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Judy Garland chez Duceppe: le dernier tour de piste d'une étoile (ENTREVUES/VIDÉO)

Judy Garland chez Duceppe: le dernier tour de piste d'une étoile

Londres, 1968, Judy Garland prépare une ultime série de représentations au Talk of the town, accompagnée de son fidèle pianiste et de son nouveau boy toy. Bien qu’elle soit sobre, délestée de sa relation avec les barbituriques et déterminée à offrir au public un spectacle à la hauteur de sa renommée, elle est peu à peu rattrapée par ses peurs et sombre dans la déchéance. Survol dramatique et musical d’une vie de splendeurs et de laideurs, la pièce de Peter Quilter est mise en scène par Michel Poirier, qui a offert le rôle-titre à Linda Sorgini.

Née au Minnesota en 1922, Judy Garland avait 17 ans, lorsqu’elle a fait sa place parmi les étoiles d’Hollywood grâce au film The Wizard of Oz, qui lui a valu l’Oscar de la meilleure jeune actrice. Son incarnation de Dorothy Gale est d’ailleurs le premier souvenir qui remonte à la mémoire de Linda Sorgini, quand il est question de la célèbre chanteuse.

«Je me souviens de sa pureté, de sa naïveté et de sa tendresse quand elle chantait Somewhere over the rainbow. J’essaie de me nourrir de cette image-là dans mon travail : l’enfance avant la déchéance, la jeune fille qui se demande au fond d’elle pourquoi elle n’arrive pas à se rendre "over the rainbow"…»

Même si l’icône figurait parmi les dix vedettes les plus populaires du box-office américain, sa vie n’avait rien d’un conte de fées. Obligée d’avaler les pilules que sa mère lui donnait pour couper son appétit, elle a sombré dans la spirale des amphétamines pour travailler 14 heures de suite, ce qui l’obligeait à prendre des somnifères pour trouver le sommeil.

Tournant jusqu’à trois films par année, Judy Garland accumulait les succès: Words and Music, For Me and My Gal, Meet Me in St.Louis, Easter Parade, Summer Stock. Sa dépendance et son tempérament ont toutefois poussé la MGM à mettre fin à son contrat, alors qu’elle n’avait que 28 ans.

S’en sont suivis dépression, tentatives de suicide, dettes monumentales, série de concerts présentés à guichets fermés, nomination aux Oscars pour son rôle dans A Star is Born (1954) et triomphe au Carnegie Hall, en 1961. Fragile autant mentalement que physiquement, elle a succombé à une surdose de barbituriques, le 22 juin 1969.

La femme derrière l’étoile

À travers ces nombreux drames, un élément a permis à Judy Garland de traverser le temps et de faire résonner sa voix partout dans le monde: sa proximité avec le public. «Dans les vidéos de l’époque, on voit qu’elle se permet de chanter avec des attitudes physiques du quotidien, un peu désinvoltes, explique Michel Poirier. Elle était près du peuple, malgré son allure de star.»

Linda Sorgini en rajoute: «Il paraît qu’elle était sur scène comme dans son salon et qu’elle considérait chaque spectateur comme un invité chez elle. Elle s’assoyait devant les gens et racontait un peu de sa vie. Elle était d’une extrême générosité.»

Malgré la place importante qu’occupent les chansons dans la production, le metteur en scène précise qu’il ne s’agit pas d’une comédie musicale. «La musique fait partie intégrante du personnage, dit-il. Son métier c’est de faire de la scène, donc je lui en fais faire. Comme Germaine Lauzon (Belles-Sœurs) qui colle des timbres sur scène, parce que c’est son activité. La pièce est entrecoupée de moments où on voit Judy Garland performer au Talk of the town, six mois avant sa mort.»

Le rôle d’une vie

Poirier a orchestré de nombreuses transitions entre la salle de spectacle et la suite au Ritz, où les spectateurs pourront plonger dans la névrose et les souvenirs de la chanteuse. « Sa mère l’a pratiquement vendue à la MGM. Elle était une enfant déscolarisée et mal équipée pour affronter la vie. On l’a bourrée de pilules quand elle était enfant. On lui disait qu’elle était trop grosse, alors qu’elle n’avait que du petit gras d’adolescente. On lui donnait du speed pour qu’elle performe et des calmants pour qu’elle s’endorme. Puis, on lui reprochait d’être sous médication! Avec le temps, elle était convaincue qu’elle ne pouvait pas faire de scène sans être sous les effets de la dope. »

Dépendance, dépression, déroute. Le personnage de Judy Garland est un défi d’interprétation monumental, selon lui. « Même sans les chansons, ce serait un rôle énorme, affirme Michel Poirier. J’avais besoin d’une machine pour jouer quelque chose d’immense comme ça et je savais que Linda pouvait s’y attaquer. J’aime sa rigueur de travail. En plus, elle a une voix merveilleuse et elle possède une grande connaissance de la culture américaine de Broadway. »

Habituée aux comédies musicales (Un Violon sur le toit, Sister Act), Linda Sorgini prépare son rôle depuis plus d’un an. « J’ai commencé l’entraînement vocal en vue des représentations de Sister Act l’été dernier et j’ai continué jusqu’à aujourd’hui. Mais ce n’est pas seulement un show de musique. Je joue, je crie et je dois plonger dans une dose d’émotions dramatiques qui me rentre dedans, avec parfois sept représentations par semaine. C’est tout un mandat! »

Judy Garland, la fin d'une étoile sera présentée chez Duceppe du 8 avril au 16 mai 2015. Cliquez ici pour plus de détails.

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