Au Festival de Locarno en Suisse, la PDG de la SODEC, Monique Simard, a proposé qu'une taxe soit imposée aux fournisseurs d'accès Internet afin de financer le contenu diffusé à la télévision et au cinéma.
Cette suggestion a été accueillie favorablement par les acteurs de l'industrie qui assistaient à la conférence, soit des acheteurs et des distributeurs majoritairement européens.
Lors de sa conférence, Monique Simard a fait valoir que les contenus culturels sont maintenant consommés sur Internet.
« Les fournisseurs d'accès Internet doivent contribuer au financement du contenu. Je le crois fermement. »
— Monique Simard
Dans certains des marchés européens hautement réglementés, quelques fournisseurs d'accès Internet financent déjà les contenus. C'est le cas pour Orange en France et Telefonica en Espagne qui appuient financièrement le cinéma, et BT en Angleterre qui fait de même pour le sport.
Des analystes affirment que, tôt ou tard, toutes les entreprises de télécommunications vont se lancer dans la production de contenu.
Monique Simard a également reconnu qu'une telle taxe semblait utopique aux États-Unis, mais elle a raconté que lors d'une commission québécoise sur ce sujet, un membre très conservateur avait affirmé que les fournisseurs d'accès Internet devaient verser des fonds pour financer le contenu culturel. Monique Simard croit donc que de telles taxes arriveront un jour ou l'autre en Amérique du Nord.
Le cinéma en crise
L'affirmation lancée par Monique Simard survient alors que l'industrie du film se trouve dans une profonde crise, dans un monde où le consommateur peut regarder des films où et quand il le veut, en plus de décider s'il payera ou non pour les visionner.
Les câblodistributeurs et les fournisseurs de télévision par satellite sont déjà obligés de contribuer au contenu, poursuit Monique Simard. « Cela est un gros problème, car les gens se désabonnent du câble et du satellite pour accéder à leur télévision grâce à leur connexion Internet. »
Monique Simard estime que des coalitions nationales et internationales devraient se former afin d'influencer les décideurs. Elle a aussi parlé de Neflix, qualifiant l'entreprise américaine de problématique.
Optimiste, Monique Simard voit des modifications dans le modèle d'affaires de l'industrie du cinéma. Elle cite par exemple l'entente survenue entre Paramount Pictures et Cineplex Entertainment. Le délai entre la parution de films en salle et leur sortie en DVD et en ligne sera réduit. Cineplex recevra un pourcentage des revenus issus de la location et des ventes numériques proportionnel aux revenus de la vente des billets. Ce transfert de revenus sera valide pendant les 90 jours suivant la sortie initiale des films en salle.
De 2008 à 2013, Monique Simard était directrice générale du programme français de l'Office national du film du Canada (ONF). Elle est à la tête de la Société de développement des entreprises culturelles (SODEC) depuis 2014. Mme Simard a aussi été députée du Parti québécois dans la circonscription de La Prairie de 1996 à 1998.
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