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La nature, c'est bon pour les pouilleux

N'allez pas croire que j'aie raison de m'en prendre au béton et à l'asphalte. Tout concourt à me donner tort. Les seuls qui pensent comme moi sont généralement des artistes un peu bohèmes qui tapent sur des tambours et mangent de la luzerne. C'est vous dire comment je ne fais pas du tout sérieux.
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Je discute avec presque tout le monde. Il m'est même déjà arrivé de parler avec un politicien. C'était un fédéraliste d'obédience libérale qui avait des vues bien arrêtées sur le progrès. Selon lui, tout passait par le béton et l'asphalte. Si l'on ne voyait pas de grues dans le paysage, c'est qu'il n'y avait plus de progrès. C'était aussi simple que ça.

Je ne partageais pas ses vues sur le progrès. Ce n'est pas parce que je pense que l'argent pousse dans les arbres. C'est seulement que je les aime bien, moi, les arbres. Je comprenais aussi, avec toute la mauvaise foi qui me caractérise, que ce genre de progrès est générateur d'enveloppes brunes qui viennent garnir subrepticement la caisse électorale de ces bienfaiteurs autoproclamés de l'humanité.

Un autre politicien tout aussi pragmatique de mon coin de pays s'en prenait à des opposants qui souhaitaient recréer un site naturel sur le terrain d'une ancienne usine.

Ce démagogue croyait lui aussi que le progrès passait par le béton. Il a ridiculisé ces doux rêveurs en leur répliquant qu'on ne développe pas une ville seulement avec des tables à pique-nique. Les grues sont arrivées dans le secteur pour élever quelques pyramides de gypse pour la gloire de ce nouveau pharaon. On y a bâti toutes sortes d'infrastructures laides et inutiles. La nature, qui reprenait peu à peu ses droits, a été coupée à blanc. On a ensuite replanté de belles rangées de plantes bien alignées. Bobon et Bobonne ont pu s'y promener avec leur petit chien sans salir leurs souliers vernis.

Rêveur comme je le suis, je préférais les marguerites, les pissenlits, les trèfles et les chardons qui poussaient anarchiquement ça et là.

Je savais qu'il y avait eu de belles plages jadis sous ce béton. Même Jacques Cartier l'avait remarqué, lui qui ne cherchait pourtant que de l'or, comme tout bon conquistador. Une belle forêt de pins s'étendait à perte de vue là où il y avait maintenant une tentative de reproduire un jardin de Versailles pour nous rappeler que nous ne sommes pas des sauvages.

N'allez pas croire que j'aie raison de m'en prendre au béton et à l'asphalte. Tout concourt à me donner tort. Les seuls qui pensent comme moi sont généralement des artistes un peu bohèmes qui tapent sur des tambours et mangent de la luzerne. C'est vous dire comment je ne fais pas du tout sérieux.

Il y a aussi feu mon professeur de philosophie qui pensait un peu comme moi. Cet érudit, membre de la Société royale du Canada, ne coupait jamais son gazon. Il trouvait que la nature était belle telle que Dieu l'avait créée. Ses voisins détestaient qu'il fasse baisser la valeur de leurs propriétés par pure paresse. Il était bien plus moral de raser les hautes herbes pour ensuite épandre de l'insecticide qui s'écoule dans nos rivières via les égouts.

Comme vous pouvez le voir, j'ai eu de très mauvaises influences pour me faire une juste idée du progrès et de la croissance économique.

Oui, il faut être fou pour ne pas voir que l'argent ne pousse pas dans les arbres. L'amour lui-même s'achète. De même qu'une fonction publique. No money, no candy.

Les tables à pique-nique attirent toutes sortes de gens peu recommandables, dont des ivrognes qui y passeraient la nuit si on laissait ces ahuris faire ce qu'ils veulent. La nature c'est le rêve de ceux qui ne se coupent jamais les cheveux et la barbe. C'est bon pour les pouilleux.

