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Victimes du terrorisme: un bilan de plus en plus lourd

Si le nombre d'attentats a considérablement augmenté, seulement 0,5% des décès sont survenus en Occident.
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On le sait trop bien, la grande majorité des victimes d'attentats terroristes sont des citoyens vivant pour la plupart dans trois pays répartis sur deux continents. Il s'agit de la Syrie, de l'Afghanistan et du Nigeria, où sont recensés plus de 55 % des attentats commis dans le monde pour la seule année 2014.

Dans son plus récent rapport, le Global Peace Index de 2016 indique une recrudescence des attaques terroristes ciblant les populations civiles, ce à quoi s'ajoute la crise des réfugiés qui fait rage actuellement en Syrie, mais aussi en Somalie et au Soudan du Sud. Depuis les dernières années, le nombre de victimes liées au terrorisme ne cesse donc d'augmenter, avec les conséquences dévastatrices que cela implique.

Globalement, l'on dénombre une augmentation de 600 % du nombre d'attentats depuis quinze ans, l'année 2016 venant alourdir ce bilan déjà impressionnant où l'on recense des attaques particulièrement meurtrières, essentiellement liées au fondamentalisme religieux. Nous n'avons qu'à penser à l'importante tuerie survenue en juillet dernier dans la ville de Bagdad, le nombre de victimes civiles s'élevant à plus de 200 personnes dans un attentat suicide revendiqué par l'État islamique.

L'autre grande conséquence du terrorisme mondial, c'est la difficulté que rencontrent les missions d'aide pour ravitailler les populations civiles.

Ce genre de tragédies survient dans des régions où l'absence d'État de droit, tantôt associé au terrorisme, tantôt à l'existence d'un État autocratique, laisse la violence s'exprimer sur une base quotidienne. Cela oblige les populations à chercher asile pour fuir les horreurs d'une guerre en apparence interminable. Ainsi, c'est au Proche-Orient et plus particulièrement en Syrie que l'on dénombre le plus grand nombre de personnes déplacées, mais aussi de demandeurs d'asile, conséquence directe de l'instabilité politique qui y règne depuis plus de cinq ans. Dans les 8 derniers mois, c'est plus de 3000 civils qui ont ainsi péri en cherchant désespérément à fuir par la Méditerranée les violences du conflit. Ce n'est donc pas en Europe, mais bien au Proche-Orient, qu'il nous faut braquer notre regard pour mesurer l'impact réel du terrorisme sur les populations civiles.

Aujourd'hui en Occident, contrairement à ce qui s'observe au Moyen-Orient ainsi qu'au Proche-Orient, les attentats terroristes restent rares, voire exceptionnels, d'où la peur parfois irrationnelle qu'ils inspirent. Si le nombre d'attentats a considérablement augmenté dans les dernières années, seulement 0,5 % des décès à l'échelle mondiale dus au terrorisme sont survenus en Occident depuis le début des années 2000. Cette donnée, qui se trouve à la cinquième page de la Global Terrorism Database de 2015, exclut bien évidemment les plus récentes attaques en sol français, mais aussi les attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis. Les causes du terrorisme sont donc avant tout d'ordre structurel, et s'expliquent par le climat d'instabilité qui règne dans certaines régions du monde.

En se basant sur les plus récentes données du Global Index Terrorism, le politologue Charles Philippe David montre qu'il existe une corrélation directe entre l'augmentation des attentats terroristes et «les conflits armés impliquant des États déliquescents», fortement fragilisés par le climat de violence endémique qui expose les populations civiles à des actes de barbarie particulièrement meurtriers.

Depuis son invasion en 2003, l'Afghanistan connaît des attentats successifs qu'alimente une instabilité politique où l'État ne réussit pas à s'implanter durablement, confronté aux affrontements entre des clans qui s'accusent réciproquement de piller les ressources du pays et de collaborer avec l'Occident. En mai dernier, les talibans ont d'ailleurs entrepris une vaste offensive dans le sud du pays, privant des millions de citoyens du ravitaillement nécessaire et d'une voie d'accès direct à l'hôpital de Lashkar Gah, principal centre médical de la région.

Ainsi, l'autre grande conséquence du terrorisme mondial, c'est la difficulté que rencontrent les missions d'aide pour ravitailler les populations civiles, conséquence de l'insécurité extrême que l'on retrouve dans certaines régions du monde. En février dernier, un convoi de vivres destinés aux populations a dû être acheminé par voie aérienne pour approvisionner la ville syrienne de Deir Ez-Zor, toujours sous l'emprise de l'État islamique, qui contrôle plusieurs quartiers de la ville. S'étant soldée par un échec, cette mission pilotée par l'ONU présentait plus de risques opérationnels qu'un approvisionnement terrestre, mais moins de danger pour le personnel envoyé en mission. L'option aérienne semblait donc la plus adéquate étant donné les circonstances.

Dans un contexte où le risque zéro lors des opérations d'aide n'existe pas, l'intensification des conflits à petite échelle oblige les missions humanitaires à revoir certaines de leurs stratégies. Au Québec, l'organisme à but non lucratif Azøth a récemment été créé dans l'objectif d'assurer la protection des convois humanitaires. À la différence des agences de sécurité privée, Azøth est un organisme à but non lucratif dont l'objectif n'est pas le profit, mais bien le respect des droits des populations dans une optique d'aide humanitaire. Le Canada s'est longtemps taillé une fière place dans le domaine de l'aide humanitaire. Souhaitons que l'actuel gouvernement puisse entreprendre des initiatives afin d'augmenter l'aide internationale, faisant ainsi contrepoids au précédent règne conservateur de Stephen Harper.

Ouvrage cité

1) Charles-Philippe, David, L'effet 11 septembre, 15 ans après, Chaire Raoul-Dandurand, Septentrion, Québec, p.46.

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