfs au point de croire que le chef de cabinet de M. Harper, qui sait très bien tout ce qui se passe dans son parti et dans son gouvernement, aurait pu faire un chèque personnel de 90 000 $ à un sénateur conservateur qui est empêtré dans des scandales sans qu'il ne soit au courant», a-t-il tranché.

Même son de cloche du côté libéral.

«Nous ne croyons pas du tout que M. Harper, qui veut tout contrôler dans son gouvernement, qui veut tout savoir, qui veut prendre tout le crédit, tout le temps, toujours, n'était pas au courant d'une transaction aussi douteuse et scandaleuse», a souligné le député Dominic LeBlanc.

Il demande au premier ministre de faire face à la musique et de répondre aux questions de l'opposition.

«Nous ne croyons pas que c'était un cadeau sans contrepartie, sans obligations de la part du sénateur Duffy», a-t-il renchéri.

Le chef du Bloc québécois, Daniel Paillé, tient le même discours.

«Le 90 000 $, c'est pas deux gommes ballounes. C'est de l'argent, 90 000 $! Que M. Wright ait subitement eu un élan de générosité envers un sénateur, c'est totalement inexcusable», a-t-il insisté.

M. Paillé s'inquiète également des raccourcis que prennent les sénateurs pour gérer leurs écarts de conduite. «Ces gens-là ont l'habitude de dire "si c'est ni vu ni connu, on continue, mais quand c'est su, on fait juste rembourser"», a-t-il fulminé.

Ray Novak, qui était jusque-là le secrétaire principal du premier ministre, prendra la relève de Nigel Wright.

Âgé de 36 ans, M. Novak évolue dans l'entourage de Stephen Harper depuis 2001, époque où ce dernier a rejoint l'Alliance canadienne.

Contrôler le caucus

À la suite d'une semaine où se sont multipliées les démissions, le premier ministre se concentrera désormais sur la tâche de calmer son caucus et de ramener le navire conservateur sur le droit chemin.

Les électeurs des différents députés du parti ont d'ailleurs fait connaître leur mécontentement à propos de ce qui est devenu l'une des affaires les plus délicates pour l'administration Harper.

La situation a le potentiel d'affaiblir davantage l'emprise de M. Harper sur ses troupes, alors que des députés ont déjà exprimé leur grogne et réclamé plus d'autonomie par rapport à son bureau aux Communes. Les conservateurs ont également perdu des points dans les sondages, récemment.

Le premier ministre s'adressera à son caucus mardi matin.

Avec la révélation du cadeau de M. Wright au sénateur Duffy et d'autres détails troublants à propos des dépenses de ce dernier, la controverse a pris de l'ampleur et la spirale médiatique et politique a heurté de plein fouet les députés alors qu'ils se trouvaient dans leurs circonscriptions dans le cadre d'un congé parlementaire d'une semaine.

«S'en prendre à tous les politiciens est décevant», a dit le député conservateur Gord Brown.

«Plusieurs travaillent très fort pour leurs électeurs et pour leur pays, et n'envisageraient pas de tricher au sujet de leurs dépenses.»

Les députés devraient en avoir long à dire à propos des événements de la semaine dernière lorsqu'ils se réuniront. Le parti a joué la carte de l'éthique et de l'imputabilité, mais aussi celle de la loi et l'ordre.

«Mon bureau a reçu des appels et des courriels de la part d'électeurs, et j'ai également entendu directement les témoignages de plusieurs électeurs alors que j'étais à la maison pendant les vacances parlementaires», a dit John Williamson, député conservateur au Nouveau-Brunswick.

«Le mauvais usage des fonds publics par Mike Duffy est indéfendable, et une enquête policière est nécessaire.»

Son collègue albertain Brent Rathgeber, qui milite en faveur de l'indépendance des députés, affirme que le cadeau de M. Wright a exacerbé l'absence de séparation entre le pouvoir exécutif et législatif.

«Lorsqu'il y a une séparation inadéquate entre ces deux institutions, il me semble que les deux sont compromises», a-t-il déclaré sur les ondes de la chaîne télévisée Global.

«En tant que législateur, je ne veux pas être lié ou devoir quoi que ce soit à des gens de l'exécutif, à quelque niveau que ce soit.»

