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Le Parti conservateur est-il vraiment en train de changer? (VIDÉO)

Le Parti conservateur est-il vraiment en train de changer? (VIDÉO)
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Les conservateurs ont qualifié d'historiques, ou encore de pas de géant, les avancées de la fin de semaine lors de leur congrès biennal à Vancouver. Ils en donnent pour preuve l'adoption de la résolution sur le mariage. Mais le parti est-il vraiment en train de changer?

Un texte de Manon Globensky

La proposition la plus contestée des deux jours de congrès consistait à rayer du programme du parti, au chapitre sur la famille et le mariage, la précision suivante : que le mariage est l'union d'un homme et d'une femme.

Le raccourci suivant a été adopté dans plusieurs manchettes de bulletins de nouvelles : le parti conservateur appuie le mariage gai. C'est le sous-texte du débat, mais le parti n'a pas inscrit dans son programme son appui aux mariages entre personnes de même sexe. Il a seulement cessé de les définir comme étant entre un homme et une femme... Onze ans après que le gouvernement libéral de Paul Martin ait légalisé les mariages homosexuels!

L'ironie n'a pas échappé au premier ministre Justin Trudeau au congrès du Parti libéral à Winnipeg, qui a souligné que mieux valait tard que jamais. « Qui sait » a-t-il ajouté, « dans dix ans, les conservateurs admettront peut-être que les changements climatiques sont réels ».

Beaucoup de travail à faire encore

Mais au-delà des moqueries, la teneur des débats pour en arriver à cette simple rature indique le difficile travail qu'il reste à faire au parti s'il veut « évoluer ».

Parmi les arguments des traditionnalistes, il y a bien sûr la défense des valeurs conservatrices présentes dans le programme depuis le premier congrès du parti en 2005.

Une idée défendue par Ted Falk, député de Provencher au Manitoba, pour qui « cette proposition viole les valeurs et les principes des conservateurs. Autant l'ex-premier ministre [Harper] que la leader intérimaire ont parlé des valeurs conservatrices durant le congrès. La famille, la foi et la communauté sont les valeurs à la base du parti et la résolution en question contrevient à au moins deux de ces valeurs ».

De plus, il y a des délégués comme Jack Fonseca, de Kitchener en Ontario, qui craignent un exode des conservateurs les plus à droite après l'adoption d'une telle proposition. « Les conservateurs sociaux représentent au moins 40 % de la base du parti et on ne peut gagner sans la base », soutient-il.

Maintenir la définition restrictive du mariage pourrait même aider le parti à retrouver le chemin de la victoire, selon une déléguée ontarienne. « Pour battre Justin Trudeau et les libéraux, il faut au parti des bénévoles et des électeurs qui proviendraient du milieu des nouveaux arrivants et des immigrants. Notre définition traditionnelle du mariage attirera une population de conservateurs sociaux d'origine asiatique, indienne ou encore du Moyen-Orient ».

À l'opposé, des témoignages aussi poignants de conservateurs de longue date, homosexuels, qui ne peuvent accepter que leur parti leur envoient encore le message qu'ils ne sont pas tout à fait égaux. Eric Lorentzen, de l'est-ontarien, a demandé tout haut : « Quel autre groupe fait l'objet d'une politique aussi négative de la part du parti? Une politique qui réduit les droits de l'homme et réduit la pleine participation de certains individus à la société ».

Pour le député de Beauce Maxime Bernier, officiellement candidat à la direction du parti, « c'est une question de liberté et de respect ». « Il s'agit pour nous de dire aux Canadiens qu'ils peuvent aimer qui ils veulent et être aimés en retour... et d'avoir des politiques équitables au fédéral pour que ce soit le cas. »

Au final, le vote sur la résolution n'a même pas été serré - sauf parmi les délégués de Saskatchewan et du Manitoba -1036 en faveur et 462 contre.

La valeur et la dignité de toute vie humaine

En matinée, lors des débats sur les amendements à la constitution du parti, les délégués ont adopté une résolution faisant en sorte de rajouter un 22e principe à la constitution du parti : la croyance dans la valeur et la dignité de toute vie humaine. On nage dans les mêmes eaux que sur la définition du mariage, c'est-à-dire les fameuses valeurs de base conservatrices. L'intervention d'un délégué ontarien a été remarquée. S'il s'agit, a-t-il affirmé, de dire que le parti est opposé au suicide assisté et à l'avortement, « si c'est ce que nous voulons faire, ça devrait être explicite, pas enterré dans les subtilités d'une nouvelle constitution ».

Le parti est-il trop concentré sur son « électorabilité », prêt à faire quelques changements cosmétiques qui tardaient pour le mettre au goût du jour, comme dans le cas du mariage, mais encore habité par ses vieux démons sur l'avortement et l'aide à mourir alors que la majorité de l'opinion canadienne est déjà ailleurs?

Ou est-il simplement déchiré entre l'encouragement au changement et une réticence?

L'unité avant tout

Il y a peut-être un élément de réponse dans le fait que plusieurs hauts responsables conservateurs aient vanté les mérites d'un parti uni cette fin de semaine.

Rona Ambrose en a parlé, et l'ancien ministre et député Steven Blaney aussi. Le Parti conservateur, dit-il, est une grande tente : « Personne ne s'attend à ce que toutes ses positions soient reflétées dans le programme du parti, l'important c'est de pouvoir faire entendre sa voix ».

Après tout, ce parti est né de l'union de deux tendances, les progressistes et les réformistes (et toutes les nuances de droite entre les deux) et le seul chef qu'il a connu jusqu'à maintenant s'est attaché à ce que le ciment prenne entre ces deux groupes.

