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Les femmes et la politique, 75 ans après l'obtention de leur droit de vote

Après 75 ans d'existence du droit de vote des femmes, leur évolution dans la vie publique se fait en dents de scie et représente un véritable parcours de combattantes. L'élimination des préjugés et des perceptions négatives doit donc se poursuivre.
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Il y a 75 ans, après de nombreuses années de lutte, les femmes du Québec obtenaient du gouvernement d'Adélard Godbout le droit de vote et le droit de briguer les suffrages pour un parti politique. Enfin, elles pouvaient sortir de la sphère privée et commencer à agir en vraie citoyenne. Cet immense pas qu'elles ont franchi, grâce au combat des suffragettes, leur pavait une voie vers les horizons politiques. Mais encore aujourd'hui, les femmes rencontrent bien des obstacles sur le chemin déjà raboteux de la vie publique.

Après avoir connu une montée progressive entre 1976 et 2003, la proportion de femmes élues à l'Assemblée nationale du Québec stagne depuis 10 ans, malgré la tenue de quatre élections générales. Aux élections provinciales de septembre 2012, les femmes ne comptaient que pour 28,4 % des candidatures totales. Ce pourcentage encaissait une diminution par rapport au scrutin de 2008 dont le taux s'élevait à 31 %. Pourquoi en sommes-nous encore là?

La voie difficile de l'engagement

Le système politique lui-même complique grandement la vie des femmes qui veulent y entrer. Les défis de l'engagement se présentent pour elles sous de nombreuses formes. D'abord, les difficultés de concilier les exigences de la vie politique avec les tâches familiales, qui grugent une grande partie de leur temps, freinent leur plongée en politique. Heureusement, dans ce domaine, il y a de l'espoir. Tout récemment, des politiciennes siégeant au Conseil de ville à Montréal proposaient des mesures pour permettre une meilleure conciliation engagement politique et famille.

Et puis, elles n'ont pas toujours les ressources financières nécessaires pour se présenter à la chefferie d'un parti ou tout simplement pour faire face aux exigences d'une campagne électorale. Le manque de promotion des candidates constitue un autre facteur de difficulté pour les femmes. Dans notre système uninominal à un tour, les partis ont tendance à choisir des candidats, souvent masculins, déjà connus pour remporter l'élection plutôt que de favoriser les candidatures féminines aux postes de députés. Les partis ont un rôle primordial pour faciliter l'élection de femmes puisque ce sont eux qui se chargent du recrutement des candidats et du contenu des programmes.

En outre, pour se faire élire et faire valoir leurs idées, nombre de femmes ne disposent pas du même réseau d'influences que les hommes, car leur expérience en politique est jeune et leurs moyens financiers souvent réduits ou limités. Ces deux facteurs constituent des entraves sérieuses à l'entrée des femmes et à leur cheminement en politique.

Une fois dans l'arène

Sans contredit, le monde de la politique n'est pas spécialement accueillant pour les femmes. Après avoir investi cette arène souvent hostile, elles sont tenues de suivre les sillons profonds du modèle masculin incrustés depuis des siècles au sein des États. Dans un tel contexte, préserver leur statut de femme, mettre à profit leur expérience et leurs compétences, suivre leur intuition devient une tâche colossale. Elles sont en outre entrainées dans un cercle vicieux : s'engager contre vents et marées dans un univers largement dominé par les hommes où elles devront ramer fort pour faire avancer leurs idées. Il serait pourtant avantageux pour les citoyennes et les citoyens de bénéficier d'une autre vision, une vision féminine et féministe de la gouvernance, des questions économiques et de tout autre problème de société.

Par ailleurs, l'étape de leur élection n'est que le début de leur parcours. Encore faut-il qu'elles accèdent aux postes décisionnels tels que des ministères pour pouvoir tenter de changer les mentalités et le cours des choses. Il est quand même étonnant qu'il ait fallu attendre 73 ans après l'obtention du droit de vote des femmes pour que l'une d'elles, qui détenait pourtant une expérience hors du commun, parvienne au poste de première ministre du Québec.

Autres épreuves de parcours

Finalement, l'actualité récente et l'exclusion du caucus de deux députés libéraux au fédéral témoignent de l'existence d'un autre phénomène problématique pour les femmes au sein du système politique, celui du harcèlement sous toutes formes. On ne peut plus fermer les yeux sur les agressions verbales et physiques dont elles sont la cible, surtout lorsqu'elles se commettent au sein des instances des gouvernements qui doivent pourtant préserver l'intégrité des personnes. Le président de l'Assemblée nationale du Québec vient d'ailleurs de charger un groupe de femmes pour concevoir une politique sur le problème du harcèlement sexuel. C'est un premier pas qui aurait dû être fait depuis belle lurette.

