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La méchante marâtre n'était pas Québécoise

La méchante marâtre n'était pas Québécoise

Vous connaissez l'effet Cendrillon? Selon celui-ci, il serait biologiquement inévitable qu'un parent soit moins attaché aux enfants d'un nouveau conjoint parce qu'ils ne disséminent pas ses gènes. Cet effet a directement inspiré la création de la méchante marâtre du conte de Cendrillon.

Au Québec, cette croyance populaire s'est fortement répandue à la suite de la tragédie d'Aurore Gagnon, une fillette morte à la suite des sévices infligés par sa belle-mère en 1920 et qui reste dans la mémoire collective.

Or, une étude réalisée par des chercheurs allemands et québécois montre que l'effet Cendrillon n'est pas un réflexe universel chez les beaux-parents.

La biologiste Kai Willführ, de l'Institut Max, et le démographe Alain Gagnon, de l'Université de Montréal, affirment que les parents ne traitent généralement pas les enfants d'un nouveau conjoint moins bien que leurs propres enfants, particulièrement si l'environnement des parents offre des perspectives raisonnables d'accroissement démographique.

Le degré de protection parentale ne dépend donc pas uniquement de la relation biologique.

La famille recomposée sous la loupe

Les deux scientifiques ont cherché à savoir dans quelle mesure les beaux-parents négligeaient les enfants du conjoint en observant la mortalité de ces enfants dans des familles recomposées du 17e au 19e siècle.

Pour ce faire, ils ont ainsi comparé les données de la région de Krummhörn, en Allemagne, densément peuplée qui n'offrait que peu d'espace pour l'expansion démographique, avec celles des territoires de colonisation du Québec. Pour les deux régions, les chercheurs ont calculé le changement des probabilités de survie des enfants dont le père se remariait.

À l'époque, les familles québécoises étaient très nombreuses et vouées à l'occupation des territoires. Ainsi, une main-d'uvre plus abondante constituait un facteur de sécurité alimentaire, et même de prospérité. En outre, les enfants d'un mariage précédent pouvaient souvent aider la belle-mère à prendre soin de leurs jeunes frères et surs et à les éduquer.

L'effet Cendrillon - ou Aurore - était pour ainsi dire sans effet au Québec.

Le rôle du contexte social

L'effet n'a donc été observé qu'à Krummhörn, où les demi-frères et demi-surs étaient en concurrence pour leurs besoins élémentaires.

Les observations faites en Allemagne montrent que le contexte dans lequel vivent les familles recomposées influe fortement sur la manière dont les parents partagent leur affection entre leurs propres enfants et ceux du conjoint.

Le détail de cette recherche est publié dans la revue Biodemography and Social Biology.

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