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Procès Duffy : la chute d'une étoile

Procès Duffy : la chute d'une étoile
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C'est mardi matin à 10 h 30 que les principaux acteurs d'un feuilleton politique qui captive la capitale depuis plus de deux ans se retrouveront devant le tribunal de l'Ontario, pendant 41 jours d'audiences.

Un texte de Daniel Thibeault

Durant ces huit semaines, on devrait en apprendre davantage sur les événements qui ont mené à la suspension du sénateur Mike Duffy et sur l'implication qu'ont pu avoir le premier ministre Harper et son entourage dans ce dossier.

C'est aussi l'avenir et la réputation du sénateur déchu qui vont se jouer dans ce tribunal de la capitale. Mike Duffy fait face à 31 chefs d'accusation de fraudes, d'abus de confiance et de corruption. La police l'accuse d'avoir réclamé frauduleusement des allocations de résidence et le remboursement de plusieurs allocations de dépenses pour des déplacements et des repas.

Elle remet aussi en question certains contrats accordés à des amis. Mais surtout, trois des chefs d'accusation, dont un de corruption, sont liés au chèque de 90 000 $ qu'il a accepté de l'ex-chef de cabinet du premier ministre, Nigel Wright, pour rembourser le Sénat.

De journaliste à sénateur

Mike Duffy est assermenté au Sénat par Stephen Harper en janvier 2009. Du jour au lendemain, ce journaliste politique, qui roule sa bosse à Ottawa depuis 30 ans, passe de l'autre côté de la clôture. Une transition qu'il réalise avec aisance. Le « vieux Duff », comme il se surnomme lui-même, devient rapidement la coqueluche des conservateurs, pour qui il attire foule et argent.

Quatre ans plus tard, les choses commencent à se gâter. Un quotidien de la capitale remet en question certains frais de résidence réclamés par le sénateur Duffy. Le journal révèle qu'il a perçu quelque 33 000 $ en frais de logement pour une résidence d'Ottawa, où il vit depuis plusieurs années. À l'administration du Sénat, il a déclaré que sa résidence principale est une petite propriété à l'Île-du-Prince-Édouard, la province qu'il représente à la Chambre haute.

Mike Duffy affirme qu'il a toujours respecté les règles comme on les lui avait expliquées. Mais la pression publique devient de plus en plus forte. Les révélations suscitent plus de questions, le Sénat et une firme indépendante sont saisis de l'affaire. L'étoile des conservateurs commence à perdre de son éclat. Devant la grogne du public, le premier ministre lui demande de rembourser au Sénat les sommes perçues.

Mais le sénateur résiste et soutient qu'il n'a pas les moyens de repayer. À ce moment, Nigel Wright, le chef de cabinet du premier ministre, est activement impliqué dans le dossier. Il cherche par tous les moyens de calmer la crise.

Wright se tourne d'abord vers le parti, à qui il demande de payer. Après avoir d'abord accepté, Irwin Gerstein, lui aussi sénateur et président du Fonds conservateur, constate que la somme est plus élevée que prévu et refuse finalement de faire le chèque.

À court de solutions, Nigel Wright, qui a fait fortune durant ses années dans le secteur des finances, décide de payer de sa poche. Il fait un chèque à Mike Duffy. Dans un courriel, il affirmera à un collègue : « le premier ministre sait dans les grandes lignes que j'ai personnellement aidé Duffy ».

Quand ce détail est mis au jour quatre mois plus tard, Nigel Wright quitte son poste. Ce que le premier ministre qualifie d'abord de démission qu'il accepte « avec regret » deviendra quelques mois plus tard un congédiement.

En octobre de la même année, le Sénat votera pour suspendre sans salaire le sénateur Duffy et deux autres collègues, les sénateurs Pamela Wallin et Patrick Brazeau, eux aussi soupçonnés de dépenses injustifiées.

Le 17 juillet 2014, la GRC portera finalement des accusations contre le sénateur Duffy.

