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Le choix des membres du PQ est simple: souhaitent-ils gouverner une province ou souhaitent-ils réaliser la convergence des forces indépendantistes?
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Les quatre candidats à la direction du Parti québécois se sont prononcés dans le Huffington Post Québec sur la question de la convergence indépendantiste. Trois des quatre candidats sont déconnectés des discussions qui se sont tenues à la table de concertation des Oui-Québec et des éléments qui permettront de réussir une telle convergence avant les élections de 2018. Voici donc mon analyse comme ex-membre de cette table, où je siégeais à titre de président national d'Option nationale.

Tout d'abord, il faut être clair : sans engagement à réaliser l'indépendance dans un premier mandat, il n'y aura aucune convergence. Québec solidaire et Option nationale l'ont tous deux déjà affirmé il y a plusieurs mois. Leur position est simple à comprendre : dans une élection où le débat se tiendrait uniquement sur un axe gauche-droite, aucun de ces partis n'a d'intérêts à laisser la place au Parti québécois. Québec solidaire occupe, seul, la gauche et prévoit réaliser des gains à ce niveau. De son côté, Option nationale rallie les indépendantistes assumés. Si le Parti québécois abandonne son objectif fondamental et préfère diriger une province, Option nationale s'attend à une augmentation de ses appuis.

Les péquistes les plus partisans affirmeront qu'Option nationale et Québec solidaire divisent le vote. Pourtant, depuis la création du Parti québécois en 1968, les Québécois savent qu'une seule chose peut unir les indépendantistes : un engagement clair à réaliser l'indépendance. Si les membres du Parti québécois souhaitent réellement une convergence des forces indépendantistes, ils doivent choisir un chef qui ne propose pas un débat sur l'axe gauche-droite, mais bien un débat indépendance-fédéralisme.

En proposant uniquement une alternative aux libéraux en 2018 et en démissionnant de l'indépendance, Jean-François Lisée s'est déjà disqualifié aux yeux des autres partis. Dès lors, il est inutile d'en parler plus longuement. Avec Lisée, la convergence est impossible.

La position face à l'indépendance de Paul St-Pierre Plamondon est, en pratique, très similaire à celle de Lisée. Dans son cas, cependant, il est utile de mentionner qu'il ne croit pas en la convergence et persiste dans le dogme que le Parti québécois doit vider les autres partis de leurs électeurs, reniant ainsi l'héritage de Pierre Karl Péladeau qui affirmait que le Parti québécois n'avait pas le monopole de l'indépendance. Le dossier est donc tout aussi rapide à fermer.

Le choix des membres du PQ est simple: souhaitent-ils gouverner une province ou souhaitent-ils réaliser la convergence des forces indépendantistes?

Alexandre Cloutier reprend l'héritage de Pierre Karl Péladeau. Cependant, cela n'empêche pas sa proposition de n'être rien de plus qu'un mirage. Il propose de décider 6 mois avant les élections si le Parti québécois s'engagera à réaliser l'indépendance. Bien qu'en théorie il puisse s'agir d'une approche intéressante, elle ne l'est aucunement en pratique. À ce moment, plusieurs investitures seront en cours au sein de tous les partis, surtout considérant la date fixe des élections. Dès lors, comment serait-il possible pour le Parti québécois de négocier avec Québec solidaire et Option nationale des ententes électorales qui satisferont tout le monde? Poser la question c'est y répondre.

Pire, Cloutier a le culot d'affirmer qu'il souhaite que les discussions autour de la table de concertation se poursuivent. Or, les six prochaines années ne seront rien d'autre qu'une perte de temps si aucun engagement à réaliser l'indépendance n'est pris par le Parti québécois. Ce parti tergiverse déjà depuis 20 ans. Si les membres du Parti québécois font de Cloutier leur chef, les indépendantistes en seraient donc quittes pour 26 ans à vivoter et à attendre. En conséquence, c'est l'ensemble du mouvement indépendantiste qui se trouverait pénalisé par le manque de pragmatisme et de leadership de Cloutier.

Martine Ouellet, de son côté, se distingue de ses opposants. En plus de respecter l'héritage de Pierre Karl Péladeau sur l'absence de monopole du Parti québécois, elle est la seule à proposer de réaliser l'indépendance du Québec dès la prise du pouvoir. En respectant ainsi la condition essentielle de Québec solidaire et d'Option nationale, elle accorde une réelle chance de réussite à la convergence et, de ce fait, à l'indépendance. De plus, sa prise de position rapide permettra aux membres des trois partis de se prononcer, dans leur congrès respectif, sur le contenu de ce qui aura été discuté. La convergence ne serait donc pas issue des establishments des différents partis politiques, mais bien de la volonté des membres. Cela favorisera la mobilisation et la création d'une cohésion entre des militants qui ont l'habitude d'être des opposants.

