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Les experts conservateurs en matière de sécurité publique et nationale, on repassera!

Depuis 2006, j'observe le gouvernement Harper. Je constate qu'il se tourne trop souvent vers des charlatans pour trouver des assises à certaines de ses politiques populistes.
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Depuis 2006, j'observe le gouvernement Harper. Je constate qu'il se tourne trop souvent vers des charlatans pour trouver des assises à certaines de ses politiques populistes. Pour justifier le démantèlement du registre des armes à feu, au maintien duquel tous les experts et même les officiers de la GRC en appelaient courageusement, les conservateurs faisaient appel aux «études» du professeur Gary Mauser, de l'Université Simon Fraser. Or, Gary Mauser, qui détient un Ph.D. en psychologie, a écrit seulement deux livres qui sont éloquents par leur titre : Manipulating Public Opinion: Essays on Public Opinion as a Dependent Variable et Political Marketing: An Approach to Campaign Strategy.

Le 23 février dernier, dans le cadre d'une étude sur les menaces à la sécurité nationale du Canada du Comité sénatorial de la sécurité nationale et de la défense, les sénateurs conservateurs ont invité un autre de leur «expert» : Marc Lebuis, directeur de Point de bascule. Ils l'ont traité comme s'il avait une crédibilité en matière de sécurité nationale et d'expertise sur l'Islam. Créé en 2006, comme par hasard peu de temps après la première élection de Stephen Harper, Point de Bascule se présente comme «un site indépendant et non partisan décrivant les méthodes et les moyens qu'utilisent les organisations et les leaders islamistes pour appliquer leur programme au Canada». Posons-nous les questions suivantes : Quels sont les collaborateurs de Point de bascule hormis M. Lebuis? Impossible de le savoir. Quelle formation ou expérience passée a M. Lebuis pour faire ses analyses et élaborer toutes ses théories? À ce jour, des journalistes avisés attendent toujours des réponses à ces questions élémentaires. Qui finance principalement cette organisation depuis sa fondation? Une autre question sans réponse. C'est à cette personne et à son organisation qui ne prêchent pas par la transparence que se réfèrent notamment ces sénateurs conservateurs.

Le fait d'armes de Point de bascule se résume essentiellement à ramasser des informations sur le Web, puis de faire des amalgames et, surtout, d'avoir réussi à se faire inviter à différentes tribunes pour exposer ses opinions «d'expert». Pour Marc Lebuis, il faut se préoccuper du «désir des islamistes de transformer les sociétés dans lesquelles ils vivent, dans leur pays». Il n'hésite pas à qualifier ce désir d'une des caractéristiques de la «radicalisation». Ainsi, tout musulman croyant qui désire transformer le pays dans lequel il vit peut être soupçonné d'être un «islamiste». La grande peur ultime de Marc Lebuis est que ces musulmans, et les gens qui les fréquentent, contribuent à «l'instauration progressive des règles de la charia au Canada». Ce discours est dans la même lignée que celui de Marine Le Pen du Front national en France.

Or, il fait abstraction d'une réalité : la communauté musulmane, une minorité au Canada, est diversifiée. Dans ses diverses composantes, les personnes qui peuvent espérer vouloir instaurer la charia au Canada sont, dans les faits, encore plus minoritaires. La très grande majorité de ces musulmans ont quitté des pays dictatoriaux pour ne plus vivre sous le joug des traditions. Par ailleurs, rappelons-nous que bon nombre d'évêques d'églises traditionnelles et de pasteurs évangéliques au Canada demandent qu'on interdise l'avortement et ne permettent pas le mariage gai. Doit-on les accuser de «radicalisme» puisqu'ils veulent influencer le pays dans lequel ils vivent? Marc Lebuis et son organisation jettent une ombre de suspicion à l'égard de tous les musulmans croyants et les transforment en personnes à surveiller.

Le véritable problème est que lorsqu'une personne commet des actes violents au nom d'une religion ou d'une idéologie, la priorité doit être de combattre et de prévenir la «radicalisation violente» ou plus précisément l'«extrémisme violent». De ce point de vue et en toute responsabilité, Stephen Harper devrait se remettre en question, lui qui n'a fait aucun commentaire lorsque son député Maurice Vellacott a remis des médailles du Jubilé à des militantes anti-avortement condamnées et emprisonnées pour méfaits criminels

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