Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.
Le 30 km/h en ville assure une meilleure sécurité des plus vulnérables: cyclistes, piétons et enfants. Les statistiques se passent de commentaire: un piéton a 95 % de chance de survie lors d'un choc à 30 km/h, 53 % à 50 km/h, et seulement 20 % à 60 km/h. De plus, ça rend aussi la ville plus conviviale et moins bruyante.
|
This post was published on the now-closed HuffPost Contributor platform. Contributors control their own work and posted freely to our site. If you need to flag this entry as abusive, send us an email.

Récemment, en revenant de faire une commission à pied par un bel après-midi, un grand gaillard, ado, noir, m'a accostée. Dès qu'il a ouvert la bouche, j'ai compris qu'il avait une déficience intellectuelle. Très gentil et doux, il me souriait beaucoup et m'a raconté ses petites choses. Ça m'a fait plaisir de l'écouter. De toute façon, depuis mon accident de vélo, je suis lente comme une tortue et je claudique, alors autant avoir un peu de compagnie.

Arrivés à l'intersection de LaSalle et De L'église à Verdun, la lumière est devenue verte pour nous et nous avons traversé tandis que le petit piéton lumineux nous indiquait qu'il nous restait encore 35 bonnes secondes. C'est alors que les automobilistes, tant en provenance de l'est que de l'ouest, se sont mis à s'engager et à tourner en nous contournant, certains nous frôlant. La plupart de ces conducteurs étaient seuls au volant de leurs rutilantes montures et visiblement pressés.

Il faut savoir que cette intersection mène au boulevard Gaétan-Laberge, qui donne accès au pont Champlain et que tout ce beau monde se hâtait de traverser vers les quartiers résidentiels de la Rive-Sud ou de L'Île-des-Sœurs avant l'heure de pointe.

Sauf que, Verdun, c'est d'abord et avant tout un milieu de vie. C'est là où je fais mes commissions à pied, une solution non polluante, tout en encourageant les commerçants locaux. Déjà que de la circulation lourde de transit en plein cœur d'un milieu de vie, ça n'a aucun bon sens (parlez-en à Luc Ferrandez!), mais, en plus, ce type de conduite échevelée qui met en danger la sécurité des piétons, alors qu'ils sont dans leur plein droit, ça me mets en beau «joual vert».

Il y a plusieurs façons d'assurer la sécurité des milieux de vie, comme d'imposer des amendes plus lourdes (et les appliquer!) pour le non-respect de la signalisation piétonnière et l'incivilité, incluant l'arrêt total du véhicule aux passages piétonniers.

Mais il y a autre chose. En France, plusieurs municipalités ont adopté la mesure du 30 km/h max en ville pour des raisons de sécurité, d'environnement, de nuisances sonores et de cohabitation plus harmonieuse entre les différents usagers de la rue.

C'est à Graz, en Autriche, que le 30 km/h en ville a été adopté pour la première fois, en 1992. La municipalité était alors partie du principe, très justifié, qu'une rue n'est pas une route et qu'on ne doit pas y circuler de la même façon.

Le 30 km/h en ville assure une meilleure sécurité des personnes les plus vulnérables : cyclistes, piétons et enfants. Les statistiques se passent de commentaire : un piéton a 95 % de chance de survie lors d'un choc à 30 km/h, 53 % à 50 km/h, et seulement 20 % à 60 km/h. De plus, le 30 km/h rend aussi la ville plus conviviale et moins bruyante.

C'est pourquoi, dans le cadre de la grande refonte prévue pour dépoussiérer le Code de la sécurité au Québec, le gouvernement aurait tout avantage à s'inspirer l'Europe en adoptant un Code de la rue avec des limites de vitesse de 30 km/h sur toutes les rues, que les municipalités n'auraient qu'à appliquer.

Maudites banlieues?

Évidemment, ces automobilistes qui nous ont contournés cavalièrement, mon compagnon d'infortune et moi, qui étaient fous furieux à l'idée de se retrouver dans le trafic aux abords du pont Champlain, s'inscrivent dans un mode de vie banlieusard. Ce phénomène est la cause principale de cette lourde circulation de transit sévissant dans les milieux de vie urbains, avec un manque de civisme flagrant. Malheureusement, l'étalement urbain continue de... s'étendre.

Malgré l'adoption en 2011 d'un Plan métropolitain d'aménagement et de développement pour les 20 prochaines années pour 82 municipalités de la grande région de Montréal visant à augmenter la densité du développement résidentiel autour des gares et des transports en commun dans les banlieues, les résultats se font toujours attendre. Et rappelons que l'élément le plus controversé du plan, le gel du dézonage des terres agricoles à des fins de développement, a malheureusement été abandonné. De quoi voir poindre comme des champignons encore plus de développements sans âme et de plus en plus loin de l'île de Montréal.

