Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

«Les Hauts-Parleurs»: Allo? Y'a quelqu'un?

Je l'ai déjà dit. Je crois que Sébastien David a beaucoup, beaucoup de talent. Il le prouve de nouveau avec sa plus récente pièce,, présentée au Théâtre Denise-Pelletier.
|
This post was published on the now-closed HuffPost Contributor platform. Contributors control their own work and posted freely to our site. If you need to flag this entry as abusive, send us an email.

Je l'ai déjà dit. Je crois que Sébastien David a beaucoup, beaucoup de talent. Il le prouve de nouveau avec sa plus récente pièce, Les Hauts-Parleurs, présentée au Théâtre Denise-Pelletier. Que ce soit comme comédien dans Ce samedi il pleuvait d'Annick Lefebvre ou comme dramaturge avec Les Morb(y)des que j'ai vu au Quat'Sous en 2013, Sébastien David crée des univers et nous siphonne à l'intérieur.

Trois personnages sur scène dans cette nouvelle pièce. Le voisin (Richard Thériault), un vieil homme solitaire compositeur de musique électro-acoustique, le jeune garçon (Guillaume Gauthier), qui vient de déménager avec son père dans cette petite ville dont le paysage urbain est dominé par l'ombre d'une immense cathédrale et Greta (Marie-Hélène Bélanger), perdue et démunie, l'un de ces personnages chers à Sébastien David pour qui les gens de peu de mots ont autant de choses à dire et à nous apprendre que les intellectuels.

La mise en scène, également de Sébastien David, est pleine de vie et d'inventivité. Une structure de bois qui s'allonge ou rapetisse au besoin en constitue le principal élément. Les comédiens bougent beaucoup et occupent tout l'espace de ce qui leur est imparti dans la Salle Fred-Barry. Les éclairages de Martin Sirois viennent à point nommé mettre l'accent sur un état d'âme ou une émotion et sont une véritable réussite. Et surtout, il y a cette histoire d'une incroyable richesse et d'une étonnante complexité qui nous est racontée en l'espace d'une heure. Ça, madame, ça s'appelle la maîtrise de l'écriture.

Open Image Modal

Car au début, lorsque le jeune garçon s'introduit chez le voisin et casse par inadvertance un bibelot représentant un enfant de chœur et que ce voisin surgit armé d'un bat de baseball, on ne sait pas trop de quoi il s'agit ni où ça s'en va. Le génie ici c'est que c'est follement intéressant, qu'on veut absolument savoir de quoi il retourne et ce qui va se passer. On découvre petit à petit le désarroi de ce garçon qui a dû abandonner sa mère et suivre son père dans cette nouvelle ville, l'immense solitude de ce vieil homme en butte à de fausses rumeurs et à des attaques d'adolescents désœuvrés qui n'ont rien de mieux à faire que de le prendre comme bouc-émissaire et la façade affichée par Greta, la jeune fille qui va devenir l'amie du jeune homme, et qui attend désespérément son beau Jason parti en vacances dans le Maine avec ses parents.

C'est Greta qui va nous livrer un de ces monologues dont Sébastien David a le secret, une volée de bois vert verbal à la fois très drôle et tragique. J'avoue que j'en aurais pris davantage, mais je sais aussi que l'auteur veut probablement éviter d'être étiqueté uniquement comme le-gars-qui-écrit-des-monologues-percutants. Car ce qu'il nous propose ici est une magnifique réflexion sur la passation de la connaissance et du savoir, sur l'amitié intergénérationnelle, sur le bonheur et parfois la nécessité pour un adolescent de connaître un mentor qui saura le guider et lui faire comprendre un peu la vie. Le voisin dit au jeune garçon que l'accès au Sacré peut passer par autre chose que la religion. Qu'il ne s'agit en somme que de trouver notre propre notion du sacré et d'y croire. Mais aussi que le sacré d'avant, comme le son des cloches de la cathédrale, peut nous être utile dans cette quête. Et c'est cette recherche, nous dit Sébastien David, qui nous permet de mettre de l'ordre dans le chaos. Ce texte est desservi par de très bons comédiens et Richard Thériault est particulièrement touchant dans son incarnation du compositeur qui aime toujours Vivaldi, mais qui cherche encore et toujours autre chose dans l'univers de la musique, métaphore pour l'existence où trop de gens renoncent parce que c'est difficile de chercher.