Après 75 ans d'existence du droit de vote des femmes, leur évolution dans la vie publique se fait en dents de scie et représente un véritable parcours de combattantes. L'élimination des préjugés et des perceptions négatives doit se poursuivre. Augmenter les effectifs féminins et leur donner des responsabilités dans les gouvernements contribueront à plus de justice entre les sexes Les femmes en politique sont là pour rester!

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Principales pionnières féministes du Québec
Marie Lacoste-Gérin-Lajoie (1867-1945)(01 of05)
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En 1893, elle est l'une des seules femmes francophones à militer au sein du Montreal Local Council of Women (MLCW), comité majoritairement anglophone et qui est l'un des premiers groupes féministes du Québec. Elle s'en dissocie en 1907 pour co-fonder la Fédération nationale Saint-Jean-Baptiste (FNSJB), qui s'adresse aux Canadiennes françaises catholiques. Elles militent contre l'alcoolisme, la violence domestique et l'abandon. Marie Lacoste-Gérin-Lajoie y occupera les fonctions de secrétaire (1907-1913) et de présidente (1913-1933).En 1902, elle publie le Traité de droit usuel à la suite de nombreuses lectures sur la situation juridique de la femme mariée au Québec. L'ouvrage devient une référence pour le militantisme féministe.Sa fille, Marie, a été la première bachelière du Québec. (credit:Archives nationales du Québec)
Idola Saint-Jean (1880-1945)(02 of05)
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Professeure, actrice, écrivaine et politicienne, Idola Saint-Jean s'implique auprès du Comité du suffrage provincial du suffrage féminin dès ses premiers moments pour que les femmes obtiennent le droit de vote. Elle fonde, en 1927, l'Alliance canadienne pour le vote des femmes du Québec, qui mise davantage sur les femmes de la classe ouvrière.Elle multiple les écrits dans les journaux et déclarations pour que le gouvernement provincial accorde le droit de vote aux femmes. Elle ira même jusqu'à envoyer une pétition de 10 000 signatures au roi George V pour faire valoir sa cause. (credit:Archives nationales du Québec)
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Grande humaniste, politicienne et fervente défenderesse de la justice sociale, Thérèse Casgrain milite pour le droit des femmes dès les années 1920. Par la suite, elle est présidente de la Ligue pour les droits de la femme jusqu'en 1942, année où elle se présentera en tant que candidate «indépendante-libérale» à une élection fédérale partielle.Adversaire politique de Maurice Duplessis, elle est la première femme à être chef d'un parti politique quand elle dirige le Parti social-démocratique (PSD) du Québec de 1951 à 1957, l'ancêtre du Nouveau Parti démocratique du Québec (NPQD). Ce n'est toutefois qu'en 1966 qu'elle fonde la Fédération des femmes du Québec (FFQ), figure toujours proéminente dans les droits des femmes d'aujourd'hui. Thérèse Casgrain devient ensuite sénatrice, est nommée officier de l'Ordre du Canada et obtient le Prix du Gouverneur général, en plus de recevoir des doctorats honorifiques en droit de douze universités canadiennes. Ouf! (credit:http://www.collectionscanada.gc.ca)
Marie-Claire Kirkland-Casgrain(04 of05)
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Avocate de formation, Marie-Claire Kirkland-Casgrain s'illustre comme une pionnière en politique. Après s'être activement impliquée dans les formations libérales jeunesse, elle est élue à l'élection partielle de 1961. Première - et seule - femme de l'Assemblée nationale, elle occupe plusieurs ministères.Elle améliore grandement la situation des femmes du Québec en faisant adopter, notamment, en 1964, le projet de loi 16 sur la capacité juridique de la femme mariée et la loi établissant le Conseil du statut de la femme.Elle quitte la scène politique en 1973 pour devenir juge de la cour provinciale et présidente de la Commission du salaire minimum. Par la suite, elle est nommée par l'Ordre du Canada et reçoit le Prix du Gouverneur général. (credit:www.images.recitus.qc.ca)
Lise Payette(05 of05)
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D'abord animatrice à la radio et à la télévision, elle fait sa marque à Radio-Canada avec l'émission Appelez-moi Lise, qui fait d'elle une porte-parole du mouvement féministe québécois.Élue en 1976 sous le gouvernement de René Lévesque, elle occupera trois ministères, dont celui de la Condition féminine. Lise Payette sera d'ailleurs la première femme à s'appeler «la» ministre. Elle réussit à obtenir de meilleurs services de garde pour les enfants, la création de centres d'aide pour femmes et des fonds accrus pour les femmes monoparentales. De plus, Lise Payette réussit à imposer des bureaux de la condition féminine dans pas moins que douze ministères.À la suite du référendum de 1980, elle décide de ne pas se représenter en 1981 et devient auteure et productrice pour la télévision. Elle a été chroniqueuse au journal Le Devoir. (credit:Radio-Canada.ca)

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