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INOLTRE SU HUFFPOST

Les controverses du Sénat
Pierre-Hugues Boisvenu(01 of11)
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Au début du mois de mars 2013, le sénateur conservateur Pierre-Hugues Boisvenu faisait déjà l'objet de soupçons quant à ses allocations de dépenses. Le sénateur bien connu affirmait que son condo de Sherbrooke constituait toujours son lieu de résidence principal, bien que celui-ci soit occupé par son ex-femme. Pierre-Hugues Boisvenu réside plutôt dans la région de l'Outaouais, tout près d'Ottawa. (credit:PC)
Une relation interdite(02 of11)
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Au mois de mai 2013, c'est la relation amoureuse de Pierre-Hugues Boisvenu avec son adjointe au Sénat qui a mis le sénateur dans l'eau chaude. En effet, le code d'éthique de la Chambre haute interdit aux sénateurs d'embaucher un proche. La dame a finalement été mutée à d'autres fonctions et le sénateur affirme avoir mis un terme à leur relation. (credit:PC)
Patrick Brazeau(03 of11)
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Avant même le scandale des dépenses au Sénat, le jeune sénateur Patrick Brazeau avait fait la manchette après avoir été arrêté à son domicile au mois de février 2013. Il a été accusé de voie de fait simple et d'agression sexuelle. Dès le lendemain, le sénateur a été expulsé du caucus conservateur du Sénat. (credit:PC)
Mike Duffy(04 of11)
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Patrick Brazeau était également parmi les trois premiers sénateurs ciblés par un audit indépendant sur les dépenses des membres du Sénat. Des doutes ont été soulevés sur les réclamations effectuées par Brazeau, le conservateur Mike Duffy et le libéral Marc Harb au sujet de leurs résidences secondaires. On les soupçonne d'avoir déclaré que leurs résidences principales se trouvaient éloignées de la région de la Capitale nationale, afin de réclamer une allocation destinée aux sénateurs qui doivent maintenir une résidence secondaire près d'Ottawa. De nouveaux documents déposés à la cour indiquent que Mike Duffy a facturé les contribuables pour un entraîneur personnel, un artiste du maquillage ainsi que pour des frais de déplacements personnels pour assister à des funérailles et à d'autres cérémonies. (credit:PC)
Nigel Wright(05 of11)
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Les allocations de dépenses de Mike Duffy ont rattrapé le gouvernement Harper quand son chef de cabinet, Nigel Wright, a émis un chèque personnel au montant de 90 000$ au sénateur afin de rembourser ses dépenses de résidences. L'affaire a fait un tollé dans les médias. Nigel Wright a finalement dû démissionner de son poste de chef de cabinet, tandis que Mike Duffy est suspendu du caucus conservateur. (credit:PC)
Pamela Wallin(06 of11)
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À peine 24 heures après la démission de Mike Duffy, en 2013, une autre ex-journaliste devenue sénatrice conservatrice, Pamela Wallin, a quitté le caucus conservateur. La sénatrice subit un audit pour des dépenses totalisant 321 000$ depuis septembre 2010. (credit:PC)
Brent Rathgeber(07 of11)
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Au début du mois de juin 2013, la controverse au Sénat a coûté un premier élu au gouvernement de Stephen Harper. Le député albertain Brent Rathgeber a quitté le caucus conservateur, reprochant au gouvernement «son manque d'engagement en matière de transparence». (credit:PC)
Jacques Demers(08 of11)
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Même l'ancien coach du Canadien Jacques Demers a affirmé, en mai 2013, être «en période de réflexion». Il songeait alors à quitter le caucus conservateur, mais s'est rapidement ravisé, rassuré par la gestion des scandales et des mesures entreprises par le gouvernement. M. Demers dit toujours avoir confiance en Stephen Harper. (credit:PC)
Caisse secrète(09 of11)
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Au mois de juin 2013, le réseau CBC révélait l'existence d'une caisse secrète du Parti conservateur dédiée au cabinet du premier ministre Stephen Harper. Le chef du NPD, Thomas Mulcair, n'a pas hésité à se questionner sur les liens possibles entre cette caisse secrète et le chèque émis par Nigel Wright à Mike Duffy. Selon lui, l'ex-chef de cabinet aurait pu se rembourser à même cette caisse secrète. (credit:Getty)
Colin Kenny(10 of11)
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Le sénateur libéral Colin Kenny a utilisé les ressources du Parlement à des fins qui ne sont pas liées à son travail. Une ex-adjointe affirme qu'elle passait la moitié de sa journée à faire des tâches qui n'avaient rien à voir avec son travail au Sénat.Pascale Brisson devait notamment régler les factures d'Hydro, les factures d'eau, de Rogers, d'ADT pour le système d'alarme, des frais de condo et la Visa du sénateur.Plus de détails ici. (credit:Radio-Canada)
Fille illégitime(11 of11)
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Karen Duffy avait fait une sortie remarquée dans le magazine Maclean's le 15 juillet 2014 dans laquelle elle affirmait être la fille du sénateur suspendu. Mike Duffy avait alors rejeté ces allégations du revers de la main, discréditant les propos de la mère, une ex-vendeuse de drogue.Mike Duffy a depuis pris contact avec sa fille illégitime. (credit:PC)

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