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Québec solidaire veut «sortir le Québec du pétrole» et conteste le modèle éolien

Québec solidaire veut «sortir le Québec du pétrole»
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Bloomberg via Getty Images
Equipment sits near a section of pipeline during construction of the Gulf Coast Project pipeline in Atoka, Oklahoma, U.S., on Monday, March 11, 2013. The Gulf Coast Project, a 485-mile crude oil pipeline being constructed by TransCanada Corp., is part of the Keystone XL Pipeline Project and will run from Cushing, Oklahoma to Nederland, Texas. Photographer: Daniel Acker/Bloomberg via Getty Images

MONTRÉAL - Québec solidaire n'écarte pas la possibilité d'une nationalisation, du moins partielle, de la filière éolienne advenant qu'il prenne le pouvoir, estimant que le modèle de développement de cette filière doit être remis en question.

La formation politique a présenté lundi un «Plan de sortie du pétrole» qui, selon ses projections, permettrait la création de 160 000 emplois sur cinq ans grâce à des investissements de 23 milliards $ dans les transports collectifs et la rénovation éco-énergétique.

«La crise écologique, c'est une opportunité économique. Saisissons cette opportunité», a lancé le député Amir Khadir au moment de présenter le plan.

M. Khadir a fait valoir que le Québec devait s'affranchir du pétrole et ne pas céder à «la propagande de l'industrie pétrolière» qui, pour ses propres intérêts, fait miroiter une richesse dangereuse pour l'avenir de la planète en moussant l'exploitation du pétrole québécois.

«Le pétrole qu'il semble y avoir au Québec n'est pas un pétrole très propre», a ajouté la candidate de Québec solidaire dans Sainte-Marie Saint-Jacques, Manon Massé. «On parle du schiste. Les Québécois ont dit clairement il y a quelques mois que ce qui provient du schiste, on n'en veut pas.»

Interrogé à cette occasion sur l'avenir de la filière éolienne, Amir Khadir a reproché au gouvernement libéral de l'époque d'avoir attaché le Québec à des intérêts privés avec cette filière.

«C'est un autre éléphant blanc. On produit beaucoup, beaucoup, on achète de l'électricité à des producteurs privés qu'on a financés à même les taxes des contribuables et aujourd'hui nous sommes pris à acheter des surplus dont on ne sait pas quoi faire.»

M. Khadir s'est dit d'avis que ces contrats devraient être soumis à une analyse plus rigoureuse.

«Si Québec solidaire arrive au pouvoir, on va regarder qu'est-ce qui a fait qu'on a octroyé ces contrats sous des régimes aussi avantageux pour des producteurs privés et qu'on a entraîné le gouvernement québécois dans des dépenses aussi excessives», a-t-il dit, laissant entendre qu'ils pourraient être contestés sur la base d'irrégularités.

«La question de la corruption et l'intégrité de l'octroi de ces contrats et du lobbyisme qui s'est fait illégalement pour les obtenir, nous allons l'utiliser comme levier pour essayer de voir si on peut rouvrir certains contrats», a ajouté M. Khadir.

Il a précisé que la réflexion du parti sur une éventuelle nationalisation de l'éolien n'était pas encore terminée, mais il a ajouté qu'il ne s'agirait certainement pas d'une nationalisation «mur à mur» puisque certaines de ces productions bénéficient à des communautés locales.

Quant au plan de sortie du pétrole, Québec solidaire propose d'investir, sur cinq ans, 20 milliards $ dans les transports collectifs à Montréal (5 milliards $), ses couronnes nord et sud (3,75 milliards $), Québec (5 milliards $), Trois-Rivières (2 milliards $), Gatineau (1,75 milliard $), Sherbrooke (1,25 milliard $) et Saguenay (1,25 milliard $).

Prenant l'exemple de certaines grandes villes européennes, la porte-parole de Québec solidaire, Françoise David, a soutenu que le temps d'un grand virage était arrivé.

«On ne fonctionne plus avec les voitures dans certaines grandes villes. Cette ère-là, elle est terminée. C'est le métro, c'est le métrobus, c'est l'autobus. C'est ça qu'on propose.»

Mme David s'est dite convaincue que la population ne demandait pas mieux que de délaisser la voiture au profit du transport collectif si l'offre était adéquate, prenant pour exemple les succès fulgurants du prolongement du métro à Laval et des trains de banlieue.

«Chaque fois qu'on fait une offre de transport en commun, la population répond présent. (...) Dès que ces offres-là se mettent en place, les compagnies sont tout de suite débordées parce qu'il y a trop de monde. Beau problème!», a-t-elle fait valoir, précisant que l'offre de transport collectif interurbain serait au centre des préoccupations dans un deuxième mandat.

Le reste de la somme de 23 milliards $ serait notamment consacré à l'isolation des immeubles énergivores, la conversion des immeubles gouvernementaux à la géothermie et au développement de solution innovatrices en matière énergétique.

Québec solidaire croit pouvoir alimenter l'intensification et l'électrification des transports collectifs ainsi que la conversion des immeubles chauffés au mazout vers l'électricité avec, notamment, l'électricité économisée par les mesures visant les immeubles énergivores. Ces mesures visent non seulement les immeubles gouvernementaux mais aussi les bâtiments résidentiels mal isolés et, en priorité, les logements chauffés par des sources énergétiques polluantes comme le mazout.

Québec solidaire souligne que ces investissements peuvent être financés par des emprunts, tout comme l'avaient été les investissements en infrastructures sous le gouvernement Charest, et que l'occasion est propice puisque les taux d'intérêt sont à des niveaux historiquement bas.

