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Féministes, tant qu'il le faudra!

Des mesures toutes simples pour pallier les inégalités continuent d'être ignorées par les libéraux. Et pourquoi nier que les mesures d'austérité ont un impact différencié sur les femmes alors que les chiffres prouvent le contraire? N'ayons pas peur des mots: ce gouvernement représente un grand bond en arrière pour les femmes du Québec.
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C'était il y a 20 ans. Des centaines de femmes, armées seulement de leur détermination et d'une bonne paire de chaussures, sont parties de Montréal, Longueuil et Rivière-du-Loup et ont marché jusqu'à Québec, pour la Marche du Pain et des roses. C'était la rencontre de deux thèmes profondément reliés: lutte à la pauvreté et aux inégalités et féminisme. Ces combats ont marqué mon parcours politique, des premières années à mon travail d'aujourd'hui comme députée de Gouin.

Le Québec a fait beaucoup de chemin depuis mai 1995. Nous avons gagné les Centres de la petite enfance. Nous avons gagné l'équité salariale, les congés parentaux et des politiques contre les agressions à caractère sexuel. La loi qui facilite le paiement des pensions alimentaires représente une victoire pour les mères monoparentales. La représentation des femmes au sein des instances politiques a augmenté: le sommet des élections de 2012 a vu 41 femmes élues à l'Assemblée nationale. Un petit pas vers l'avant, qui reste bien loin de la parité souhaitée par les solidaires.

Pourtant, tout n'est pas rose. Les mesures d'austérité du gouvernement Couillard - qui emprunte la voie toute tracée des gouvernements précédents, péquistes comme libéraux - frappent les femmes de façon démesurée. Les garderies à 5$, condition incontournable de la conciliation famille-études-travail, sont passées dans le collimateur de la tarification: de 7$ sous les libéraux de Jean Charest, le tarif a été indexé sous le Parti québécois et finalement modulé par Philippe Couillard.

Les inégalités de revenu entre les hommes et les femmes sont loin de s'estomper, comme le savent fort bien les centaines de milliers de femmes employées de l'État. Peu importe les dires du président du Conseil du trésor: les offres patronales de Martin Coiteux visent d'abord et avant tout les femmes. Le nier, c'est nier la réalité de tous les jours des Québécoises.

Des mesures toutes simples pour pallier les inégalités continuent d'être ignorées par les libéraux. Pourquoi calcule-t-on encore la pension alimentaire comme un revenu dans le calcul de l'aide sociale, malgré la bonne foi affichée par l'ex-ministre de l'Emploi et de la Solidarité sociale, François Blais, l'automne dernier? Pourquoi nier que les mesures d'austérité ont un impact différencié sur les femmes alors que les chiffres prouvent le contraire? En mars, une étude de l'Institut de recherche et d'informations socio-économiques (IRIS) démontrait que l'austérité créait un fossé de 3 milliards de dollars entre les hommes et les femmes!

Ce gouvernement représente un grand bond en arrière pour les femmes du Québec.

Heureusement, nous pouvons compter sur un mouvement féministe qui regarde vers l'avant. Notre congrès, qui s'ouvre aujourd'hui à Montréal, abordera les enjeux qui touchent les femmes, les familles et les personnes de la diversité sexuelle et de genre. Des centaines de femmes et d'hommes de toutes les régions du Québec convergeront vers le centre-ville de Montréal. Et ce ne sont pas toutes des têtes grises: les idées féministes portées par Québec solidaire et tant d'autres organisations rejoignent maintenant des jeunes femmes qui promettent un avenir brillant au mouvement.

Ce goût renouvelé pour le féminisme dépasse les frontières du Québec.

Partout à travers le monde, le mouvement traverse une période d'ébullition. Les membres solidaires auront la chance d'entendre l'histoire de la campagne pour l'indépendance de l'Écosse de la bouche de Cat Boyd, une jeune militante féministe, actrice de premier plan de la Radical Independence Campaign. Ces jeunes gens ont organisé un travail de terrain de grande ampleur pour parler d'indépendance dans les milieux populaires, sans peur de transmettre le goût du pays aux communautés issues de l'immigration.

Mme Boyd fait partie d'une génération de jeunes féministes dont la perspective incorpore les enjeux de diversité sexuelle et de genre, quasi absents du débat public québécois, mais qui n'ont jamais été autant d'actualité. Ce congrès abordera le travail du sexe, les droits des personnes transgenre et transsexuelles, la culture du viol et les publicités sexistes. Et il ne s'agit pas de positions de principes: nous souhaitons mettre fin à la discrimination sous toutes ses coutures dans les organismes publics et dans le milieu de vie des Québécoises et des Québécois par l'adoption de politiques qui feront la différence.

Je suis fière d'appartenir à un parti qui ose dénoncer, sur toutes les tribunes, les inégalités entre les femmes et les hommes. Qui ose poser un regard féministe sur notre société, de son développement économique à sa démocratie. Oui, nous serons féministes tant qu'il le faudra!

