Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Prix du pétrole: la chute bénéficie au Québec, plaide Carlos Leitao

La chute du prix du pétrole bénéficie au Québec, fait valoir Leitao
|
Open Image Modal
ASSOCIATED PRESS
Oil pumps work at sunset in the desert oil fields of Sakhir, Bahrain, Tuesday, Oct. 14, 2014. The price of oil suffered its biggest drop in nearly two years after the International Energy Agency reduced its forecast for demand for this year and next. Benchmark U.S. crude fell $3.90, or 4.5 percent, to close at $81.84 a barrel on the New York Mercantile Exchange. That was the biggest decline since November 2012. The closing price is the lowest since June 2012. (AP Photo/Hasan Jamali)

OTTAWA - Le Québec et l'Ontario ont fait une nouvelle démonstration d'unité, lundi, en réclamant à l'unisson au gouvernement fédéral une hausse des transferts en infrastructure et une révision de la formule des transferts en matière de santé.

Invoquant notamment la faiblesse des taux d'intérêt, les ministres des Finances des deux provinces voisines ont plaidé que le moment était idéal pour injecter des sommes visant à financer des projets d'infrastructure.

Ils ont livré un plaidoyer en ce sens auprès du ministre fédéral des Finances, Joe Oliver, qui recevait pour une première fois ses homologues provinciaux et territoriaux en chair et en os à Ottawa dans le cadre d'une rencontre interministérielle.

«Il n'y a pas eu de promesses mirobolantes, mais il y avait une certaine ouverture à se pencher sur une amélioration des transferts fédéraux en infrastructure», a relaté le ministre des Finances du Québec, Carlos Leitao, à l'issue de la réunion.

«Nous allons continuer de marteler (ce message) d'ici le budget fédéral», a-t-il poursuivi en point de presse.

Son homologue ontarien, Charles Sousa, a pour sa part affirmé que Joe Oliver était bien conscient de la pertinence de procéder à des investissements en infrastructure.

«Sa préoccupation relève davantage du 'timing'. La nôtre, c'est qu'il est plus que temps de le faire», a-t-il suggéré en point de presse.

Un autre dossier dans lequel il semble y avoir consensus — et non pas seulement au Québec et en Ontario — est celui des transferts fédéraux en santé, dont la formule est appelée à changer en 2017.

Plusieurs provinces aimeraient introduire un «élément démographique» dans la formule en raison du vieillissement de la population, selon M. Leitao, qui dit avoir trouvé «désobligeant» qu'Ottawa l'ait modifiée de façon unilatérale en décembre 2011.

Et le «montant record» que le gouvernement fédéral se targue de verser aux provinces pour 2015-2016 ne changera rien aux demandes des provinces, a signalé le ministre québécois.

«Les dépenses en santé sont celles qui augmentent le plus rapidement dans toutes les provinces. (...) La population est en train de vieillir, et ce qui nous préoccupe, ce n'est pas tellement les dépenses en santé cette année ou l'année prochaine, mais dans 10, 15, 20 ans», a-t-il souligné.

Ottawa avait dévoilé avant la rencontre entre les ministres, lundi matin, que le montant des transferts fédéraux aux provinces totaliserait 67,9 milliards $ pour 2015-2016.

Le Québec en sera le deuxième bénéficiaire (après l'Ontario): quelque 20,3 milliards $ — dont une somme de 9,5 milliards $ uniquement en paiement de péréquation — échoueront dans ses coffres.

Ces montants englobent les sommes prévues par les trois programmes de transferts fédéraux annuels dont bénéficient les provinces canadiennes: la péréquation, le transfert pour les soins de santé et le transfert en matière de programmes sociaux.

En précisant le contenu de l'enveloppe, le ministre Oliver a exhorté les provinces à poursuivre leur ménage dans les finances publiques.

«J'appelle (...) tous les gouvernements à suivre notre exemple en équilibrant leur budget, en réduisant leurs impôts et en faisant montre de discipline fiscale», a-t-il insisté.

En anglais, lors de son discours, il a explicitement appelé l'Ontario à le faire. Il a ensuite nommé le Québec dans une réponse en français.