Il y a une scène bouleversante à la fin de la pièce qui fait état des cœurs brisés et des enfants de chœur (ou de cœur), qui oppose la bonté et la compréhension à l'ignorance et à la mesquinerie, ignorance et mesquinerie (dont Greta assume la démonstration) toutefois excusables dans une certaine mesure. Mais il y a surtout l'espoir qui se pointe et la certitude que, oui, on peut changer le cours d'une vie en écoutant et en répondant avec les mots qu'il faut. Cet héritage-là, transmis par le voisin au jeune garçon, personne ne peut le leur enlever. Et c'est cela la beauté, et c'est cela qui nous reste après Les Hauts-Parleurs.

Les Hauts-Parleurs : une production du Théâtre Bluff présentée au Théâtre Denise-Pelletier jusqu'au 21 novembre 2015.

VOIR AUSSI SUR LE HUFFPOST

25 pièces de théâtre à voir en 2015
1- Le journal d’Anne Frank (Théâtre du Nouveau Monde – 13 janvier au 7 février)(01 of24)
Open Image Modal
Toutes les générations ont lu ou entendu parler d’Anne Frank, cette jeune juive ayant tenu un journal alors que sa famille sa cachait dans un appartement secret pour échapper aux persécutions durant la Deuxième Guerre mondiale. Mêlant les affres d’un conflit meurtrier aux réflexions d’une jeune adolescente, l’histoire est ici racontée par le grand humaniste Éric-Emmanuel Schmitt et mise en scène par Lorraine Pintal.
2- Sœurs (Théâtre d’Aujourd’hui – 13 janvier au 7 février)(02 of24)
Open Image Modal
Quand il est question d’un nouveau texte et d’une mise en scène de Wajdi Mouawad, les foules accourent. Ajoutez ici un solo de la magistrale Annick Bergeron, qui interprétera à la fois une agente d’assurance et une jeune femme. Sœurs est le premier volet d’un cycle sur le vécu des membres d’une famille, qui sera suivi de Frères, Père et Mère.
3- Dénominateur commun (La Licorne, 13 au 31 janvier)(03 of24)
Open Image Modal
Qui sommes-nous? D’où venons-nous? Où allons-nous? Ces trois questions ont été posées à plusieurs passionnés de l’âme humaine : un psychologue, une théologienne, un généticien et un physicien des particules. Leurs réflexions ont donné des pistes de réflexion à François Archambault, un des auteurs les plus sensibles et brillants de sa génération.
4 – Un tramway nommé désir (Espace GO, 20 janvier au 14 février)(04 of24)
Open Image Modal
Le metteur en scène Serge Denoncourt retrouve Céline Bonnier, trois ans après le triomphe de Christine, la Reine-Garçon. Cette fois, ils explorent le désir sexuel des personnages de la célèbre pièce de Tennessee Williams, Un tramway nommé désir, de la population en général et des acteurs en particulier. Aussi talentueux que sulfureux, les acteurs Magalie Lépine-Blondeur, Éric Robidoux, Dany Boudreault et Jean-Moïse Martin complètent la distribution.
5 – Constellations (La Licorne, 26 janvier au 13 février)(05 of24)
Open Image Modal
Tous les choix et les non-choix d’un couple d’amoureux mèneront les spectateurs dans une suite d’univers parallèles. Cet arbre des possibles sera celui de Marianne et Roland, qui se réinventeront sous nos yeux à travers sept moments de leur relation, en abordant diverses facettes de l’amour, de l’infidélité, de la maladie, de la mort et du temps. Une comédie romantique originale et contemporaine.
6- Épopée Nord (Salle Jean-Claude Germain, 27 janvier au 14 février)(06 of24)
Open Image Modal
Après avoir créé deux pièces absolument délirantes, Clotaire Rapaille, l’opéra rock et L’assassinat du président, les membres du Théâtre du futur reviennent à la charge en s’attaquant à la question amérindienne. À grands coups d’ironie, d’imitations, de situations absurdes et d’éclats de rire, ils plongeront les spectateurs en 2035, alors que le peuple québécois s’éparpille sur le territoire et que le nombre de naissance chez les premières Nations est miraculeusement inquiétant…
