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Reconstruire le PLQ dans Verdun

Les résultats d'élections partielles contiennent toujours des messages. Celles de lundi soir constituent un avertissement que le parti au gouvernement a bien saisi, s'il faut en croire la déclaration du premier ministre dans Verdun.
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Le 4 décembre 2012, je présidais mon dernier conseil dans l'arrondissement de Verdun, mettant ainsi fin à une carrière politique de près de 50 ans. Je décidais du même coup de prendre congé de la politique pour un certain temps. Je n'ai participé ni à la campagne au leadership du PLQ en 2013 ni aux campagnes électorales de 2012 et 2014. Pas parce que j'étais en rupture de ban avec mon parti, mais parce que je voulais purger mon sang d'un virus qu'il recelait (avec un trop plein de cholestérol...) depuis mon adolescence. Personne n'ignore que je suis un Libéral. Parfois fatigué, déçu et inquiet. Souventes fois aussi, rassuré et confiant.

La candidature d'Isabelle Melançon et, je dois l'admettre, le goût de faire une campagne électorale au niveau de la base l'ont emporté sur la promesse que je m'étais faite de rester paisiblement dans le cocon d'une retraite heureusement active en dehors du milieu politique. La campagne qui s'est terminée lundi m'aura permis de jouer un rôle que je voulais effacé : participation à quelques une des activités d'Isabelle, conseils distribués quand ils étaient sollicités, chauffeur pour accompagner les électeurs aux bureaux de vote de l'Ile-des-Sœurs. Je devais bien cela aux organisateurs et aux bénévoles qui, à Verdun pendant 12 ans comme dans Bourget il y a 30 ans, ont fait le même travail pour le député, puis le conseiller et maire que j'étais.

Un match nul qui fait mal paraître le PLQ

Tous les partis ont conservé leurs acquis. Victoire pour tous. Le PLQ a cependant souffert partout, glissant même au quatrième rang dans Marie-Victorin.

La CAQ a sauvé l'essentiel, Athabaska arraché plus facilement que prévu avec l'aide bien involontaire de l'ex-députée Sylvie Roy, dont on a honteusement évoqué la mémoire en voulant se l'approprier.

Double satisfaction pour le PQ. Il a d'abord conservé ses deux sièges en augmentant sa majorité. Surtout, les résultats de Verdun ont donné raison à son chef, Jean-François Lisée : une alliance PQ-QS aurait défait la candidate libérale. On va en entendre parler longuement et longtemps...

Une victoire à l'arrachée pour le PLQ, mais une victoire quand même pour l'exceptionnelle candidate qu'était Isabelle Melancon. La meilleure de tous, tous partis confondus dans cette campagne.

Avec une deuxième place dans Marie-Victorin et une forte troisième dans Verdun QS, sera fort difficile à convaincre de faire alliance avec le PQ, surtout dans Montréal.

Les résultats d'élections partielles contiennent toujours des messages. Celles de lundi soir constituent un avertissement que le parti ministériel a bien saisi, s'il faut en croire la déclaration du premier ministre dans Verdun. Ni catastrophe pour le PLQ ni voies ensoleillées pour le PQ, statu quo désespérant pour la CAQ et promesse d'avenir pour QS, tel me paraît être mardi matin l'état du terrain politique au Québec.

Le cas Verdun

Soyons clairs : c'est d'une victoire du PLQ dont il s'agit dans Verdun, pas d'une déconfiture. Le vote de protestation s'est porté sur QS plutôt que sur la CAQ, ainsi que l'espérait sa candidate, mon ex-collègue Ginette Marotte. Le PQ a réussi à sortir le vote qui constitue le minimum ou à peu près de son fonds de commerce, endiguant ainsi la chute commencée au début du siècle. Ce que le PLQ n'a pas fait, malgré son exceptionnelle candidate, victime de l'état plutôt lamentable de la troupe libérale locale laissée vieillissante par Henri-François Gautrin et l'abandon par l'ex-ministre Jacques Daoust, manifestement plus intéressé par les grandes manœuvres à Québec et le développement de son vignoble dans les Cantons de l'Est.

Pour les amateurs de statistiques (Robert Bourassa ne disait-il pas que la politique est un sport extrême) et tenant compte que la comparaison entre une élection partielle et des élections générales peut s'avérer délicate, notons qu'en récoltant 18,6% des suffrages, Véronique Martineau a plus que doublé la moyenne (6,72%) de QS, dans la course depuis 2008. Tout en devant être extrêmement déçue de son résultat, Ginette Marotte a tout de même fait mieux (12,7%) que la moyenne (11,7%) récoltée par la CAQ au cours des 7 élections auxquelles elle a participé dans Verdun depuis 1998. Richard Langlais (27,5%) n'a pas atteint la moyenne historique du PQ dans Verdun (31,8% depuis 1985). Évidemment, en récoltant 35,6% des appuis populaires, Isabelle Melancon, en dépit d'une très forte campagne terrain, est très loin de la moyenne du PLQ depuis 1985, laquelle se situe à 48,6%. Trois de ses 7 élections entre 1989 et 2012 ont rapporté plus de 50% à Henri-François Gautrin. Le record moderne du PLQ appartient à Paul Gobeil avec plus de 64% des votes en 1985. Celui du PQ, à Richard Langlais (35,3%) en 2008. La CAQ a fait 18,9% en 2012 avec André Besner. QS (18,5%) n'a jamais fait mieux qu'hier soir dans Verdun.

Le défi d'Isabelle Melançon

Une victoire est une victoire. Il appartient maintenant à Isabelle Melançon de reconstruire son parti en injectant du sang neuf, notamment en faisant appel aux plus jeunes, en créant une association locale dynamique et présente, en s'investissant dans le travail de comté, près des gens et de leurs préoccupations. Femme de terrain, leader naturelle et communicatrice talentueuse, je n'ai aucune espèce de doute qu'elle réussira... ministre ou pas.

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