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Un djihadiste originaire du Canada a recruté d'autres combattants pour l'EI (VIDÉO)

Un djihadiste de Toronto aurait recruté cinq autres personnes pour l'État islamique
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André Poulin, un homme originaire de Timmins, en Ontario, avait convaincu cinq Torontois de le suivre en Syrie, puis de se mêler au groupe armé État Islamique (EI), selon une enquête exclusive de la CBC.

Le jeune homme dans la vingtaine, qui s'était converti à l'islam, est mort après avoir participé à une attaque contre un aéroport contrôlé par le régime syrien en août 2014.

Recruteur pour l'État Islamique

André Poulin, aussi connu sous le nom de Abu Muslim, avait notamment recruté Mohammed Ali, originaire de Mississauga en Ontario, qui serait présentement en Syrie.

Des experts qui surveillent attentivement ce type de groupe croient qu'il s'agit du deuxième voyage de Mohammed Ali en Syrie, qui se fait aussi appeler Abu Turaab.

Ils croient qu'il aurait été blessé lors de combats et serait revenu au Canada pour profiter des soins de santé avant de repartir.

Selon une enquête de la CBC, le père de Mohammed Ali avait demandé à un imam de parler à son fils, mais celui-ci était déterminé à rejoindre les rangs du groupe armé État Islamique.

Amis sur les réseaux sociaux

Abu Turaab et André Poulin étaient amis depuis 2009 sur un forum en ligne appelé Ummah.com. André Poulin a même conseillé à son nouvel ami d'économiser avant de se rendre en Syrie et même de demander un prêt de 100 000 dollars à la banque.

En apprenant la mort d'André Poulin, Turaab a écrit sur Twitter le statut suivant : Abu Muslim al-Kanadi [le Canadien]. Je ne serai pas ici aujourd'hui sans lui. Qu'Allah l'accueille. Amen.

Les tweets d'Abu Turaab sont si extrêmes que Twitter a fermé son compte à plusieurs reprises. Il a émis des menaces à l'endroit du Canada, louangé les attaques perpétrées cet automne à Ottawa et à Saint-Jean-sur-Richelieu, au Québec, et fait la promotion de la décapitation d'otages étrangers par l'EI.

Nouvelles recrues à Toronto

Puis en juillet 2014, le message suivant a été partagé : ''Nous sommes les amis d'Omar Abu Muslim [André Poulin] au Canada. Nous sommes présentement en Turquie et nous voulons savoir comment nous rendre en Syrie pour joindre l'EI.

Dans ce message, Abu Turaab mentionne les noms de quatre nouveaux amis. CBC a appris qu'ils sont tous dans la vingtaine et viennent du même quartier de l'est de Toronto.

Nés au Canada, leurs parents ont émigré du Bangladesh pour leur offrir une meilleure vie. Les quatre jeunes hommes ont passé leur enfance à participer aux activités communautaires d'une des nombreuses mosquées du quartier.

Leurs vies ont changé après la venue d'André Poulin en 2011, qui est rapidement devenue leur imam et leur confident. Selon des sources de la CBC, les quatre jeunes hommes se rencontraient plusieurs fois par semaine pendant un temps.

À la fin 2012, ils ont disparus sans laisser de traces après avoir acheté des billets d'avion pour le Moyen-Orient.

Des parents paniqués

Leurs familles, inquiètes, ont signalé leur disparition à la police de Toronto. Ils ont rapidement été interrogés par une équipe de la Gendarmerie Royale du Canada chargée de la sécurité nationale.

Le père d'un des jeunes, Abdul Malik, affirme que son fils a appelé à la maison quelques fois, affirmant « qu'il était en sécurité et au Liban, pas encore en Syrie. »

En février 2013, voyant l'urgence de la situation, les pères de deux des jeunes torontoisse sont rendues au Liban pour convaincre les quatre jeunes hommes de retourner avec eux au Canada.

Ils sont rentrés, mais André Poulin a décidé de rester au Moyen-Orient.

Il allait rapidement entrer en Syrie et joindre les rangs islamistes pour faire tomber le régime de Bashar Al-Assad.

Agités et isolés

À leur retour au Canada, les Torontois d'origine ont été interrogés à plusieurs reprises par des agents de la GRC et du Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS).

Selon leur famille, ils sont devenus « agités et isolés » au cours des mois suivant leur retour. Un an plus tard, trois des quatre amis sont disparus de nouveau, sans avertissement.

Cette fois-ci, il n'y a pas eu d'appels à la famille et il n'est pas clair s'ils sont encore en vie.

