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François Legault veut condamner les Québécois à revivre la même histoire: celle de longues et pénibles négociations qui n'aboutissent à rien.
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Bonne chance à la Coalition avenir Québec.

Toutefois, l'ambition de François Legault semble prépondérante, voire démesurée. Qu'il soit en mesure d'aller chercher des appuis au sein des électeurs du Québec pour l'élection de 2018, c'est une chose. Mais que sa stratégie de «négociation de bonne foi» avec le Canada fonctionne en est une autre.

Sous prétexte de son passé d'homme d'affaires, François Legault disait ceci: «Moi, je suis un dealmaker». Sauf que négocier des accords constitutionnels, c'est une autre paire de manches.

La liste de pouvoirs qu'il réclame est longue. Elle va des demandes de rapatriement de pouvoirs en matière de langue et de culture - des réformes constitutionnelles bilatérales - jusqu'aux modifications multilatérales comme la réforme ou l'abolition du Sénat. Quand il s'agit de réformes qui nécessitent l'approbation des autres provinces et territoires, l'histoire nous rappellera que ça n'a jamais fonctionné. Il est juste de qualifier la question du Sénat de purement électoraliste. Déjà en 1993, Jean Chrétien promettait un Sénat élu. À chaque élection subséquente, la question de la réforme du Sénat est réapparue et pourtant, rien n'a changé.

François Legault veut alors condamner les Québécois à revivre la même histoire: celle de longues et pénibles négociations qui n'aboutissent à rien.

On essaie de quémander des pouvoirs à Ottawa, et puis on se rend compte que ça ne fonctionne pas selon nos attentes. Le gouvernement en place s'insurge selon divers degrés. On arrive alors aux conclusions suivantes: soit que l'on se résigne à la stagnation au sein de la Confédération, comme le fit Robert Bourassa après l'échec de Meech en 1990, soit que l'on conclut que l'indépendance du Québec est le seul moyen d'obtenir ces pouvoirs. Au lieu de mettre ses énergies dans la promotion de cette dernière, la CAQ veut donc nous lancer en plein cul-de-sac.

Le «beau risque», les échecs de Meech et de Charlottetown, sans compter les tentatives vaines de l'Union nationale qui forcèrent par ailleurs Maurice Duplessis à implanter un impôt provincial pour se donner un minimum d'autonomie, ne semblent pas assez clairs pour la CAQ, puisqu'elle souhaite réessayer pour la énième fois, pensant que François Legault pourra faire la différence en étant «l'homme de la situation», un pseudo-renouvellement du fédéralisme.

Un agenda caché?

Cela laisse presque croire que François Legault possède un agenda politique. Je n'ai jamais côtoyé l'homme politique, mais je suis de ceux qui pensent qu'il croit toujours possible l'indépendance du Québec.

On me qualifiera peut-être de naïf, mais il faut avant tout se rappeler ceci: il a fondé son parti sous le couvert d'un moratoire de 10 ans sur la question nationale. Il est fort probable que lors des débuts de la Coalition, celle-ci était dotée d'une stratégie: se donner un maximum d'outils - dont le redressement économique et la création d'emplois - et ensuite faire l'indépendance du Québec.

La stratégie de Legault aurait alors été de rassembler un maximum de nationalistes sous un même toit et, à force de se casser le nez dans les refus perpétuels du fédéral, d'en arriver à la conclusion que l'indépendance du Québec est le seul moyen possible d'obtenir notre autodétermination.

Dans la récente polarisation du débat entre fédéralisme et souverainisme, être forcé à se positionner a donc dû faire extrêmement mal à François Legault, lui qui demeurait relativement distant dans ses propos face à la question nationale. Il se contentait d'éviter le sujet. Il n'a jamais, jusqu'à tout récemment, fermé la porte à l'indépendance du Québec. Lors de la dernière campagne électorale provinciale, il avait même soutenu que les deux options se valaient. Toutefois, on sentait son impatience face aux questions répétitives des journalistes.

Or, au fil du temps, force est de constater qu'il a dû renier ses propres convictions en cédant aux pressions de ses proches conseillers. Par conséquent, il s'est tout simplement aliéné et affirme maintenant ceci: «Ce qu'on veut, c'est plus de pouvoirs et plus d'autonomie, mais dans le Canada».

On en vient donc à se poser la question suivante: quelle serait la position de la CAQ advenant un troisième référendum? Quel serait le mot d'ordre de François Legault à ses membres, entre les fédéralistes à tendance nationaliste et les souverainistes «mous»?

Prendrait-il position en faveur du OUI, quitte à perdre la faction fédéraliste de son parti au détriment de l'une de ses convictions les plus profondes? Ou plutôt l'inverse?

On se souviendra d'ailleurs d'un certain Mario Dumont, qui militait aux côtés de Lucien Bouchard et Jacques Parizeau, demeurant fidèle à l'orientation autonomiste du rapport Allaire: «Un Québec libre de ses choix!», pouvait-on y lire.

Pour l'instant, la formation politique ne possède pas de plan B, outre la potentielle démission du chef advenant des résultats décevants à l'élection générale de 2018. D'autre part, le refus d'obtempérer du gouvernement fédéral ne doit pas être négligé, notamment avec un Justin Trudeau ouvertement antinationaliste et prêt, plus que jamais, à accorder un sentiment d'appartenance canadien aux Québécois et Québécoises.

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