Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Un concours aux frais des contribuables pour remplir les bases de données du Parti conservateur

Parti conservateur : concours ou collecte de données?
|
Open Image Modal
CP

OTTAWA - Des députés conservateurs recueillent depuis des années des données sur leurs électeurs à l'aide d'un concours postal défrayé par les contribuables et portant sur le patriotisme.

Il s'agit de l'un des nouveaux moyens employés par les partis fédéraux pour entrer en contact avec les électeurs et «prendre le pouls» d'une circonscription sur diverses questions importantes, à une époque où identifier des partisans potentiels ouvre la voie vers des gains électoraux.

Dans le cas des conservateurs, des députés ont posté un dépliant en couleurs comportant un drapeau canadien. Les électeurs sont appelés à renvoyer une carte déjà affranchie comprenant une série de questions et un espace pour inscrire leurs noms et adresses.

«La circonscription affichant le plus grand nombre de drapeaux... obtiendra la titre de "Circonscription la plus patriotique du Canada», indique ainsi la députée manitobaine Shelly Glover dans un rapport publié cet été. Les gens recevant ces dépliants ne savent pas que le titre n'est offert qu'à une circonscription conservatrice.

Ces dépliants ont été conçus il y a plusieurs années par le Conservative Research Group — un organisme financé par les Communes. Chaque député peut les modifier à sa convenance.

Le concours de patriotisme est parfois mentionné dans les journaux locaux. Mais certains électeurs ne sont pas aussi enthousiastes. Clare Pieuk, un blogueur de Winnipeg, s'est ainsi plaint au bureau de Mme Glover à propos des envois de drapeaux et de leur coût pour les contribuables.

«Cela m'agace de voir qu'elle affirme tenter de promouvoir le patriotisme au Canada et dans sa circonscription, mais quand vous jetez un coup d'oeil plus attentivement, elle recueille beaucoup d'informations. Mais ce n'est pas comme ça que les gens le voit», a-t-il dit.

Selon un autre député, Guy Lauzon, le questionnaire accompagnant le drapeau est un outil pratique pour faire le point sur les besoins des électeurs, et non pas seulement ceux qui lui accordent leur confiance.

«Les gens sont négatifs à propos de ces dépliants, mais c'est une façon merveilleuse de rejoindre des milliers de gens et pour obtenir leur avis», déclare-t-il, avant d'ajouter qu'il avait utilisé les données recueillies pour aider à fournir des services aux citoyens handicapés.

Le député indépendant Brent Rathgeber, qui a quitté le caucus conservateur l'an dernier, dit cependant être certain que les informations recueillies sont parfois transmises aux bases de données du Parti conservateur à des fins électorales.

«Selon moi, il serait inapproprié de collecter ces données à des fins partisanes, puisqu'elles sont recueillies à l'aide des ressources des contribuables, mais je ne suis pas assez naïf pour croire que cela ne se produit pas», lance-t-il.

«Je vous dit clairement que les gens le font.»

Les conservateurs ne sont d'ailleurs pas les seuls.

Tous les partis aux Communes utilisent de tels envois postaux pour rejoindre leur électeurs, et posent des questions similaires.

Aucune loi ne s'attaque à la question du partage d'informations parlementaires avec les bases de données des partis, pas plus que le commissaire à la protection de la vie privée n'a d'influence sur les politiciens.

David Coletto, principal dirigeant de la firme de recherche Abacus Data, affirme que les organisations collectant des données cherchent toujours de nouvelles façons de persuader les gens de répondre. L'idée du concours de patriotisme, en plus d'être l'une de ces idées originales, envoie aussi le message que le Parti conservateur est patriotique.

Les envois postaux payés par les Communes sont une façon de recueillir des informations sans débourser un sou, mais M. Coletto estime qu'il ne s'agit pas nécessairement de la méthode la plus efficace. Ces données doivent être étayées à l'aide d'autres études.

