Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Rendez service aux malades: changez la façon dont vous parlez du cancer

Le jour où on arrivera à prononcer ce mot tabou sans trembler, où on montrera sur grand écran une bataille victorieuse sur cette maladie, sans pathos ni bons sentiments, mais plutôt un cocktail de gravité, d'impertinence et d'humour, on aura franchi un grand pas.
|
This post was published on the now-closed HuffPost Contributor platform. Contributors control their own work and posted freely to our site. If you need to flag this entry as abusive, send us an email.

A l'âge de 37 ans, j'ai appris que j'avais un cancer du côlon. Il a fallu encaisser le choc et digérer d'être frappée si jeune par un mal qui touche en grande majorité les plus de 50 ans. Quand le diagnostic est tombé, le médecin m'a annoncé : "Vous avez un cancer, on va vous opérer, puis vous taper sur la tête avec de la chimio...". J'ai eu peur, terriblement peur. Mais il a ajouté aussitôt : "Vous savez, vous allez vous en sortir sans séquelles". Je n'allais donc ni perdre mes cheveux, ni changer radicalement de quotidien. En l'écoutant me rassurer, j'ai arrêté la machine à fantasmes qui s'était mise en route dans ma tête et avec elle, la valse funeste des mots "cancer" et "chimio". J'ai décidé de croire à la vie, au bonheur, à ma guérison. Soutenue par ma famille et par mes amis, encouragée par les médecins, je me suis accrochée à cette idée comme un naufragé à sa bouée de sauvetage.

Tout en combattant la maladie, j'ai continué à travailler tant que je le pouvais, à sortir, prendre le métro, à faire du shopping, à porter du vernis à ongles, et même à chercher l'homme de ma vie! J'ai accordé du temps au cancer, mais il n'a jamais pris toute la place. Même pendant les traitements, je ne suis pas devenue une "malade". J'ai cherché plus d'une fois le cancer dans mon reflet sans jamais le trouver. Avec ma mère qui m'a accompagnée à tous mes rendez-vous médicaux, on a souvent ri dans les salles d'attente. Les médecins ou les autres patients s'adressaient spontanément à elle, la prenant pour la malade étant donné son âge. A chaque fois, je rectifiais amusée : "Euh non...c'est pour moi qu'on est là". Je me souviens aussi de cette scène cocasse : alors que l'on venait juste de me retirer les ovaires, l'aide-soignante qui découvrait mon dossier médical et avec qui je bavardais, m'a demandé étourdiment : "Et des enfants? Vous en voulez?". Loin de me formaliser, j'ai satisfait sa curiosité par un oui ferme et assuré... J'ai fait mon miel de ces bévues savoureuses. Le rire détend tout autant que les pleurs, avec l'avantage non négligeable de ne pas laisser les yeux rouges.

Je suis aujourd'hui en rémission depuis quatre ans et je ne bute plus sur ce mot, "rémission". Avant d'avoir un cancer, je n'arrivais pas à retenir sa signification, je confondais toujours avec rechute. Rémission, on remet ça, l'association me paraissait logique. Aujourd'hui, c'est clair comme de l'eau de roche : rémission, on s'en remet. Je ne mélange plus. Je sais d'expérience qu'on peut avoir eu un cancer et être en rémission, étape préalable à la guérison définitive. Cette maladie qui se soigne de mieux en mieux continue pourtant à faire peur au plus grand nombre. Tellement peur qu'on n'arrive toujours pas à la nommer. On use de précautions oratoires, on parle d'une "longue maladie", du "crabe" ou d'un "gros ennui de santé". À l'hôpital, on vous oriente en "oncologie", surtout pas en cancérologie (avec la chimiothérapie, on comprend pourtant vite qu'on ne soigne pas un simple rhume). Au cinéma ou dans les rayons des librairies, la vision des malades du cancer est trop souvent uniforme. Des-patients-condamnés-profitent-de-leurs-derniers-mois-pour-réaliser-leurs-rêves-et-resserrer-les-liens-avec-leurs-proches-parce-que-quel-sacré-moment-de-vérité-quand-même! La réalité est moins réductrice. Condamnées ou pas, les personnes qui ont un cancer le soignent, tout simplement, en espérant s'en sortir. Elles regrettent qu'on associe systématiquement cette maladie à la mort et elles n'ont pas tellement envie qu'on leur rappelle que l'hypothèse d'une issue fatale est envisageable - les magasins de pompes funèbres qui fleurissent aux abords des hôpitaux sapent déjà assez le moral! Elles n'ont pas besoin de cette épreuve pour être proches des leurs et leur dire qu'elles les aiment. Elles n'abandonnent pas leurs rêves et peuvent en accomplir de grands après la guérison. C'est ce qui m'est arrivé.

