Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Renseignements personnels: Stephen Harper défend les demandes de données par des agences du gouvernement

Renseignements personnels: Stephen Harper défend les demandes de données par des agences du gouvernement
|
Open Image Modal
PC

OTTAWA - Selon le premier ministre Stephen Harper, le fait que le fédéral ait demandé plus d'un million de fois par année des renseignements personnels sur des clients à des entreprises de télécommunications s'inscrit dans le cours normal des choses.

Mardi, la commissaire à la protection de la vie privée du Canada a donné un aperçu de l'étendue de cette façon de procéder du gouvernement.

Avec environ 1,2 million de demandes par année, il pourrait s'agir de plus de 3000 requêtes de ce genre par jour.

Pour le chef néo-démocrate Thomas Mulcair, la situation est une «invasion dans la vie privée des Canadiens».

On ignore combien de ces requêtes du fédéral ont été réalisées sans mandat.

Mais les données fournies au bureau du commissaire à la fin de 2011 montrent que les entreprises du sans-fil se sont pliées aux requêtes du gouvernement pour des renseignements sur des clients à au moins 784 756 reprises.

Néanmoins, la somme véritable est probablement beaucoup plus importante, étant donné que seulement trois des neuf compagnies de télécommunications ont fourni un état des lieux au bureau de la commissaire par intérim, Chantal Bernier.

Mercredi, le premier ministre a indiqué aux Communes que des mandats avaient été obtenus dans tous les cas où cela était requis.

«La réalité est que les agences de la loi cherchent de temps en temps des informations selon leurs droits. Elles demandent toujours des mandats de perquisition quand cela est demandé par la loi», a-t-il déclaré en réponse à une série de questions posées par M. Mulcair.

«Évidemment, on s'attend à ce que les compagnies de télécommunications respectent aussi ces obligations», a ajouté M. Harper.

Il a aussi tenu à préciser que ce sont des organisations comme l'Agence des services frontaliers ou la GRC, qui s'occupent de la loi et l'ordre, qui ont fait ces demandes et non pas le gouvernement en tant que tel.

Mais M. Mulcair, qui juge la situation «abominable», n'a pas lâché prise.

Il a demandé quelle était l'information recherchée par le gouvernement et pourquoi, sans oublier la liste des entreprises de télécommunications qui acceptaient de remettre l'information.

Mais ces questions sont restées sans réponse.

Et le premier ministre n'a pas commenté l'ampleur de la situation et le nombre de Canadiens dont les informations privées ont été transmises à des agences fédérales.

Le rapport de la commissaire à la vie privée semble d'ailleurs avoir pris les ministres conservateurs au dépourvu.

En avant-midi, le président du Conseil du Trésor, Tony Clement, disait comprendre l'inquiétude des Canadiens au sujet de l'usage de leurs informations personnelles. Il disait alors que la chose à faire était de procéder à des vérifications et qu'il croyait qu'elles seraient faites. Mais après les déclarations de son chef en après-midi, il ne voulait plus se prononcer et a quitté lorsqu'il s'est fait demander si une enquête était de mise.

Quant au ministre de la Sécurité publique, Steven Blaney, il a refusé en matinée de répondre aux questions des journalistes, soutenant que cette affaire n'était pas de son ressort. Pourtant, la GRC relève de son ministère.

Mercredi après-midi, le Parti libéral a déposé une motion pour que le comité parlementaire de l'accès à l'information, de la protection des renseignements personnels et de l'éthique entreprenne une étude à ce sujet et fasse part de ses conclusions au Parlement. Les libéraux veulent que le comité se penche sur cette situation pendant au moins quatre séances.

M. Mulcair dit ne pouvoir comprendre comment cela peut être «possible dans une société qui compte 33, 34 millions de personnes que le gouvernement soit rendu à demander des renseignements sur près d'un million de personnes. C'est un chiffre inexplicable».

Il dit avoir l'intention d'aller au fond des choses dans cette affaire, tout comme le chef libéral Justin Trudeau.

«Ce que je trouve extrêmement inquiétant, ce sont les inconnus dans cette situation. On ne sait pas ce que le gouvernement demandait. On ne sait pas ce qu'ils ont reçu. On ne sait pas pourquoi ils voulaient cette information», a-t-il relevé.

