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Élection fédérale 2015: quelle province sera la clé?

Quelle province sera la clé?
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Alors que se poursuit la campagne électorale, les intentions de vote demeurent dans l’ensemble stables. Le NPD semble accroître son avance au Québec, mais la lutte demeure aussi serrée que possible en Ontario. En qui a trait à l’influence qu’elles exercent sur le résultat du scrutin, les provinces ne sont cependant pas toutes égales. En particulier, le Québec constituera fort probablement la clé et pourrait donner à Thomas Mulcair la marge dont il a besoin.

Il y a eu moins de sondages cette semaine que lors de la précédente. Nous avons un nouveau sondage Abacus de même qu’une enquête d’opinion menée par Forum. Il y a également eu un sondage réalisé au Québec par Crop et une mise à jour de Nanos (avec l’habituelle moyenne de quatre semaines, ce qui nous empêche pour le moment d’utiliser leurs données). Comme d’habitude, nous les regroupons pour obtenir le portrait le plus juste de la situation, de sorte que nous nous retrouvons avec les projections suivantes. N’oubliez pas que vous avez, dans l’ordre, les intentions de vote, les projections de sièges avec les intervalles de confiance, et finalement, les chances de chaque parti de remporter le plus de sièges. Tant les intervalles que les probabilités reposent sur 5000 simulations tenant compte de l’incertitude des sondages de même que de la distribution et l’efficacité du vote.

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N’oubliez pas que nous ne nous contentons pas d’établir une moyenne des sondages. Nous ajustons légèrement les résultats afin de tenir compte de leur tendance à surestimer les plus petits candidats et à sous-estimer les titulaires. De façon spécifique, nous ne distribuons pas les indécis proportionnellement. Au lieu de cela, nous en allouons davantage aux conservateurs avant d’accorder une part égale aux libéraux et néo-démocrates (au Québec, le NPD et les libéraux en reçoivent cependant plus). Cela peut paraître manipuler les données, mais cette méthode a bien fonctionné chaque fois que nous l’avons utilisée, notamment lors des récentes élections en Alberta. De plus, les sondages ont considérablement sous-estimé les conservateurs en 2008 et 2011 (par environ 3 points). Si votre but est de prédire les résultats, vous ne pouvez tout simplement pas prendre les sondages pour une valeur sûre.

Comme vous pouvez le constater, la situation demeure très similaire à celle que nous avions la semaine dernière, avec les conservateurs et le NPD luttant pour la première place, devant les libéraux. Thomas Mulcair a maintenant les chances de son côté grâce à l’avance qu’il détient au Québec, où deux sondages, ceux de Crop et Abacus, attribuent à sa formation jusqu’à 47 % des intentions de vote (des chiffres suffisamment élevés pour que le NPD puisse balayer la province dans sa presque totalité). La chute du Bloc fait en sorte que celui-ci ne se retrouve maintenant avec une projection d’aucun siège. Si cela devait être le cas, on peut se demander si cela pourrait être la fin pour ce parti. D’autant plus que le PQ obtient des résultats guère meilleurs au Québec, selon Crop. Le retour de Gilles Duceppe n’a de toute évidence pas eu l’impact souhaité.

L’Ontario demeure incroyablement divisé, les trois principaux partis y obtenant un peu plus de 30 % des intentions de vote. Contrairement au Québec, où les néo-démocrates ont 100 % de chances de terminer en tête, l’Ontario voit les conservateurs remporter le plus de sièges 73 % des fois, devant les libéraux (25 %) et le NPD (environ 2 %). Il s’agit de l’une des rares provinces où les trois partis peuvent en théorie obtenir la victoire.

Cependant, le fait que l’Ontario procure le plus de sièges (121 sur 338) ne veut pas dire que cette province déterminera forcément la couleur du prochain gouvernement. Si nous définissons «déterminer l’élection» comme une situation où le parti vainqueur est différent quand on exclut cette province, on se retrouve avec le tableau suivant:

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(Traduction: % des fois où la province modifie le résultat)

Le Québec est de loin la province qui affecte le résultat le plus souvent. De toute évidence, cela tient au NPD. Le parti remporte habituellement la moitié de ses sièges dans cette province. Si nous ne tenons pas compte d’elle et n’additionnons que les sièges hors du Québec, le NPD ne termine pas très souvent premier. Ironiquement, bien que la province francophone pourrait bien déterminer qui deviendra premier ministre, il s’agit aussi de l’une des provinces où la lutte est la moins serrée. Cela veut dire que Harper et Trudeau devraient tous deux se préoccuper de l’avance que Mulcair y détient car il sera difficile de la surmonter.

Chose peut-être encore plus étonnante, la Colombie-Britannique est presque aussi souvent déterminante que l’Ontario. Là aussi, le fait que cette province pourrait permettre au NPD de devancer les conservateurs est important. Si les intentions de vote demeurent stables d’ici au scrutin, les médias et les experts pourraient devoir attendre plus longtemps que d’habitude avant d’annoncer le résultat. En effet, la Colombie-Britannique pourrait être cruciale.

Bryan Breguet a un baccalauréat ès sciences en économie de la politique et une maîtrise ès sciences en économie de l’Université de Montréal. Il a fondé en 2010 TooCloseToCall.ca où il fournit des analyses et projections électorales. Il a collaboré avec le National Post, Le Journal de Montréal et l’Actualité.

Cet article initialement publié sur le Huffington Post Canada a été traduit de l’anglais par Philippe Zeller.

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