La référence à l'Ontario a fait sourciller, notamment puisque le gouvernement de Kathleen Wynne et celui de Stephen Harper sont à couteaux tirés.

La dirigeante ontarienne réclame depuis quelques semaines une rencontre en tête-à-tête avec le premier ministre canadien, mais sans succès jusqu'à présent.

Joe Oliver a été invité à justifier cette pique.

«Il n'y a pas d'attaque contre l'Ontario. Je ne fais qu'exposer les faits», a-t-il dit en réponse à la question d'une journaliste.

Front commun

L'harmonisation des discours québécois et ontarien est venue témoigner à nouveau, lundi, de l'accroissement constant des liens stratégiques entre les deux provinces voisines.

Depuis que les libéraux de Philippe Couillard ont investi l'Assemblée nationale et que ceux de Kathleen Wynne ont été réélus à Queen's Park, les rapprochements se multiplient entre les deux provinces.

Après avoir voyagé en Chine ensemble dans le cadre d'une mission économique, fin octobre, les deux dirigeants ont orchestré un conseil des ministres conjoint, fin novembre, lequel a mené à la signature de quatre protocoles d'entente.

M. Couillard en avait profité pour qualifier d'«incontournable» ce «bloc d'influence» que «tout le monde doit écouter» lorsqu'il s'exprime.

La population combinée des deux provinces totalisait environ 62 pour cent de l'ensemble de la population canadienne au 1er juillet 2014, selon Statistique Canada.

Prix de l'essence

Le ministre Leitao est débarqué à Ottawa avec une vision contrastant avec celles de certains de ses homologues provinciaux et territoriaux en ce qui a trait au prix de l'essence.

Alors que la dégringolade des cours du pétrole laisse présager des lendemains inquiétants pour le gouvernement fédéral et d'autres provinces, elle profite à l'économie des provinces du centre du pays, a-t-il analysé.

«À titre de ministre des Finances du Québec, ça ne m'inquiète pas, parce que pour les économies du centre du Canada comme l'Ontario et le Québec, la chute des prix du pétrole a le même effet qu'une baisse d'impôt majeure», a expliqué M. Leitao lors du point de presse s'étant tenu avant la rencontre.

En dépit de l'importante baisse du prix du baril de pétrole, Ottawa maintient le cap en ce qui concerne le retour à l'équilibre budgétaire, prévu en 2015-2016.

À partir de quel seuil les promesses du gouvernement conservateur en matière de réduction du fardeau fiscal pourraient-elles être compromises?

Le ministre Oliver n'a pas voulu spéculer.

«Ce que je peux vous dire, c'est que les engagements pris par le premier ministre concernant les mesures fiscales pour les familles sont des promesses que nous respecterons», a-t-il affirmé.