«La commissaire à la vie privée est extrêmement inquiète et n'a pas la capacité de savoir exactement ce qui se passe. Le gouvernement doit nous fournir des réponses», a-t-il poursuivi.

INOLTRE SU HUFFPOST

Quelques controverses du gouvernement Harper
La réforme de l’assurance-emploi(01 of15)
Open Image Modal
Le gouvernement de Stephen Harper a adopté, à la fin de 2012, sa réforme de l’assurance-emploi afin d’intensifier les efforts de recherche d’un travail chez les prestataires. \n\nLes conservateurs ont minimisé les critiques disant que ces changements mèneraient des travailleurs qualifiés à accepter des emplois loin de leurs compétences ou… de leur maison. La grogne contre Ottawa n’a fait que s’intensifier à ce sujet depuis le début de 2013.\n (credit:PC)
Idle No More(02 of15)
Open Image Modal
C’est à la fin de 2012, après l’adoption du projet de loi C-45, qui viole des traités ancestraux selon les autochtones, que les Premières Nations débutent le mouvement de protestation Idle No More. \n\nLe 11 décembre 2012, la chef crie Theresa Spence entreprend une grève de la faim, souhaitant une rencontre avec le premier ministre Harper. Le silence et l’inaction du gouvernement sont décriés par plusieurs, d’autant plus que, pendant ce temps, le premier ministre reçoit à son bureau les gagnants de la téléréalité Occupation double. \n\nLes Premières Nations réclament toujours un vaste chantier sur leurs conditions et leurs droits.\n (credit:PC)
Le débat sur l’avortement refait surface(03 of15)
Open Image Modal
En septembre 2012, un député conservateur d’arrière-ban lance un pavé dans la mare en déposant une motion sur le statut du fœtus. \n\nLa motion est rejetée, mais l’appui de 91 députés, dont la ministre de la Condition féminine Rona Ambrose, inquiète certaines personnes qui craignent la réouverture du débat sur l’avortement. Le premier ministre balaie cette possibilité en réaffirmant la légalité de l’avortement au pays. \n
Le registre des armes d’épaule aboli(04 of15)
Open Image Modal
Arguant qu’il était désuet et coûteux et qu’il faisait passer les «chasseurs pour des criminels», les conservateurs ont profité de leur majorité pour voter un projet qu’il leur était cher depuis longtemps : l’abolition du registre des armes d’épaule et de ses données. Les réactions ont été vives, surtout au Québec et chez les groupes de victimes de crimes armés. Québec a demandé le rapatriement des données pour créer son propre registre.\n (credit:Alamy)
La reine au goût du jour(05 of15)
Open Image Modal
En juillet 2011, le ministre John Baird remplace des tableaux d’Alfred Pellan par un portrait de la reine, aux bureaux du ministère des Affaires étrangères. \n\nAu cours de la même année, plusieurs gestes sont posés pour remettre la royauté au goût du jour. La Défense appose le mot «royale» à la marine et à la force aérienne du Canada et les ambassades canadiennes sont sommées d’ajouter un portrait d’Élisabeth II à leurs murs.\n
Des statistiques moins précises(06 of15)
Open Image Modal
En 2010, le gouvernement a décidé de mettre fin à l’obligation pour les Canadiens de remplir le formulaire long lors du recensement, qui se fait tous les cinq ans. Cette politique était en vigueur lors du dernier coup de sonde, en 2011, privant ainsi les statisticiens de nombreuses données précieuses. \n
Le G20 à Toronto(07 of15)
Open Image Modal
Les coûts pour la sécurité ont atteint près d’un milliard de dollars. Le choix de tenir le sommet du G20 au centre-ville de Toronto avait été vertement critiqué. Des dépenses extravagantes à Huntsville, pour le sommet du G8 qui avait précédé, avaient aussi été décriées. \n\nMais ce sont les quelque 1100 arrestations massives, les plus importantes de l’histoire du pays, qui ont marqué l’imaginaire collectif. \n (credit:Getty Images)
Le fiasco des F35(08 of15)
Open Image Modal
En 2010, le gouvernement conservateur annonce l’intention de remplacer ses vieux jets CF18 en faisant l’acquisition de 65 nouveaux F35. Coût de l’opération : 16 G$. \n\nAprès de nombreux débats aux Communes et un rapport indiquant que les coûts s’élèveraient plutôt à 45 G$, les conservateurs ont choisi de freiner le projet et de revenir à la case départ. Pour le moment, on prévoit débloquer des fonds pour maintenir la flotte de CF-18 en opération jusqu’en 2020. \n