Quant à la création d'emplois, la formation politique prévoit, entre autres, un ajout de plus de 146 000 emplois liés à la construction de nouvelles infrastructures de transport en commun, 10 000 embauches subséquentes dans le secteur des transports, plus de 3200 emplois pour l'isolation des immeubles énergivores et près de 2000 autres pour la conversion des édifices gouvernementaux à la géothermie.

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Comprendre les projets de pipelines
Prolongement du North East — Access Pipeline(01 of07)
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Longueur : 297 km. \n\nCapacité : 350 000 barils par jour de bitume dilué. \n\nInvestissements : non-disponible.\n\nExpansion d\'un système d\'oléoducs déjà en service. De Conklin, lieu d\'extraction des sables bitumineux, jusqu\'au terminal Sturgeon, près de Redwater, tous deux en Alberta. \n\nLe projet est peu controversé puisque d\'autres pipelines existent déjà, presque sur les mêmes tracés. La construction est donc déjà amorcée. \n\nSource : Canadian Energy Pipeline Association
Northern Gateway — Enbridge (02 of07)
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Longueur : 1,177 km\n\nCapacité prévue : 525 000 barils de pétrole par jour\n\nInvestissements : 5,5 milliards de dollars\n\nEnbridge cherche à exporter du pétrole vers la Chine depuis un terminal sur la côte ouest. \n\nLe projet est cependant sur la glace. Le gouvernement provincial de la Colombie-Britannique a refusé d\'y donner son aval, considérant qu\'Enbridge n\'a pas donné de réponse satisfaisante aux inquiétudes de la population et des Premières Nations. \n\nSource : Canadian Energy Pipeline Association
Ligne 9B — Enbridge(03 of07)
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Longueur : 639 km\n\nCapacité : 300 000 barils de pétrole par jour \n\nInvestissements : 110 millions de dollars (aucune nouvelle construction nécessaire)\n\nUn plan B qui devient crucial. Puisque le pétrole albertain se dirige vers une impasse avec deux projets freinés (Northern Gateway et Keystone XL), l\'industrie cherche des débouchés à l\'Est. Enbridge voudrait inverser le flux de l\'oléoduc existant, pour acheminer du pétrole de North Westover (Ontario) jusqu\'à Montréal. La compagnie Enbridge promet de fournir un pétrole brut moins dispendieux que celui actuellement importé de l\'étranger. \n\nLes environnementalistes déplorent que le pétrole des sables bitumineux soit particulièrement polluant. Quelques groupes ont également évoqué des inquiétudes sur la sécurité du transport, rappelant qu\'Enbridge a été reconnue responsable de plusieurs déversements aux États-Unis, dont celui de plus de 3 millions de litres au Michigan.\n\nLa décision est attendue au début 2014.\n\nSource : Canadian Energy Pipeline Association
Oléoduc Énergie Est — TransCanada(04 of07)
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Longueur totale : 4500 km \n\nCapacité : 1 million de barils de pétrole brut par jour\n\nInvestissements : 12 milliards de dollars \n\nL\'objectif est de convertir 3000 km de gazoduc en oléoduc entre l\'Alberta (Hardistry) et l\'Ontario et construire un pipeline supplémentaire de 1400 km jusqu\'à Saint-Jean au Nouveau-Brunswick. Le Québec deviendrait donc un endroit de transit. \n\nL\'étude du projet qui nécessite de nouvelles infrastructures d\'envergure pourrait être assez longue. Il ne démarrera pas avant 2017. \n\nSource : Canadian Energy Pipeline Association
Keystone XL — Trans Canada (05 of07)
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Longueur : nouveau tronçon de 2000 km. \n\nCapacité : 830 000 barils de pétrole par jour \n\nInvestissements : 7 milliards de dollars. \n\nL\'industrie albertaine des sables bitumineux cherche à exporter le pétrole de l\'Alberta jusqu\'aux raffineries du Texas, pour le marché américain. Le projet affronte de l\'opposition locale, puisque l\'on redoute que les impacts économiques soient faibles et parce que le pétrole des sables bitumineux est réputé très polluant. Le président Obama hésite à approuver cet oléoduc. \n\nSource : Canadian Energy Pipeline Association
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Longueur : 1150 km sont déjà en place, l\'expansion prévoit 980 km supplémentaires pour transporter du pétrole brut. \n\nCapacité : Faire passer la capacité de 300 000 à 890 000 barils par jour.\n\nInvestissements : 5,4 milliards de dollars\n\nIl s\'agit de doubler l\'oléoduc déjà existant pour en augmenter la capacité, en conservant à peu près le même tracé. Des inquiétudes ont été soulevées quant à la sécurité du transport par oléoduc, puisque des fuites des tuyaux de cette compagnie sont survenues à plusieurs reprises dans les dernières années. La plus récente anomalie, en juin 2013, aurait laissé échapper jusqu\'à 4000 litres.\n\nSource : Canadian Energy Pipeline Association
Programme « light oil access » — Enbridge(07 of07)
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Longueur : plusieurs projets. \n\nCapacité totale : acheminement d\'environ 400 000 barils supplémentaires par jour\n\nInvestissements : 6,2 milliards de dollars pour l\'évaluation préliminaire. \n\nEn réponse aux changements dans la production et la demande en Amérique du Nord, on veut approvisionner davantage les raffineries de l\'Ontario, du Québec et du Midwest américain. Au programme : expansion des canalisations, augmentation de la puissance de pompage et de la capacité des terminaux. Les différents projets devraient être sur pied entre 2014 et 2016.\n\nSource : Canadian Energy Pipeline Association

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