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Peut-on accorder une quelconque valeur aux études citées par les pétrolières?

Taire les effets des sur les gaz à effet de serre en amont et en aval du pipeline est inacceptable sur le plan scientifique. C'est pourtant ce que fait TransCanada.
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Qui dit vrai? C'est la question que pose l'éditorial du Devoir daté du 12 août au sujet des études et contre-études qui sont citées dans la propagande des pétrolières. On en trouvera une illustration dans l'article « TransCanada rectifie certains faits » de Philippe Cannon, qui fait des liens entre le pipeline Keystone XL et l'émission de GES. Dans tous ces arguments « pour » et « contre » l'exploitation des sables bitumineux, il règne un tel fouillis qu'une chatte n'y retrouverait pas ses petits. Le lecteur moyen, qui n'a pas le temps de faire une analyse poussée, est nécessairement perplexe. Je lui conseille plutôt de se fier au gros bon sens pour faire le tri entre les faits et la propagande qui sert les intérêts financiers de firmes comme TransCanada. Pour ce faire, analysons deux (parmi tant d'autres) des affirmations contenues dans ce « rectificatif ».

Lorsque M. Cannon écrit, citant une étude, que « ...Keystone XL n'aurait pas de répercussion significative sur le taux d'extraction dans les sables bitumineux... », le lecteur peut se demander pourquoi les compagnies pétrolières se démènent comme des diables dans l'eau bénite pour bâtir Northern Gateway vers l'ouest (525 000 barils/jour), TransCanada Est (1 100 000 barils/jour) vers l'océan Atlantique et Keystone XL (800 000barils/jour) vers le sud. Sans oublier l'inversion de la ligne 9B d'Enbridge! Est-ce que cela pourrait avoir une relation avec l'objectif avoué de l'industrie de doubler (sinon tripler) sa production dans les sables bitumineux d'ici 2030? M. Cannon croit-il que le lecteur a une poignée de valise dans le dos?

« ...[L]'oléoduc Keystone XL n'aurait aucun effet majeur sur les émissions de gaz à effet de serre... ». D'une façon très restrictive, c'est vrai qu'il n'y a pas d'émission de GES lorsque le pétrole est à l'intérieur du tuyau (si on exclut les stations de pompage). Mais en refusant de tenir compte des GES produits lors de l'extraction, du raffinage, du transport et de la combustion de ce pétrole, n'y a-t-il pas là une politique de l'autruche qui se cache la tête dans le sable? Peut-on délibérément ignorer l'empreinte écologique totale des sables bitumineux? On sait aussi que l'Office national de l'énergie veut exclure les GES en aval et en amont lors des audiences concernant TransCanada Est. Ignorer les faits ne les a jamais fait disparaître!

J'invite le lecteur intelligent à contre-vérifier les autres affirmations dans le texte de M. Cannon.

Comme toute propagande, le « rectificatif » de M. Cannon contient quelques mini-particules de vérité, et une opinion dogmatique en faveur de l'expansion exponentielle de son industrie; mais tous les faits qui ne correspondent pas à ses intérêts égoïstes sont systématiquement ignorés. Taire les effets des GES en amont et en aval du pipeline est inacceptable sur le plan scientifique. Pourtant, son industrie le fait tant et si bien que, selon le dernier numéro de la revue Popular Science, un sondage démontre qu'un Américain sur deux ne croit pas que les humains soient responsables des changements climatiques, et ce, malgré le fait que 98 % des scientifiques en sont persuadés. À la page 58, la revue ajoute que ce consensus au sujet des GES est plus important que dans le cas du lien entre la fumée de cigarette et le cancer du poumon [i].

De façon globale, qui a intérêt à ce déni des faits? Poser la question, c'est y répondre!

i] Popular Science, édition papier [en anglais], septembre 2014, pp. 56 et suivantes