L'étalement urbain est regrettable, mais découle en grande partie de la difficulté d'accéder à la propriété à Montréal compte tenu du prix des immeubles, le tout assaisonné d'une bonne dose de préjugés négatifs quant à la ville comme milieu de vie favorable pour élever des enfants.

Soit, mais alors, on fait quoi avec tous ces automobilistes?

Le problème, c'est que le Québec, à l'image de l'Amérique du Nord, n'a pas une grande culture du transport en commun. Prendre le train ou l'autobus pour aller travailler en ville devrait constituer une évidence pour le banlieusard, mais aussi pour le gouvernement, qui doit investir et non considérer cela comme une dépense.

Dans un récent éditorial, Paul Journet de La Presse regrettait que seulement 60% des projets de transports collectifs prévus sont réalisés au Québec. C'est décourageant et cela montre combien les mentalités sont longues à changer. Comment espérer que les gens embarquent si l'offre n'est pas suffisante et adéquate? Non seulement il faudrait dépenser 100% du budget alloué, mais l'augmenter et multiplier les initiatives comme l'instauration d'un tram-train sur le futur pont Champlain, avec quelques arrêts sur la rue Wellington jusqu'à l'entrée du Vieux-Montréal.

Il y a un mois, l'AMT a confirmé étudier sérieusement l'option du tram-train. Ce serait une solution, moins chère que le système léger sur rail (SLR) et, surtout, plus rapide que les bus, ce qui constituerait un incitatif certain pour les gens de Brossard et environ.

Mais ce n'est qu'un début, il en faudrait plus, beaucoup plus. Tous les travailleurs de la banlieue devraient avoir accès à des transports en commun efficaces, qui ne prennent pas le double, voire parfois le triple du temps en voiture pour se rendre à destination. Ce devrait être une priorité gouvernementale.

On nous répète qu'il n'y a pas d'argent. Et pourtant, moins d'utilisateurs du système routier, c'est moins de pression sur celui-ci, et donc moins d'usure, moins de réfections. La question est donc, a-t-on les moyens économique et environnemental de se priver d'une offre de transport en commun valable?

Malheureusement, comme toujours, les gens qui nous dirigent travaillent à courte vue, souffrant d'un cruel manque de vision à long terme pourtant nécessaire pour saisir qu'investir, puis prendre le temps de rentabiliser constitue toujours l'option la plus payante.

