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Petite histoire de la drogue et son avenir dans nos vies

Qui décide de l'acceptabilité sociale d'une substance? C'est la société elle-même qui offre un jugement moral sur un produit donné, alors pourquoi légiférer?
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Qui décide de l'acceptabilité sociale d'une substance ? C'est la société elle-même qui offre un jugement moral sur un produit donné, alors pourquoi légiférer ? Si ce n'est que pour contrôler une frange de la société. Soyons honnêtes, au niveau pharmacologique, même la vitamine C est considérée comme un psychotrope, puisqu'elle agit sur le système nerveux central, alors ? Allons-nous mener une campagne médiatique et politique pour l'interdire ?

En règle générale, la prohibition d'une substance illicite (ou d'un psychotrope) se pose lorsque cette dernière est adoptée par une société et intégré socialement, elle peut devenir banaliser et domestiquer. Selon Beauchesne (1991), la prohibition est surtout une histoire américaine. Le contexte économique difficile y est pour quelque chose, puisqu'il fallait défendre les intérêts économiques américains.

Nous vivons clairement dans des états policiers, ayant une vision rétrograde de la loi et ne faisant aucune distinction entre un consommateur récréatif et un consommateur malade ou un vendeur grossiste et un revendeur de quartier. Dans certains pays, la simple consommation d'un joint peut mener à la même sentence juridique qu'un acte criminel grave.

Les gouvernements mondiaux mènent une lutte acharnée à la drogue. Ils entretiennent une guerre à la fois aux consommateurs qu'aux barons des drogues. Allant même, dans certains pays, appliquer une répression violente vis-à-vis des consommateurs, tout en épargnant les barons de la drogue, détaillants comme grossistes.

La prohibition est avant tout basée sur le racisme à l'égard des minorités et sur les intérêts économiques d'un gouvernement.

Même si les plus dépendants aux drogues, selon Beauchesne(1991), faisaient partie de la haute société, c'est-à-dire des médecins, des artistes et des politiciens... Ce sont les plus pauvres de la société qui en souffraient le plus. Ceci renforce la perception de la population qui associe la délinquance et la pauvreté avec la consommation de drogues.

Dans l'histoire américaine, chaque minorité ethnique était associée à une drogue. Les noirs à la cocaïne, les Mexicains à la Marijuana et l'opium aux Asiatiques ...

Si les noirs se rebellaient, c'est à cause de la consommation de la cocaïne, voilà comment le gouvernement voyait la situation. Il faisait fi de leur situation économique, sociale et identitaire aux États-Unis. C'est ainsi que la cocaïne fait son entrée dans le Harisson Narcotic act en 1914.

Quant aux Mexicains, Beauchesne(1991), nous révèle qu'ils constituaient une main d'œuvre accessible pour les entrepreneurs américains, au sud du pays. Lorsque ces travailleurs, connus pour leurs fumettes de Marijuana, fondaient des syndicats pour la défense de leurs droits, le législateur ne trouve que la prohibition du cannabis pour les mater. C'est ainsi que le congrès vote sans difficulté la loi prohibitive du cannabis en 1937.

Et maintenant... ?

Les lois prohibitives n'ont ni assuré une paix sociale ni encouragée les populations à cesser de consommer les psychotropes illicites, bien au contraire, l'interdit attire les jeunes et le crime organisé.

Au niveau mondial, le Haschich marocain continue d'être cultivé et concurrence avec brio, et déclasse avec raison, le haschich de la Bekaa libanaise. Idem pour la cocaïne colombienne qui défie toute concurrence du Pérou ou de la Bolivie. Quant à l'opium afghan, sa culture a explosé depuis l'invasion américaine. Alors, que faire ? Qui engager ?

De moins en moins, la classe politique s'appuie sur des lois désuètes pour combattre la toxicomanie, c'est un fait. Cependant, et c'est le paradoxe de la situation, elle continue de clamer la pertinence des lois pénales pour combattre le commerce illicite des drogues. Pourtant, les barons de drogues sont de moins en moins incarcérés, contrairement aux petits dealers de quartiers.

Les états doivent s'inspirer de l'expérience uruguayenne. Ce petit pays surprend les experts les plus conservateurs. Avec sa dépénalisation de l'interruption volontaire de grossesse (IVG), le mariage gai et la régulation du cannabis par l'État, l'Uruguay devient une terre progressiste par excellence.

L'état confisque aux malfrats leur rôle illicite au sein de la société. Dorénavant, il revient à l'état de réguler les activités de plantation, de culture, de récolte, de production et de commercialisation du cannabis. Le président Mujica démontre au monde entier que la répression et la prohibition n'offrent aucune perspective viable à long terme.

Heureusement, au canada, comme ailleurs, nous ne sommes guère loin d'avoir un élan social et politique en faveur de la dépénalisation des drogues et leur légalisation purement et simplement. Seuls les conservateurs de Steven Harper, les religieux puritains et la police se dressent contre cet élan.

Finalement, tant que le commerce de la drogue n'est pas régulé entre états, encadré selon des lois concises et universalisées, il restera propice à la criminalité et au terrorisme internationalisé. L'argent facile attire autant les gangsters institutionnalisés que les bandits du dimanche.

Matériellement, c'est le contribuable qui perd au change ; humainement, c'est le consommateur qui devient paumé; Et socialement, c'est la société qui paie le prix fort de son mutisme face à ce dossier pas si laborieux que les politiciens semblent faire croire aux peuples.

