De Clotilde Courau à Cristina Cordula en passant par Nicolas Ghesquière, le directeur artistique de Louis Vuitton ou Vanessa Friedman, la journaliste mode du New York Times, les hommages pleuvent. Mardi 7 avril 2015, Maria Luisa Poumaillou, acheteuse mode parisienne est morte des suites d'une longue maladie. Peu connue du grand public, elle a marqué l'histoire de la mode en France et dans le monde.
Née en Argentine dans les années 50, Maria Luisa est parmi les premières à repérer le potentiel des jeunes Martin Margiela, Alexander McQueen et Helmut Lang. Maria Luisa était une acheteuse, une dénicheuse de talents d'abord pour sa propre boutique à la fin des années 80 à Paris puis pour le Printemps où elle occupait le poste de "Fashion Editor" depuis 2008. De défilés en festivals, son talent s'affirmait dans un regard aiguisé pour repérer les créateurs de demain.
"Il n'y a pas de mot pour dire à quel point tu seras regrettée, belle Maria Luisa, écrit ici Nicolas Ghesquière. Je me souviendrai toujours de ton œil aiguisé, de ta joie, de ta générosité. Tu as ouvert la porte à beaucoup d'entre nous. Merci pour ton amitié et ton amour inconditionnel. Tu resteras toujours dans mon cœur."
Si les acheteurs sont le plus souvent au premier rang des défilés à côté des stars, des égéries et d'une poignée de journalistes influents, leur célébrité dépasse rarement le cadre du petit monde de la mode. Maria Luisa avait réussi à faire connaître son prénom hors des podiums des défilés. Le Printemps lui avait ainsi confié un espace personnalisé pour une ligne de robes de soirée. Son regard était désormais tourné vers l'Asie où elle avait ouvert deux boutiques.
Dans les hommages qui lui sont rendus, beaucoup mettent en avant son humanité. Dans un monde, la mode, critiqué pour sa superficialité et sa méchanceté, Maria Luisa faisait partie des sourires bienveillants: "L’avantage d’un milieu aussi dur (que la mode NDLR), c’était qu’on identifie rapidement les personnes dotées d’un regard original qui ne s’arrêtent pas aux apparences. Maria Luisa Poumaillou faisait clairement partie de ces personnes-là, écrit ainsi Géraldine Dormoy, journaliste mode et responsable de L'Express Styles, connaissant gens de toutes sortes, les écoutant avec une attention égale, un éclair de bienveillance au fond de ses yeux mordorés".
L'illustratrice, photographe et blogueuse Garance Doré met aussi en avant son humilité: "Je suis tellement triste d'apprendre pour Maria Luisa. Elle était belle, marrante, intelligente et terriblement talentueuse. Elle était aussi extrêmement humble et extrêmement touchée le jour où j'ai pris cette photo. Je lui ai dit qu'elle était la plus chic du monde. Elle a explosé de rire. Elle me manque beaucoup." Des pensées partagées par l'actrice Clotilde Courrau.
"Bonne Fée des créateurs" pour L'Express, "Maria Luise s’est éteinte, laissant derrière elle une myriade de petites légendes qui ont su faire d’elle une grande dame de la mode" écrit pour sa part dans Vogue France la journaliste Eugénie Trochu.
INOLTRE SU HUFFPOST