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Les rats aussi peuvent avoir des regrets

Les rats aussi peuvent avoir des regrets
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S. J. Pyrotechnic/Flickr

«Ai-je pris la bonne décision?», «J'aurais vraiment dû faire autrement...» On a tous fait dans sa vie des choix que l'on regrette. Selon une étude publiée le 8 juin dans la revue Nature Neuroscience, le regret ne serait pas le privilège de l'homme: les rats aussi en seraient capables.

Les chercheurs, de l'université du Minnesota (Minneapolis), ont trouvé que les rats pouvaient exprimer des regrets, à la fois à travers leur comportement et leur activité neurologique, tout comme les humains.

QUOI ?

Avant de commencer, qu'est-ce qu'un regret? «C'est reconnaître qu'on a fait une erreur, qu'on aurait mieux fait de faire autrement», explique David Redish, neuroscientifique à l'université du Minnesota.

Le regret est donc à distinguer de la déception, qui est le sentiment de ne pas avoir ce que l'on espérait.

Comme il est assez complexe d'étudier les émotions, ce sont plutôt les comportements qui en découlent ou leurs manifestations dans le cerveau qui sont l'objet des travaux des chercheurs.

Pour savoir si les rats étaient capables de regretter, Redish et son collègue Adam Steiner ont entraîné quatre rats à faire des choix entre plusieurs «restaurants». «On peut attendre au restaurant chinois et manger, ou on peut se dire "je laisse tomber, c'est trop long", et aller manger au restaurant indien de l'autre côté de la rue», indique Redish. C'est à un dilemme de ce type que les rats ont été confrontés.

Au centre du jeu, un cercle, duquel partaient quatre chemins différents. Au bout de trois d'entre eux, la récompense était bonne: une friandise soit à la banane, soit à la cerise, soit au chocolat. Mais au bout du quatrième, c'est l'échec: la nourriture n'a aucun goût.

Les rats avaient 60 minutes pour faire le bon choix. Il faut préciser qu'à chaque fois qu'un rat arrivait au bout d'un chemin, une sonnerie retentissait pour indiquer le temps qu'il allait devoir attendre pour obtenir sa récompense. L'attente pouvait être d'une à 45 secondes.

C'est là que tout se joue: soit le rat attend, soit il peut choisir d'avancer vers le prochain chemin. Il faut savoir que chacun de ces rats avait sa petite préférence en termes de nourriture. Comment les chercheurs le savent-ils? C'est simple: les rats étaient capables d'attendre plus longtemps pour leur nourriture favorite.

Venons-en aux regrets. Il arrivait que les rats prennent de mauvaises décisions. Parfois, ils renonçaient à une friandise qu'ils aimaient pour manger plus rapidement. Et lorsqu'ils réalisaient, au niveau du deuxième chemin, qu'ils allaient hélas devoir attendre plus longtemps, ils regrettaient alors d'avoir pris une mauvaise première décision.

COMMENT ?

Comment le sait-on? Les chercheurs ont pu observer trois comportements différents:

  • le rat se retournait (physiquement) vers le précédent «restaurant»
  • il était plus susceptible d'accepter de la mauvaise nourriture après avoir pris une mauvaise décision
  • au lieu de prendre leur temps pour manger, il engloutissait la nourriture et passait au suivant

Pour Redish et son collègue, ce sont bien des comportements de l'ordre du regret.

Pour en être convaincus, les chercheurs ont aussi étudié l'activité neuronale de leurs rats. Ils se sont intéressés à deux parties du cerveau qui sont connues, chez les animaux tout comme chez les hommes, pour être impliquées dans la prise de décision et l'évaluation des potentiels enjeux: le cortex orbitofrontal et le striatum.

Certaines cellules s'activaient lorsque les rats étaient devant certaines friandises, ou entraient dans un restaurant. Lorsque les rats exprimaient du regret, ce sont les cellules qui s'étaient activées devant le restaurant précédent qui se mettaient en marche. Et lorsque les rats se retournaient vers leur mauvais choix, les neurones du cortex orbitofrontal devenaient vraiment actifs.

Évidemment, les rats ne vont pas exprimer des regrets pour les mêmes choses que les hommes. Mais après tout, souligne Redish, «nous ne sommes pas surpris par des cœurs ou des jambes similaires, alors pourquoi le serions-nous pour des structures du cerveau et des façons de penser identiques?»

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