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Légaliser le cannabis: pour ou contre?
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Faut-il mettre fin à la guerre contre le cannabis? Retrouvez les cinq raisons invoquées par les partisans d'une dépénalisation, voire de la légalisation du cannabis en France et les cinq arguments de leurs adversaires. (credit:Flickr:aforero)
POUR: parce que la répression n'empêche pas la consommation(02 of11)
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Les partisans de la légalisation jugent que la répression de la consommation et de la vente du cannabis a clairement échoué: entre 2007 et 2011, les usages déclarés de cannabis des jeunes Français ont fortement augmenté de 15 % à 24 %, selon des chiffres de l'OFDT. Selon Michel Gandilhon (OFDT), il y aurait entre 100.000 et 200.000 cannabiculteurs en France qui cultivent souvent pour leur propre consommation. La France produirait 30 tonnes d'herbe de cannabis par an. (credit:AFP)
CONTRE: parce que le cannabis reste une drogue(03 of11)
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S'il n'existe pas de cas de mort par overdose de cannabis, sa consommation peut entraîner des troubles psychiques, anxieux ou dépressifs. La légalisation du cannabis reviendrait à encourager le syndrome dit "amotivationnel", état d'apathie dans lequel le consommateur de cannabis peut être plongé. (credit:AFP)
POUR: parce que fumer à des vertus thérapeutiques(04 of11)
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L'usage de la marijuana à des fins médicales remonte à l'Egypte ancienne. Autorisé dans plusieurs pays ou Etats, dont la Californie, il serait efficace pour lutter contre l'épilepsie et les effets secondaires des traitements cancéreux (nausées, vomissements). Le cannabis a également des propriétés anti-douleur. (credit:AFP)
CONTRE: parce que fumer au volant est mortel(05 of11)
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Les conducteurs sous influence du cannabis ont 1,8 fois plus de risques d’être responsables d’un accident mortel que les conducteurs négatifs (ce sur-risque est de 15 en cas deconsommation conjointe d’alcool). Sur une base de 6 000 accidents mortels, le nombre annuel de victimes lié à une conduite sous l’emprise de cannabis serait de 230 décès, selon l'OFDT. (credit:AFP)
POUR: afin de court-circuiter les dealers(06 of11)
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Réguler la consommation et la vente de cannabis permettrait de couper l'herbe sous le pied des quelques 100.000 petits dealers recensés en France, selon les chiffres de Christian Ben Lakhdar, économiste des drogues à l'Université catholique de Lille. Ces dealers gagneraient entre 4.500 et 10.000 euros par an. Le chiffre d'affaires annuel du trafic est estimé entre 700 millions et un milliard d'euros. Mais ses opposants rappellent que légaliser un marché ne fait pas disparaître les trafics pour autant, comme le montre le boom des cigarettes de contrebande. (credit:Flickr:ukhomeoffice)
CONTRE: parce que légaliser doperait le trafic de drogues dures(07 of11)
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C'est un des arguments massue des détracteurs d'une légalisation du cannabis: les consommateurs de cannabis évolueraient plus facilement vers la consommation de drogues dures. La théorie dite "de la porte d'entrée" n'a toutefois jamais été prouvée scientifiquement, les déterminants de la toxicomanie étant à une immense majorité sociaux ou familiaux. (credit:Flickr:acidpix)
POUR: afin de garantir la qualité du produit(08 of11)
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La légalisation permettrait de mieux contrôler la qualité des produits distribués en France, voire d'imposer une baisse du taux de THC (la propriété active du cannabis). C'est la position que défend Daniel Vaillant, ancien ministre de l'Intérieur socialiste. (credit:AFP)
CONTRE: parce que les Français n'en veulent pas(09 of11)
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L'opinion a toujours été hostile au principe de la dépénalisation. Selon un sondage Ifop réalisé en juin dernier, 70% des Français sont hostiles à la dépénalisation du cannabis. 67 % étaient contre en 1996 et 66 % en mars 2002. Si l’adhésion à la légalisation est plus répandue chez les jeunes, elle y demeure néanmoins minoritaire.En revanche, , les trois quarts des Français se disaient favorables à l’usage thérapeutique du cannabis en 2002. (credit:AFP)
POUR: parce que l'Etat y gagnerait financièrement(10 of11)
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Selon l’économiste Pierre Kopp, professeur à l’université Paris-I, une légalisation du cannabis, avec une taxe fixée par l’Etat comme pour le tabac, rapporterait 1 milliard d’euros à la collectivité.Par ailleurs, le coût social d'une interpellation pour usage de cannabis est estimé à 3.300 euros (temps de travail des policiers, procédures, etc.). Tant et si bien que la dépénalisation pourrait faire économiser "300 à 400 millions d’euros par an", selon Christian ben Lakhdar. Autant d'argent qui pourrait être réorienté vers la prévention. (credit:AFP)
CONTRE: Le contre-exemple des Pays-Bas(11 of11)
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Les expériences étrangères en matière de dépénalisation n'ont pas apporté la preuve qu'elles étaient une solution miracle contre la drogue. Selon la Mildt (Mission interministérielle de lutte contre la drogue), les Pays-Bas, face aux limites de leur politique dite "de tolérance" en matière de cannabis, ont annoncé un durcissement de leur législation et prévoient de restreindre drastiquement l'accès aux coffee-shops en les transformant en clubs privés réservés aux seuls résidents réguliers. (credit:Flickr:jlantzy)

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