VOIR AUSSI SUR LE HUFFPOST

7 stations de métro où (presque) personne ne va
Georges-Vanier(01 of14)
Open Image Modal
Ligne : orange\nMise en service : 1980\nOrigine du nom : Georges Vanier a été militaire, avocat, diplomate et gouverneur général du Canada de 1959 à 1967.\nNombre d\'entrées (2011): 773 078\n (credit:Vincent Fortier)
Georges-Vanier(02 of14)
Open Image Modal
L’ancien gouverneur général du pays doit se retourner dans sa tombe. Celui qui a grandi à quelques blocs du boulevard Georges-Vanier a donné son nom à la station la moins achalandée de tout le réseau du métro (17 fois moins d’entrées qu’à Berri-UQAM, la station la plus populaire). Vrai qu’il n’y a pas grand-chose autour de la station prise en étau entre Lionel-Groulx et Lucien-L’Allier, deux concurrentes bien plus fréquentées. Mais il vaut la peine de s’y arrêter pour apprécier l’architecture de la Petite-Bourgogne et pour emprunter le tunnel sous l’autoroute Ville-Marie qui vous mènera jusqu’au centre-ville, via Saint-Marc. Occasions photos! (credit:Vincent Fortier)
De la Savane(03 of14)
Open Image Modal
Ligne : orange\nMise en service : 1984\nOrigine du nom : Dès 1778, la rue qui est créée à cet endroit traversait… une savane!\nNombre d\'entrées (2011): 934 336 (credit:Vincent Fortier)
De la Savane(04 of14)
Open Image Modal
En intégrant une architecture et des éléments décoratifs futuristes, les concepteurs de la station De la Savane avaient sans doute imaginé un avenir prometteur pour ce secteur de Côte-des-Neiges. Pour le moment toutefois, il n’y a pas grand-chose aux abords de Décarie. La station voisine, Namur, est pas mal plus animée. Un puits de lumière permet d’éclairer l’œuvre Calcite, de Maurice Lemieux et de se connecter à internet via le réseau 3G. (credit:Vincent Fortier)
Acadie(05 of14)
Open Image Modal
Ligne : bleue\nMise en service : 1988\nOrigine du nom : Le boulevard du même nom a été nommé en l’honneur des Acadiens déportés. \nNombre d\'entrées (2011): 1 109 508 (credit:Vincent Fortier)
Acadie(06 of14)
Open Image Modal
Des 10 stations les moins fréquentées du réseau, trois sont sur la ligne bleue, Acadie en tête (devant d’Iberville et de Castelneau). Mais les choses pourraient changer, puisque tout au long de la ligne 5, des quartiers autrefois malaimés – Parc-Extension en est l’exemple le plus probant – sont de plus en plus prisés. Acadie, troisième station la moins populaire du réseau, est peut-être la plus dramatique, avec ses quais noirs et bleus et ses luminaires rouges vifs. Les murales de Jean Mercier, représentant des personnages qui semblent en apesanteur sur les murs de la station, ont été les premières œuvres d’art photographiques dans le métro de Montréal. (credit:Vincent Fortier)
L’Assomption(07 of14)
Open Image Modal
Ligne : verte\nMise en service : 1976\nOrigine du nom : L’avenue Poulin a été renommée L’Assomption en 1951 après la proclamation, en 1950 par Pie XII, du dogme de L’Assomption.\nNombre d\'entrées (2011): 1 141 977 (credit:Vincent Fortier)
L'Assomption(08 of14)
Open Image Modal
L’urgence de l’hôpital Maisonneuve-Rosemont, située à environ 10 minutes de marche de L’Assomption, est sans aucun doute plus achalandée que la station! L’Assomption est si peu fréquentée, qu’on ne se soucie pas trop de son appellation exacte. L’affichage sur les quais et la voix dans le métro indique «L’Assomption» alors que le plan du métro et le site de la STM parle d’«Assomption», sans le «l’». Après avoir admiré les murales colorées de Guy Montpetit, on sort à l’extérieur pour réaliser qu’on est au milieu de nulle part! On profite toutefois d’un point de vue inédit sur le Stade et le village olympique. (credit:Vincent Fortier)
De la Concorde(09 of14)
Open Image Modal
Ligne : orange\nMise en service : 2007\nOrigine du nom : Le boulevard de la Concorde qui borde la station est nommé d’après la place du même nom à Paris.\nNombre d\'entrées (2011): 1 234 745 (credit:Vincent Fortier)
De la Concorde(10 of14)
Open Image Modal
Si ce n’était pas du lien entre de la Concorde et du train de banlieue vers Blainville/Saint-Jérôme, seuls les résidants de ce secteur de Laval-des-Rapides emprunteraient la station. Complètement déclassée par les deux autres stations lavalloises qui l’encadrent et où l’on trouve les terminus d’autobus, de la Concorde est toutefois un succès sur le plan architectural. C’est lumineux, ça respire et c’est cohérent. Cinquième station la moins achalandée du réseau, bien peu de gens peuvent cependant en profiter. (credit:Vincent Fortier)
Monk(11 of14)
Open Image Modal
Ligne : verte\nMise en service : 1978\nOrigine du nom : Des avocats, dont Frederick Monk, achètent la terre Davidson où sera tracée la rue Davidson, devenue le boulevard Monk en 1911.\nNombre d\'entrées (2011): 1 279 012\n (credit:Vincent Fortier)
Monk(12 of14)
Open Image Modal
Il existe une aura de mystère autour de la station Monk. Après un petit sondage maison sur les stations les moins souvent visitées, c’est le nom qui est ressorti le plus souvent. Mais six arrêts restent tout de même moins achalandées que Monk. À l’intérieur, sous une série de balcons fermés pour la sécurité des personnes non voyantes, le principal attrait est sans doute l’œuvre Pic et Pelle de Germain Bergeron, constitué de deux immenses sculptures. À l’extérieur, une véritable vie de quartier s’articule autour du boulevard Monk. C’est d’ailleurs la seule station de notre liste qui compte une SAQ à moins de 100 mètres! (credit:Vincent Fortier)
Préfontaine(13 of14)
Open Image Modal
Préfontaine\nLigne : verte\nMise en service : 1976\nOrigine du nom : Raymond Préfontaine a été maire de Montréal de 1898 à 1902.\nNombre d\'entrées (2011): 1 348 300 (credit:Vincent Fortier)
Préfontaine(14 of14)
Open Image Modal
Champ-de-Mars n’est pas la seule station de Montréal qui laisse entrer la lumière naturelle jusqu’aux quais. C’est le cas aussi à Préfontaine, situé dans l’arrondissement de Mercier–Hochelaga–Maisonneuve ce qui fait que, oui, il est possible de se connecter au réseau 3G! Sur les édicules et à l’intérieur de la station, le logo fléché du métro de Montréal est repris comme un élément décoratif et architectural. À l’extérieur, la rue Hochelaga montre peu de signes de vie. Si vous êtes dans le coin, allez voir les curieuses statues anciennes (en plus d’une réplique de la statue de la Liberté!) qui coiffent le bâtiment d’Aliments Starmax, sis au 2965, rue Hochelaga. (credit:Vincent Fortier)

Open Image Modal
Open Image Modal
-- Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.