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Un jour de l'an au centre-ville en 1971

C'est le jour de l'an, enfin presque. Comme je suis de nuit, et qu'il est 23hr00, c'est comme si c'était fait. Les plus vieux étant en congés, on les remplace par un tas de gars de toutes les relèves. Ces groupes disparates finissent par ressembler à une boîte de bonbons mélangés, mais faut faire avec. Plusieurs de ces gars sont pratiquement des inconnus pour moi. À part se dire bonjour ou bonsoir, je ne sais rien d'eux.
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C'est le jour de l'an, enfin presque. Comme je suis de nuit, et qu'il est 23hr00, c'est comme si c'était fait. Les plus vieux étant en congés, on les remplace par un tas de gars de toutes les relèves. Ces groupes disparates finissent par ressembler à une boîte de bonbons mélangés, mais faut faire avec. Plusieurs de ces gars sont pratiquement des inconnus pour moi. À part se dire bonjour ou bonsoir, je ne sais rien d'eux.

-Rassemblement!

Le sergent nous place en rangs d'oignons pour l'appel, il fait rapidement, pas question de manquer le Bye-bye!

-Trembay et Aubin sur le 4-8

Temblay est un gars que je ne connais pas trop. Il a plus de séniorité que moi et passe pour être un joyeux luron. Il va travailler avec moi pour deux jours, ce n'est pas la mer à boire. Justement, parlant de boire, mon compagnon traîne aussi cette réputation.

-Aye... Bonne année partner!

-Bonne année.

Richard a déjà commencé à préparer sa nuit de travail. Habituellement, certains d'entre nous, nous apportons un petit flasque d'alcool que nous partageons entre nous. C'est une coutume. Mais Richard possède une bouteille de cognac, j'espère secrètement qu'il l'échappe quelque part.

La nuit du jour de l'an, alors que tout le monde fête dans les bars et les appartements c'est là où nous pouvons avoir quelques surprises. Certaines agréables, d'autres moins. Alors pour nous, la sobriété à meilleur goût.

Nous ne sommes pas encore bien assis dans le véhicule, qu'à la radio les appels se bousculent. Notre premier appel est fort représentatif. Une chicane de ménage. Dans notre ''centre ville'', celui des plus pauvres, le jour de l'an est déjà bien entamé. En fait, il y en a même qui sont sur le party depuis janvier de l'an passé.

Nous grimpons l'escalier rempli de neige d'un triplex de la rue Dorion. Ce sont des gens que nous connaissons depuis des lunes. C'est drôle, il y a des familles comme ça. On dirait qu'ils ont un abonnement annuel, ils ont dû payer un forfait. Ce soir, c'est particulièrement bruyant. La bataille est poignée.

J'ouvre la porte sans même frapper, mais je frapperai quand même sur la tête d'un gars qui en étouffe un autre. Richard de son côté repousse un ivrogne voulant intervenir, qui se retrouve, sur un sofa déjà mal en point. La fête devient un peu moins assourdissante, sauf pour le pick-up, qui joue une ''toune'' de Renée Martel, à tue-tête. Je raye malheureusement le disque en tentant de fermer l'appareil.

-Aye le malade! Mon disque.

-Aye le malade... Mes oreilles.

L'autre me regarde les poings fermés, la bedaine menaçante. Mais une des filles les moins éméchées vient le ramasser par le bras.

-Laisses les faire Roger, c'est des osties chiens.

-Oui, bonne année à vous aussi. On ne veut pas revenir cette nuit, OK?

Richard fait quand même un petit sourire entendu à la jeune femme, qui le lui remet sans aucune gêne.

Une fois à la voiture, mon partenaire se prend une bonne gorgée de cognac à même la bouteille.

-T'en veux-tu?

-Ouff, non ça va.

Nous repartons lentement vers une patrouille régulière, Richard fredonne un air de Noël et se reprend une petite rasade.

-Elle en avait toute une paire la pitoune de tantôt.

-Ouais, j'ai vu... Elle nous a aussi traités de chiens.

-Ouais, mais toute une pitoune...

Le reste de la nuit se passe entre quelques appels pour des gars ivres qui se chamaillent, deux accidents pas très graves, un homme attaqué par le trottoir, une vitrine défoncée et trois jolies bagarres dans les clubs de la Catherine. C'est peut-être le jour de l'an, mais la vie continue.

Richard en est à la moitié de sa bouteille et devient de moins en moins fonctionnel. Par chance, le sergent l'est tout autant, ce gros bonhomme n'est allé sur la route que pour visiter ses amis de bars. Il ne nous reste que deux heures à passer et tout semble se calmer. Non... Le répartiteur nous retourne à l'adresse de la rue Dorion. Une bagarre! Tien donc.

Notre arrivée se fait dans le plus grand capharnaüm. La musique s'entend du dehors, les voisins sont sur les balcons, le vieux sofa déchiré est à moitié sur le trottoir et à moitié sur le capot d'une voiture. Richard, pas trop frais s'étale de tout son long sur un amas de neige.

-T'es correct?

-Ouais... Ostie de glace.

Nous grimpons à l'étage, mon gros à bedaine est assis dans l'escalier la chemise déchirée. On entend des bris de verre qui éclatent et la musique western qui tente d'enterrer tout ça. Pas à dire, c'est bien le jour de l'an.

J'entre le premier, sors mon canif et coupe le fil du pick-up. Premier cas réglé. Les deux gars qui se battent sont presque à moitié morts, deuxième cas réglé. Je pars vers la cuisine et verse les bières qui restent dans l'évier, troisième cas réglé. Tout devient pratiquement silencieux.

Je regarde autour et ne vois plus mon partenaire. Pour cause, il est en plein échange de langue avec la fille aux gros lolos. Il doit exercer le mot d'ordre '' Paix sur terre aux hommes de bonne volonté''

Bien, on a réglé tous les problèmes... Ou presque! Il me reste une autre nuit à passer avec Richard, par chance les nuits suivant le jour de l'an, sont plus calmes. Les fêtards sont épuisés. C'était ça aussi la police.

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10- Préférer attendre d’être prêtVaut mieux attendre le bon moment au cours de l’année, celui où l’on sera prêt à prendre cette résolution parce qu’on l’aura mûrement réfléchie et non parce que c’est le 1er janvier.

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Bonne année!

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