Mme Ouellet a aussi la capacité de rallier les membres, les militants et les députés du Bloc québécois. Cet élément est loin d'être négligeable, considérant que le seul parti indépendantiste à Ottawa peut attaquer tous les projets qui nuisent au Québec. De plus, il dispose d'une capacité de financement intéressante et d'une visibilité médiatique qui sera très utile au mouvement pour promouvoir les bienfaits de l'indépendance.

Somme toute, malgré l'importance de l'enjeu dans cette course à la direction du Parti québécois, le choix des membres est simple : souhaitent-ils gouverner une province ou souhaitent-ils réaliser la convergence des forces indépendantistes, prendre le pouvoir et construire un pays? S'ils préfèrent la seconde option, la candidature qui s'impose est celle Martine Ouellet.

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Qui pourrait devenir chef du PQ
ALEXANDRE CLOUTIER(01 of08)
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(Source: Radio-Canada)Alexandre Cloutier, ancien ministre délégué aux Affaires intergouvernementales canadiennes, à la Francophonie canadienne et à la Gouvernance souverainisteDeuxième dans la course à la direction du PQ en 2015, avec 29 % des votes, Alexandre Cloutier avait cherché à incarner le renouveau pendant sa campagne. Parmi les idées que ce jeune père de famille avait alors mises de l'avant : réduire le fardeau fiscal de la classe moyenne et surtout adopter une nouvelle approche pour réaliser l'indépendance du Québec, qui mettrait les citoyens au cœur de la démarche. Il proposait alors de déclencher un référendum seulement si 1 million de Québécois signaient un registre pour en réclamer la tenue. (credit:Alice Chiche/Le Huffington Post Québec)
ALEXANDRE CLOUTIER(02 of08)
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Alexandre Cloutier représente les électeurs de Lac-Saint-Jean depuis 2007, et il a notamment été ministre délégué aux Affaires intergouvernementales canadiennes, à la Francophonie canadienne et à la Gouvernance souverainiste dans le gouvernement de Pauline Marois.Une force : « l'effet Trudeau ». Certains analystes avancent qu'Alexandre Cloutier pourrait devenir le Justin Trudeau du PQ.Une faiblesse : il n'a pas encore fait ses preuves dans des dossiers litigieux. (credit:Alice Chiche/Le Huffington Post Québec)
JEAN-FRANÇOIS LISÉE(03 of08)
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Jean-François Lisée représente les électeurs de Rosemont depuis 2012. Il a notamment été ministre des Relations internationales, de la Francophonie et du Commerce extérieur sous le gouvernement Marois. Sur son profil Twitter, il se décrit comme « partisan de la gauche efficace, de l'écologie, de l'indépendance et du sens de l'humour ».En 2015, il s'est retiré de la course à la direction du parti avec le constat que Pierre Karl Péladeau avait déjà remporté la victoire. « Le Parti québécois veut vivre son moment Pierre Karl Péladeau jusqu'au bout. Il faut l'accepter et souhaiter que ce moment nous mène à des victoires », a alors conclu M. Lisée. (credit:Jacques Boissinot/La Presse canadienne)
JEAN-FRANÇOIS LISÉE(04 of08)
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Une force : il a démontré son efficacité à l'Assemblée nationale.Une faiblesse : il a peu d'appuis du caucus et des militants. (credit:Jacques Boissinot/La Presse canadienne)
MARTINE OUELLET(05 of08)
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Avant d'être élue dans la circonscription de Vachon en 2010, elle travaillait pour Hydro-Québec et militait au sein de l'organisme Eau Secours. Elle a notamment été ministre des Ressources naturelles dans le gouvernement Marois.Martine Ouellet est arrivée en troisième place lors de la précédente course à la direction du PQ, en 2015, en récoltant 13 % des votes. Cette militante de longue date a alors promis un référendum dès son premier mandat. Selon elle, le PQ doit s'assumer et miser plus que jamais sur l'indépendance. (credit:Aliche Chiche/Le Huffington Post Québec)
MARTINE OUELLET(06 of08)
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Une force : militante de la première heure.Une faiblesse : on la décrit comme rigide. (credit:Alice Chiche/Le Huffington Post Québec)
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Auteur de l’essai Les orphelins politiques, l’avocat et essayiste Paul St-Pierre Plamondon est le cinquième candidat à se lancer dans la course. Il est aussi connu pour avoir cofondé et présidé le groupe de réflexion Générations d'idées. L’homme de 39 ans a été chroniqueur à BazzoTV à Télé-Québec et pour le journal Les Affaires. Seul candidat venant de l’extérieur du parti, Paul St-Pierre Plamondon veut que le Parti québécois abandonne son «obsession référendaire», du moins dans un avenir rapproché. Un référendum durant son premier mandat? Pas dans ses plans. (credit:Twitter/Paul Plamondon)
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Véronique Hivon a annoncé fin août qu'elle se retirait de la course à la direction du Parti québécois pour des raisons de santé.Elle représente les électeurs de Joliette depuis 2008. Lors de la course à la direction l'an dernier, Véronique Hivon avait apporté son soutien à Alexandre Cloutier. (credit:La Presse canadienne)

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