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15 ruelles vertes de Montréal
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1. Ruelle La pente douce. Entre D’Iberville et Chapleau et entre Hochelaga et de Rouen. (credit:Vincent Fortier)
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1. Ruelle La pente douce. Entre D’Iberville et Chapleau et entre Hochelaga et de Rouen. (credit:Vincent Fortier)
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Entre la 30e et la 31e avenue et entre Saint-Zotique et Bélanger. Une des rares ruelles de la ville entièrement gazonnée et fermée à la circulation automobile. (credit:Vincent Fortier)
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Entre la 30e et la 31e avenue et entre Saint-Zotique et Bélanger. Une des rares ruelles de la ville entièrement gazonnée et fermée à la circulation automobile. (credit:Vincent Fortier)
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Entre Hôtel-de-Ville et Laval et entre Sherbrooke et Prince-Arthur. (credit:Vincent Fortier)
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Entre Hôtel-de-Ville et Laval et entre Sherbrooke et Prince-Arthur. (credit:Vincent Fortier)
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Entre Waverly et de l’Esplanade et entre Bernard et Van Horne. (credit:Vincent Fortier)
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Entre Waverly et de l’Esplanade et entre Bernard et Van Horne. (credit:Vincent Fortier)
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Ruelle L’échappée belle. Entre Wurtele et Florian et entre Ontario et de Rouen. La plus longue ruelle verte de Montréal, à 363 mètres. (credit:Vincent Fortier)
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Ruelle L’échappée belle. Entre Wurtele et Florian et entre Ontario et de Rouen. La plus longue ruelle verte de Montréal, à 363 mètres. (credit:Vincent Fortier)
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Ruelle Milton. Entre Clark et Saint-Urbain. Inaugurée en 1981 dans le cadre du programme Ruelle au soleil. (credit:Vincent Fortier)
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Ruelle Milton. Entre Clark et Saint-Urbain. Inaugurée en 1981 dans le cadre du programme Ruelle au soleil. (credit:Vincent Fortier)
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Entre Henri-Julien et Drolet et entre des Pins et Square-Saint-Louis. (credit:Vincent Fortier)
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Entre Henri-Julien et Drolet et entre des Pins et Square-Saint-Louis. (credit:Vincent Fortier)
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Rue Demers. Entre Henri-Julien et Hôtel-de-Ville. Le réaménagement de la rue Demers en projet champêtre date de la fin des années 1960, lorsque cinq étudiants en architecture décident d’embellir ce tronçon. Le documentaire Les fleurs c’est pour Rosemont, de l’ONF, fait état de l’histoire. (credit:Vincent Fortier)
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Rue Demers. Entre Henri-Julien et Hôtel-de-Ville. Le réaménagement de la rue Demers en projet champêtre date de la fin des années 1960, lorsque cinq étudiants en architecture décident d’embellir ce tronçon. Le documentaire Les fleurs c’est pour Rosemont, de l’ONF, fait état de l’histoire. (credit:Vincent Fortier)
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Entre Querbes et de l’Épée et entre Jean-Talon et Ogilvy. (credit:Vincent Fortier)
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Entre Querbes et de l’Épée et entre Jean-Talon et Ogilvy. (credit:Vincent Fortier)
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Entre Seymour et Hope et entre René-Lévesque et Tupper. Cette ruelle du centre-ville compte un site de compostage. (credit:Vincent Fortier)
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Entre Seymour et Hope et entre René-Lévesque et Tupper. Cette ruelle du centre-ville compte un site de compostage. (credit:Vincent Fortier)
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Entre Chateaubriand et Saint-Vallier et entre Beaubien et Bellechasse. (credit:Vincent Fortier)
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Entre Chateaubriand et Saint-Vallier et entre Beaubien et Bellechasse. (credit:Vincent Fortier)
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Entre Cartier et Papineau et entre Masson et Laurier. (credit:Vincent Fortier)
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Entre Cartier et Papineau et entre Masson et Laurier. (credit:Vincent Fortier)
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Ruelle des Ruellards. Entre Saint-Hubert et Saint-Christophe et entre Ontario et de Maisonneuve. (credit:Vincent Fortier)
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Ruelle des Ruellards. Entre Saint-Hubert et Saint-Christophe et entre Ontario et de Maisonneuve. (credit:Vincent Fortier)
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Entre la 1re et la 2e avenue et entre Saint-Zotique et Bélanger. (credit:Vincent Fortier)
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Entre la 1re et la 2e avenue et entre Saint-Zotique et Bélanger. (credit:Vincent Fortier)
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Entre Hôtel-de-Ville et Laval et entre Rachel et Duluth. (credit:Vincent Fortier)
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Entre Hôtel-de-Ville et Laval et entre Rachel et Duluth. (credit:Vincent Fortier)

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