INOLTRE SU HUFFPOST

Comprendre les projets de pipelines
Prolongement du North East — Access Pipeline(01 of07)
Open Image Modal
Longueur : 297 km. \n\nCapacité : 350 000 barils par jour de bitume dilué. \n\nInvestissements : non-disponible.\n\nExpansion d\'un système d\'oléoducs déjà en service. De Conklin, lieu d\'extraction des sables bitumineux, jusqu\'au terminal Sturgeon, près de Redwater, tous deux en Alberta. \n\nLe projet est peu controversé puisque d\'autres pipelines existent déjà, presque sur les mêmes tracés. La construction est donc déjà amorcée. \n\nSource : Canadian Energy Pipeline Association
Northern Gateway — Enbridge (02 of07)
Open Image Modal
Longueur : 1,177 km\n\nCapacité prévue : 525 000 barils de pétrole par jour\n\nInvestissements : 5,5 milliards de dollars\n\nEnbridge cherche à exporter du pétrole vers la Chine depuis un terminal sur la côte ouest. \n\nLe projet est cependant sur la glace. Le gouvernement provincial de la Colombie-Britannique a refusé d\'y donner son aval, considérant qu\'Enbridge n\'a pas donné de réponse satisfaisante aux inquiétudes de la population et des Premières Nations. \n\nSource : Canadian Energy Pipeline Association
Ligne 9B — Enbridge(03 of07)
Open Image Modal
Longueur : 639 km\n\nCapacité : 300 000 barils de pétrole par jour \n\nInvestissements : 110 millions de dollars (aucune nouvelle construction nécessaire)\n\nUn plan B qui devient crucial. Puisque le pétrole albertain se dirige vers une impasse avec deux projets freinés (Northern Gateway et Keystone XL), l\'industrie cherche des débouchés à l\'Est. Enbridge voudrait inverser le flux de l\'oléoduc existant, pour acheminer du pétrole de North Westover (Ontario) jusqu\'à Montréal. La compagnie Enbridge promet de fournir un pétrole brut moins dispendieux que celui actuellement importé de l\'étranger. \n\nLes environnementalistes déplorent que le pétrole des sables bitumineux soit particulièrement polluant. Quelques groupes ont également évoqué des inquiétudes sur la sécurité du transport, rappelant qu\'Enbridge a été reconnue responsable de plusieurs déversements aux États-Unis, dont celui de plus de 3 millions de litres au Michigan.\n\nLa décision est attendue au début 2014.\n\nSource : Canadian Energy Pipeline Association
Oléoduc Énergie Est — TransCanada(04 of07)
Open Image Modal
Longueur totale : 4500 km \n\nCapacité : 1 million de barils de pétrole brut par jour\n\nInvestissements : 12 milliards de dollars \n\nL\'objectif est de convertir 3000 km de gazoduc en oléoduc entre l\'Alberta (Hardistry) et l\'Ontario et construire un pipeline supplémentaire de 1400 km jusqu\'à Saint-Jean au Nouveau-Brunswick. Le Québec deviendrait donc un endroit de transit. \n\nL\'étude du projet qui nécessite de nouvelles infrastructures d\'envergure pourrait être assez longue. Il ne démarrera pas avant 2017. \n\nSource : Canadian Energy Pipeline Association
Keystone XL — Trans Canada (05 of07)
Open Image Modal
Longueur : nouveau tronçon de 2000 km. \n\nCapacité : 830 000 barils de pétrole par jour \n\nInvestissements : 7 milliards de dollars. \n\nL\'industrie albertaine des sables bitumineux cherche à exporter le pétrole de l\'Alberta jusqu\'aux raffineries du Texas, pour le marché américain. Le projet affronte de l\'opposition locale, puisque l\'on redoute que les impacts économiques soient faibles et parce que le pétrole des sables bitumineux est réputé très polluant. Le président Obama hésite à approuver cet oléoduc. \n\nSource : Canadian Energy Pipeline Association
Expansion du pipeline Trans Mountain — Kinder Morgan(06 of07)
Open Image Modal
Longueur : 1150 km sont déjà en place, l\'expansion prévoit 980 km supplémentaires pour transporter du pétrole brut. \n\nCapacité : Faire passer la capacité de 300 000 à 890 000 barils par jour.\n\nInvestissements : 5,4 milliards de dollars\n\nIl s\'agit de doubler l\'oléoduc déjà existant pour en augmenter la capacité, en conservant à peu près le même tracé. Des inquiétudes ont été soulevées quant à la sécurité du transport par oléoduc, puisque des fuites des tuyaux de cette compagnie sont survenues à plusieurs reprises dans les dernières années. La plus récente anomalie, en juin 2013, aurait laissé échapper jusqu\'à 4000 litres.\n\nSource : Canadian Energy Pipeline Association
Programme « light oil access » — Enbridge(07 of07)
Open Image Modal
Longueur : plusieurs projets. \n\nCapacité totale : acheminement d\'environ 400 000 barils supplémentaires par jour\n\nInvestissements : 6,2 milliards de dollars pour l\'évaluation préliminaire. \n\nEn réponse aux changements dans la production et la demande en Amérique du Nord, on veut approvisionner davantage les raffineries de l\'Ontario, du Québec et du Midwest américain. Au programme : expansion des canalisations, augmentation de la puissance de pompage et de la capacité des terminaux. Les différents projets devraient être sur pied entre 2014 et 2016.\n\nSource : Canadian Energy Pipeline Association

-- Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.