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Comprendre les projets de pipelines
Prolongement du North East — Access Pipeline(01 of07)
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Longueur : 297 km. \n\nCapacité : 350 000 barils par jour de bitume dilué. \n\nInvestissements : non-disponible.\n\nExpansion d\'un système d\'oléoducs déjà en service. De Conklin, lieu d\'extraction des sables bitumineux, jusqu\'au terminal Sturgeon, près de Redwater, tous deux en Alberta. \n\nLe projet est peu controversé puisque d\'autres pipelines existent déjà, presque sur les mêmes tracés. La construction est donc déjà amorcée. \n\nSource : Canadian Energy Pipeline Association
Northern Gateway — Enbridge (02 of07)
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Longueur : 1,177 km\n\nCapacité prévue : 525 000 barils de pétrole par jour\n\nInvestissements : 5,5 milliards de dollars\n\nEnbridge cherche à exporter du pétrole vers la Chine depuis un terminal sur la côte ouest. \n\nLe projet est cependant sur la glace. Le gouvernement provincial de la Colombie-Britannique a refusé d\'y donner son aval, considérant qu\'Enbridge n\'a pas donné de réponse satisfaisante aux inquiétudes de la population et des Premières Nations. \n\nSource : Canadian Energy Pipeline Association
Ligne 9B — Enbridge(03 of07)
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Longueur : 639 km\n\nCapacité : 300 000 barils de pétrole par jour \n\nInvestissements : 110 millions de dollars (aucune nouvelle construction nécessaire)\n\nUn plan B qui devient crucial. Puisque le pétrole albertain se dirige vers une impasse avec deux projets freinés (Northern Gateway et Keystone XL), l\'industrie cherche des débouchés à l\'Est. Enbridge voudrait inverser le flux de l\'oléoduc existant, pour acheminer du pétrole de North Westover (Ontario) jusqu\'à Montréal. La compagnie Enbridge promet de fournir un pétrole brut moins dispendieux que celui actuellement importé de l\'étranger. \n\nLes environnementalistes déplorent que le pétrole des sables bitumineux soit particulièrement polluant. Quelques groupes ont également évoqué des inquiétudes sur la sécurité du transport, rappelant qu\'Enbridge a été reconnue responsable de plusieurs déversements aux États-Unis, dont celui de plus de 3 millions de litres au Michigan.\n\nLa décision est attendue au début 2014.\n\nSource : Canadian Energy Pipeline Association
Oléoduc Énergie Est — TransCanada(04 of07)
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Longueur totale : 4500 km \n\nCapacité : 1 million de barils de pétrole brut par jour\n\nInvestissements : 12 milliards de dollars \n\nL\'objectif est de convertir 3000 km de gazoduc en oléoduc entre l\'Alberta (Hardistry) et l\'Ontario et construire un pipeline supplémentaire de 1400 km jusqu\'à Saint-Jean au Nouveau-Brunswick. Le Québec deviendrait donc un endroit de transit. \n\nL\'étude du projet qui nécessite de nouvelles infrastructures d\'envergure pourrait être assez longue. Il ne démarrera pas avant 2017. \n\nSource : Canadian Energy Pipeline Association
Keystone XL — Trans Canada (05 of07)
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Longueur : nouveau tronçon de 2000 km. \n\nCapacité : 830 000 barils de pétrole par jour \n\nInvestissements : 7 milliards de dollars. \n\nL\'industrie albertaine des sables bitumineux cherche à exporter le pétrole de l\'Alberta jusqu\'aux raffineries du Texas, pour le marché américain. Le projet affronte de l\'opposition locale, puisque l\'on redoute que les impacts économiques soient faibles et parce que le pétrole des sables bitumineux est réputé très polluant. Le président Obama hésite à approuver cet oléoduc. \n\nSource : Canadian Energy Pipeline Association
Expansion du pipeline Trans Mountain — Kinder Morgan(06 of07)
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Longueur : 1150 km sont déjà en place, l\'expansion prévoit 980 km supplémentaires pour transporter du pétrole brut. \n\nCapacité : Faire passer la capacité de 300 000 à 890 000 barils par jour.\n\nInvestissements : 5,4 milliards de dollars\n\nIl s\'agit de doubler l\'oléoduc déjà existant pour en augmenter la capacité, en conservant à peu près le même tracé. Des inquiétudes ont été soulevées quant à la sécurité du transport par oléoduc, puisque des fuites des tuyaux de cette compagnie sont survenues à plusieurs reprises dans les dernières années. La plus récente anomalie, en juin 2013, aurait laissé échapper jusqu\'à 4000 litres.\n\nSource : Canadian Energy Pipeline Association
Programme « light oil access » — Enbridge(07 of07)
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Longueur : plusieurs projets. \n\nCapacité totale : acheminement d\'environ 400 000 barils supplémentaires par jour\n\nInvestissements : 6,2 milliards de dollars pour l\'évaluation préliminaire. \n\nEn réponse aux changements dans la production et la demande en Amérique du Nord, on veut approvisionner davantage les raffineries de l\'Ontario, du Québec et du Midwest américain. Au programme : expansion des canalisations, augmentation de la puissance de pompage et de la capacité des terminaux. Les différents projets devraient être sur pied entre 2014 et 2016.\n\nSource : Canadian Energy Pipeline Association
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