INOLTRE SU HUFFPOST

Quelques controverses du gouvernement Harper
La réforme de l’assurance-emploi(01 of15)
Open Image Modal
Le gouvernement de Stephen Harper a adopté, à la fin de 2012, sa réforme de l’assurance-emploi afin d’intensifier les efforts de recherche d’un travail chez les prestataires. \n\nLes conservateurs ont minimisé les critiques disant que ces changements mèneraient des travailleurs qualifiés à accepter des emplois loin de leurs compétences ou… de leur maison. La grogne contre Ottawa n’a fait que s’intensifier à ce sujet depuis le début de 2013.\n (credit:PC)
Idle No More(02 of15)
Open Image Modal
C’est à la fin de 2012, après l’adoption du projet de loi C-45, qui viole des traités ancestraux selon les autochtones, que les Premières Nations débutent le mouvement de protestation Idle No More. \n\nLe 11 décembre 2012, la chef crie Theresa Spence entreprend une grève de la faim, souhaitant une rencontre avec le premier ministre Harper. Le silence et l’inaction du gouvernement sont décriés par plusieurs, d’autant plus que, pendant ce temps, le premier ministre reçoit à son bureau les gagnants de la téléréalité Occupation double. \n\nLes Premières Nations réclament toujours un vaste chantier sur leurs conditions et leurs droits.\n (credit:PC)
Le débat sur l’avortement refait surface(03 of15)
Open Image Modal
En septembre 2012, un député conservateur d’arrière-ban lance un pavé dans la mare en déposant une motion sur le statut du fœtus. \n\nLa motion est rejetée, mais l’appui de 91 députés, dont la ministre de la Condition féminine Rona Ambrose, inquiète certaines personnes qui craignent la réouverture du débat sur l’avortement. Le premier ministre balaie cette possibilité en réaffirmant la légalité de l’avortement au pays. \n
Le registre des armes d’épaule aboli(04 of15)
Open Image Modal
Arguant qu’il était désuet et coûteux et qu’il faisait passer les «chasseurs pour des criminels», les conservateurs ont profité de leur majorité pour voter un projet qu’il leur était cher depuis longtemps : l’abolition du registre des armes d’épaule et de ses données. Les réactions ont été vives, surtout au Québec et chez les groupes de victimes de crimes armés. Québec a demandé le rapatriement des données pour créer son propre registre.\n (credit:Alamy)
La reine au goût du jour(05 of15)
Open Image Modal
En juillet 2011, le ministre John Baird remplace des tableaux d’Alfred Pellan par un portrait de la reine, aux bureaux du ministère des Affaires étrangères. \n\nAu cours de la même année, plusieurs gestes sont posés pour remettre la royauté au goût du jour. La Défense appose le mot «royale» à la marine et à la force aérienne du Canada et les ambassades canadiennes sont sommées d’ajouter un portrait d’Élisabeth II à leurs murs.\n
Des statistiques moins précises(06 of15)
Open Image Modal
En 2010, le gouvernement a décidé de mettre fin à l’obligation pour les Canadiens de remplir le formulaire long lors du recensement, qui se fait tous les cinq ans. Cette politique était en vigueur lors du dernier coup de sonde, en 2011, privant ainsi les statisticiens de nombreuses données précieuses. \n
Le G20 à Toronto(07 of15)
Open Image Modal
Les coûts pour la sécurité ont atteint près d’un milliard de dollars. Le choix de tenir le sommet du G20 au centre-ville de Toronto avait été vertement critiqué. Des dépenses extravagantes à Huntsville, pour le sommet du G8 qui avait précédé, avaient aussi été décriées. \n\nMais ce sont les quelque 1100 arrestations massives, les plus importantes de l’histoire du pays, qui ont marqué l’imaginaire collectif. \n (credit:Getty Images)
Le fiasco des F35(08 of15)
Open Image Modal
En 2010, le gouvernement conservateur annonce l’intention de remplacer ses vieux jets CF18 en faisant l’acquisition de 65 nouveaux F35. Coût de l’opération : 16 G$. \n\nAprès de nombreux débats aux Communes et un rapport indiquant que les coûts s’élèveraient plutôt à 45 G$, les conservateurs ont choisi de freiner le projet et de revenir à la case départ. Pour le moment, on prévoit débloquer des fonds pour maintenir la flotte de CF-18 en opération jusqu’en 2020. \n