Le dossier Omar Khadr(09 of15)
Open Image Modal
Le Canada a été montré du doigt pour avoir tardé à rapatrier au pays Omar Khadr, emprisonné à Guantanamo depuis 2002 et reconnu coupable, en 2010, de crimes de guerre qu’il a commis à l’âge de 15 ans. \n\nKhadr était le dernier ressortissant d’un pays occidental prisonnier à Guantanamo. Lors de son retour au Canada, en septembre 2012, il s’était écoulé un an depuis le moment où son rapatriement avait été permis. \n (credit:AFP)
Des journalistes contrôlés?(10 of15)
Open Image Modal
Depuis son arrivée au pouvoir, Stephen Harper ne s’est pas fait d’amis auprès des journalistes. Dès ses premières conférences de presse, le premier ministre est critiqué sur le nombre de questions auxquelles il répond. \n\nLes professionnels de la presse condamnent aussi les difficiles demandes d’accès à l’information et le fait que certaines personnes, comme les ministres ou les fonctionnaires scientifiques, soient difficiles à rejoindre.\n (credit:PC)
Le retrait de Kyoto(11 of15)
Open Image Modal
Stephen Harper a déjà indiqué que le protocole de Kyoto était un complot socialiste qui visait à soutirer de l’argent aux pays riches. Pas surprenant, donc, qu’en décembre 2011, après avoir ignoré maintes fois ses cibles, le Canada se retire officiellement de Kyoto. \n\nDans les grandes réunions environnementales, le Canada s’attire la foudre de la communauté internationale et rafle bon nombre de prix fossiles.\n (credit:AFP)
Durcissement des lois(12 of15)
Open Image Modal
La position des conservateurs sur les jeunes contrevenants et sur les questions carcérales a divisé les Canadiens. Si plusieurs se réjouissent que le parti de Stephen Harper ait tenu ses promesses en durcissant certaines lois, d’autres croient que l’on devrait investir dans des programmes sociaux et des mesures de prévention. \n\nLe projet de loi C-10, adopté début 2012 et qui durcit les peines de certains crimes en plus de rendre le pardon plus difficile, a été vivement critiqué. Le projet C-30 sur la surveillance Internet a pour sa part été abandonné en février 2013, après plus d’un an de débats et de controverses.\n
Nominations unilingues(13 of15)
Open Image Modal
En octobre 2011, Stephen Harper nomme Michael Moldaver, un juge unilingue anglophone, à la Cour suprême du Canada. En 2006, alors qu’il est au pouvoir que depuis un mois, le premier ministre avait posé un geste similaire. \n\nLa nomination de Michael Ferguson, aussi unilingue anglophone, au poste de vérificateur général, en novembre 2011, avait ajouté l’insulte à l’injure et rouvert le débat sur le bilinguisme. \n (credit:PC)
Les artistes en colère(14 of15)
Open Image Modal
Les artistes n’ont jamais été de fervents défenseurs des politiques des conservateurs. Dès 2008, des chanteurs, acteurs et autres artistes se liguent et présente la vidéo Culture en péril. Ils dénoncent les coupures dans le milieu de la culture et, plus tard, les politiques qui nuisent aux droits d’auteur. \n\nLes coupes dans les budgets de nombreux organismes, dont Radio-Canada, mettent également le feu aux poudres.\n (credit:Capture d\'écran)
La prorogation(15 of15)
Open Image Modal
Fin 2009, le premier ministre Harper choisit de fermer la Parlement. Résultat? Les députés ne siégeront pas pendant 63 jours. On veut reprendre les travaux une fois les Jeux de Vancouver passés. Mais plusieurs indiquent que les conservateurs souhaitent faire tomber la poussière sur le transfert de détenus afghans. \n\nFin 2008, Harper avait également demandé la prorogation – qu’il obtint – à la gouverneure générale Michaëlle Jean, alors que son gouvernement minoritaire est menacé par une coalition formée par les libéraux de Stéphane Dion et les néo-démocrates de Jack Layton et appuyée par les bloquistes de Gilles Duceppe.\n (credit:PC)

-- Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.