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Nous, la gent masculine, avons tous ressenti un jour le grand frisson pour l'une de nos enseignantes. Moi, c'était en 1re année B, avec Mlle Rheault. À mes yeux, cette créature de rêve soutenait presque la comparaison avec la Sainte Vierge en plastique que j'avais rapportée de la boutique de souvenirs de l'oratoire Saint-Joseph.
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Nous, la gent masculine, avons tous ressenti un jour le grand frisson pour l'une de nos enseignantes. Moi, c'était en 1960, en 1re année B, avec mademoiselle Rheault. Je tombais en pâmoison devant cette jeune femme et je buvais ses paroles jusqu'à plus soif. À mes yeux, cette créature de rêve soutenait presque la comparaison avec la Sainte Vierge en plastique que j'avais rapportée de la boutique de souvenirs de l'oratoire Saint-Joseph, c'est vous dire comme elle comptait.

J'étais quand même conscient que du haut de mes sept ans, avec mes cheveux courts, ma maudite rosette et, surtout, mes oreilles décollées, l'histoire n'irait pas chier loin. N'empêche que je possède une photo d'elle au jour béni de ma première communion. Elle se tient debout à mes côtés, alors que je suis agenouillé sur un prie-Dieu, comme une grenouille de bénitier qui n'attendrait qu'un baiser pour se transformer en prince... Mademoiselle Rheault pose la main sur mon épaule et me regarde d'un air attendrissant, alors que moi je cache mon jeu en feignant de lire dans un missel. Ma maîtresse! (soupir)

C'est fou, mais maintenant que j'atteins mes soixante berges, je ne peux encore imaginer mademoiselle Rheault autrement qu'en jeune institutrice. Il suffit que je ferme les yeux pour ressentir son souffle sur moi, humer le parfum de son savon Baby's Own et m'abandonner à sa main de velours posée sur mon épaule... Mais, ô catastrophe! Je ne peux me figurer dans ce tableau idyllique autrement qu'en vieux chnoque et, du coup, l'image s'évanouit.

Treize ans et des poussières plus tard, mon ami Marco foulait le chic Read Building de l'UQAM à la recherche d'un grade universitaire, et, tout comme moi, rassurait ses géniteurs sur les nombreux débouchés qu'un diplôme en lettres ne manquerait pas de lui procurer. Ses parents, tout autant que les miens, n'ayant pas eu la chance de fréquenter longtemps l'école du rang, n'eurent pas de misère à le croire sur parole. C'est donc une fois à l'université que Marco découvrit sa mademoiselle Rheault. Elle s'appelait Madeleine Gagnon. Elle était professeure et pourvue d'un joli minois pour lequel Marco s'était entiché. Elle avait les cheveux courts et une frimousse que je qualifierais de tintinoise (ne cherchez pas dans le dictionnaire).

Quand venait le moment de faire son choix de cours, Marco s'informait d'abord de ceux qu'elle donnerait avant de s'y inscrire prestement. Bref, il était devenu accro pas à peu près et il avait les yeux dans la graisse de bines chaque fois qu'il l'apercevait au hasard d'un couloir ou d'un ascenseur. C'est pour cela qu'il rôdait aux alentours de son bureau juste pour se faire remarquer. Mais le hic est que le cœur de Madeleine (il ne l'appelait plus que par son petit nom) battait déjà pour un autre Roméo, en l'occurrence un prof de science-po spécialiste du grand Antonio (pas l'homme fort qui vendait des crayons dans le métro de Montréal, mais l'autre, le révolutionnaire antifasciste). Ah que Marco pouvait détester ce rival, par trop blindé intellectuellement pour pouvoir l'affronter en duel, même s'il tenta néanmoins de le mettre KO en multipliant les visites de nature «pédagogique» au bureau de Madeleine.

À l'époque, mon ami bénéficiait d'une bourse qu'il se devait d'utiliser parcimonieusement s'il ne voulait pas se retrouver sur la paille à manger du foin en fin du mois. Sauf qu'il était aussi habile avec ses finances qu'un manchot ne l'est à lacer ses bottines ou qu'un cul-de-jatte à remporter un concours de danse à la claquette. Sitôt son chèque arrivé, il le dépensait séance tenante. Le brave Marco se nourrissait de livres de Julia Kristeva, Sollers, Derrida, Lacan et tutti quanti, qui lui coûtaient une beurrée, et de pizzas qu'il obtenait en comparaison pour une bouchée de pain.