Le dossier Omar Khadr(09 of15)
Open Image Modal
Le Canada a été montré du doigt pour avoir tardé à rapatrier au pays Omar Khadr, emprisonné à Guantanamo depuis 2002 et reconnu coupable, en 2010, de crimes de guerre qu’il a commis à l’âge de 15 ans. \n\nKhadr était le dernier ressortissant d’un pays occidental prisonnier à Guantanamo. Lors de son retour au Canada, en septembre 2012, il s’était écoulé un an depuis le moment où son rapatriement avait été permis. \n (credit:AFP)
Des journalistes contrôlés?(10 of15)
Open Image Modal
Depuis son arrivée au pouvoir, Stephen Harper ne s’est pas fait d’amis auprès des journalistes. Dès ses premières conférences de presse, le premier ministre est critiqué sur le nombre de questions auxquelles il répond. \n\nLes professionnels de la presse condamnent aussi les difficiles demandes d’accès à l’information et le fait que certaines personnes, comme les ministres ou les fonctionnaires scientifiques, soient difficiles à rejoindre.\n (credit:PC)
Le retrait de Kyoto(11 of15)
Open Image Modal
Stephen Harper a déjà indiqué que le protocole de Kyoto était un complot socialiste qui visait à soutirer de l’argent aux pays riches. Pas surprenant, donc, qu’en décembre 2011, après avoir ignoré maintes fois ses cibles, le Canada se retire officiellement de Kyoto. \n\nDans les grandes réunions environnementales, le Canada s’attire la foudre de la communauté internationale et rafle bon nombre de prix fossiles.\n (credit:AFP)
Durcissement des lois(12 of15)
Open Image Modal
La position des conservateurs sur les jeunes contrevenants et sur les questions carcérales a divisé les Canadiens. Si plusieurs se réjouissent que le parti de Stephen Harper ait tenu ses promesses en durcissant certaines lois, d’autres croient que l’on devrait investir dans des programmes sociaux et des mesures de prévention. \n\nLe projet de loi C-10, adopté début 2012 et qui durcit les peines de certains crimes en plus de rendre le pardon plus difficile, a été vivement critiqué. Le projet C-30 sur la surveillance Internet a pour sa part été abandonné en février 2013, après plus d’un an de débats et de controverses.\n
Nominations unilingues(13 of15)
Open Image Modal
En octobre 2011, Stephen Harper nomme Michael Moldaver, un juge unilingue anglophone, à la Cour suprême du Canada. En 2006, alors qu’il est au pouvoir que depuis un mois, le premier ministre avait posé un geste similaire. \n\nLa nomination de Michael Ferguson, aussi unilingue anglophone, au poste de vérificateur général, en novembre 2011, avait ajouté l’insulte à l’injure et rouvert le débat sur le bilinguisme. \n (credit:PC)
Les artistes en colère(14 of15)
Open Image Modal
Les artistes n’ont jamais été de fervents défenseurs des politiques des conservateurs. Dès 2008, des chanteurs, acteurs et autres artistes se liguent et présente la vidéo Culture en péril. Ils dénoncent les coupures dans le milieu de la culture et, plus tard, les politiques qui nuisent aux droits d’auteur. \n\nLes coupes dans les budgets de nombreux organismes, dont Radio-Canada, mettent également le feu aux poudres.\n (credit:Capture d\'écran)
La prorogation(15 of15)
Open Image Modal
Fin 2009, le premier ministre Harper choisit de fermer la Parlement. Résultat? Les députés ne siégeront pas pendant 63 jours. On veut reprendre les travaux une fois les Jeux de Vancouver passés. Mais plusieurs indiquent que les conservateurs souhaitent faire tomber la poussière sur le transfert de détenus afghans. \n\nFin 2008, Harper avait également demandé la prorogation – qu’il obtint – à la gouverneure générale Michaëlle Jean, alors que son gouvernement minoritaire est menacé par une coalition formée par les libéraux de Stéphane Dion et les néo-démocrates de Jack Layton et appuyée par les bloquistes de Gilles Duceppe.\n (credit:PC)

-- Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.