INOLTRE SU HUFFPOST

Quelques controverses du gouvernement Harper
La réforme de l’assurance-emploi(01 of15)
Open Image Modal
Le gouvernement de Stephen Harper a adopté, à la fin de 2012, sa réforme de l’assurance-emploi afin d’intensifier les efforts de recherche d’un travail chez les prestataires. \n\nLes conservateurs ont minimisé les critiques disant que ces changements mèneraient des travailleurs qualifiés à accepter des emplois loin de leurs compétences ou… de leur maison. La grogne contre Ottawa n’a fait que s’intensifier à ce sujet depuis le début de 2013.\n (credit:PC)
Idle No More(02 of15)
Open Image Modal
C’est à la fin de 2012, après l’adoption du projet de loi C-45, qui viole des traités ancestraux selon les autochtones, que les Premières Nations débutent le mouvement de protestation Idle No More. \n\nLe 11 décembre 2012, la chef crie Theresa Spence entreprend une grève de la faim, souhaitant une rencontre avec le premier ministre Harper. Le silence et l’inaction du gouvernement sont décriés par plusieurs, d’autant plus que, pendant ce temps, le premier ministre reçoit à son bureau les gagnants de la téléréalité Occupation double. \n\nLes Premières Nations réclament toujours un vaste chantier sur leurs conditions et leurs droits.\n (credit:PC)
Le débat sur l’avortement refait surface(03 of15)
Open Image Modal
En septembre 2012, un député conservateur d’arrière-ban lance un pavé dans la mare en déposant une motion sur le statut du fœtus. \n\nLa motion est rejetée, mais l’appui de 91 députés, dont la ministre de la Condition féminine Rona Ambrose, inquiète certaines personnes qui craignent la réouverture du débat sur l’avortement. Le premier ministre balaie cette possibilité en réaffirmant la légalité de l’avortement au pays. \n
Le registre des armes d’épaule aboli(04 of15)
Open Image Modal
Arguant qu’il était désuet et coûteux et qu’il faisait passer les «chasseurs pour des criminels», les conservateurs ont profité de leur majorité pour voter un projet qu’il leur était cher depuis longtemps : l’abolition du registre des armes d’épaule et de ses données. Les réactions ont été vives, surtout au Québec et chez les groupes de victimes de crimes armés. Québec a demandé le rapatriement des données pour créer son propre registre.\n (credit:Alamy)
La reine au goût du jour(05 of15)
Open Image Modal
En juillet 2011, le ministre John Baird remplace des tableaux d’Alfred Pellan par un portrait de la reine, aux bureaux du ministère des Affaires étrangères. \n\nAu cours de la même année, plusieurs gestes sont posés pour remettre la royauté au goût du jour. La Défense appose le mot «royale» à la marine et à la force aérienne du Canada et les ambassades canadiennes sont sommées d’ajouter un portrait d’Élisabeth II à leurs murs.\n
Des statistiques moins précises(06 of15)
Open Image Modal
En 2010, le gouvernement a décidé de mettre fin à l’obligation pour les Canadiens de remplir le formulaire long lors du recensement, qui se fait tous les cinq ans. Cette politique était en vigueur lors du dernier coup de sonde, en 2011, privant ainsi les statisticiens de nombreuses données précieuses. \n
Le G20 à Toronto(07 of15)
Open Image Modal
Les coûts pour la sécurité ont atteint près d’un milliard de dollars. Le choix de tenir le sommet du G20 au centre-ville de Toronto avait été vertement critiqué. Des dépenses extravagantes à Huntsville, pour le sommet du G8 qui avait précédé, avaient aussi été décriées. \n\nMais ce sont les quelque 1100 arrestations massives, les plus importantes de l’histoire du pays, qui ont marqué l’imaginaire collectif. \n (credit:Getty Images)
Le fiasco des F35(08 of15)
Open Image Modal
En 2010, le gouvernement conservateur annonce l’intention de remplacer ses vieux jets CF18 en faisant l’acquisition de 65 nouveaux F35. Coût de l’opération : 16 G$. \n\nAprès de nombreux débats aux Communes et un rapport indiquant que les coûts s’élèveraient plutôt à 45 G$, les conservateurs ont choisi de freiner le projet et de revenir à la case départ. Pour le moment, on prévoit débloquer des fonds pour maintenir la flotte de CF-18 en opération jusqu’en 2020. \n