Alors que d'autres se seraient satisfaits d'un logement bon marché, Marco voyait grand et il s'était trouvé une chambre spacieuse au dernier étage d'un immeuble cossu du centre-ville, d'où il pouvait admirer le monde à ses pieds... Sauf que cela lui coûtait la peau des fesses et qu'il n'en avait pas les moyens. Je me souviens d'un samedi en matinée où il avait réuni quelques amis pour partager une pizza gargantuesque et qu'une fois bien repus, il nous avait fait part de son loyer impayé depuis trois mois! Il avait imploré notre aide pour qu'on le déménage à la va-vite, que l'on prenne ses cliques et ses claques sans attirer les soupçons du concierge, qui avait à l'œil les mauvais payeurs, vers une planque qu'il avait dénichée à quelques rues de là.

Heureusement qu'il n'avait aucun meuble à déplacer, mais que du linge, beaucoup de linge, de la vaisselle, des tonnes de livres et des notes pêle-mêle. On avait quand même dû faire une bonne couple de va-et-vient entre le chic toit du monde et le coqueron où il logerait désormais pour trois fois rien. Nous marchions rapidement rue Sherbrooke à la queue leu leu comme des pieds nickelés en cavale, tenant dans les bras, qui des livres, des notes de cours ou une brassée de linge sale.

Marco n'était pas tiré d'affaire pour autant et il dut grappiller à gauche et à droite pour y arriver. Il n'avait pas trouvé mieux que d'aller quémander aux profs fortunés les dollars dont il avait besoin pour sa survie. Généreux pour la plupart, je pense entre autres à Gilles Therrien et Noël Audet, plus d'un lui donnèrent un 20 dollars, parfois deux, et tous insistaient pour ne pas qu'il rembourse (et, sous-entendu, pour ne pas qu'il revienne non plus).

Bien sûr, Madeleine figurait parmi ses créanciers attitrés. Alors que d'aucuns auraient hésité, se gardant comme on dit une petite gêne, lui, au contraire, mettait de l'entrain à aller la solliciter, mettait les bouchées doubles pour la surprendre dans son bureau. Les voies de Marco sont parfois impénétrables. Il profitait de ces visites auprès de sa douce pour lui faire la cour, lui faire de beaux yeux, la charmer... en se disant qu'un jour elle finirait par saisir son manège, par craquer, qu'ils iraient prendre un verre, puis deux, et que sais-je encore... Marco avait de l'imagination à revendre. Mais ce jour-là n'arriva jamais, car le joli minois prit un jour une année sabbatique... À moins que ce ne soit Marco qui obtint son diplôme (ce n'est pas très clair dans ma mémoire d'éléphant amnésique).

40 ans ont passé depuis.

Récemment, Marco me téléphonait de sa résidence de rêve dans Charlevoix, avec vue sur le Massif (on est loin de l'indigence des commencements), pour me parler de choses et d'autres, de ses poèmes (il est bourré de talent) et du récent livre de Madeleine Gagnon - Depuis toujours (paru chez Boréal) - qu'il venait d'acheter. «Savais-tu cela, toi, que Madeleine était aux femmes?» Il l'avait appris dans le livre et il me le disait d'un ton quasi jubilatoire... Chez lui, l'expression «être aux femmes» ne contient aucune connotation homophobe, rassurez-vous, mais elle renvoit aux années 70, d'avant la rectitude langagière, dont nous sommes aujourd'hui si friands.

D'apprendre que Madeleine était sortie du placard le soulageait d'un poids, comme si la vérité avait mis 40 ans avant d'éclater au grand jour. Elle pouvait bien lui avoir échappé, ni avoir cédé à ses avances passionnées, puisqu'elle avait caché ses véritables et inavouables intentions. Et lui qui s'était morfondu pendant tout ce temps et avait peut-être même douté de lui, de son irrésistible pouvoir d'attraction. Il pouvait maintenant savourer sa semi défaite et ressasser dans son esprit pour les quelques quarante ans à venir (car il entend bien mourir centenaire) que derrière le joli minois se dissimulait une femme imprenable! Mince consolation.

Si ça se trouve, est-ce que quelqu'un aurait entendu de quoi sur mademoiselle Rheault?

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