C'est donc avec la volonté de tenter de changer le regard sur les malades du cancer, que je raconte mon histoire dans un livre. Il le fallait. Le jour où on arrivera à prononcer ce mot tabou sans trembler, où on montrera sur grand écran une bataille victorieuse sur cette maladie, sans pathos ni bons sentiments, mais plutôt un cocktail de gravité, d'impertinence et d'humour, on aura franchi un grand pas. Tous ceux et celles qui luttent contre un cancer, comme tous ceux et celles qui s'en sont remis, diront alors d'une seule voix : "Merci de croire avec nous en la vie".

Charlotte Fouilleron, auteur de "On ne meurt pas comme ça".

VOIR AUSSI :

Les dernières avancées sur le cancer
Un cancer guéri par une dose massive de virus modifiés de la rougeole(01 of11)
Open Image Modal
Une femme de 49 ans a pour la première fois été guérie d'un cancer de la moelle osseuse après l'injection d'une dose massive de virus modifiés de la rougeole, ont annoncé cette semaine des chercheurs américains.Ce traitement n'a pas eu le même succès avec une deuxième patiente dont le cancer a néanmoins été affaibli par cette virothérapie, ont-ils précisé."Il s'agit de la première étude clinique à montrer la faisabilité d'une virothérapie contre des cancers ayant fait des métastases", a souligné le Dr. Stephen Russell, un hématologue de la Mayo Clinic dans le Minnesota (nord), principal co-développeur de cette thérapie anti-cancéreuse avec des virus. principal auteur de cette recherche publiée dans la revue Mayo Clinic Proceedings.Lire la suite (credit:Getty Stock)
Un solvant industriel pourrait permettre de reprogrammer les cellules cancéreuses(02 of11)
Open Image Modal
Les chercheurs du centre de recherche sur le cancer "Peter MacCallum" à Melbourne en Australie viennent peut-être de trouver les prémices d'une solution anti-cancer. Un solvant industriel, qui permettrait de reprogrammer les cellules cancéreuses afin qu'elles se détruisent elles-mêmes, s'apprête à passer l'épreuve du premier essai clinique mondial.Le Dr Jack Shortt et toute son équipe du Centre de recherche sur le cancer Peter MacCallum ont découvert les propriétés anti-cancer d'un solvant très utilisé dans un large éventail de produits industriels et médicaux comme les tissus, les peintures ou encore les appareils dentaires. Il s'agit du solvant N-methyl-2-pyrrolidone (ou NMP).Lire la suite (credit:Getty Stock)
Un nouvel espoir pour lutter contre les cancers avancés de la prostate(03 of11)
Open Image Modal
Le traitement de référence pour traiter les cancers avancés de la prostate, c'est l'hormonothérapie (un traitement qui vise à stopper la production de différentes hormones favorisant le développement de la maladie). Mais une nouvelle étude publiée lors du congrès de l'Association européenne d'urologie (EAU) à Stockholm pourrait bien changer la donne. Celle-ci propose une solution "radicale", utilisée pour les cancers localisés: l'ablation totale.Selon cette étude, qui va à l'encontre des pratiques actuelles, l'ablation totale de la prostate augmente les chances de survie pour les patients atteints d'un cancer avancé de cette glande masculine. Elle montre que les patients souffrant d'un cancer avancé ayant été traités par chirurgie puis par hormonothérapie ont des chances de survie "significativement améliorées" par rapport à ceux qui ont seulement suivi une hormonothérapie.Lire la suite (credit:Getty Stock)
Une protéine anti-cancer identifiée par des chercheurs américains(04 of11)
Open Image Modal
La chirurgie, la radiothérapie et la chimiothérapie permettent, dans le meilleur des cas, de se débarrasser d'une tumeur solide. En revanche, lorsqu'il commence à se propager dans le corps, un cancer atteint son stade le plus dangereux et limite les chances de guérison.Des scientifiques de l'Université de Cornell, aux États-Unis, ont isolé des nanoparticules qui font office de patrouilleurs dans le sang, empêchant ainsi la migration des cellules cancéreuses. "Environ 90% des décès par cancer sont liés à des métastases", a déclaré le professeur Michael King, en charge de la recherche.Lire la suite (credit:Getty Stock)
Cancer et cannabis(05 of11)
Open Image Modal
Un scientifique britannique a découvert que des dérivés du cannabis pouvaient détruire des cellules cancéreuses présentes chez les personnes atteintes de leucémie, une forme de cancer qui entraîne environ 4000 décès par an en France et près de 24.000 aux États-Unis."Les cannabinoïdes ont une action complexe et interagissent avec un nombre important de processus dont les cancers ont besoin pour survivre", explique à nos collègues américains du HuffPost le docteur Wai Liu, oncologue à l'université de Londres. "Pour cette raison, ils ont un très grand potentiel comparés aux autres médicaments qui n'ont qu'une seule fonction. Je suis impressionné par leur profil d'activité et je pense qu'ils ont un grand avenir, tout particulièrement s'ils sont utilisés avec des chimiothérapies classiques".Lire la suite (credit:Getty Stock)