Stephen Harper a d'ailleurs terminé son discours d'adieu à la politique jeudi soir avec ces mots sur l'unité du parti . Dans un an, après le choix d'un nouveau chef, a-t-il affirmé, « vous serez unis derrière son leadership, parce qu'en 2019 [lors des prochaines élections] peut-être plus que nous ne le comprenons maintenant, notre pays aura besoin d'un Parti conservateur fort et uni, prêt à gouverner ».

Monsieur Harper a toujours été un homme pratique. Grand amateur de hockey, il sait que pour gagner un match, il ne faut pas perdre la rondelle des yeux.

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Parti conservateur: qui sont les candidats?
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Le Parti conservateur du Canada se cherche un nouveau chef qui prendra la place de Rona Ambrose à la tête du parti. Voyez qui se présente dans notre galerie photos. (credit:Jacques Boissinot/PC)
Maxime Bernier(02 of15)
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Maxime Bernier s'est officiellement lancé dans la course à la direction du Parti conservateur en avril 2016 pour défendre la liberté économique et les plus petits gouvernements.Le conservateur a été ministre de l’Industrie, des Affaires étrangères et ministre d’État de la Petite entreprise, du Tourisme et de l’Agriculture au sein du gouvernement Harper. (credit:PC)
Kevin O'Leary(03 of15)
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L'homme d'affaires et personnalité de la télévision a décidé de briguer la direction du Parti conservateur du Canada en janvier 2017, un jours après le débat en français de Québec.Il a finalement décidé de se retirer, à un mois de scrutin, afin de se rallier à Maxime Bernier. (credit:PC)
Lisa Raitt(04 of15)
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L'ancienne ministre conservatrice a annoncé le 2 novembre 2016 qu'elle se lançait dans la course à la direction de son parti par le biais d'une vidéo sur les réseaux sociaux.Lisa Raitt, originaire du Cap Breton en Nouvelle-Écosse, a été élue pour la première fois en 2008 aux Communes. Elle a depuis occupé les postes de ministre des Ressources naturelles, ministre du Travail et ministre des Transports. Après la défaite des conservateurs, en 2015, elle est devenue porte-parole de l’opposition en matière de Finances. Mais elle a récemment quitté son rôle pour se pencher sur la course à la direction. (credit:PC)
Steven Blaney(05 of15)
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Steven Blaney, élu sous la bannière conservatrice pour la première fois en 2006, a annoncé qu'il se présentait comme candidat à la fin du mois d'octobre 2016. En 2011, il a dirigé le ministère des Anciens combattants, avant d'être nommé ministre de la Sécurité publique et de la Protection civile en 2013.Après l'élection, il occupait le poste de porte-parole en matière de Services publics et d'approvisionnement. Il a renoncé à son rôle pour se consacrer à la course à la direction. (credit:PC)
Erin O'Toole(06 of15)
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Le député ontarien, qui a été ministre des Anciens Combattants dans le précédent gouvernement conservateur, s'est lancé dans la course à la mi-octobre 2016. Un avocat et ancien officier de l'aviation canadienne, il a été élu pour représenter la circonscription fédérale de Durham lors de l'élection complémentaire de 2012. (credit:La Presse canadienne)
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Scheer, un député de la Saskatchewan qui a été président de la Chambre de 2011 à 2015, a annoncé fin septembre 2016 qu'il se lançait dans la course. Il est bilingue et peut compter sur le plus grand nombre d'appuis au sein du caucus de son parti. (credit:PC)
Kellie Leitch(08 of15)
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Depuis qu'elle fait partie de la liste de candidats, la chirurgienne orthopédique pédiatrique mise sur ses politiques d'immigration et l'importance des « valeurs canadiennes », ce qui lui a valu des remontrances de ses collègues.Elle a servi comme ministre du Travail et ministre de la Condition féminine au sein du gouvernement Harper. (credit:PC)
Michael Chong(09 of15)
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Chong est le seul candidat à la direction à appuyer l'idée d'une taxe sur le carbone, une idée qu'il qualifie de « conservatrice ». Le député ontarien a quitté le cabinet Harper en 2006 parce qu'il refusait de reconnaître le Québec comme nation distincte. (credit:PC)
Brad Trost(10 of15)
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Trost s'est lancé dans la course en août 2016. Un social conservateur dans tous les sens du terme, le député de la Saskatchewan s'oppose au mariage gay, à l'avortement et à l'aide médicale à mourir. (credit:PC)
Deepak Obhrai(11 of15)
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Deepak Obhrai, un ancien député réformiste de l'Alberta qui a été élu pour la première fois en 1997, est le doyen du caucus conservateur. Il s'est officiellement lancé dans la course en juillet 2016. (credit:PC)
Chris Alexander(12 of15)
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L'ancien ministre conservateur de l'Immigration, qui a perdu son siège aux dernières élections, a ajouté son nom à la longue liste de candidats. Il dit regretter son annonce d'instaurer une ligne d'aide pour dénoncer les «pratiques culturelles barbares» l'automne dernier, aux côtés de son ancienne collègue Kellie Leitch. (credit:Getty Images)
Andrew Saxton(13 of15)
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Saxton était député de la région de Vancouver pendant sept ans avant de perdre son siège en 2015. Il a servi comme secrétaire parlementaire aux Finances et au Conseil du Trésor. (credit:PC)
Rick Peterson(14 of15)
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L'homme d'affaires bilingue de Vancouver avait tenté de devenir chef du Parti conservateur en Colombie-Britannique, sans succès.Il a joint la course au fédéral en octobre 2016. (credit:PC)
Pierre Lemieux(15 of15)
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Député ontarien de 2006 à 2015, Lemieux a été battu aux dernières élections. Il est un social conservateur et un vétéran.Il s'est joint à la course en novembre 2016. (credit:PC)

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