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Les propos stupéfiants, navrants et inquiétants de Jacques Daoust

Le ministre de l'Économie s'est excusé d'avoir utilisé l'expression «roi du village» pour décrire les entrepreneurs des régions en difficultés. Il n'en demeure pas moins qu'il a étalé au grand jour sa totale incompréhension de la réalité vécue par les chefs d'entreprise.
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Le ministre de l'Économie, Jacques Daoust, a beau s'être excusé d'avoir utilisé, dans une entrevue à La Presse canadienne, l'expression « roi du village » pour décrire les entrepreneurs des régions qui vivent des difficultés, il n'en demeure pas moins que le ministre a étalé au grand jour sa totale incompréhension de la réalité vécue par les entrepreneurs, et a confirmé l'absence de plan pour relancer l'économie du Québec. Tout ça est stupéfiant.

Un ministre de l'Économie complètement déconnecté

Résumer l'impact d'une faillite d'entreprise à une question d'égo comme il l'a fait, c'est être déconnecté du vécu de l'entrepreneur* et du vécu des communautés qui ont à subir des fermetures d'entreprises. Pour avoir déjà eu à prendre la difficile décision de fermer une entreprise et mettre à pied de nombreux travailleurs, je peux vous confirmer que la dernière chose qui m'empêchait de dormir était l'état de mon « p'tit moi ». C'est aux travailleurs et à leur famille que je pensais. Alors imaginez, être le principal employeur d'une communauté et devoir se résigner à mettre la clé sous la porte, vous croyez que c'est l'égo qui devient préoccupant?

Rien ne nous indique qu'il comprend la réalité des entrepreneurs

Il nous a été permis de constater à maintes reprises depuis son assermentation que le ministre ne semble pas témoigner d'une grande sensibilité envers les entrepreneurs et leur réalité. Et rien dans ses récents commentaires ne nous indique qu'il comprend ce qui fait carburer un entrepreneur, comment ça peut se sentir un entrepreneur, et à quoi ça pense un entrepreneur quand ça se couche le soir. Mais tout cela ne saurait justifier des propos aussi navrants.

Pas d'intérêt pour un plan de développement économique

Au cours de la même entrevue, le ministre a aussi confirmé qu'il n'a pas l'intention de rédiger une politique de développement économique en bonne et due forme, ce que j'ai vertement dénoncé.

Il parle de créer de la vraie richesse « qui provient des exportations et des investissements des sociétés étrangères » et en même temps, il ne voit pas l'utilité d'un plan énonçant les orientations du gouvernement, ses objectifs, les moyens qu'il entend déployer pour les atteindre et ses échéanciers.

Les défis sont multiples, avoir un plan est impératif

Pour renverser la vapeur du déclin tranquille que le Québec subit depuis plus de deux décennies, plusieurs des principaux vecteurs tributaires de notre performance économique devront s'améliorer simultanément, et ce, de façon significative. Le ministre souligne l'importance de stimuler les exportations et les investissements directs étrangers, un pas dans la bonne direction. Mais il doit aussi, en addition, constater nos défis au niveau de l'entrepreneuriat, de la création et de la diffusion d'innovation, et de notre capacité à les commercialiser.

Faire ce que l'on a toujours fait ne suffira pas

Dans ce contexte, pour que l'action du ministre et de son gouvernement contribue à ce que le Québec relève avec brio le défi auquel il est confronté, ça va prendre beaucoup plus que de laisser aller le marché, en plus de la recette habituelle un peu améliorée. Que le ministre Daoust ne saisisse pas la pertinence d'un plan assorti d'objectifs et de moyens comme une condition essentielle de succès, ça, c'est très inquiétant.

Il a livré le fond de sa pensée. Rien finalement de bien réconfortant pour les Québécois.

* Le mot entrepreneur est utilisé de façon neutre.

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