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Quel sera le legs du Parti conservateur? Certainement pas plus de transparence, l'enjeu principal sur lequel il avait fait campagne en 2011.
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«Aucun héritage n'est aussi riche que l'honnêteté», affirme Mariana dans la tragicomédie Tout est bien qui finit bien de William Shakespeare.

Après presque dix ans de règne, quel sera le legs du Parti conservateur au peuple canadien?

Deux récessions, une hausse fulgurante de la dette, une réputation ternie à l'international, etc., mais certainement pas plus de transparence - l'enjeu principal sur lequel il avait fait campagne en 2011.

Dans la tragicomédie montée par Stephen Harper et ses troupes, les Canadiens ont de moins en moins accès à l'information. Il devient ainsi plus difficile pour les citoyens et citoyennes de prendre des décisions justes et éclairées. Mais qui a besoin de faits quand on peut se fier à l'idéologie?

Prioriser l'idéologie au-delà de la raison semble avoir dicté le destin de Stephen Harper. Comme l'illustre l'ambitieuse biographie du journaliste John Ibbitson sur le premier ministre, M. Harper n'a jamais été enclin à suivre les faits, particulièrement lorsqu'ils allaient à l'encontre de son opinion.

Ainsi, cet homme d'une rare intelligence a toujours remis les autorités en question, allant même jusqu'à trahir ses proches et alliés afin de démontrer la suprématie de sa pensée. Ibbitson écrit même que si Stephen Harper rencontrait Stephen Harper, il le détesterait probablement.

Connaissant mieux le premier ministre, il semble donc naturel que son gouvernement ait autant de mépris envers la vérité. Pour ceux qui en douteraient encore, voici quelques exemples.

Sourde oreille aux journalistes

C'est bien connu que les conservateurs n'aiment pas les journalistes. En fait, ils choisissent de plus en plus de lieux très particuliers pour dévoiler leurs annonces, le but étant évidemment de limiter les questions dérangeantes. La pratique est tellement gênante pour les journalistes qui essaient de pratiquer leur métier que nombreux, comme Vincent Marissal de La Presse ou Justin Ling de Vice, se sont questionnés à savoir s'ils ne devraient tout simplement pas boycotter les conservateurs.

Durant la campagne électorale, Stephen Harper a gratifié les médias de cinq questions à chaque événement qu'il tenait. Quatre de ces questions pouvaient être posées par des journalistes nationaux, et une question par un journaliste local. Comble du ridicule, pour avoir le droit de poser une question à titre de journaliste national, il faut être prêt à débourser une somme considérable, allant de 3 000$ par jour, 12 500$ par semaine ou 78 000$ pour l'entièreté de la campagne.

Il est donc impossible pour un média de plus petite taille ou un journaliste indépendant de poser une question à M. Harper. Par ses pratiques, le gouvernement Harper démontre qu'il existe des méthodes beaucoup plus subtiles qu'une force cœrcitive pour censurer les médias.

Cachez ces faits que je ne saurais voir

Peu de décisions du gouvernement Harper auront été unanimement critiquées par la communauté scientifique comme l'abolition du recensement long obligatoire. Ce recensement long permettait de mieux cibler les poches de pauvreté au Canada, de comprendre de quel milieu économique et culturel les gens les plus démunis provenaient et, ainsi, créer des programmes adaptés à ceux qui le nécessitaient.

Depuis 2011, l'année qui marque la fin de ce programme, il n'y a plus de pauvreté au Canada, ironisent les statisticiens.

En effet, comme les plus démunis sont souvent moins portés à répondre aux recensements non obligatoires, ils sont devenus sous-représentés dans les statistiques compilées par Statistique Canada. Il est donc devenu très difficile de mesurer les conséquences des mesures du gouvernement Harper, et ce dernier doit probablement s'en réjouir.

Mère nature en eau trouble

Le respect de l'environnement n'a jamais fait partie des priorités de Stephen Harper. Sous son gouvernement, le Canada a été le seul pays à se retirer du protocole de Kyoto. Lorsqu'on sait qu'Harper a écrit que cet accord était un complot socialiste avant qu'il ne se présente comme chef du Parti conservateur, on est moins surpris.

Plutôt qu'assumer le fait que son gouvernement laisse libre cours à des développements polluants, l'équipe d'Harper s'est assurée qu'on ne puisse plus connaître les conséquences environnementales de nouveaux développements économiques, comme le démontre l'avocat Martin Olszynski dans une étude qui vient de paraître, intitulée From 'Badly Wrong' to Worse.

