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Pétrole au Québec: oléoduc vs train

Ce choix n'en est pas un. Le pétrole voyageant par train ou par oléoduc n'est pas destiné au Québec: il nous est inutile.
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Lorsque vient le temps de justifier le passage d'un oléoduc au Québec, TransCanada et Thomas Mulcair utilisent le même sophisme: il serait plus sécuritaire d'exporter le pétrole albertain par oléoduc que par train. Ce choix n'en est pas un. Voici pourquoi.

1- Oléoduc ou train: un faux dilemme

Le pétrole voyageant par train ou par oléoduc n'est pas destiné au Québec: il nous est inutile. Nous n'avons donc pas besoin de choisir entre un oléoduc et le train. Les Québécois pourraient très bien se passer de ces deux moyens de transport et ne pas participer à l'exportation du pétrole albertain.

En fait, le Québec n'ayant pas d'autonomie politique complète, il se voit imposer par le régime canadien le transit de pétrole sur son territoire, que ce soit par train ou par oléoduc. C'est cette imposition qui laisse croire qu'il faut faire un choix, alors que dans les faits, c'est l'appartenance du Québec à la fédération canadienne qui retire au peuple québécois le droit de dire non au transport de pétrole, et éviter cette question.

2- L'oléoduc et le train ne communiquent pas

Ce sont des entreprises différentes qui gèrent le transport de pétrole par train et par oléoducs. Pour exporter leur produit, les producteurs de pétrole ont donc le choix d'établir des contrats avec des entreprises de transport par train ou par oléoduc. Le gouvernement canadien, tout comme TransCanada, ne peut forcer le choix d'un mode de transport. Les producteurs opteront pour le moyen le plus avantageux: c'est le libre marché!

Ajoutons à cela que producteurs et transporteurs ferroviaires sont probablement liés par des contrats à long terme. La mise en oeuvre d'un oléoduc ne stoppera pas automatiquement le transport par train. On ignore par la suite quel sera le cours de l'offre, d'autant plus que le cadre réglementaire, et donc les coûts, est appelé à changer pour l'un et l'autre de ces moyens de transport.

Il est donc faux d'affirmer que la mise en place d'un oléoduc se traduira nécessairement par une diminution de transport de pétrole par train. Tout ce qu'il est possible d'affirmer, c'est que s'il y a un oléoduc, il y aura du transport de pétrole par oléoduc.

3- L'oléoduc est-il vraiment plus sécuritaire que le train?

Main sur le cœur en évoquant la tragédie de Lac-Mégantic, TransCanada et le NPD affirment que le transport par oléoduc est plus sécuritaire que celui par train. La réalité est plus nuancée.

Le transport par oléoduc est en effet plus sécuritaire pour les humains, car les déversements d'oléoducs (il y en a toujours) tuent en moyenne moins de personnes que les déraillements de train transportant du pétrole.

Cependant, lorsque l'on compare les effets des déversements sur les écosystèmes, ceux des oléoducs ont un impact beaucoup plus grand que les déraillements de trains (le pétrole brûlé à Mégantic représente seulement 70 minutes du débit prévu de TransCanada Est).

Autrement dit, en opposant transport de pétrole par train à celui par oléoduc, les compagnies de transport et les partis politiques fédéraux, Bloc québécois mis à part, demandent au peuple québécois de choisir entre mettre en danger sa population ou mettre en danger ses écosystèmes.

C'est la participation du Québec au Canada qui nous confronte à cette situation. L'indépendance du Québec demeure notre seule option pour bloquer le transit du pétrole sur notre territoire. Elle permettra à la fois de protéger le peuple et les écosystèmes.