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Principales pionnières féministes du Québec
Marie Lacoste-Gérin-Lajoie (1867-1945)(01 of05)
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En 1893, elle est l\'une des seules femmes francophones à militer au sein du Montreal Local Council of Women (MLCW), comité majoritairement anglophone et qui est l\'un des premiers groupes féministes du Québec. Elle s\'en dissocie en 1907 pour co-fonder la Fédération nationale Saint-Jean-Baptiste (FNSJB), qui s\'adresse aux Canadiennes françaises catholiques. Elles militent contre l\'alcoolisme, la violence domestique et l\'abandon. Marie Lacoste-Gérin-Lajoie y occupera les fonctions de secrétaire (1907-1913) et de présidente (1913-1933).\n\nEn 1902, elle publie le Traité de droit usuel à la suite de nombreuses lectures sur la situation juridique de la femme mariée au Québec. L\'ouvrage devient une référence pour le militantisme féministe.\n\nSa fille, Marie, a été la première bachelière du Québec. (credit:Archives nationales du Québec)
Idola Saint-Jean (1880-1945)(02 of05)
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Professeure, actrice, écrivaine et politicienne, Idola Saint-Jean s\'implique auprès du Comité du suffrage provincial du suffrage féminin dès ses premiers moments pour que les femmes obtiennent le droit de vote. Elle fonde, en 1927, l\'Alliance canadienne pour le vote des femmes du Québec, qui mise davantage sur les femmes de la classe ouvrière.\n\nElle multiple les écrits dans les journaux et déclarations pour que le gouvernement provincial accorde le droit de vote aux femmes. Elle ira même jusqu\'à envoyer une pétition de 10 000 signatures au roi George V pour faire valoir sa cause. (credit:Archives nationales du Québec)
Thérèse Casgrain (1896-1981)(03 of05)
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Grande humaniste, politicienne et fervente défenderesse de la justice sociale, Thérèse Casgrain milite pour le droit des femmes dès les années 1920. Par la suite, elle est présidente de la Ligue pour les droits de la femme jusqu\'en 1942, année où elle se présentera en tant que candidate «indépendante-libérale» à une élection fédérale partielle.\n\nAdversaire politique de Maurice Duplessis, elle est la première femme à être chef d\'un parti politique quand elle dirige le Parti social-démocratique (PSD) du Québec de 1951 à 1957, l\'ancêtre du Nouveau Parti démocratique du Québec (NPQD). \n\nCe n\'est toutefois qu\'en 1966 qu\'elle fonde la Fédération des femmes du Québec (FFQ), figure toujours proéminente dans les droits des femmes d\'aujourd\'hui. Thérèse Casgrain devient ensuite sénatrice, est nommée officier de l\'Ordre du Canada et obtient le Prix du Gouverneur général, en plus de recevoir des doctorats honorifiques en droit de douze universités canadiennes. Ouf! (credit:http://www.collectionscanada.gc.ca)
Marie-Claire Kirkland-Casgrain (04 of05)
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Avocate de formation, Marie-Claire Kirkland-Casgrain s\'illustre comme une pionnière en politique. Après s\'être activement impliquée dans les formations libérales jeunesse, elle est élue à l\'élection partielle de 1961. Première - et seule - femme de l\'Assemblée nationale, elle occupe plusieurs ministères.\n\nElle améliore grandement la situation des femmes du Québec en faisant adopter, notamment, en 1964, le projet de loi 16 sur la capacité juridique de la femme mariée et la loi établissant le Conseil du statut de la femme.\n\nElle quitte la scène politique en 1973 pour devenir juge de la cour provinciale et présidente de la Commission du salaire minimum. Par la suite, elle est nommée par l\'Ordre du Canada et reçoit le Prix du Gouverneur général. (credit:www.images.recitus.qc.ca)
Lise Payette(05 of05)
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D\'abord animatrice à la radio et à la télévision, elle fait sa marque à Radio-Canada avec l\'émission Appelez-moi Lise, qui fait d\'elle une porte-parole du mouvement féministe québécois.\n\nÉlue en 1976 sous le gouvernement de René Lévesque, elle occupera trois ministères, dont celui de la Condition féminine. Lise Payette sera d\'ailleurs la première femme à s\'appeler «la» ministre. Elle réussit à obtenir de meilleurs services de garde pour les enfants, la création de centres d\'aide pour femmes et des fonds accrus pour les femmes monoparentales. De plus, Lise Payette réussit à imposer des bureaux de la condition féminine dans pas moins que douze ministères.\n\nÀ la suite du référendum de 1980, elle décide de ne pas se représenter en 1981 et devient auteure et productrice pour la télévision. Elle a été chroniqueuse au journal Le Devoir. (credit:Radio-Canada.ca)

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