En effet, en amendant la Loi sur les pêches en 2012, il n'est plus nécessaire de faire d'évaluation environnementale lorsqu'un nouveau projet interfère avec nos lacs et rivières, comme cela serait le cas avec un projet d'oléoduc. Rappelons que cette décision avait été décriée par plus de 600 scientifiques.

Il est clair que Stephen Harper se soucie peu des faits et aimerait mieux que vous ne les connaissiez pas. Au-delà de ses préférences politiques personnelles, il est plus que temps de remettre en place un gouvernement transparent, comme le NPD, qui respectera l'intelligence de ses concitoyens.

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Quelques controverses du gouvernement Harper
La réforme de l’assurance-emploi(01 of15)
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Le gouvernement de Stephen Harper a adopté, à la fin de 2012, sa réforme de l’assurance-emploi afin d’intensifier les efforts de recherche d’un travail chez les prestataires. Les conservateurs ont minimisé les critiques disant que ces changements mèneraient des travailleurs qualifiés à accepter des emplois loin de leurs compétences ou… de leur maison. La grogne contre Ottawa n’a fait que s’intensifier à ce sujet depuis le début de 2013. (credit:PC)
Idle No More(02 of15)
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C’est à la fin de 2012, après l’adoption du projet de loi C-45, qui viole des traités ancestraux selon les autochtones, que les Premières Nations débutent le mouvement de protestation Idle No More. Le 11 décembre 2012, la chef crie Theresa Spence entreprend une grève de la faim, souhaitant une rencontre avec le premier ministre Harper. Le silence et l’inaction du gouvernement sont décriés par plusieurs, d’autant plus que, pendant ce temps, le premier ministre reçoit à son bureau les gagnants de la téléréalité Occupation double. Les Premières Nations réclament toujours un vaste chantier sur leurs conditions et leurs droits. (credit:PC)
Le débat sur l’avortement refait surface(03 of15)
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En septembre 2012, un député conservateur d’arrière-ban lance un pavé dans la mare en déposant une motion sur le statut du fœtus. La motion est rejetée, mais l’appui de 91 députés, dont la ministre de la Condition féminine Rona Ambrose, inquiète certaines personnes qui craignent la réouverture du débat sur l’avortement. Le premier ministre balaie cette possibilité en réaffirmant la légalité de l’avortement au pays.
Le registre des armes d’épaule aboli(04 of15)
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Arguant qu’il était désuet et coûteux et qu’il faisait passer les «chasseurs pour des criminels», les conservateurs ont profité de leur majorité pour voter un projet qu’il leur était cher depuis longtemps : l’abolition du registre des armes d’épaule et de ses données. Les réactions ont été vives, surtout au Québec et chez les groupes de victimes de crimes armés. Québec a demandé le rapatriement des données pour créer son propre registre. (credit:Alamy)
La reine au goût du jour(05 of15)
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En juillet 2011, le ministre John Baird remplace des tableaux d’Alfred Pellan par un portrait de la reine, aux bureaux du ministère des Affaires étrangères. Au cours de la même année, plusieurs gestes sont posés pour remettre la royauté au goût du jour. La Défense appose le mot «royale» à la marine et à la force aérienne du Canada et les ambassades canadiennes sont sommées d’ajouter un portrait d’Élisabeth II à leurs murs.
Des statistiques moins précises(06 of15)
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En 2010, le gouvernement a décidé de mettre fin à l’obligation pour les Canadiens de remplir le formulaire long lors du recensement, qui se fait tous les cinq ans. Cette politique était en vigueur lors du dernier coup de sonde, en 2011, privant ainsi les statisticiens de nombreuses données précieuses.
Le G20 à Toronto(07 of15)
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Les coûts pour la sécurité ont atteint près d’un milliard de dollars. Le choix de tenir le sommet du G20 au centre-ville de Toronto avait été vertement critiqué. Des dépenses extravagantes à Huntsville, pour le sommet du G8 qui avait précédé, avaient aussi été décriées. Mais ce sont les quelque 1100 arrestations massives, les plus importantes de l’histoire du pays, qui ont marqué l’imaginaire collectif. (credit:Getty Images)
Le fiasco des F35(08 of15)