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Comprendre les projets de pipelines
Prolongement du North East — Access Pipeline(01 of07)
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Longueur : 297 km. Capacité : 350 000 barils par jour de bitume dilué. Investissements : non-disponible.Expansion d'un système d'oléoducs déjà en service. De Conklin, lieu d'extraction des sables bitumineux, jusqu'au terminal Sturgeon, près de Redwater, tous deux en Alberta. Le projet est peu controversé puisque d'autres pipelines existent déjà, presque sur les mêmes tracés. La construction est donc déjà amorcée. Source : Canadian Energy Pipeline Association
Northern Gateway — Enbridge(02 of07)
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Longueur : 1,177 kmCapacité prévue : 525 000 barils de pétrole par jourInvestissements : 5,5 milliards de dollarsEnbridge cherche à exporter du pétrole vers la Chine depuis un terminal sur la côte ouest. Le projet est cependant sur la glace. Le gouvernement provincial de la Colombie-Britannique a refusé d'y donner son aval, considérant qu'Enbridge n'a pas donné de réponse satisfaisante aux inquiétudes de la population et des Premières Nations. Source : Canadian Energy Pipeline Association
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Longueur : 639 kmCapacité : 300 000 barils de pétrole par jour Investissements : 110 millions de dollars (aucune nouvelle construction nécessaire)Un plan B qui devient crucial. Puisque le pétrole albertain se dirige vers une impasse avec deux projets freinés (Northern Gateway et Keystone XL), l'industrie cherche des débouchés à l'Est. Enbridge voudrait inverser le flux de l'oléoduc existant, pour acheminer du pétrole de North Westover (Ontario) jusqu'à Montréal. La compagnie Enbridge promet de fournir un pétrole brut moins dispendieux que celui actuellement importé de l'étranger. Les environnementalistes déplorent que le pétrole des sables bitumineux soit particulièrement polluant. Quelques groupes ont également évoqué des inquiétudes sur la sécurité du transport, rappelant qu'Enbridge a été reconnue responsable de plusieurs déversements aux États-Unis, dont celui de plus de 3 millions de litres au Michigan.La décision est attendue au début 2014.Source : Canadian Energy Pipeline Association
Oléoduc Énergie Est — TransCanada(04 of07)
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Longueur totale : 4500 km Capacité : 1 million de barils de pétrole brut par jourInvestissements : 12 milliards de dollars L'objectif est de convertir 3000 km de gazoduc en oléoduc entre l'Alberta (Hardistry) et l'Ontario et construire un pipeline supplémentaire de 1400 km jusqu'à Saint-Jean au Nouveau-Brunswick. Le Québec deviendrait donc un endroit de transit. L'étude du projet qui nécessite de nouvelles infrastructures d'envergure pourrait être assez longue. Il ne démarrera pas avant 2017. Source : Canadian Energy Pipeline Association
Keystone XL — Trans Canada(05 of07)
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Longueur : nouveau tronçon de 2000 km. Capacité : 830 000 barils de pétrole par jour Investissements : 7 milliards de dollars. L'industrie albertaine des sables bitumineux cherche à exporter le pétrole de l'Alberta jusqu'aux raffineries du Texas, pour le marché américain. Le projet affronte de l'opposition locale, puisque l'on redoute que les impacts économiques soient faibles et parce que le pétrole des sables bitumineux est réputé très polluant. Le président Obama hésite à approuver cet oléoduc. Source : Canadian Energy Pipeline Association
Expansion du pipeline Trans Mountain — Kinder Morgan(06 of07)
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Longueur : 1150 km sont déjà en place, l'expansion prévoit 980 km supplémentaires pour transporter du pétrole brut. Capacité : Faire passer la capacité de 300 000 à 890 000 barils par jour.Investissements : 5,4 milliards de dollarsIl s'agit de doubler l'oléoduc déjà existant pour en augmenter la capacité, en conservant à peu près le même tracé. Des inquiétudes ont été soulevées quant à la sécurité du transport par oléoduc, puisque des fuites des tuyaux de cette compagnie sont survenues à plusieurs reprises dans les dernières années. La plus récente anomalie, en juin 2013, aurait laissé échapper jusqu'à 4000 litres.Source : Canadian Energy Pipeline Association
Programme « light oil access » — Enbridge(07 of07)
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Longueur : plusieurs projets. Capacité totale : acheminement d'environ 400 000 barils supplémentaires par jourInvestissements : 6,2 milliards de dollars pour l'évaluation préliminaire. En réponse aux changements dans la production et la demande en Amérique du Nord, on veut approvisionner davantage les raffineries de l'Ontario, du Québec et du Midwest américain. Au programme : expansion des canalisations, augmentation de la puissance de pompage et de la capacité des terminaux. Les différents projets devraient être sur pied entre 2014 et 2016.Source : Canadian Energy Pipeline Association

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