7- Dans la république du bonheur (Cinquième salle de la PDA, 19 au 28 février)(07 of24)
Open Image Modal
Le sort de la liberté individuelle sera disséqué par la plume crue et noire de Martin Crimp, porté par la mise en scène coup de poing de Christian Lapointe, enveloppé par la musique de Keith Kouna et interprété par les acteurs Ève Landry (Jeanne dans Unité 9) et David Giguère.
8– Qui a peur de Virginia Woolf? (Duceppe, 18 février au 28 mars)(08 of24)
Open Image Modal
Au petit matin, un couple de la bourgeoisie américaine se livre à une guerre de mots, détruisant les cœurs et méprisant les vérités. Dans ce monde où rien n’est tout à fait blanc ni tout à fait noir, on retrouve les mots cultes d’Edward Albee (traduits par Michel Tremblay), la mise en scène de Serge Denoncourt et un duo des grandes occasions, Maude Guérin et Normand D’Amour, qui avait joué un couple bien différent dans la pièce Petits fragments de mensonges inutiles en 2009.
9 – Grande Écoute (Espace GO, 24 février au 21 mars)(09 of24)
Open Image Modal
Satire des talk-shows, accès aux coulisses des émissions de télévision, portrait d’un animateur reconnu pour être un visage à deux faces : les attraits sont nombreux dans cette pièce écrite par Larry Tremblay et mise en scène par Claude Poissant. Denis Bernard et Macha Limonchik jouent dans cette œuvre du Théâtre PàP, une compagnie synonyme de qualité et d’audace dans l’univers théâtral montréalais.
10 – Ennemi Public (Théâtre d’Aujourd’hui, 24 février au 21 mars)(10 of24)
Open Image Modal
Il y a toujours un bouc émissaire, un responsable aux divers maux de la société québécoise : les restes de la souveraineté, l’inculture de la jeunesse, l’immigration, la qualité du français. Lors d’un souper où personne ne s’écoute réellement, quatre adultes et deux enfants s’engouffrent dans une discussion qui se transforme peu à peu en règlements de comptes. Un texte et une mise en scène d’Olivier Choinière.
11 – Ils étaient quatre (La Licorne, 9 mars au 3 avril)(11 of24)
Open Image Modal
Quatre grandes pointures s’intéressent à l’identifié masculine et à son évolution à travers le temps: Éric Bruneau, Mani Soleymanlou, Guillaume Cyr et Jean-Moïse Martin.
12 – Richard III (TNM, 10 mars au 4 avril)(12 of24)
Open Image Modal
Probablement l’une des pièces les plus attendues de l’année. Richard III s’intéresse au futur roi d’Angleterre, à la fois difforme et séduisant, cruel et génial, capable d’éliminer ses opposants pour le simple plaisir de créer le chaos. Il s’agit de la première incursion dans l’univers shakespearien pour Brigitte Haentjens, qui s’est entourée de 20 comédiens, dont Sébastien Ricard, Sylvie Drapeau, Sophie Desmarais, Francis Ducharme, Monique Miller, Maxim Gaudette, Renaud Lacelle-Bourdon et Louise Laprade!
13 – Intouchables (Rideau Vert, 24 mars au 26 avril)(13 of24)
Open Image Modal
Adaptation québécoise du film français ayant cartonné au box-office dans plusieurs coins du monde, Intouchables réunit Luc Guérin et Antoine Bertrand. Les deux acteurs donneront vie à Philippe, riche tétraplégique dont l’âme vogue à la dérive, et Louis, un jeune sans emploi, plein de cette vivacité qui échappe à celui qui deviendra son patron. Un baume sur le cœur de n’importe quelle âme en peine.
14 – Judy Garland (Duceppe, 8 avril au 16 mai)(14 of24)
Open Image Modal
