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La banque centrale turque au chevet de la livre, hausse des taux d'intérêt attendue

La banque centrale turque au chevet de la livre, hausse des taux d'intérêt attendue

La banque centrale turque doit prendre mardi des mesures capables d'enrayer enfin la chute continue de la livre qui pèse sur l'économie du pays, sous les pressions contraires du gouvernement et des marchés autour d'une hausse des taux d'intérêt.

Convoquée lundi en pleine dégringolade de la devise nationale, cette réunion exceptionnelle du comité de politique monétaire de la banque doit dévoiler son nouvel arsenal antidépréciation à 22h00 GMT, sous la forme d'un communiqué.

Après l'échec patent de ses précédentes stratégies, tous les analystes attendent de l'institution monétaire qu'elle recourent enfin à l'arme des taux, et sous la forme de leur hausse "agressive", seule capable à leurs yeux d'empêcher la livre turque (LT) de reprendre son inquiétant plongeon.

"Ce qu'il faut à ce stade, c'est la +balle en argent+ (...) sans chercher à remédier à la situation avec des mesures de façade", a estimé Gökhan Uskuay, analyste à la société financière Global Menkul.

La plupart des économistes tablent sur une hausse de plusieurs points du taux d'intérêt au jour le jour, actuellement fixé à 7,75%.

"Il est toujours difficile de prédire les mouvements de la politique monétaire turque, mais notre meilleur pronostic est celui d'une hausse de 100 à 300 points de base de ce taux", a anticipé William Jackson, de la firme londonienne Capital Economics.

Dans l'attente de la réunion de la soirée, la devise nationale a interrompu sa chute dès lundi. Mardi à la mi-journée, elle s'échangeait à 2,2678 LT pour un dollar et à 3,0927 LT pour un euro, nettement au-dessus des planchers historiques de respectivement 2,39 LT et 3,27 LT atteints lundi matin.

La livre a perdu plus de 30% depuis la mi-2013.

Affectée comme les monnaies des autres pays émergents par le resserrement de la politique monétaire de la Réserve fédérale américaine (Fed), elle subit de plein fouet depuis plus d'un mois les effets de la crise politique causée par le scandale de corruption qui éclabousse le régime islamo-conservateur, au pouvoir depuis 2002.

Depuis des semaines, la banque centrale a tenté vainement de soutenir la livre en injectant des liquidités par voie d'adjudication, à hauteur de plusieurs centaines de millions de dollars par jour. Elle est même intervenue jeudi directement sur les marchés, pour la première fois depuis deux ans, sans plus de résultat.

Malgré le consensus des analystes en faveur d'une hausse des taux, la banque a jusque-là refusé d'y recourir, sous les pressions du gouvernement qui redoute d'affecter la croissance du pays et de creuser un peu plus ses déficits publics (plus de 7%).

La semaine dernière, le refus de la banque d'augmenter ses taux, contre l'avis du marché, avait été salué par le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan lui-même. "C'est une décision correcte", s'était-il réjoui.

Mardi matin, le quotidien progouvernemental Yeni Safak a lui aussi déconseillé le recours à l'arme des taux. "Soyez forts, ne les augmentez pas", a-t-il intimé.

Devant la presse mardi, le gouverneur de la banque centrale Erdem Basci a rappelé que "la banque centrale est indépendante et peut rendre des comptes" et s'est dit "confiant" dans sa capacité à mettre un terme à la chute de la monnaie nationale.

Nouveau signe de l'urgence de la situation, M. Basci a annoncé mardi une révision à la hausse de sa prévision d'inflation pour l'année 2014, de 5,3% à 6,6%, se rapprochant ainsi des estimations de la plupart des analystes.

"Cette prévision reflète simplement la réalité", a jugé M. Jackson, "l'inflation en Turquie est à un niveau élevé (6,2% en 2012 et 7,4% en 2013) et, avec les hausses d'impôts et la faiblesse de la livre, elle va probablement rester forte cette année".

Si le gouvernement turc persiste pour l'instant à maintenir à 4% sa prévision de croissance pour 2014, la plupart des analystes l'ont déjà revue à la baisse et anticipent un ralentissement de l'activité. Les plus pessimistes agitent même le spectre de la grave crise financière de 2000-2001, qui avait nécessité une intervention urgente du FMI.

BA/pa/ros

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