Le lien entre cancer du côlon et viande rouge découvert(06 of11)
Open Image Modal
En mangeant de la viande rouge ou de la charcuterie, une personne sur trois serait affectée par un variant génétique qui augmenterait le risque de développer un cancer du côlon, selon une étude présentée à la rencontre annuelle de l'American Society of Human Genetics, l'une des plus grandes organisations de spécialistes de génétique.9 287 patients atteints du cancer du côlon, ainsi que 9 116 personnes saines ont été observés pour mener à bien cette étude. Les chercheurs ont cherché à mettre en évidence les interactions entre plus de 2,7 millions de séquences génétiques et la consommation de viande rouge et de charcuterie.Lire la suite (credit:Getty Stock)
Le mariage augmenterait les chances de survie en cas de cancer(07 of11)
Open Image Modal
De tous les bénéfices prétendus ou réels du mariage, on ne penserait pas au suivant: le simple fait d'être marié pourrait améliorer ses chances de survie en cas de cancer. Ce sont en tout cas les résultats d'une étude publiée récemment dans la revue Journal of Clinical Oncology et reprise sur Live Science.L'étude a été réalisée sur plus de 734 800 personnes ayant été diagnostiquées entre 2004 et 2008 de l'un des cancers suivants: du poumon, colorectal, du sein, du pancréas, du foie/de la voie biliaire principale, lymphome non hodgkiniens, de la tête et du cou, des ovaires et de l’œsophage.Lire la suite (credit:Getty Stock)
La cigarette encore mise en cause(08 of11)
Open Image Modal
La cigarette est de loin le principal facteur de risque des cancers du rein et de la vessie, maladies principalement masculines qui ont fait près de 9000 morts l'an dernier en France, selon des urologues."De nombreuses études ont montré une forte corrélation entre le tabagisme et le développement et la progression du cancer de la vessie, avec un risque multiplié entre 2 à 10 fois", relève le Dr Yann Neuzillet, chirurgien urologue à l'hôpital Foch de Suresnes, avant la semaine européenne de l'Urologie (23 au 27 septembre) qui sera axée sur la prévention des cancers urologiques.Lire la suite (credit:Getty Stock)
Cancer du poumon: un nouveau traitement à l'essai(09 of11)
Open Image Modal
Un nouveau traitement ciblant une protéine clé pour la formation de nombreuses protéines nécessaires à la croissance des tumeurs, a prolongé la vie de malades atteints d'un cancer avancé du poumon, un progrès jugé prometteur par les chercheurs qui ont présenté cette étude lundi.Bloquer cette protéine appelée Hsp90 permet de neutraliser simultanément un grand nombre de différentes protéines sans lesquelles une tumeur cancéreuse peut proliférer. L'essai clinique de phase 2 avec ce nouvel agent anticancéreux appelé Ganetespid a été mené avec 252 malades. La moitié de ces patients a été traitée avec du Ganetespid combiné à une chimiothérapie et l'autre moitié avec seulement de la chimiothérapie.Lire la suite (credit:Getty Stock)
Le café limiterait les risques de mortalité de certains cancers(10 of11)
Open Image Modal
Boire plus de quatre tasses de café par jour pourrait diminuer de moitié le risque de décès du cancer oro-pharyngé (relatif à la bouche et au pharynx), selon une étude menée par l'American Cancer Society, publiée dans le dernier numéro du American Journal of Epidemiology.Ses vertus ne se cantonneraient donc pas qu'à ses effets stimulants. Les chercheurs de l'American Cancer Society, un organisme américain de lutte contre le cancer, ont réalisé cette étude afin d'observer les effets directs du café, du café décaféiné et du thé sur des malades atteints d'un cancer buccal.Lire la suite (credit:Getty Stock)
Tabac + alcool = cancer (surtout pour les femmes)(11 of11)
Open Image Modal
Le tabac, qui tue environ 200 personnes par jour en France, présente plus de risques pour les femmes qui boivent à l'excès, selon une étude publiée en mai 2013 avant la journée mondiale contre le tabac."Chez les femmes consommatrices excessives d'alcool, les risques de décès associés aux tabac sont significativement plus élevés que chez celles qui consomment pas ou peu d'alcool", soulignent des experts du Centre international de recherche sur le cancer (Circ) et de l'Inserm dans un article publié dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH).Lire la suite (credit:Gettystock)

Open Image Modal

Open Image Modal
-- Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.