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L'Arizona se joint à la danse de l'hostilité à l'égard des homosexuels

La législature de l'Arizona a, la semaine dernière, voté à majorité une loi qui autorise les commerçants à refuser le service à un individu ou un groupe d'individus par conviction religieuse. En invoquant la liberté religieuse, les propriétaires de commerce pourraient, advenant le cas où la loi serait sanctionnée par la gouverneure de l'État, s'abstenir de servir des personnes homosexuelles.
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Il n'y a pas une journée qui passe sans que nous soyons témoins d'homophobie. De la violence physique et psychologique, en passant par la violence symbolique, la communauté gaie n'est pas en reste. Après les épisodes de l'anti-mariage gai en France, des gestes haineux dans le Village montréalais et des positions russes lors des Jeux olympiques de Sotchi, voilà que l'Arizona se joint à la danse de l'hostilité à l'égard des homosexuels.

En effet, la législature de l'Arizona, soit la Chambre des représentants et le Sénat, a, la semaine dernière, voté à majorité une loi qui autorise les commerçants à refuser le service à un individu ou un groupe d'individus par conviction religieuse. Oui, mais les gais dans tout ça... Où est le rapport ? Je vous explique... En invoquant la liberté religieuse, les propriétaires de commerce pourraient, advenant le cas où la loi serait sanctionnée par la gouverneure de l'État, s'abstenir de servir des personnes homosexuelles.

C'est bien beau tout ça, mais en quoi (ou plutôt comment) suis-je en mesure d'affirmer que cette loi vise principalement les homosexuels ? La réponse est simple et se résume à quatre mots : Center - for - Arizona - Policy. Quoi ? Qui ? De kessé ? ... Le Center for Arizona Policy, un groupe ultra conservateur farouchement opposé aux mariages entre conjoints de même sexe, est le promoteur du texte de loi qui a été adopté par la législature arizonienne.

Bien plus, la loi, appelée bill 1062, a été passée - avons-nous vraiment besoin de le souligner ? - par un Sénat et une Chambre majoritairement républicaine. Oui, mais j'ai mentionné précédemment que cette loi, pour être valide, devra impérativement être sanctionnée par la gouverneure de l'État. Ainsi, Jan Brewer, 26e gouverneur de l'Arizona, devra apposer son sceau pour que cette loi passe de la théorie à la pratique.

Alors, est-ce possible que cette législation n'atteigne jamais la réalité empirique, voire le terrain ? Dit autrement, est-ce qu'il est réaliste de se demander si cette loi sera un jour mis en pratique ou, d'un autre point de vue, s'il existe une probabilité que cette loi soit tout simplement mise au rencart ? Cette possibilité est en effet indéniable. Cependant...

Je suis pratiquement convaincu que cette loi obtiendra la sanction tant convoitée dans les prochains jours (semaines). Or, pourquoi croire que Mme Brewer se positionnera en faveur de cette législation arriérée ? Pour plusieurs raisons, mais d'abord parce que c'est une républicaine convaincue pour ne pas dire extrémiste!

Mais, il y a plus. Un simple coup d'œil (non exhaustif) à la feuille de route de Jan Brewer nous révèle l'exiguïté de sa conception du monde (c.-à-d. des États-Unis d'Amérique), soit une vision clairement républicaine (au sens péjoratif du terme), hermétique et traditionaliste. Pour résumer brièvement, Mme Brewer favorise, et ce depuis le début de sa carrière politique, des positions sociopolitiques ultras conservatrices. Elle a d'ailleurs sanctionné, dans les dernières années, l'Arizona SB 1070, l'une des lois sur l'immigration les plus strictes au monde. Elle a également retiré son État, l'Arizona, du Western Climate Initiative (WCI), une collaboration d'états américains et de provinces canadiennes - parmi lesquelles figure le Québec - qui visent à réduire individuellement et collectivement leurs émissions de gaz à effet de serre. Elle a aussi été la porte-étendard de la loi contre l'avortement qui, heureusement, a été jugée anticonstitutionnelle par la Haute Cour d'appel. Enfin, ses liens avec le Tea Party, l'aile radicale du Parti républicain, ne sont plus à faire ; pensons simplement à l'affaire du drapeau Gadsden.

Plus récemment, après le vote de la loi 1062 par la législature arizonienne, Mme Brewer a indiqué, lors d'une allocution à CNN : « I think anybody that owns a business can choose who they work with or who they don't work with » et de rajouter « That's America. That's Freedom ». La liberté ? Pour qui ? Pour les rednecks de la Sun Belt ? Certainement pas pour les homosexuels... Eurêka! Je comprends! Ce vieux mammouth prône en fait un double standard : la liberté pour les uns (les hétéros) - et encore là, ça demeure flou - et la discrimination pour les autres (les homos).

Alors, le texte a-t-il des chances d'être ratifié par Mme Brewer ? Après la présentation de ce joli curriculum vitae, qu'en pensez-vous ? C'est dommage... Non, c'est carrément un retour au Moyen-Âge! L'Histoire nous rappelle que les États-Unis ont longtemps été plongés au cœur d'un désaccord, voire d'un conflit sur la question de la ségrégation raciale. À une époque, pourtant pas si lointaine, les blancs et les noirs, du moins dans certains états comme l'Arizona, recevaient des services séparés. Les luttes de déségrégations - mieux connues sous le nom de Mouvement des droits civiques, menées entre autres par les Rosa Parks, Martin Luther King et Malcolm X - ont permis de mettre fin à cet apartheid et, par conséquent, d'établir légalement l'égalité de tous devant la loi.

Cinquante ans plus tard, nous sommes sur le point de vivre un retour en arrière. Nous sommes à la veille d'un retour à la ségrégation sociale, à la discrimination sanctionnée par nos élus et par la loi ; une conception du monde basée sur la croyance de supériorité, de pureté religieuse d'un groupe sur un autre. Or, aujourd'hui, ce n'est plus une question de couleur de peau, mais d'orientation sexuelle. L'Arizona est sur le point de créer deux classes de citoyens où l'une d'entre elles se retrouvera en position de faiblesse et d'exclusion devant la société.

Mais, que voulez-vous ? Le Dieu de ces républicains arriérés n'est pas un Dieu tolérant, ouvert et miséricordieux ... Non, c'est un Dieu draconien, sévère et insensible. C'est un Dieu à sens unique, un Dieu républicain hétéro!

Cela dit, le véritable problème avec une loi aussi réactionnaire, c'est qu'elle entrouvre la porte à une remise en question de l'égalité des individus en général. Je ne parle pas uniquement des homosexuels, mais également des immigrants, des athées, etc. En d'autres termes, cette vision passéiste - qui se fonde essentiellement sur une conception (aussi bien pratique que théorique) sociétale reliée à une forme d'intégrisme religieux - pave la voie à d'autres possibilités de discrimination - par exemple, une qui serait basée sur l'origine ethnique, l'orientation religieuse et/ou politique, le statut économique ou socioprofessionnel... Pour tout dire, les limites de la loi 1062 sont imprécises, voire obscures. Qui sait comment cette loi pourrait être utilisée ? Sans vouloir pour autant être fataliste, une chose apparaît claire, limpide et certaine : le retour précipité à l'âge de pierre. Or, il est difficile de demander mieux lorsque les décisions sont prises par des Cro-Magnon et des mammouths.

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