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En 2010, le gouvernement conservateur annonce l’intention de remplacer ses vieux jets CF18 en faisant l’acquisition de 65 nouveaux F35. Coût de l’opération : 16 G$. Après de nombreux débats aux Communes et un rapport indiquant que les coûts s’élèveraient plutôt à 45 G$, les conservateurs ont choisi de freiner le projet et de revenir à la case départ. Pour le moment, on prévoit débloquer des fonds pour maintenir la flotte de CF-18 en opération jusqu’en 2020.
Le dossier Omar Khadr(09 of15)
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Le Canada a été montré du doigt pour avoir tardé à rapatrier au pays Omar Khadr, emprisonné à Guantanamo depuis 2002 et reconnu coupable, en 2010, de crimes de guerre qu’il a commis à l’âge de 15 ans. Khadr était le dernier ressortissant d’un pays occidental prisonnier à Guantanamo. Lors de son retour au Canada, en septembre 2012, il s’était écoulé un an depuis le moment où son rapatriement avait été permis. (credit:AFP)
Des journalistes contrôlés?(10 of15)
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Depuis son arrivée au pouvoir, Stephen Harper ne s’est pas fait d’amis auprès des journalistes. Dès ses premières conférences de presse, le premier ministre est critiqué sur le nombre de questions auxquelles il répond. Les professionnels de la presse condamnent aussi les difficiles demandes d’accès à l’information et le fait que certaines personnes, comme les ministres ou les fonctionnaires scientifiques, soient difficiles à rejoindre. (credit:PC)
Le retrait de Kyoto(11 of15)
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Stephen Harper a déjà indiqué que le protocole de Kyoto était un complot socialiste qui visait à soutirer de l’argent aux pays riches. Pas surprenant, donc, qu’en décembre 2011, après avoir ignoré maintes fois ses cibles, le Canada se retire officiellement de Kyoto. Dans les grandes réunions environnementales, le Canada s’attire la foudre de la communauté internationale et rafle bon nombre de prix fossiles. (credit:AFP)
Durcissement des lois(12 of15)
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La position des conservateurs sur les jeunes contrevenants et sur les questions carcérales a divisé les Canadiens. Si plusieurs se réjouissent que le parti de Stephen Harper ait tenu ses promesses en durcissant certaines lois, d’autres croient que l’on devrait investir dans des programmes sociaux et des mesures de prévention. Le projet de loi C-10, adopté début 2012 et qui durcit les peines de certains crimes en plus de rendre le pardon plus difficile, a été vivement critiqué. Le projet C-30 sur la surveillance Internet a pour sa part été abandonné en février 2013, après plus d’un an de débats et de controverses.
Nominations unilingues(13 of15)
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En octobre 2011, Stephen Harper nomme Michael Moldaver, un juge unilingue anglophone, à la Cour suprême du Canada. En 2006, alors qu’il est au pouvoir que depuis un mois, le premier ministre avait posé un geste similaire. La nomination de Michael Ferguson, aussi unilingue anglophone, au poste de vérificateur général, en novembre 2011, avait ajouté l’insulte à l’injure et rouvert le débat sur le bilinguisme. (credit:PC)
Les artistes en colère(14 of15)
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Les artistes n’ont jamais été de fervents défenseurs des politiques des conservateurs. Dès 2008, des chanteurs, acteurs et autres artistes se liguent et présente la vidéo Culture en péril. Ils dénoncent les coupures dans le milieu de la culture et, plus tard, les politiques qui nuisent aux droits d’auteur. Les coupes dans les budgets de nombreux organismes, dont Radio-Canada, mettent également le feu aux poudres. (credit:Capture d'écran)
La prorogation(15 of15)
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Fin 2009, le premier ministre Harper choisit de fermer la Parlement. Résultat? Les députés ne siégeront pas pendant 63 jours. On veut reprendre les travaux une fois les Jeux de Vancouver passés. Mais plusieurs indiquent que les conservateurs souhaitent faire tomber la poussière sur le transfert de détenus afghans. Fin 2008, Harper avait également demandé la prorogation – qu’il obtint – à la gouverneure générale Michaëlle Jean, alors que son gouvernement minoritaire est menacé par une coalition formée par les libéraux de Stéphane Dion et les néo-démocrates de Jack Layton et appuyée par les bloquistes de Gilles Duceppe. (credit:PC)

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