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Le financement d'Union Montréal expliqué par son ex-DG

Le financement d'Union Montréal expliqué par son ex-DG

Un texte de François Messier

Le financement électoral d'Union Montréal respectait scrupuleusement les règles édictées par le Directeur général des élections du Québec (DGEQ), assure Christian Ouellet, qui a été directeur général du parti de l'ex-maire Gérald Tremblay de 2004 à 2008. Il afirme que la méthode de financement qu'il a implantée à Union Montréal était calquée sur le modèle qu'il avait implanté au Parti libéral du Québec.

Christian Ouellet avait organisé la campagne d'Union Montréal en 2001, mais avait quitté par la suite. Il a cependant proposé au maire Tremblay de reprendre du service en 2004, et ce dernier a accepté « tout de suite ». Sa tâche consistait à proposer un plan d'action chaque année, s'assurer que la comptabilité soit tenue dans les règles, et produire les rapports officiels requis par la loi.

Son plan, a-t-il précisé, reposait en bonne partie sur de grandes activités de financement « sectorielles ». Selon Christian Ouellet, il était question d'activités organisées dans trois grands secteurs de la ville, l'est, le centre et l'ouest. Ces activités, pour lesquelles les billets étaient vendus 200 $ chacun, permettaient d'amasser de l'argent pour la campagne du maire. Le parti tentait de vendre 500 billets pour chacun de ces événements, pour un total de 1500 par année.

Des activités de financement dites « populaires » étaient aussi organisées dans les arrondissements, a dit Christian Ouellet. Frank Zampino s'occupait pour sa part d'organiser une grande activité de financement annuelle pour le maire au Rizz de Saint-Léonard. Les billets pour cet événement se vendaient 500 $ chacun.

Pour le financement du maire, l'ex-directeur général du parti dit qu'il a aussi organisé une dizaine d'activités appelées « les petits déjeuners du maire », dans le cadre desquelles des donateurs potentiels étaient invités à venir rencontrer Gérald Tremblay au club St-Denis. Le parti n'imprimait pas de billets pour ces événements, qui ne se sont tenus qu'une seule année - en 2006, avance le témoin - mais espérait que les invités versent 1000 $ dans le « chapeau », soit la contribution maximale autorisée par le DGEQ.

Le « chapeau » fait référence à une sorte de caisse dans laquelle des donateurs pouvaient verser de l'argent sonnant et trébuchant ou des chèques personnels. Le parti le traînait dans tous les événements, y compris lors de son congrès. Christian Ouellet a convenu qu'un individu qui avait déjà versé 1000 $ pour une année donnée pouvait verser de l'argent comptant dans le « chapeau », mais qu'il n'avait aucun moyen de vérifier cela.

Christian Ouellet a expliqué que les règles en vigueur à l'époque stipulaient qu'un parti pouvait amasser jusqu'à 20 % de ses donations annuelles avec le chapeau. Au-delà de cette limite, a-t-il dit, l'argent devait être remis au DGEQ.

L'affaire permettait assurément d'amasser de jolies sommes d'argent. Une liste des activités de financement organisées par le parti entre 2002 et 2011 a par exemple permis de constater qu'Union Montréal avait récolté près de 48 000 $ en dons anonymes lors d'une activité de financement qui a réuni 650 personnes au Rizz en mai 2008. « Il aurait pu y avoir 100 000 $ », a observé le témoin, qui a dit n'y voir rien d'anormal.

Christian Ouellet ne croit pas que des gens pensaient avoir de l'influence sur les décisions de la Ville grâce à leur contribution politique. Difficile d'acheter quiconque avec 1000 $ par année, a-t-il affirmé. Il soutient par ailleurs n'avoir reçu un chèque d'entreprise qu'à une seule occasion lors de ces années au parti, et assure qu'il a été retourné.

Selon Christian Ouellet, le directeur du financement du parti, Bernard Trépanier, devait assurer le suivi du plan d'action qu'il avait établi, et organiser les activités de financement convenues, en collaboration avec d'autres membres de l'équipe du parti. L'argentier du parti s'occupait aussi plus spécifiquement des activités de financement du maire Tremblay et du président du comité exécutif à l'époque, Frank Zampino, a-t-il ajouté.

Christian Ouellet avait entrepris son témoignage en expliquant qu'il avait coordonné des campagnes de financement du Parti libéral du Québec entre 1978 et 1983. Il a par la suite été directeur de l'exploitation à Terre des Hommes pendant cinq ans, avant de passer au cabinet de relations publiques National, où il travaillera pendant 15 ans.

Après un intermède, il a été embauché comme consultant par la firme de génie-conseil Roche, grâce à ses liens avec son ami, l'ex-ministre libéral Marc-Yvan Côté. Le témoin dire que M. Côté et lui étaient les « kingpins » des campagnes électorales du Parti libéral du Québec. Selon lui, c'est d'ailleurs en raison de son expertise dans le financement populaire, développée au PLQ, qu'il a été approché pour travailler à Union Montréal.

M. Ouellet a déjà admis au quotidien La Presse qu'il avait eu plusieurs mandats de consultants de Roche alors même qu'il était à Union Montréal.

Au terme de son passage à Union Montréal, Christian Ouellet a été directeur général de la Société du parc Jean-Drapeau jusqu'en 2012.

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