Les familles d'Abdul Malik et de Tabirul Hasib croient fermement qu'ils ont subi un « lavage de cerveau » et ne savent pas à quel point André Poulin les a influencé.

D'après les informations de Nazim Baksh et d'Adrienne Arsenault

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L'État islamique en 7 points
L'Etat islamique, c'est quoi?(01 of06)
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Peu après le début de la guerre en Irak menée par les Etats-Unis, un nouveau groupe jihadiste voit le jour en Irak. C'est l'origine de l'Etat islamique. Ce groupe se présentait comme le défenseur de la minorité sunnite face aux chiites qui ont pris le pouvoir avec l'invasion conduite par les Etats-unis en 2003. Il se fait connaître par des tueries de chiites et les attaques-suicides contre les forces américaines.Sa brutalité et son islam intransigeant pousseront finalement les tribus sunnites à le chasser de leur territoire. Traqués en Irak, ses membres dès juillet 2011, soit trois mois après le début de la révolte contre Bachar al-Assad, sont appelés à aller combattre en Syrie contre le régime. Une implication dans le conflit syrien qui lui permet un véritable essor. En Syrie, rapidement apparaissent les dissensions entre jihadistes irakiens et syriens. Les premiers proposent la création en avril 2013 de l'Etat islamique d'Irak et du Levant (EIIL) mais le chef syrien refuse et maintient le Front al-Nosra qui devient la branche officielle d'al-Qaïda en Syrie.Fort de ses victoires en Irak et en Syrie, le chef de l'EIIL Abou Bakr al-Baghdadi proclame en juin 2014 un "califat" à cheval sur les deux pays. A cette occasion, le groupe jihadiste est renommé Etat islamique (EI). Il est appelé ISIS en anglais et Daesh en arabe.Photo: le drapeau de l'Etat islamique (credit:DR)
Qui est leur chef?(02 of06)
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Combien sont-ils?(03 of06)
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Il n'y a pas de chiffres précis. L'observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) évalue en Syrie à plus de 50.000 le nombre de ses combattants, dont 20.000 non syriens, venus du Golfe, de Tchétchénie, d'Europe et même de Chine.En Irak, selon Ahmad al-Sharifi, professeur de Sciences politiques à l'université de Bagdad, l'EI compte entre 8000 et 10.000 combattants dont 60% d'Irakiens. L'EI recrute beaucoup à travers les réseaux sociaux, mais nombreux sont les rebelles qui le rejoignent par peur ou allécher par les salaires offerts. (credit:Associated Press)
Comment se financent-ils?(04 of06)
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Les experts estiment qu'il y a plusieurs sources de financement. D'abord, il y aurait des contributions de pays du Golfe. Le ministre allemand de l'aide au développement Gerd Müller a par exemple accusé directement le Qatar.Pour Romain Caillet, expert des mouvements islamistes, c'est essentiellement un auto-financement. Selon lui, le financement extérieur, dont de certaines familles du Golfe représente seulement 5% de ses ressources.Ensuite, l'Etat islamique soutire de l'argent par la force en pratiquant l'extorsion ou en imposant des impôts aux populations locales.A cela s'ajoutent la contrebande de pétrole et de pièces d'antiquité, les rançons pour la libération d'otages occidentaux et les réserves en liquide des banques de Mossoul dont s'est emparé l'EI au début de son offensive fulgurante lancé début juin en Irak.Selon Bashar Kiki, le chef du conseil provincial de Ninive, dont Mossoul est la capitale, les réserves en liquide des banques de la ville atteignaient avant cette offensive environ 400 millions de dollars, auxquels il faut ajouter quelque 250.000 dollars qui se trouvaient dans les coffres du conseil provincial. (credit:Associated Press)
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L'EI dispose de chars, humvees (véhicules de transport), missiles et autres armements lourds pris à ses ennemis lors de son offensive.Ce matériel, souvent de fabrication américaine, et notamment abandonné par l'armée irakienne lors de son retrait face aux insurgés aux premiers jours de leur offensive, a transformé les capacités militaires de l'EI."Ils ont engrangé des quantités significatives d'équipements dont ils avaient le plus besoin", selon Anthony Cordesman, du Centre pour les études stratégiques et internationales de Washington. (credit:Associated Press)
Pourquoi attirent-ils les jihadistes?(06 of06)
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Pour l'écrivain et journaliste libanais Hazem al-Amine, les jihadistes occidentaux sont fascinés par sa démonstration de force de "type hollywoodien". Les décapitations, les exécutions et la conquête de territoires font figure d'épopée. En outre, selon les experts, l'EI joue sur le sentiment religieux et leur affirme qu'il a renoué avec l'islam du temps de Mahomet. (credit:Associated Press)

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