Judy Garland l’étoile, la démesurée, la dépendante et l’amoureuse s’apprête à remonter sur scène pour une ultime série de spectacles. Fragile et instable, elle fera tout pour goûter aux applaudissements une dernière fois. Linda Sorgini relève le défi de rendre hommage à cette icône, sous la direction de Michel Poirier.
15 – J’accuse – (Théâtre d’Aujourd’hui, 14 avril au 9 mai)(15 of24)
Open Image Modal
Ève Landry, Catherine Trudeau, Léane Labrèche-D’Or, Debbie Lynch-White et Alice Pascual sont réunies par le metteur en scène Sylvain Bélanger pour révéler leurs instincts de survie. Il y a la fille qui encaisse, celle qui agresse, celle qui adule, celle qui intègre et celle qui aime. Un spectacle féminin où la drive et l’ambition marchent main dans la main.
16 – Hamlet_director’s cut (Usine C, 15 au 24 avril)(16 of24)
Open Image Modal
En plus de marquer les téléphiles avec son rôle de Marc Arcand dans Série Noire, le comédien Marc Beaupré est fort doué pour les mises en scène éclatées (Dom Juan_uncensored et Caligula_remix), dans lesquelles il se permet une relecture sans limites de vieux classiques. Ici, la tragédie de Shakespeare est amenée ailleurs par Hamlet lui-même, qui prend la position du réalisateur cherchant à comprendre sa réinterprétation dans un monde constamment soumis à la remise en question et à l’inachèvement.
17 – Le tour du monde en 80 jours (TNM, 28 avril au 23 mai)(17 of24)
Open Image Modal
Adaptation du texte légendaire de Jules Vernes, l’histoire est celle d’un gentleman britannique qui gage la moitié de sa fortune sur sa capacité à faire le tour du monde en 80 jours, en compagnie de son domestique. Péripéties internationales, imaginaire débordant et flegme anglais seront au programme. Le tout, dans un théâtre où les membres de la production tenteront d’évoquer les traditions culturelles et scéniques de l’Inde, le Japon, la Chine et tant d’autres pays.
18 – Les trois mousquetaires (Théâtre du Nouveau Monde, dès le 16 juillet)(18 of24)
Open Image Modal
Le jeune d’Artagnan et ses multiples conquêtes, les meurtres, les trahisons, les jeux de coulisses politiques, Milady, le comte de Rochefort, Lord Buckingham, Aramis, Athos et Porthos seront de la partie dans la mégaproduction théâtrale de Juste pour rire. Un an après avoir monté avec succès Cyrano de Bergerac, Serge Denoncourt dirigera une distribution de 18 comédiens, dont le jeune Philippe Thibault-Denis, qui jouait Danceny dans Les Liaisons dangereuses chez Duceppe, au printemps 2013.
19. Midsummer (La Licorne, 7 au 11 avril)(19 of24)
Open Image Modal
La pièce la plus souriante des dernières années!
20 et 21 - Pique et Cœur (TOHU, 3 au 28 février)(20 of24)
Open Image Modal
Les deux premiers volets de la tétralogie de Robert Lepage.
22 - Moi, dans les ruines rouges du siècle (Quat’Sous, 19 au 23 mai)(21 of24)
Open Image Modal
La petite histoire d’un homme attachant mélangée à la grande Histoire de l’Ukraine.
23 - Tu te souviendras de moi (La Licorne, 22 avril au 16 mai)(22 of24)
Open Image Modal
L’histoire d’un érudit qui tente de se rappeler, alors qu’il est atteint d’Alzeihmer, un texte de François Archambault où les émotions n’ont d’égales que le grand talent de Guy Nadon.
24 - Le Grand Cahier (Quat’Sous, 27 avril au 8 mai)(23 of24)
Open Image Modal
L’ingénieuse adaptation de Catherine Vidal du roman d’Agota Kristof.
25 - Les aiguilles et l’opium (Théâtre du Nouveau Monde, 11 au 20 juin)(24 of24)
Open Image Modal
Chef-d’œuvre théâtral de Robert Lepage avec Marc Labrèche.

Open Image Modal
Open Image Modal
-- Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.