Le dossier Omar Khadr(09 of15)
Open Image Modal
Le Canada a été montré du doigt pour avoir tardé à rapatrier au pays Omar Khadr, emprisonné à Guantanamo depuis 2002 et reconnu coupable, en 2010, de crimes de guerre qu’il a commis à l’âge de 15 ans. \n\nKhadr était le dernier ressortissant d’un pays occidental prisonnier à Guantanamo. Lors de son retour au Canada, en septembre 2012, il s’était écoulé un an depuis le moment où son rapatriement avait été permis. \n (credit:AFP)
Des journalistes contrôlés?(10 of15)
Open Image Modal
Depuis son arrivée au pouvoir, Stephen Harper ne s’est pas fait d’amis auprès des journalistes. Dès ses premières conférences de presse, le premier ministre est critiqué sur le nombre de questions auxquelles il répond. \n\nLes professionnels de la presse condamnent aussi les difficiles demandes d’accès à l’information et le fait que certaines personnes, comme les ministres ou les fonctionnaires scientifiques, soient difficiles à rejoindre.\n (credit:PC)
Le retrait de Kyoto(11 of15)
Open Image Modal
Stephen Harper a déjà indiqué que le protocole de Kyoto était un complot socialiste qui visait à soutirer de l’argent aux pays riches. Pas surprenant, donc, qu’en décembre 2011, après avoir ignoré maintes fois ses cibles, le Canada se retire officiellement de Kyoto. \n\nDans les grandes réunions environnementales, le Canada s’attire la foudre de la communauté internationale et rafle bon nombre de prix fossiles.\n (credit:AFP)
Durcissement des lois(12 of15)
Open Image Modal
La position des conservateurs sur les jeunes contrevenants et sur les questions carcérales a divisé les Canadiens. Si plusieurs se réjouissent que le parti de Stephen Harper ait tenu ses promesses en durcissant certaines lois, d’autres croient que l’on devrait investir dans des programmes sociaux et des mesures de prévention. \n\nLe projet de loi C-10, adopté début 2012 et qui durcit les peines de certains crimes en plus de rendre le pardon plus difficile, a été vivement critiqué. Le projet C-30 sur la surveillance Internet a pour sa part été abandonné en février 2013, après plus d’un an de débats et de controverses.\n
Nominations unilingues(13 of15)
Open Image Modal
En octobre 2011, Stephen Harper nomme Michael Moldaver, un juge unilingue anglophone, à la Cour suprême du Canada. En 2006, alors qu’il est au pouvoir que depuis un mois, le premier ministre avait posé un geste similaire. \n\nLa nomination de Michael Ferguson, aussi unilingue anglophone, au poste de vérificateur général, en novembre 2011, avait ajouté l’insulte à l’injure et rouvert le débat sur le bilinguisme. \n (credit:PC)
Les artistes en colère(14 of15)
Open Image Modal
Les artistes n’ont jamais été de fervents défenseurs des politiques des conservateurs. Dès 2008, des chanteurs, acteurs et autres artistes se liguent et présente la vidéo Culture en péril. Ils dénoncent les coupures dans le milieu de la culture et, plus tard, les politiques qui nuisent aux droits d’auteur. \n\nLes coupes dans les budgets de nombreux organismes, dont Radio-Canada, mettent également le feu aux poudres.\n (credit:Capture d\'écran)
La prorogation(15 of15)
Open Image Modal
Fin 2009, le premier ministre Harper choisit de fermer la Parlement. Résultat? Les députés ne siégeront pas pendant 63 jours. On veut reprendre les travaux une fois les Jeux de Vancouver passés. Mais plusieurs indiquent que les conservateurs souhaitent faire tomber la poussière sur le transfert de détenus afghans. \n\nFin 2008, Harper avait également demandé la prorogation – qu’il obtint – à la gouverneure générale Michaëlle Jean, alors que son gouvernement minoritaire est menacé par une coalition formée par les libéraux de Stéphane Dion et les néo-démocrates de Jack Layton et appuyée par les bloquistes de Gilles Duceppe.\n (credit:PC)

-- Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.